AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Siegfried Kracauer (242)


Siegfried Kracauer
L'interprétation que vous donnez de ma notion d'actualité correspond absolument à mes intentions. Je m'accorde encore avec vous sur ce point : comme vous l'écrivez, aucune culture, aucun mode d'existence fermé ne me paraît enviable. Plus il y a de trous dans les modes d'existence, plus la lumière des véritables rapports peut passer au travers.

Lettre à Ernst Bloch
Paris, 29 juin 1926
Commenter  J’apprécie          100
Il existe présentement un grand nombre de gens qui, sans rien connaître les uns des autres, sont pourtant liés par un destin commun. Echappant à toute profession de foi déterminée, ils se sont conquis leur part des trésors culturels aujourd'hui accessibles à tous et pour le reste vivent consciemment leur époque. Ils passent leurs journée le plus souvent dans la solitude des grandes villes, ces savants, commerçants, médecins, avocats, étudiants et intellectuels de toutes sortes; et, comme ils sont assis dans leur bureau, reçoivent des clients, mènent des négociations, fréquentent les amphithéâtres, ils oublient très fréquemment, dans le vacarme de leurs activités, leur véritable être intérieur et se croient libres de la charge qui secrètement pèse sur eux.
Commenter  J’apprécie          103
Sur l'amitié.
Il est des mots qui pendant des siècles vont d'une bouche à l'autre sans que leur contenu sémantique n'apparaisse jamais clairement et précisément à notre œil intérieur. En eux se cachent l'expérience des générations antérieures, le cours inépuisable de la vie et d'innombrables événements , et il est étonnant que des enveloppes verbales qui transportent une telle abondance conservent toujours leur valeur ancienne, perdurent et se laissent encore charger d'un contenu nouveau. Ils sous-tendent notre vie toute entière, nous pensons avec eux et nous présupposons leur unité malgré la multiplicité indéfinie qui tremble en eux. Que sont-ils, ces mots qui saisissent la richesse de notre monde intérieur, sinon des noms bien faibles, impuissants, maigres devant un contenu débordant ? L'amour, la fidélité, le courage, la lâcheté, la haine, la compassion, la fierté : en leur sein s'accumule un devenir à mille visages.
Commenter  J’apprécie          91
L'exactitude dans l'approximatif peut dépasser en précision les raffinements statistiques.
Commenter  J’apprécie          91
le progrès de la connaissance scientifique est indissociable de l'abandon de la prétention métaphysique à une connaissance totale.
Commenter  J’apprécie          91
un perspicace historien d'aujourd'hui, J.H. Hexter, pense que des termes comme "tendait à, naissait de, se développait, évoluait ; courant, développement, tendance, évolution, croissance" font partie de leur vocabulaire reçu. Sous l'effet magique des idées que ces termes recouvrent, l'histoirien-narrateur présente parfois l'histoire d'un peuple, par exemple, comme une succession d'évènements aboutissant directement au présent. Le résultat en est l'histoire d'une réussite (une success story) plus ou moins vérrouillée qui reposant inévitablement sur des considérations téléologiques, non seulement répand des idées fausses mais resserre à ce point les liens entre les éléments du récit qu'elle élimine toutes les fissures, les pertes, les faux départs, les incohérences que comporte le réalité.
Commenter  J’apprécie          71
Le lieu qu’une époque occupe dans le processus historique se détermine de manière plus pertinente à partir de l’analyse de ses manifestations discrètes de surface, qu’à partir des jugements qu’elle porte sur elle-même. Ceux-ci, en tant qu’expression des tendances du temps en sont pas des témoignages concluants sur l’état d’esprit global du siècle. Les premières, par leur caractère inconscient, donnent directement accès au contenu fondamental de la réalité existante. Inversement, leur interprétation est liée à la connaissance de celui-ci. Le contenu fondamental d’une époque et ses mouvements demeurés inaperçus s’éclairent mutuellement.
