Aujourd'hui, elle a commencé la lecture d'un livre écrit il y a plus de cent ans par un homme qui ne quittait pas son lit, un livre avec des phrases interminables et dont elle a le sentiment, pour une raison qui lui échappe encore, qu'il va la rendre plus forte.
"Vous avez une jolie âme, d'une qualité rare, une nature d'artiste, ne la laissez pas manquer de ce qu'il lui faut".
Même chapitre de la séparation se referme doucement, un autre s'ouvre qui sera plus long et pas moins douloureux, celui de l'absence.
La mort, c'est une grande frayeur pour tout le monde, ceux qui vont partir comme ceux qui restent, et plus ils sont nombreux au moment de où elle frappe
, moins on a peur, c'est aussi simple que ça.
Il n'en a rien fait, heureusement- depuis quand les maîtres de cérémonie funéraire donnent leur avis sur les prestations de la famille aux obsèques ?
le 19 janvier 2004, Monticello
Je travaille mes couleurs. Mon projet est aujourd'hui d'arriver à reproduire un bleu qui s'approcherait de ceux de Fra Angelico. Le bleu de ses ciels est ce qui, chez lui, me touche le plus. Ce sont des bleus qui m'évoquent l'enfance. Ils en ont la pureté, l'idéalisme, la sensualité aussi.
En revenant de la plage, je croise Dutronc, à nouveau. Cette fois, il s'arrête et nous parlons une vingtaine de minutes, principalement de chats. Il m'apprend qu'il en a une trentaine, que son plus grand bonheur aujourd'hui est de s'en occuper. Très intéressé par les miens, il m'a conseillé de leur donner du poulet : "Ils adorent ça et ça leur fait les dents."