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Citations de Sonya Hartnett (34)


- Il est essentiel que vous compreniez quel homme était ce duc. Un homme façonné par son éducation et son époque. Un homme obéissant aux commandements de son temps. Sommes-nous différents ?
- Je crois. Chacun peut choisir ce qu'il veut ou non faire.
- C'est vrai, bien que ce ne soit pas toujours possible. A l'heure où je vous parle, il y a des soldats en France qui font des choses qu'ils n'ont peut-être pas choisi de faire.
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Je meurs. C’est un beau mot, la mort. On dirait le soupir long et lent d’un violoncelle.

La mooort…

Mais bon, à part le son, la mort n’a rien de beau. En tous cas pas la mienne.
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Je fus prise d'un petit vertige de démence, comme si une abeille bourdonnait dans ma tête. Je ne savais même plus quand je devais être heureuse ou non. Je me rendis compte que j'avais oublié quand c'était le moment de sourire.
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Là-haut, je m’assieds dans l’anfractuosité, je mets les bras autour de mes genoux, et je regarde. Je suis la gargouille de ce flanc de montagne. Si j’avais des ailes, elles seraient de geai. Elles se déploieraient en craquant comme du vieux cuir puis, une fois étendues, lâcheraient des gouttes d’huile.

De mon perchoir vertigineux, voici ce que je vois : une ville et des arbres miniatures. Le monde est une boite à joujoux renversée. Je vois des maisons de poupées, des camions que conduisent des puces. Et je vois d’autres choses, plus grosses et pourtant plus lointaines. Je vois des forêts, des champs, des montagnes et des nuages. Je vois l’ivoire des dents de requin acérées que forment les pics. Tout ça d’un regard. Au-delà de ce que je vois, il n’y a rien. Il n’y a pas d’endroit au-delà de celui-ci. D’où je suis, je vois tout ce qui arrive avant d’être vu, moi.
Mes cheveux dansent devant mes yeux. Je les repousse du bout des doigts.
Surrender se retourne et réfléchit. Il a envie de mordre. Sa lèvre supérieure ondule comme une vague. Rien d’important, ici, à part mon lévrier.
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Une nouvelle génération d'oiseaux était apparue et avait appris à voler. Les nuits étaient claires et sans givre, les après-midi douces et longues.
La nature avait envahi le cours des journées, se pâmant avec volupté dans les bras de la vie.
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Tu as volé mon chien, dit-il.
- Je n'ai...
- Il prétend que si, très tôt ce matin. Il a dit que, comme toujours, il était de garde devant ma porte, mais que tu l'as attiré dehors en l'hypnotisant.
May sourit.
- Il voulait venir avec moi.
Peregrine tourna une page de son journal. Avec ses cheveux ébouriffés et sa chemise blanche aux poignets retournés, il avait l'air d'un pirate.
- C'est sa parole contre la tienne. Je crois davantage un chien qu'un enfant.
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Car Adrian a peur. C'est une habitude. Il a peur des sables mouvants, des raz-de-marée, de la combustion spontanée, de la nuit. Il a peur des monstres marins, des armoires, de la foule, d'être oublié, de perdre sa route. Maintenant, il a aussi peur d'une branche.
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Il a l'impression d'avoir passé sa vie de garde en garde, de maison en maison. Il est la bombe que l'on se lance quand on joue à la tomate, la poupée russe dont chacun enlève une enveloppe, et qui rapetisse au fur et à mesure. Il a peur de perdre la dernière couche qui le protège. Il ne veut pas savoir à quoi il ressemblera quand il sera à nu. Il ne veut pas imaginer ce qu'il éprouvera. (p. 167)

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Adrian regarde le ciel. Se mord la lèvre. Sent le goût artificiel des Chickadees. Les autres enfants se jaugent. La solidarité, ça compte. Seul, on n'existe pas. Ensemble, on est fort. Alors, Adrian aussi crie :
- Saute !
Il ne faut pas qu'on le voie se taire. Il espère que la Jument n'en fera rien. Il a conscience qu'il n'y aurait rien de pis que de voir cette fille dégingandée dégringoler du toit ; et néanmoins, il est obligé de l'encourager à se tuer, bien que les mots lui raclent la poitrine.
- Saute ! s'époumone-t-il. Saute !
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"Il essaye de me poignarder avec son regard tranchant. Je suis pas très inquiet. Je risque pas grand-chose. Il a du mal à respirer. Dans ses poumons, çà siffle, çà gronde. Il est en train de comprendre que, si malade qu'il soit, je n'aurai pas pitié de lui. Il commence à s'enfoncer dans le ciboulot que je suis là parce que çà sent le sapin pour lui. Je ne reculerai pas. Je ne renoncerai pas. Il le savait, mais il l'avait pas encore intégré pour de bon."

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Si la maison scintillait, c'est parce que le bois dont elle était faite avait été poli pendant un demi-siècle par de la paille, qui lui avait donné non seulement sa teinte luisante de miel foncé, mais aussi son odeur, douce, qui vous réchauffait le cœur. Sur certaines des planches, on distinguait encore des entailles laissées par les fourches de garçons qui devaient être des hommes à présent, ou par des hommes entre-temps devenus des vieillards. On pouvait lire leur écriture, les chiffres qu'ils avaient griffonnés à la craie en comptant les bottes de paille. On pouvait voir où ils avaient sorti leur couteau de poche pour taillader le bois dans un moment d'oisiveté. Mais surtout, on voyait la brillance de toute cette paille, aveuglante au coucher du soleil, sublime à l'aube. La nouvelle maison était bien un palais.
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La guerre était un événement tentaculaire et catastrophique, un événement qui allait bouleverser des vies et y mettre fin ; transformer des villes, et les raser ; et défigurer à jamais l'histoire de l'humanité.
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- Alors, après avoir étudié durant toutes ces années l’histoire, la géographie, la diction et le point de croix, connais-tu la réponse ?

