Ce récit est écrit sous la forme d'un journal, celui d'Angélika, l'amie et la belle-soeur de Klara qui revient d'Auschwitz à ,Paris après une déambulation à travers l'Europe en août 1945. le journal s'organise autour de la parole de Klara qui jour après jour se dévoile.
Superbe texte, fort en émotion et d’intelligence.
Un très beau livre qui permet de mieux comprendre ce qu'a pu engendrer le retour des déportés notamment sur le plan psychologique.
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Traditionnellement je suis assez réticente au genre journal intime, aussi bien en raison de la forme (une écriture spontanée, hétérogène) que sur le fond ((c'est l'écriture de l'épanchement des sentiments, du repli de l'intériorité souvent excessif face aux évènements).
Pourtant, Soazig Aaron m'a réconciliée avec ce style dans cette œuvre avec le journal intime d'une femme (Lika) confrontée au retout d'Auschwitz de sa meilleure amie et belle-sœur, Klara.
Il s'agit bel et bien d'une confrontation puisque Klara n'est plus la Klara d'avant-guerre : on découvre une femme réduite par les nazis à un état sauvage, dominée par ses instincts primitifs, jamais apaisée et dont la parole est souvent âpre, brutale, détachée. Quoi de mieux que l'écriture intime pour exprime le désarroi, l'impuissance et l'incompréhension de Lika face à cette Klara usée par la haine et balayée même jusqu'à l'identité.
D'autant plus que Soazig Aaron maîtrise parfaitement l'écriture intime à mon goût : pas d'effusion excessive des sentiments, le ton est sobre et pudique ; le texte n'est pas noyé dans les émotions.
Ce qui est agréable également c'est que l'auteur détourne les codes du journal intime : ce qui est retranscrit ce sont avant tout les émotions et pensées de Klara exprimées lors de ses monologues. Lika apparait alors comme le témoin, et ce journal intime comme un témoignage de ce qu'on ne pouvait imaginer.
Et ce témoignage est réellement poignant...déroutant aussi.
Très vite on comprend que derrière la morgue affichée et infligée à Lika, Klara n'est plus que refus et indifférence à la vie, elle se considère comme morte. La seule façon alors d'exister est de dire NON. Non à un retour de semblant de vie normale, à la maternité, à l'amitié. C'est également un refus de sa langue maternelle (l'allemand) et même de son identité.
Dans cette Europe dévastée, Klara ne peut se reconstruire sur des ruines. Elle fait alors un choix radical.
Assurément un récit à recommander ne serait-ce que pour l'intensité émotionnelle distillée finement tout au long des pages. J'ai réussi à faire abstraction de cette prose (on reste tout de même dans le domaine de la parole de l'intimité, des émotions et donc de l'écriture de l'immédiat) ; tout du moins le récit est si captivant qu'on oublie le style littéraire.
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La narratrice, Angélika, est l'amie et la belle-soeur de Klara. Cette dernière est une survivante du camp de concentration d'Auschwitz. Après avoir déambulé un peu partout en Europe, elle retourne enfin dans sa famille. Angélika confie à son journal intime les révélations de Klara, qui jour après jour raconte ce qu'elle a vécu dans le camp de concentration. Klara ne se plaint pas, et raconte avec une certaine violence et froideur ce qu'elle a vécu. Elle se dit qu'elle n'est plus la personne qu'elle était avant et qu'elle ne sera plus la même personne. Elle se dit qu'elle n'est pas capable de retourner à sa vie d'avant ou de s'occuper de sa fille. Finalement elle part en Amérique.
Bien que "Le non de Klara" soit une fiction, je trouve qu'à travers les mots de Klara, que cette histoire permet de se faire une idée sur cette période confuse dont on ne connaît pas grande chose : l'après-guerre et le retour des déportés, la réadaptation difficile à la vie "normale", mais aussi le désespoir des familles n'arrivant pas à "aider" ou comprendre ces survivants.
Ce petit livre d'un peu plus de 150 pages et écrit sous forme d'un journal intime est un concentré d'émotions. Un très beau style, qui m'a tenu en haleine du début jusqu'à la fin.
