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Citations de Simona Sparaco (24)


J'étais désormais incapable de me guérir de ces adieux expéditifs et répétés, de la culpabilité et de la perplexité qu'ils ne cessaient de creuser en moi. Toute ma vie, j'ai continué à avoir l'impression d'être oubliée. C'est devenu ma façon d'être au monde. Depuis lors, je suis celle qui reste en retrait, qui se perd, qui n'arrive pas à finir ses études, à garder un amoureux, à trouver un travail décent, à se marier. A faire un enfant.
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Je suis redevenue Alice. J'avalerai cette pilule et je rétrécirai, je deviendrai minuscule jusqu'à disparaître. Ou bien je deviendrai tout à coup géante. Je percerai le plafond, passerai par-dessus les toits et, d'une foulée, j'écraserai cet hôpital.
Je prends le medicament du bout des doigts. Je le pose sur ma langue. Pietro me donne un verre d'eau. Je bois, et je l'avale.
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La vie n’est pas toujours un don, me dit-il, et elle n’est pas non plus un devoir. Si nous sommes là aujourd’hui, c’est que d’une certaine manière nous a été donnée la possibilité de choisir. Un autre genre de don, oui. Aussi absurde que cela puisse paraître, la possibilité d’une mort sans agonie. Faire en sorte que notre enfant s’endorme sans avoir vu autre chose que le monde à l’intérieur de moi.
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Ma joue est écrasée contre la vitre de la portière. Le flou de la buée qui se forme devant moi est comme le monde que nous sommes en train de traverser.
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Mais il restait pour moi un point d'interrogation. Comme tous les parents, il avait été une réponse pour moi quand j'étais enfant, et il était devenu une interrogation à peine étais-je devenue adulte
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Nous sommes toutes là.
Chacune aborde son trophée, plus ou moins en évidence, et tient son dossier médical sous le bras. Nous sommes toutes gentiment assises, comme à l'école lorsque le maître fait l'appel. Certaines feuillettent distraitement une revue, avec l'air satisfait et ne doutant nullement que tout se passera bien, d'autres, tendues en revanche, gardent la tête baissée et les mains jointes. Comme si derrière cette porte couleur pastel se profilait réellement la menace de se faire renvoyer.
Nous sommes toutes des mères en attente d'une échographie.
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Au milieu des pommiers de mela rosa, sous le ciel blanc, les flocons tombaient lents et silencieux, comme de petits baisers humides et froids.
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En partant,Lorenzo a éteint toutes les lumières.Il a juste oublié de fermer la porte.
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_ Papa, quand je serai grande, je voudrais écrire.
_ Vraiment ?
_ Oui, je voudrais inventer un monde nouveau et le remplir d'Ulysse, de Polyphème et de Méduse.
_ Et après ?
_ Et après, on pourra y aller ensemble, quand on aura envie.
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J'étais une huître qui transformait le sable en perle. Je tamisais l'infinité de la mer pour fabriquer quelques chose de petit et d'inestimable. Mon fils.
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Le prix de l'examen varie en fonction des maladies que l'on veut rechercher. Le "package" traditionnel comprend les maladies les plus communes, de la trisomie 21 à la mucoviscidose. Mais si l'on veut pousser plus loin, vers un examen moléculaire ou l'étude de l'ADN pour savoir si le fœtus peut être atteint d'autres pathologies, le prix augmente sensiblement. Le marché des diagnostics prénatals. Syndromes incurables vendus au détail. Capables de changer le cours d'une vie, comme les manettes d'un flipper qui empêchent la boule d'acier de s'engager sur le plan incliné et de finir dans le précipice.