Maddy battit des paupières.

- Quelle réponse, papa ?

Son père vida le reste de la bouteille de vin dans son verre et fit signe à la domestique d’apporter le porto.

- La réponse à la seule question qui importe, bien sûr : Quelle est la plus belle chose du monde ? (…)

La chose la plus belle du monde : son père était-il sérieux, existait-il vraiment une chose pareille ? Elle savait que l’homme de fer n’était pas homme à plaisanter, ni à dire ou faire quelque chose d’insensé. Le moment était crucial, à n’en pas douter, et il attendait pour le moins qu’elle plonge au plus profond d’elle même afin de lui donner la réponse. Celle-ci lui permettrait d’évaluer sa fille, il ne l’oublierait jamais.
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Les jeunes gens pensent que la vieillesse est au pied de la montagne, finit par dire Matilda. En vérité, elle est au sommet. Je suis vieille car j'ai vécu une vie entière. J'ai grimpé très, très longtemps. Lorsque je me retourne pour contempler le chemin parcouru, je vois le village où je suis née, ainsi que ma mère et mon père. Je vois les maisons dans lesquelles j'ai habité, les gens et les animaux que j'ai aimés. Les mauvaises routes que j'ai empruntées, les endroits où j'ai trébuché, et ceux où j'ai dansé, chanté et couru. Je peux voir se dérouler des années et des années. une telle vue n'est possible que du sommet d'une montagne. Ce n'est pas facile d'être là-haut - c'est venté, dangereux, et on s'y sent parfois seul -, mais c'est le sommet, et il n'y a pas d'autre lieu où aller.
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Etre vieux est parfois douloureux, mais ce n'est pas horrible. C'est simplement ce que je suis. Lorsque j'étais une petite fille, je me regardais dans le miroir et je me voyais, moi. Maintenant je suis vieille, mais quand je me regarde dans le miroir, c'est toujours moi que je vois. Je ne suis plus gracieuse ni jolie, mais peut-être suis-je autre chose - quelque chose d'aussi bien ou même de meilleur. Jadis j'étais le fruit du chêne, aujourd'hui je suis le chêne.
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Il a fallu quelques jours à Adrian avant de prendre conscience que l'école est un long calvaire pour un enfant seul. Il n'a pas l'instinct grégaire. Il est incapable de s'intégrer à un groupe d'amis. Il pense qu'il n'a rien à leur apporter, qu'il serait un parasite et, partant, traité avec le mépris approprié. Il pense qu'il n'a rien à apporter à qui que ce soit pour une raison simple : il estime être ordinaire et ennuyeux. Rien, en lui, n'a la moindre valeur. Au moins, il est assez intelligent pour en avoir conscience. Il ne veut pas être l'un de ces ratés qui errent autour des cercles de copains, qui jouent les souffre-douleur, les esclaves ou les bouffons. Adrian préfère s'exiler de son propre chef. Seul, mais digne. Il ne sera pas blessé tant qu'il saura se protéger. Sauf que l'école est un endroit impitoyable pour un enfant rejeté. La sonnerie de midi suffisait à glacer le sang d'Adrian. L'heure de la pause était une traversée du désert interminable. (p. 137)
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Quand il rentrait à la maison, parfois Sookie n'était pas là. Elle n'était nulle part. Disparue. Certaines semaines, ils n'avaient pas de sous pour acheter à manger. Adrian se nourrissait de pain d'épice. Sookie dormait souvent sur le canapé, un cendrier près d'elle. Adrian se lovait sur le tapis, sous elle, pour regarder la télé et l'écouter respirer.
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- Je ne les ai pas tellement aimés, ces garçons, mais ils m'ont fait de la peine. Pas toi?
- Un peu, dit May.
- Je les ai trouvés...étranges. Comme s'ils étaient des ennemis redoutables, mais qu'en même temps ils ne pouvaient pas nous faire de mal. Ils étaient effrayants, et pourtant je n'avais pas peur d'eux. Ils m'énervaient, mais je ressentais aussi de la tristesse pour eux. Je ne voulais pas leur parler, et cependant je ne pouvais pas m'arrêter de le faire...
Cécile se tut et pressa son visage contre l'édredon. Elle ne s'était pas rendu compte qu'elle éprouvait des sentiments si mêlés envers ces garçons.
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Même si elle avait essayé de faire autrement, elle n'avait jamais pu cesser d'encombrer le présent de son passé. [...] La vie, au final, n'était qu'une pile de vêtements et de papiers, des biens à mettre dans des sacs et à étiqueter. Tout ce qu'il y avait de meilleur - le son de la voix et le rire, l'inclinaison de la tête, ce que l'on avait vu, ressenti, dit - ne pouvait rester derrière soi.
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On a une bonne vue du sommet de la montagne, mais la seule route que l'on distingue clairement est celle que l'on a empruntée pour y arriver. Les autres - les chemins que l'on aurait pu prendre, mais que l'on n'a pas pris - sont autour de vous, mais ce ne sont que des routes fantômes, des voyages fantômes, à jamais cachés par les nuages.
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