Commenter  J’apprécie          60
10. Schopenhauer dit : " On doit se placer en face d'un tableau comme en face d'un prince, attendre qu'il veuille bien vous parler et vous dire ce qui lui plaira ; il ne faut, dans aucun des deux cas, prendre soi-même tout d'abord la parole, car on risquerait alors de n'entendre que sa propre voix. "
Commenter  J’apprécie          61
Mannheim rejette tout recours à l'absolu statique, reprenant à son compte le postulat historiciste qu'il n'existe pas de vérité absolue. Vérités et valeurs ne peuvent être appréhendées qu'en perspective. Mais cela ne doit pas nous conduire au désespoir car nous pouvons légitimement poser que chaque "vérité" a valeur dernière dans le cadre de sa propre situation concrète et que les diverses perspectives se disposent selon une hiérarchie au sein du processus historique d'ensemble. - Il est manifeste que toutes les solutions de cette espèce sont obligées d' "absolutiser" l'histoire pour y retrouver l'absolu.
Commenter  J’apprécie          61
Nietzsche rêve d'historiens pour qui des représentations du passé aptes à stimuler les illusions qui nous font avancer l'emportent sur l'intérêt pour ce qui est réellement arrivé.
Commenter  J’apprécie          63
Les hommes aiment disparaître sous leur surface; se soumettant aux petites choses, ils laissent périr les plus grandes. Voilà pourquoi de nombreuses amitiés qui auraient mérité un meilleur sort échouent pour des bagatelles et des incompréhensions à moitié imaginaires.
Commenter  J’apprécie          50
Un trouble-fête qui arrache les masques n'aime pas qu'on le taxe de portraitiste.
Commenter  J’apprécie          50
Tout n'est pas dans les romans, contrairement à ce que croyait la petite employée. Sur elle et ses pareilles, justement, on n'a guère d'informations. Des centaines de milliers d'employés envahissent chaque jour les rues de Berlin, et pourtant leur vie est moins connue que celle des peuplade primitives, dont les coutumes fascinent au cinéma.
Commenter  J’apprécie          50
il est indispensable de pouvoir écarter tout motif de connaissance étranger au seul désir de connaître ;
Commenter  J’apprécie          51
C'est ici qu'il faut évoquer l'amateurisme avoué de Burckhardt envers l'histoire. Burckhardt rassemble son matériau sans la moindre méthode. Il rejette délibérément toute démarche systématique, répudiant tout ce qui ressemble à une construction imposée de l'extérieur. Il dit quelque part que les concepts et les périodes doivent rester à l'état fluide. Il spécule souvent sur des possibilités qui auraient pu se réaliser sans prendre parti pour aucune d'entre elles. Il prend dans le passé ce qui lui plaît et l'intéresse, de la même façon qu'il déambule dans le monde de l'histoire; et jamais il ne donne les raisons de ses choix.
Bien qu'il soit sans conteste un professionnel, Burckhardt se comporte envers l'histoire comme un amateur qui obéit à ses inclinations. Mais s'il le fait, c'est parce que le professionnel en lui est profondément convaincu que l'histoire n'est pas une science. L' "archi-dilettante", comme il se nomme lui-même dans une de ses lettres, lui paraît le seul personnage capable de la traiter comme il convient. On connaît des amateurs qui deviennent des professionnels ; on a ici un professionnel qui entend rester un amateur dans l'intérêt de son objet d'étude particulier.
Il n'a pas non plus le moindre scrupule à énoncer des jugements de valeur sur les individus ou sur les événements. Et en tant qu'amateur, Burckardt est non seulement pénétré de sens historique mais également profondément humain. Il ne perd jamais de vue l'individu et les souffrances que lui inflige le cours des choses. Il n'évoque jamais les bienfaits que des gouvernants despotiques ont pu laisser derrière eux sans mentionner aussi que les crimes qu'ils commirent pour s'emparer du pouvoir et le conserver ne peuvent en aucun cas se justifier. Son humanité repose manifestement sur la théologie. Mais, tout en étant chrétien, il porte aussi l'empreinte de son héritage classique : de là ses constantes oscillations entre la compassion envers les vaincus et l'admiration pour les actions qui ont marqué l'histoire mondiale.
