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Citations de Simone Bertière (87)


Alors, que pèse sa désinvolture à l’égard des inadvertances dont fourmille un récit qu'il ne se donne pas la peine de corriger lors de l'édition en librairie ? Il importe peu que le pseudonyme de la duchesse de Chevreuse soit Aglaé ou Marie Michon, que d'Artagnan soit reçu deux fois dans la compagnie des mousquetaires, que changent le lieu du rendez-vous donné par Mme Bonacieux et celui du couvent qui lui sert d'abri, que varient l'origine du saphir d'Athos ou la date du papier remis par Richelieu à Milady. Le récit ne prétend pas au réalisme, ni même à la stricte cohérence interne, il va son grand chemin, « à franc étrier », à bride abattue, il nous entraîne dans un tourbillon d'aventures échevelées, rebondissantes, où nous oscillons entre la surprise et l'attente comblée. Quant à y croire, Dumas ne nous en demande pas tant. Il nous invite à entrer avec lui dans le jeu, le temps de la lecture, sans bouder notre plaisir.
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Maquet, lui, resté à Paris et flairant le vent, s'essaie au roman historique comme il se doit. Le Bonhomme Buvat est un démarquage des Mémoires d'un comparse ayant joué un rôle décisif en 1718 dans l'échec de la conspiration dite de Cellamare, du nom de l'ambassadeur espagnol qui la patronna. À l'instigation de la duchesse du Maine, épouse d'un des fils légitimés de Louis XIV, les conjurés projetaient d'ôter la régence au duc d'Orléans, qui les tenait à l'écart du pouvoir, et de la confier au roi d'Espagne. C'est l'humble copiste nommé Jean Buvat, chargé de mettre au net leur courrier, qui, scandalisé, les dénonça et sauva le Régent. Dumas accepte de réécrire le terne manuscrit de Maquet refusé par la Revue des Deux Mondes, il le rebaptise du nom d'un des conjurés et y développe une intrigue sentimentale. Le Chevalier d'Harmental paraît en feuilleton dans La Presse du 28 juin 1841 au 14 janvier 1842. Mais pas question cette fois d'en partager la patemité : « Un roman signé Dumas vaut 3 francs la ligne. Signé Dumas et Maquet, il vaut 30 sous », aurait tranché Emile de Girardin. Les lecteurs ignorent les sous-entendus familiers aux spectateurs de théâtre, ils veulent du pur Dumas.
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Le roi n'a qu'un homme, c'est sa femme. (Mirabeau)
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La forme revêtue par les Mousquetaires n'est intelligible que si on la rapporte aux conditions dans lesquelles ils ont été composés. Aussi a-t-on insisté longuement dans ce livre sur la vie de Dumas - non pas sa vie privée, mais sa vie professionnelle. Vivre de sa plume impliquait une prise en compte permanente de l'attente des lecteurs. A la différence de Stendhal, qui se réservait pour les happy few à venir, de Flaubert qui écrivait pour lui-même dans son ermitage de Croisset, ou même de Victor Hugo qui conquit très tôt son indépendance financière, Dumas était condamné à plaire hic et nunc à un public disparate, le plus large possible là encore, comme en politique, un grand écart, dont il a pleinement conscience. Or il réussit à plaire à tous sans s'abaisser.
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Mais pour décrire le climat qui régnait alors à la cour, Dumas s'inspire de Courtilz, qui évoque une période sensiblement postérieure, et il complète son information auprès de Brienne et de Tallemant des Réaux, peu soucieux de dater leurs anecdotes. Il en résulte une série d'erreurs, dont voici quelques exemples. En 1625-1628, la France n'est pas encore en guerre avec l'Espagne, Richelieu est déjà cardinal, mais pas encore duc, il passe toujours pour une créature de la reine mère et ne jouit pas de la confiance de Louis XIII, qui ne lui sera acquise qu'après la prise de La Rochelle. Nulle compétition ne l'oppose encore au roi par mousquetaires et gardes interposés. Ce n'est que vers 1640 que Louis XIII s'irrita de l'ascendant exercé sur lui par son ministre, et se dit parfois désireux d'en être débarrassé, au besoin par la violence ; et c'est tout à fait à la fin du règne, au temps de la faveur de Cinq-Mars, que Richelieu put craindre d'être tué par Tréville sur ordre de son maître.