Challenge ABC
Challenge Plumes féminines
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Le livre se présente sous forme d'un journal. Où l'on suit jour après jour, la témoignage de Klara qui revient d'auschwitz. C'est un Réçit poignant sur le retour d'une déportée et sa difficulté à se réadapter à la vie quotidienne. Lecture forte et touchante.
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Ce récit est écrit sous la forme d'un journal, celui d'Angélika, l'amie et la belle-soeur de Klara qui revient d'Auschwitz à ,Paris après une déambulation à travers l'Europe en août 1945. Le journal s'organise autour de la parole de Klara qui jour après jour se dévoile. Pas de lamentations, mais elle dit froidement avec force et violence, sa stupeur et sa colère permanente, son incapacité à accepter les codes de la vie redevenue normale. Une réadaptation difficile... EXTRAIT: "-Mais dans ce monde d'où tu reviens, il y a bien eu un peu de pitié tout de même?... -Oui sans doute. Mais ceux-là qui en ont eu ne seront pas là pour te le dire. Ils sont morts. Ceux-là qui ont eu pitié des autres sont morts. Ceux qui ont eu pitié d'eux même sont morts. Et nous sommes tous morts. Morts pour rien. Nous avons soufferts pour rien, absolument rien. Tout est gratuit. Rien, rien qui puisse servir...Je suis partie avec un corps acceptable, un visage également, des cheveux blonds et des yeux gris. Je reviens avec un visage ravagé, des cheveux gris, un corps qui n'est plus regardable. Tout cela pour rien, rien, rien...oui, il y aura encore des gens savants, mais notre savoir extrême, notre savoir des extrêmes ne sera d'aucun secours, c'est un savoir sans continuité parce qu'il est en bascule, un savoir intransmissible, et qu'est-ce qu'un savoir qu'on ne peut pas transmettre...c'est rien. Là non plus, ce savoir n'a pas de nom..." Silence et respect Nena
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Un roman très dur : juillet 1945, les derniers rescapés des camps de concentration regagnent Paris et c'est au Lutétia qu'Angélika se rend fréquemment, en perdant petit petit l'espoir de retrouver son amie et belle-soeur Klara.
Jusqu'à ce jour de juillet où elle voit ce garçon blond aux cheveux très courts, aux joues creuses et ses grands yeux qui la regardent. C'est bien Klara.
D'apparence en tout cas. Elle commence à raconter, par bribes, de manière saccadée et partielle, sa vie depuis 1942. A Auschwitz tout d'abord puis son retour à travers la Pologne et l'Allemagne.
Tout son être déborde de colère, une rage froide et contenue qui transpire de ses récits.
Elle explique ses décisions : non elle ne parlera plus l'allemand, sa langue maternelle, synonyme maintenant de langue aboyée, qui cherche à faire mal. Non elle ne veut pas voir sa fille, elle est malade et ne lui fera que du mal.
Non elle ne veut pas rester près de ses proches, il faut partir loin, au soleil du Mexique peut-être.
Dur, riche, plein d'émotions, une lecture qui fait réfléchir.
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Ce roman, dense, abrupt, écrit sous forme de journal intime, ne fut pas une lecture facile.
Lu pas morceaux, pour ne pas me laisser happer par la psychologie de Klara, pour me permettre de "digérer" ses pensées retransmises par sa belle-soeur. J'ai lu pourtant un grand nombre de romans sur le même sujet. Mais c'est le premier à mon sens qui creuse autant la psychologie martyrisée d'une rescapée de la déportation. Klara est revenue physiquement, mais son être est restée "là-bas", à Auschwitz (nom qu'elle refuse de prononcer tout comme tout autre mot d'allemand).
Cette lecture créée un profond malaise, tel que celui qu'a pu ressentir la narratrice qui retranscrit les propos de Klara, et qui est honteusement soulagée par son départ.
Une vraie réussite.