Commenter  J’apprécie          51
Dans la mesure où l'historien produit de l'art, il n'est pas un artiste, mais un historien parfait.
Commenter  J’apprécie          51
Lorsque l'on connut à New York l'assassinat du Président Kennedy, de petits groupes se rassemblèrent spontanément dans les rues et les gens, sous l'effet du choc qu'ils avaient reçu, se mirent à parler entre eux, sans pouvoir s'arrêter. Beaucoup pleuraient. Saisis d'angoisse, commentaient-ils l'attentat, en cherchaient-ils les motifs? Oui et non. Partant de ces questions bien naturelles, ils en revenaient toujours à la victime elle-même - sa jeunesse, son mode de vie, ses objectifs inaccomplis. Un instinct primitif les poussait sans doute à évoquer un passé qui avait été le présent un instant auparavant et à se représenter, en essayant d'en prendre la mesure, toute la portée de ce qu'ils avaient - de ce que nous avions - possédé sans y penser et si soudainement perdu. Ce faisant, ils obéissaient au désir qui anime toute écriture de l'histoire : ils voulaient comprendre.
Commenter  J’apprécie          51
Mais plus les humains s'éprouvent en tant que masse, plus vite la masse acquiert dans le domaine spirituel aussi des forces créatives, qu'il vaut la peine de financer. Elle n'est plus abandonnée à elle-même, mais s'affirme dans son abandon ; elle ne tolère pas qu'on lui jette des restes, elle exige qu'on la serve à des tables où le couvert est mis. À côté, il reste peu de place pour les couches qui se disent cultivées : ou bien elles doivent s'asseoir à la même table, ou bien leur snobisme les maintient à l'écart ; mais cette coupure provinciale touche à sa fin. Par la fusion dans la masse, naît le public homogène de la métropole qui, du directeur de banque à l'employé de commerce, de la star à la sténodactylo, partage le même esprit. Les regrets larmoyants au sujet de ce tournant vers le goût des masses sont dépassés. Car les biens culturels que les masses se refusent à recevoir ne sont plus en partie qu'un patrimoine historique, parce que la réalité économique et sociale dont ils dépendaient a changé.
On accuse les Berlinois d'être avides de distractions ; c'est un reproche petit-bourgeois. Certes, l'appétit de distraction est plus grand ici qu'en province, mais plus grande aussi, et plus sensible, est la tension des masses travailleuses - une tension essentiellement formelle - qui occupe pleinement leur journée sans la remplir. Il faut rattraper ce qu'on a manqué, on ne peut le rechercher que dans le même domaine de surface où on a été contraint de se manquer soi-même. Cette forme d' "activité" (de loisir) est nécessairement conditionnée par la forme de l'activité en entreprise.
Commenter  J’apprécie          51
L'amitié éduque les mœurs.
Commenter  J’apprécie          41
Chez le spectateur de films, le moi, en tant qu'agent principal des pensées et des décisions, renonce à son pouvoir de contrôle. Ce qui le différencie radicalement du spectateur de théâtre, ainsi que n'ont cessé d'y insister les observateurs et critiques européens. "Au théâtre, je reste moi, m'a dit un jour une Française lucide, tandis qu'au cinéma, je me dissous dans les choses et les êtres." Henri Wallon analyse ce processus de dissolution : "Si le cinéma produit son effet, c'est que je m'identifie à ses images, c'est que je m'oublie plus ou moins en faveur de ce qui se déroule sur l'écran. Je ne suis plus dans ma propre vie, je suis dans le film qui est projeté devant moi."
Commenter  J’apprécie          41



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Siegfried Kracauer (69)Voir plus

Quiz Voir plus

La Dame aux Camélias, A. Dumas Fils

Comment s'appelle les deux personnages principaux ?

Marguerite Gautier et Armand Duval
Prudence et Gaston
Olympe et Mr Duval
Mlle Dugrès et Victor

10 questions
155 lecteurs ont répondu
Thème : La Dame aux camélias (roman) de Alexandre Dumas filsCréer un quiz sur cet auteur

{* *}