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Citations de Silvia Baron Supervielle (101)


Mais il n’y a qu’un style, celui qui répond à la nécessité de briser les chaînes et de se rendre à la solitude nue, poitrine ouverte, corps et coeur confondus. Lorsque l’homme n’a plus où aller, où s’enfuir, où trouver un abri, il a une possibilité de se livrer.

*

Or le meilleur d’un être réside dans la proximité qu’il est capable de partager.

*

Ma mère n’appartient ni au passé, ni au présent, ni au futur, mais à l’éternité. J’évoque les choses qui la concernent mais j’évite de la nommer. Mon père ne la nommait jamais. Depuis mon enfance, la non-parole sur l’abenste s’est gravée dans mes jours. J’avais même peur de penser à elle, de l’imaginer, quoique j’eusse sa photographie à portée de mes yeux.

*

Je n’ai jamais consulté un analyste et je pourrais en avoir besoin un jour. Entre-temps, l’écriture décharge peut-être l’âme de son poids obscur.

*

Toutefois, je suppose que l’on vient au monde pour avoir une histoire et que l’on est un écrivain pour la raconter et en inventer une autre. Or la mienne est un voyage et les voyages ne se racontent pas.

*

Les malentendus ne se produisent jamais chez les innocents. Plus ils sont démunis, plus ils sont purs. Comme le clair-murmure de l’eau, la langue de la communion se transmet par le regard, le silence, l’acceptation du sort, la non-violence.

*

“Cette mort qui ne vieillit pas […] J’ai toujours su que l’on pouvait faire l’amour sans faire l’amour […] Avoir peur est la condition des connaissances aimantes. Si je ne crevais pas de peur, je ne saurais pas exister […] On peut toujours perdre encore au-delà de la perte.” Hélène Cixous

*

Lorsqu’il pleut, le temps fait halte, je m’abandonne à l’oubli sans égarer la mémoire. Le bruit régulier précipité des averses. Je n’ai pas besoin de sortir, ni de m’occuper à quoi que ce soit, je reperds les gestes d’un présent sans anecdotes, rien ne presse, je remets les heures, les choses à plus tard. Si j’avais à choisir ma fin, je choisirais de sombrer dans les eaux d’un déluge.

*

Un écrivain n’a pas de vie : il la verse entièrement dans les papiers. II écrit pour approcher le must!re, non pas pour le dévoiler.

*

Je transcris des mots de Fernando Pessoa : “Renoncer, c’est nous libérer […] Ce qui a été ressenti, voilà ce qui a été vécu.” En les transcrivant, ils se font miens et prolongent l’instant qui rendra les prochains vivables. Sans cesse ce besoin de partir : la disponibilité de l’abîme attire l’équilibriste.

*

L’heure d’accepter arrive-t-elle un jour ? On la repousse, on la retarde. Accepter de mourir comme on accepte d’aimer. C’est le seul pas à faire, le seul mot à écrire et à dire sur le plateau de la vie. Mon amie le savait mais elle avait peur que son acceptation ne réveillât la Parque. De plus, comment accepter d’abandonner ceux qu’on aime ? Accepter de ne plus penser aux absents, de ne plus revoir leur photographie, de ne plus respirer une fleur, ni flâner le long du fleuve. Accepter de ne jamais revoir le Rio de la Plata, les arbres de Buenos Aires, la plaine où le soleil s’allonge sans s’éteindre. De ne plus bouger dans l’obscurité sans une étoile.
Accepter l’air sourd, le non-être sans flammes ni ombres. De ne plus avoir du désir. Accepter qu’aucune chose ne se métamorphose. D’ignorer ce que veut dire la beauté. Aurais-je voulu être tous les humains, je serai tous les morts. Même Dieu ne pourra pas me reconnaître. Quelqu’un penserait à moi, je ne m’en rendrais pas compte puisque je ne saurai pas que je suis morte. Accepter ça. De me fixer dans le noir mort. D’être bannie des rêves, de la fenêtre, du souvenir défendu. De ne plus revenir au rivage quitté. De ne plus revoir le visage aimé. Accepter que la mort ait raison des amours imaginés, qui sont plus réels et rayonnants que ceux de la réalité. Accepter de ne plus penser à la mère. Je ne suis pas encore prête à accepter tout ça mais, depuis que mon amie a énoncé ce verbe, je le sais : sans acceptation, il n’y a pas de chemin.
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PLAiNE bLANChE (1980)

