Sophie Loubière

Une pomme attendait l'heure de la collation dans une coupelle posée sur la petite table. Un gilet sur les épaules, Mme Préau triait par ordre alphabétique les dessins des élèves des classes de grande section de maternelle -années 1975 à 1981. Le grenier de la maison était garni de cartons contenant les archives de son ancienne école. Mme Préau avait grande satisfaction à revoir ces dessins où les parents sont souvent figurés d'une façon grotesque, hérissés de poils ou filiformes. Les princesses que dessinaient les petites filles nées dans les années soixante étaient parées de colliers de perles bigarrées, de robes de princesses en forme de chapiteau agrémentées de manches ballons figurant de gros biceps. Quant aux chevaliers apparus sous les pinceaux des garçons, ils ployaient sous le poids d'épées fabuleuses, combattaient aux portes de châteaux forts ou chutant de leurs murailles dentelées. Des voitures rikiki menaçaient de tomber dans des ravins et l'on n'oubliait jamais l'antenne sur le toit des maisons ni la fumée sortant de la cheminée. Puis, les enfants s'étaient mis à dessiner les paraboles sur ces balcons et des poissons carrés dans les assiettes.

Tout à l'heure, elle allait jouer pour l'enfant aux cailloux. Et aussi pour Bastien, cela allait de soi.

Votre esprit est constamment en mouvement entre les considérations pratiques comme rester solvable et la façon d'atteindre la liberté que vous désirez p 121

C'est un bon livre une écriture simple et efficace. Le genre de livre qui se lit vite et bien.