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Les Mousquetaires valent, comme tant de grands livres, par ce que l'auteur y a mis de lui-même. Et il y a mis beaucoup. Chacun connaît le mot fameux de Flaubert : « Madame Bovary, c'est moi. » On pourrait dire de même que d'Artagnan, c'est Dumas. Mais il est également les trois autres. Quatre personnages ne sont pas de trop pour incarner tout ce qui bouillonne en lui de contraires. Leurs aventures sont autant de possibles qu'il aurait aimé voir lui advenir. Sur ses vieux jours, lorsque tend à s'imposer en littérature le réalisme, qui vaut ses succès au jeune Alexandre, il a une réflexion émouvante et profonde : « Moi, je prends mes sujets dans mes rêves ; mon fils les prend dans la réalité. Je travaille les yeux fermés ; il travaille les yeux ouverts. Je dessine, il photographie. » Le secret des Mousquetaires est là.
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Les Mystères de Paris furent pour lui (Eugène Sue) le miracle qu'avait été Henri III pour Dumas, mais à une plus grande échelle puisqu'il touchait un public infiniment plus large. Le genre romanesque, parent pauvre du théâtre, s'imposait soudain dans le paysage littéraire.

La veille encore, Balzac peinait à se faire une place au soleil et Stendhal réservait aux happy few des années futures les délices incomprises de sa Chartreuse de Parme. Le moyen de diffusion inventé par Girardin offrait désormais aux romanciers d'immenses perspectives. Dumas ne s'y trompa pas. Certes l'admiration des lecteurs enthousiastes n'offrait pas la griserie des ovations au soir d'une première, mais les ondes s'en répercutaient plus loin et plus longtemps. Gloire et fortune pouvaient être au rendez-vous. Il commença donc de s'intéresser pour de bon au roman, sous son avatar récent de feuilleton.
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Dès la Préface, il nous apprend que la donnée première lui fut offerte fortuitement : «Il y a un an à peu près, qu'en faisant à la Bibliothèque royale des recherches pour mon histoire de Louis XIV, je tombai par hasard sur les Mémoires de M. d'Artagnan, imprimés - comme la plus grande partie des ouvrages de cette époque, où les auteurs tenaient à dire la vérité sans aller faire un tour plus ou moins long à la Bastille - à Amsterdam chez Pierre Rouge. Le titre me séduisit : je les emportai chez moi, avec la permission de M. le conservateur, bien entendu, et je les dévorai. » La date est très approximative, le lieu inexact. Ce n’est pas à Paris qu'il découvrit ce livre, mais à Marseille, où il se trouvait de passage le 21 juin 1843. Il était lié d’amitié avec les deux frères Méry, qui dirigeaient la Bibliothèque de la ville. Il leur demanda de quoi meubler utilement son temps durant le trajet qui le ramènerait dans la capitale. Il emporta donc, en même temps qu'un Tableau de la vie de Richelieu, de Colbert et de Mazarin sans nom d'auteur, quatre petits volumes in-12 intitulés Mémoires de M. d’Artagnan. Ce mensonge véniel, visant à paraître plus sérieux, plus savant, n'aurait jamais été décelé s'il n'avait omis de restituer ses emprunts : la trace des lettres de réclamation envoyées en vain ont été retrouvées dans les archives de la Bibliothèque de Marseille !
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Il n'est pas possible de se soustraire à l'humaine condition et de défier la mort sans que s'inhibent la raison et le sentiment. Il n'est pas d'héroïsme sans folie.
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S'il fallait le caractériser d'un mot, nulle hésitation possible : il fut l'un des plus grands capitaines de guerre que le monde ait connus. Mais sa carrière présente une particularité rarissime. Elle débute très tôt et très haut, et elle se déroule, si l'on peut dire, à rebours. Elle commence par la fin. À peine sorti d'une jeunesse sévèrement encadrée par un père autoritaire, six années de campagnes victorieuses le hissent au niveau de César ou d'Alexandre. À vingt-deux ans, il entre de plain-pied, sans préavis, dans la légende. Il n'en sortira jamais. Par définition, les héros de ce genre n'ont d'autre issue que la mort. Une mort rapide, si possible. Car le temps ne peut leur apporter que dégénérescence. Or la mort, qui fut sa compagne quotidienne, n'a pas voulu de lui. Bien qu'il prît des risques énormes, il est sorti de tous les combats indemne et cette invulnérabilité a renforcé son aura. Il fait figure de surhomme, soustrait à l'humaine condition. Comment le rester au cours d'une vie qui se prolonge ? La plus rude épreuve infligée à Condé par le destin fut de survivre trente-huit ans aux six années glorieuses qui l'avaient porté au pinacle.
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1559 : Henri II, blessé à mort au cours d'un tournoi, disparaît à quarante ans. Sa veuve, Catherine de Médicis, doit s'effacer devant la nouvelle reine, Marie Stuart, épouse du pâle François II.
Jusqu'à la fin du siècle, à travers la tourmente des guerres de religion, les reines de France vont être amenées à jouer un rôle considérable.