 
 
ni l’air ne remue
en cette heure de neige
peut-être il fait déjà noir
quelqu’un dessine sa forme
sur les vitres couvertes
et lentement pénètre
dans la pénombre pâle
et au seuil de l’inconnu
ce qui m’a abandonné
va me reprendre
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PLAINE BLANCHE (1980)

 

 
la nuit lève ses voiles
reste dans la nuit

le jour étend ses ailes
de désert

et nul soir ne me voit
rien ne sait que je suis
noyée dans le paysage
que le temps me ramène
à la mer d’en face
et au vent qui se brise
sur sa lancée
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PLAiNE bLANChE (1980)
 

 
il va falloir se suivre
le long des ombres et dans l’ombre
inaccessible au fond du jour
derrière le pas du mouvement
lointain dans la longue attente
des marches des matins et le soir
sur la trace en suspens
que le store de la nuit recouvre
se suivre le temps qui reste
entre les heures du silence
et le sable de la mort et le vent
que la mer retire
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PLAiNE bLANChE (1980)
 

 
manades de champs d’or
et grand le gris de l’ombre
qui survole en suspens le soir
et mêle l’espace à la terre
passage du vent par bandes
claires sur des traces détachées
et obscurité soudaine qui tombe
de l’air immobile sans arbre
nul orage nulle route perdue
à venir de loin et du silence
ténèbres de plaine blanche
et cendre de lumière ce pays
levant qui se couvre
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PLAiNE bLANChE (1980)
 

 
tu m’avais dit
la rue
entre le numéro et la porte
près du grand mur

je t’ai cherché
le long du mur

j’ai attendu
des jours des nuits
hors des jours et des nuits
où rien ne passe
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PLAiNE bLANChE (1980)
 

 
je ne peux pas
partir

je peux aller
plus au fond
où nul n’arrive
où seule la distance
m’étreint
et me retire
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PLAiNE bLANChE (1980)

 
 
nul mot

les ombres
du silence
se dessinent
et remontent
le rayon nu
du regard
qui écrit
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PLAiNE bLANChE (1980)

 
 
l’aube commence
l’ombre et l’autre
jour me laisse
comme la nuit
cessante
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LES FENÊTRES (1977)
 
 

une lame noire
a traversé le ciel

que l’encre éclate
sur le mur absent
que rien ne trouve
le poème ni la vitre
avant que ne tombe
de son vol
la naissance du jour
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LES FENÊTRES (1977)
 

 
le ciel cède
use le jour
s’éloigne
au crépuscule
naît la nuit
différente
à l’aube
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LES FENÊTRES (1977)
 

 
regarder la ville
ni les heures
ni les chaussées
un pays glisse
sur mon corps
que la mort
soutient
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LES FENÊTRES (1977)
 
 
je ne bouge pas du lieu
qui regarde le vent
du lieu où je le garde
où nulle pensée ne trouble le silence
de haute mer la nuit et de rivage
d’autel allumé au fond de la pénombre
au bord du pays de la plaine
comme un pas de flamme à l’horizon
retenu dans la proue de l’espace
le temps secoue le songe
et je tombe sur les saisons
qui m’emportent où je suis
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LES FENÊTRES (1977)
 
 

de nouveau le printemps

au bout des arbres
au fond du vent

rien n’est devenu
malgré la mort des feuilles
en vain la brume le froid
l’obscurité de l’aube
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LES FENÊTRES (1977)
 
 

le soir l’air
s’arrête

la forme de l’attente
n’a plus d’ombre
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LES FENÊTRES (1977)

 
 
plus les feuilles
vont vite plus
diminue la vue
et grandit
le bruit de la mer
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LES FENÊTRES (1977)
 
 

survolant le reflet
du soleil et de la plaine
et la terre suspendue
sur le chemin désert
le ciel se mélange
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LES FENÊTRES (1977)
 
 
le jour se lève
il monte sur les fenêtres
avance sur moi

ma nuit commence

l’heure de fermer les yeux
de laisser les rues
les saisons qui séparent
en liberté
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LES FENÊTRES (1977)
 
 
j’ai vu fleurir la fleur
et de cela mourir

rien n’est prêt
aucune feuille
aucun décembre
ni lointaine plaine
aucune main ni calme
crépuscule
ni été ni étreinte
d’un poème
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LES FENÊTRES (1977)
 
 
l’aube va sur la mer

et loin
à la fin des vagues
le vent se lève en rubans
de nuit

j’arriverai bientôt

l’ombre de mes pas
se termine
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