Citations de Stanley Péan (29)
Accablée par un soleil de plomb tout l'après-midi, Montréal au grand complet donnait l'impression de suffoquer dans la quête désespérée d'un peu de fraîche, d'un peu d'ombre, d'une ondée bienfaisante.
Et pour citer le pianiste Thelonious Monk, à qui l'on doit une centaine de compositions majeures du répertoire moderne, il faut, au moment d'entamer un chorus, avant de jouer la moindre note, s'assurer que celle-ci est véritablement préférable au silence.
Sous une lune rouge comme un fruit mûr, Marie-Louise marche à grands pas. Elle suit sa route, légèrement vacillante. La brise s'insinue sous son manteau. Elle aurait peut-être dû accepter qu'on la raccompagne. Elle presse le pas. Elle se dit qu'elle imagine sûrement ces bruits de pas qui la talonnent. Cette ombre furtive au coin de son oeil. Elle accélère encore. Pourtant, elle se retourne. À travers le brouillard, elle devine une silhouette. Elle se met à courir. Plus vite, plus vite. Elle enfile une ruelle sur sa gauche. Soudain, elle sursaute. Deux yeux rouges, presque lumineux, la fixent dans la nuit. À cet instant retentit un cri bestial. Un grondement sinistre.
Elles sont couvertes de têtes de morts. Elles ne sont pas couvertes de nénuphars. Dans ma mémoire sont des lagunes. Sur leurs rives ne sont pas étendus des pagnes de femmes. Ma mémoire est entourée de sang. Ma mémoire a sa ceinture de cadavres! et mitraille de barils de rhum génialement arrosant nos révoltes ignobles, pâmoisons d'yeux doux d'avoir lampe la liberté féroce...
Que de sang dans ma mémoire ! Dans ma mémoire sont des lagunes. Elles sont couvertes de têtes de morts. Elles ne sont pas couvertes de nénuphars. Dans ma mémoire sont des lagunes.
En somme, le véritable portrait cinématographique de Miles reste à peindre. Et, pour le réussir, il va sans dire qu’il faudrait l’exécuter dans les demi-teintes subtiles qui correspondent à son inspiration, à son univers. Des teintes hantées par le blues. Bleues, mais pas tout à fait.
Kind of blue, disons.
Miles Davis, qui, comme son aîné Louis Armstrong, n’était pas homme à se perdre en élucubrations théoriques, aimait répéter ces mots: «N’écrivez pas sur la musique. La musique parle pour elle-même.»
Si j’ose tout de même ces écrits sur le jazz, ce n’est que pour nous permettre de mieux retourner l’écouter ensuite, il va sans dire.
Les années avais donné tort au romancier anglos-canadiens Hugh MacLennan ; le Canada n'est plus composé de deux solitudes, mais de nombreuses solitudes qui suivent dans la cité des routes à jamais parallèles.
Ne confond pas nationalisme et nazisme, ai-je objecté. Il m'a répondu qu'en Haïti, c'est justement des refrains sur la fierté nationale qui ont porté Papa Doc au pouvoir...
Dans sa tête résonnent toujours ces mêmes dissonances obsédantes, puis des cris d'hommes émasculés, de femmes violées, de bébés égorgés. Une véritable symphonie de la souffrance humaine. ( p.190-191)
Vu le manque d'intérêt général, demain n'aura pas lieu
Juste un peu bizarre : le moins qu'on puisse dire, dans les circonstances !
C'est-à-dire, ma belle, que c'est un démon, j'en suis convaincue. Peut-être bien Satan en personne !
Si j'ai bien compris, les gens, quand ils le regardent, voient la personne qu'ils ont envie de voir.
Attention à la vie que vous menez. Elle pourrai bien être la vôtre.
Je pense que t'adores ça, cette confusion, la douleur des gens, la mort, la tristesse. T'es comme un vampire qui se gave de sang. Et ça te permet de ne pas être toi-même ...
- Shade, ki moun ki la ? demanda une voix venue de l'étage.
- Mulat ayitien ki nan lapolis, wi ...
“En secouant la tête, Gemme se rappela soudain qu’il existait des hommes qui n’avaient nul besoin de se défaire de leur peau de tous les jours pour se conduire en véritables monstres.”
“Pour rompre le cycle de la violence, il fallait d’abord que chacun consente à refuser la tentation de prendre justice entre ses propres mains”.
En jetant ce coup d’oeil dans l’âme de son visiteur, il avait l’impression d’avoir ouvert une porte sur le chaos absolu de ces vies humaines auxquelles nul ne saurait donner un sens concret.
Et pendant une fraction de seconde, Papy Boko constata l’ampleur de la tristesse, de la douleur, de la solitude de cet être qui n’avait pas choisi d’être une outre à souvenirs éventés.
Quel chaos ! Comment peux-tu vivre avec tout ça dans ta tête ?
- Qui a dit que j’y arrive ? ” eut-il envie de répondre.”