Après un bref intermède, la figure fascinante de la reine mère Catherine de Médicis, dont les trois fils régneront tour à tour, domine la période. Sa fille, Marguerite de Valois, la célèbre "reine Margot", épouse du futur Henri IV, connaît un destin tumultueux entre la politique et l'amour. Moins connues, Élisabeth d'Autriche ou Louise de Lorraine, l'épouse d'Henri III, méritent d'être redécouvertes.
Simone Bertière nous conte ces destinées royales avec une rigueur et une intelligence historiques saluées par la critique. En adoptant tour à tour le point de vue de ses héroïnes, elle nous fait revivre ces "années sanglantes" avec l'intensité d'un roman vrai, passionnante enquête sur la place des femmes dans un système royal dominé par l'héritage masculin.
(quatrième de couverture de l'édition de poche parue en 1994)
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Je m'appelle Clytemnestre, reine d'Argos. Vous me connaissez bien. Voici trois mille ans que vous me montrez du doigt en frémissant d'indignation. Avec l'aide de mon amant, j'ai tué mon époux Agamemnon, à son retour de la guerre de Troie. Et j'ai péri de la main de mon fils, Oreste
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Le temps de La Vallière est celui de la liberté, des échappées, des découvertes, et de la griserie d’un pouvoir tout neuf, dans une période historique faste. Le temps de Montespan est celui des grandes ambitions, de la construction de Versailles, de la montée en puissance face à une Europe hostile, avec déjà la guerre, joyeuse encore. Le temps de la Maintenon est celui des maladies, des affrontements majeurs, des décisions dramatiques, des défaites et des deuils...
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A partir de la Fronde et jusqu’à nos jours, l’histoire de France devient une histoire d’hommes. Exclusivement.
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Elle (Marie-Antoinette) eut le tort de n’être pas celle qui fallait, quand il fallait, où il fallait. Et son caractère acheva d’envenimer les choses car elle n’était pas de celles qui se plient aux concessions.
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Bien que les juristes aient tenté de la faire remonter aux anciennes coutumes des Francs Saliens pour en accréditer le caractère fondamental, cette loi fameuse, dite salique, n'est appliquée en fait que depuis 1316, lorsque les deux fils puînés de Philippe le Bel furent tour à tour préférés à la fille de son fils aîné prématurément décédé.
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C'est sur cette ambiguïté que l'on terminera ici avec lui, par les mots - peut-être apocryphes - du pape Urbain VIII. Ce fin connaisseur du monde politique avait apprécié son action à sa juste valeur et n'avait nulle raison de s'en plaindre en Italie du Nord. Mais il ne pouvait dire ouvertement son admiration, à cause des alliances protestantes. Il l'a déguisée donc sous une boutade provocante : "Se gli è un Dio, lo pagarà ! Ma veramente se non c'è Dio, galant'uomo !" - ce qui donnerait aujourd'hui en langage familier : "S'il y a un Dieu, il paiera. Mais pour sûr, si Dieu n'existe pas, chapeau !"

(A propos de Richelieu)
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L'entrée de Catherine de Médicis dans le cercle très fermé des familles régnantes fut une surprise et, pour beaucoup un scandale. Une telle union était pour un fils de France, même un cadet non destiné à régner, une mésalliance. Et si l'on avait pu prévoir que la mort du dauphin appellerait Henri au trône, à coup sûr celui-ci n'aurait pas épousé la petite Florentine.
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On est presque surpris de trouver l’homme, sinon sympathique, du moins pétri de la même pâte que le commun des mortels. Et l’on aperçoit déjà que la plus grande partie des dégâts commis proviennent des tentations inhérentes à la toute puissance : il est le roi.

Or au fil des années le roi, chez Louis XIV, a tendu de plus en plus à se substituer à l’homme et à l’étouffer. L’homme n'était pas particulièrement orgueilleux, il se savait pécheur, ses confesseurs ne cessaient de le lui répéter. Mais chez le roi, l'orgueil, sans limites, est innocent parce qu'il a pour objet la monarchie qui s’incarne en lui, par décret divin.
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Voilà-t-il pas qu'elle abandonne les carrosses dorés pour sauter dans un cabriolet, légère voiture à roues qu'elle conduit elle-même et qui ne peut accueillir, à l'extrême rigueur, qu'une passagère. Horreur! elle va se rompre le cou, ces voitures versent si facilement! Mais elle file à vive allure, maîtresse d'elle-même, libre, heureuse - un peu comme une princesse d'aujourd'hui troquant une limousine avec chauffeur et gardes du corps contre une voiture de course décapotable.
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