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Difficile d'imaginer qu'il s'agit seulement ici d'un roman, tant ce récit semble vécu. Les pages que nous livre Soazig Aaron sont bouleversantes. Que Klara raconte, ou qu'elle se taise, son récit et ses non-dits laissent entrevoir la fragilité de l’âme humaine, quand l'homme devient un loup pour l'homme. Un vrai choc littéraire et humain, une page de l'Histoire encore tellement tangible...
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Un autre éclairage sur les conséquences de la Shoah, bouleversant comme tant d'autres : l'incapacité d'une jeune mère, de retour des camps, de rester auprès de son enfant pour l'élever. Cela lui est impossible après ce qu'elle a subi.
A relire.
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Soazig Aaron propose une fiction sous la forme d'un journal intime pour rendre compte du retour de Klara des camps de la mort en juillet 1945. Klara a fait un détour par quelques villes (dont Prague) pour honorer ses 3 seules amies à Auschwitz, camp dont elle ne prononce que le terme polonais. Klara est juive allemande. Mariée en premières noces à un Allemand qui épousera les thèses nazies, elle se remariera avec un juif, Rainer. Klara passera aussi par Berlin, où elle vivait avant d'être déportée. On ne saura réellement qu'à la fin du livre ce qu'elle a fait exactement à Berlin. Klara retrouve Angelika, qui écrit le journal intime, son mari, des amis, et sa fille biologique, qui a été adoptée par Angelika et ignore tout de ses origines.
Soazig Aaron, sans doute très bien documentée, fait oeuvre de fiction (mais à peine) pour rendre compte du difficile retour des déportés, rendus à la vie civile et à la délicate réadaptation. Manger, parler, respirer, vivre en société, tolérer la présence des autres, admettre l'absence des proches restés dans les camps... Et surtout accepter que le monde entier tourne la page sur l'indicible.
Dire en 4è de couverture qu'il existe "peu de récits de déportés qui reviennent", est vrai et faux à la fois. Il y a peu de témoignages, car il y a peu de survivants. Mais quels témoignages... Levi ou Kertesz pour n'en citer que deux dont on voit clairement l'influence chez Soazig Aaron. Dans le refus de Klara d'accepter que Victoire redevienne sa fille (le non de Klara, ou plutôt un des "non" de Klara), on retrouve un peu l'esprir du Khadish pour un enfant qui ne naîtra pas de Kertesz.
Le récit d'Aaron est intéressant, poignant pas moments, mais j'ai trouvé que cela manquait d'envergure. On avait la place pour une saga historique plus vaste. A une seule reprise, Angelika mentionne dans son journal un fait extérieur, le bombardement d'Hiroshima et de Nagasaki. J'aurais apprécié que l'on mette en rapport l'acclimatation difficile de Klara et le climat de l'époque. On tourne parfois un peu en rond dans la succession de non-événements. Klara part aux USA, et là aussi j'aurais apprécié de vivre le trajet, l'arrivée, etc. Globalement, tout ce qui m'a plu dans le récit, je le connaissais déjà d'autres lectures (autobiographiques) sur les camps et la déportation. Je n'ai pas vu de touche personnelle qui se dégageait. Autant lire Levi ou Kertesz, Weil ou d'autres comme Klemperer, même si la démarche de Soazig Aaron mérite d'être louée.
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Journal écrit par Lika, amie et belle sœur de Klara déportée à Auschwitz et qui est de retour à Paris après avoir déambuler à travers l Europe en août 1945.
Lika essaye de raconter de façon fidèle ce que sa belle soeur lui dit (même si je trouve que par moment ce que dit Klara semble incohérent et difficile à comprendre).
Un témoignage qui montre à quel point il est impossible de revivre normalement après avoir vécu l horreur)
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J'ai à peine démarré ce livre car je n'ai pas du tout accroché au style.
J'avoue n'avoir fait aucun effort car j'ai d'autres livres qui me semblent plus prometteurs sur ma pile.
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Quand la violence intérieure répond à la violence qui lui a été faite...
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Pour penser aux victimes des camps de concentration autrement
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Un roman-journal qui offre en toute simplicité une réalité à l'époque de la seconde guerre mondiale. A lire pour les friands de romans témoignages de cette époque historique.
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