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Je n'ai pas vu son visage. Je l'ai laissé partir de cette chambre d'hôpital sans bouger un muscle. Pietro, lui, l'a caressé, a serré sa petite main entre ses doigts. Il ne m'a rien dit de son aspect, des sensations qu'il a éprouvées, je ne lui ai pas permis. Mais il est tellement en paix avec lui-même et avec Lorenzo qu'il veut revenir à Londres pour l'enterrement, rapporter ses cendres et les placer dans l'urne du caveau de famille. "Nous devons réessayer, Luce. Le plus tôt possible". Je me demande où il trouve la force pour le dire. Moi je voudrais lui dire que j'ai mal dans les os, et je sais que ce n'est rien par rapport à la souffrance qu'aurait pu éprouver notre enfant. C'est bien pour cela que nous l'avons fait, c'est ça ? Parce que nous voulions lui épargner une vie atroce. Mais n'est pas parti, tu sais, Pietro. Il est encore là. Non, il n'est pas un météore qui a traversé le ciel sans provoquer de dégâts, il a tout détruit sur son passage. Il a fait table rase du monde entier. Si toi, tu es encore debout, c'est bien, tant mieux pour toi. Mais moi j'en suis incapable. Je ne peux imaginer le remplacer comme on le ferait d'une paire de chaussures ou d'une voiture qui a parcouru trop de kilomètres. Je n'arrive pas à faire quoi que ce soit.
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Et puis que veux-tu que je te dises Viola ? Que je suis un ingrat ?
Il avait tout à coup pris ce visage que je détestais, celui qui disait : « Saute moi dessus si tu penses que cela peut te faire du bien, ou pardonne-moi. Mais ensuite, oublie et mets un point final. Tu n’arriveras pas à me faire changer, de même que personne n’a jamais réussi à le faire. »
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Mais il restait pour moi un point d'interrogation. Comme tous les parents, il avait été une réponse pour moi quand j'étais enfant, et il était devenu une question à peine étais-je devenue adulte.
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Et ce fut à ce moment précis que je pris la décision de partir. Parce que je savais que si je restais, je continuerais à me dissoudre, à m'écouler comme une horloge dans un tableau de Dali.
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Je sens les regards des autres m’envelopper comme les tentacules d’une méduse, venant de toute part, urticants, vénéneux. Mais c’est dans cette brûlure que je trouve le sens de ce que je viens de dire. Tout à coup, c’est comme si Lorenzo n’était plus un enfant « perdu », un fait honteux et tragique qu’il faut taire. Non Lorenzo a été un choix, un choix bien clair. Douloureux et lucide, qui doit seulement être revendiqué haut et fort pour être compris. Un choix que j’ai fait en pleine conscience, en tant que mère et compagne de l’homme que j’aime. Nous nous sommes saisis d’un droit dont mon enfant avait été privé, par la science ou par la nature, peut-être aussi par Dieu. Un droit simplissime, basique : celui de se défendre. Et ce choix, tellement intangible, mais qui ne pouvait être que murmuré, à demi-mot, les mois passant, est devenu un marécage nauséabond. Maintenant que je m’en suis extirpée, j’ai la sensation d’avoir restitué sa dignité à mon fils. Que ce n’est qu’aujourd’hui, d’une certaine façon, que je l’ai mis au monde.
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En vieillissant, on découvre que tout a une limite. Même l𠆚mour. Et nous qui le croyions grandiose, indestructible. Mais l'amour est une blessure qui ne guérit jamais, toujours sur le point de se rouvrir. Il suffit d'un rien pour qu'elle s'infecte.
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Encore une fois, c𠆞st Internet qui vient à ma rencontre. Qui rompt le silence aux allures d'omerta de ma vie et me démontre que j'existe. Non comme un hors-la-loi, qui a commis l'acte sacrilège et impardonnable de l'infanticide, mais en tant que mere amputée, en tant que femme qui souffre et paie les conséquences d'une décision. Je me jette dans un forum, un lieu virtuel qui recueille les témoignages de femmes qui ont avorté et partagent leurs expérences.
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Mais il n'est pas parti, tu sais, Pietro. Il est encore là. Non, il n'est pas un météore qui a traversé le ciel sans provoquer de dégâts, il a tout détruit sur son passage. Il a fait table rase du monde entier. Si toi, tu es encore debout, c'est bien, tant mieux pour toi. Mais moi j'en suis incapable. Je ne peux pas imaginer le remplacer comme on le ferait d'une paire de chaussures ou d'une voiture qui a parcouru trop de kilomètres. Je n'arrive pas à faire quoi que ce soit.
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Je suis une poche vide, une coquille cassée. Je suis brisée et rien ne me fera jamais plus redevenir entière.
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