Citations de Sonia Eska (75)
Elle était la brèche dans mon plan de départ, celle que je ne voulais pas désirer. Pourtant, elle est devenue mon indispensable, celle que je vais aimer comme un taré…
J'ai la sensation d'être l'énigme qu'il veut être le seul à résoudre, comme sil ne se préoccupait que de moi en s'oubliant lui-même.
Tu es les meilleures nuits d’abandon de toute ma vie.
Cet homme, au charisme déstabilisant, au physique atypique et désarmant, s'autorise à me montrer sa fragilité. Et j'aime ça, vraiment.
Ne pas te sentir, ne pas te contempler secrètement, ne pas t'entendre rire, ne pas t'embrasser ni te toucher... C'est bien pire que ce que j'imaginais...
- Tu veux bien rapporter les tasses à la cuisine? demandé-je d'une voix qui n'attend aucun refus, sans quitter Isée un seul instant.
- Alors, ouais, mais nan, tu vas le faire comme un grand, hein ! réplique-t-il tout aussi sèchement.
- Dans cinq secondes, montre en main, je vais me jeter sur ta cousine pour l'embrasser comme un putain de toxico en manque. Donc, à moins de vouloir assister à ça, ramène ces foutues tasses dans la cuisine.
- Tu déconnes? toussote-t-il.
- Cinq. Quatre…
- Isée ?
Cette dernière ferme les yeux un instant, impuissante face à cette promesse qui nappe sa peau nue d'une brusque chair de poule, puis approuve d'un unique hochement de tête.
- Sérieux, vous êtes chelous…
Puis il se résigne à rassembler les contenants de céramique.
Je me redresse, déroule mes muscles bandés sous le regard acéré d'Isée et amorce un premier pas vers elle alors qu'Harlan enjambe sûrement le seuil de la baie vitrée derrière moi.
- Trois. Deux…
- Tu n'es qu'un abruti arrogant et complètement inconscient.
- Un. Zéro...
Tu étais le « plus » de son « trop peu ». Tu étais l’endurance quand elle tenait à peine la distance, l’inconnu quand tout son quotidien n’avait plus aucun mystère pour elle. Tu faisais battre son cœur alors qu’il ne faisait que suffoquer depuis des années. C’était inévitable, tu comprends ?
Il se pourrait même que Shenae soit mon placebo, cette substance éphémère qui apaise sans pour autant guérir.
Je suis convaincue que les blessures de l'âme et du corps nous enrichissent en tant qu'être humain et nous rendent beau.
II est mon soleil, cette source chaude, tenace, éblouissante et permanente de lumière dans ma vie.
Cette femme est le défaut de ma conception, la défaillance de mon système, le grain de sable dans mon rouage.
Je ne l'explique pas. Mon attirance pour elle dépasse tout entendement.
Elle contrecarre chacun de mes principes, elle me met à l'épreuve, me rend fou et m'assujettit en même temps
Je serais resté, pour elle. Juste pour elle. Pour la respirer, pour l’entendre gémir et rire. Pour la regarder dessiner. Pour l’aimer sans le lui dire. Elle serait devenue mon essentiel, ma divine obsession, la plus addictive de toutes, et j’aurais été heureux.
Elle était la brèche dans mon plan de départ, celle que je ne voulais pas désirer. Pourtant, elle est devenue mon indispensable, celle que je vais aimer comme un taré...
Isée a craqué l'allumette sur mon baril de poudre.
Comme ça, en pliant enfin, en acceptant ce qu'elle s'imagine être « l'inconcevable ». Jusqu'ici, elle n'avait fait que promener la flamme près de la mèche, mais depuis dimanche, je suis ravagé d'un besoin trop percutant, trop fiévreux pour même envisager qu'il puisse se tarir sans elle.
- Et après ? ahane-t-elle.
- Après on s'aime. On s'aime chaque jour et pour toujours…
Je vais oublier le goût de ta bouche, l’odeur de ton shampoing, le poids de ton coeur de pierre. Je repars de zéro
La vie est un collier de perles. Chaque perle de ton collier sera quelqu’un ou quelque chose qui a de l’importance pour toi.
Chapitre 5 :
Cruz
«… Mais pour lors, elle semble tellement concentrée sur la nana qui l’accompagne qu’elle ne me voit pas dans son dos.
– Allez ! geint-elle. Si ça a commencé, je t’en voudrai jusqu’à la fin des temps !
– Pardon d’avoir eu besoin de soulager ma vessie ! rit l’autre.
Alors qu’elles se jettent un regard complice, le sourire aux lèvres, celle que je n’ai aucun mal à imaginer être sa sœur la bouscule d’un coup d’épaule.
– Tu en fais des tonnes, ma pauvre Nae, je suis sûre que tu extrapoles.
– Tu verras, les deux sont… inspirants ! Mais lui, il… il a ce quelque chose de… différent. Intrigant ! C’est insolent tant c’est troublant. J’en suis même à regretter de ne pas être télépathe. Ou mieux : aveugle, juste pour le plaisir de le découvrir en braille ! Tout décoder, tout comprendre…
– Le petit-fils de ta voisine de palier ?
Je tends l’oreille comme un con quand elles se remettent en marche vers la salle. Je m’en fous d’être celui de nous deux qui la captive à ce point, disons que c’est instinctif, une sorte de curiosité naturelle et totalement machinale. Casey me sourit comme un enfoiré. Bon, lui aussi a pigé qu’il était question de nous, enfin de moi... »
Chapitre 1 :
Cruz
«… Paumé, j’abaisse lentement la poignée et fais un pas dans la chambre.
– ¿Abuelita ?
Ses yeux s’ouvrent d’un coup et pétillent dans ma direction tandis qu’elle laisse une grosse bouffée d’air réoxygéner ses poumons.
– ¡Mi nieto2 ! s’écrie-t-elle en souriant démesurément.
J’avance encore, complètement largué. Est-ce qu’elle retenait sa respiration ? Vraiment ?
– J’ai gagné !
Ce n’est qu’en entendant ces trois mots prononcés victorieusement par une voix cristalline, presque enfantine, que je remarque la jeune femme blonde assise au pied du lit. Elle porte une blouse blanche – une taille trop grande – sur un jean slim, une grosse paire de lunettes à monture rouge et ses cheveux sont remontés en vrac sur le haut de son crâne. Mon cerveau cherche à trouver une cohérence dans tout ce joyeux bordel quand le sourire qu’elle m’adresse me frappe. Un sourire franc, sincère, doux, dénué de toute malveillance. Mon extrême opposé…
– ¡Ven y dame un beso !3
Ma grand-mère écarte les bras pour m’intimer de venir.
– Est-ce que tu vas bien ? finis-je par lâcher... »
Ma respiration accélère durement... Je dois rêver, il ne peut pas être là, c’est juste impossible !... Mon cœur s’emballe à l’instant où ses yeux se posent sur moi, et que son sourire s’agrandit...