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Citations de Stéphane Galas (39)


Quinze ans que je vis comme engourdi, ligoté à cette étrange éventualité : celle de son retour. Quinze ans que cette menace me poursuit. Elle est cette part de tristesse dans mes sourires. Elle est ce voile gris qui ternit mon regard. Elle est la raison de mon agitation dans le sommeil. Quinze ans que je ne suis ni tout à fait vivant, ni tout à fait mort.
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Mon estomac se contracte. Une giclée acide remonte dans mon œsophage. Je cours dans les toilettes. Je vomis mon effroi. Mon corps souffre, mes yeux pleurent, ma gorge brûle. Je suis minable, sans envergure. La réalité nous rattrape toujours.
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Les gens quand on les aime, on leur donne un sacré pouvoir sur nous.
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J’attrape un petit carnet. Dedans il y a des coupures de presse : quelques articles à propos de sa mort. Celle qui pensait devenir le centre d’intérêt de New London n’aura eu droit qu’à quelques lignes dans la rubrique « Faits divers ». Que les pauvres se suicident, ça n’étonne plus personne.
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On ne se parle pas. Pas besoin. Nous savons où nous rendre, ce qu’il faudra faire : enjamber, compter, lâcher prise. Je me demande si nous mourrons avant de toucher l’eau, si nos cœurs exploseront pendant la chute ou si la rupture avec ce monde ne se fera qu’à l’instant précis de l’impact, quarante mètres plus bas. Est-ce qu’il y aura de la douleur ? À quoi ressemblerons-nous après ? Nos corps. Son si joli corps. Est-ce qu’on retrouvera d’elle tous les morceaux ?
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Un être entier s’éteignait. Deux histoires se finissaient. La sienne et la nôtre.
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Mon père lâche un soupir ainsi que sa fourchette qui cogne contre le bord de son assiette dans un tintement cinglant. Ça fait taire ma mère. Mon père émet alors des bruits de succions : sa langue, à la recherche de bouts de viande coincés entre ses dents. Mon père aime ça, afficher sa virilité, ostensiblement, l’incarner massivement. D’habitude, ces démonstrations m’oppressent, me rendent nerveux parce qu’elles me placent sur la sellette. Depuis toujours, mon père espère que je reproduise cette façon d’être. D’être un homme. Sans succès
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Il trouve que c'est une qualité de ne rien attendre. Je tiens ça de mon père. Il me disait toujours : "Quand on ne s'attend à rien, on n'est jamais déçu."


p281
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Quand tout sera fini, lorsque nous reprendrons nos vies, est-ce que nous continuerons à être aussi unies, à nous montrer, nous prouver, à quel point nous nous aimons ? Est-ce que le malheur, aussi horrible soit-il, n’a pas une certaine saveur, une utilité ?
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Je ne me pose jamais la question de savoir si les gens méritent que je m'occupe d'eux. [...] Si je ne devais m'occuper que de gens parfaits, je ne m'occuperais de personne.


p 244
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Ses yeux brillent et pas seulement à cause de ses larmes. On la dirait subitement fiévreuse. Je tends l’oreille pour parvenir à l’entendre. Elle s’est mise à chuchoter. – Tu as peur de mourir Niels ? Mourir ? Mais depuis toi, je ne fais que ça, Stella. Tous les jours. Des dizaines de fois par jour. Dès que tu me tournes le dos, dès que tu me lâches la main, dès que tu ris avec un autre que moi, dès que tu ressens le moindre intérêt pour autre chose que moi, je meurs. Je crève. J’en crève. Mais ça, impossible de te le dire. Tu ne comprendrais pas. Tu ne supporterais pas. Je sais ce que tu attends d’un homme : de l’assurance, de la solidité, une force qui ne tremble pas, jamais. Avec une fille de ton calibre, on ne peut pas être un homme à moitié.
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Ils m’expliquaient la pression extérieure. Aimer les grosses, y en a qui leur disaient que c’était comme une sorte de perversion. Une anomalie. Ça me blesse et me comble à la fois. Ça dépend des jours, de mon état d’esprit, de ma capacité de résistance. Parfois, j’aime l’idée d’être un désir défendu. Ça pimente les interactions. Ça en devient presque romanesque. C’est bien connu, les amours secrètes sont les plus exaltantes, les plus stimulantes. Parfois, à l’inverse, ça me désespère d’être vue comme une anomalie. Nos corps ne devraient pas être un endroit de souffrance. L’amour non plus.
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Depuis mon lit, je fixe la seule fenêtre de la pièce. Elle donne sur un côté de la maison, là où le mur rase la grille du jardin. Une grille surmontée de pointes en acier. Il me reste trente minutes avant que je m’y empale et que je meure, je l’espère, sur le coup. Mille huit cents secondes avant de devenir le garçon auquel j’ai voulu qu’elle croit : un type indomptable, imprévisible, libre jusqu’à la mort. « Vivre, c’est s’abîmer. » J’ai déclaré au monde entier que sa devise était devenue la mienne. Ce soir, j’ai l’occasion de leur prouver. Mais pas par conviction ou par envie. Soyons honnête. Plutôt par manque de choix.
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Ma mère sentait les pancakes, la cannelle et la tarte aux pommes. Elle sentait mon enfance. Elle sentait l'insouciance. Ce temps béni où les mères sont éternelles.
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S'ils avaient su... Je m'en foutais qu'ils me traitent de femme. Ma mère n'avait rien d'une inférieure. « Femme » n'est pas une injure. Leur connerie en était une. Une injure à l’Humanité.
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Comment tu peux en être si sûr?
Parce que c'est ce que je veux, Stella. Toi et moi,
c'est pour la vie.
- Pfff... Je sais déjà ce qu'elle nous réserve, la vie.
On ne fera pas mieux que les autres. Notre amour va crever bien avant nous.
"Je suis aux anges, ravi. Mon étoile s'inquiète de notre survie. Mais qu'est-ce qu'elle me trouve, bon sang?
Qu'est-ce qu'elle voit chez moi que les autres ne voient pas? Elle dit:
- Mais peut-être que si on l'arrête... Si on arrête le temps...
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Qui sait gérer ses sentiments ?
Je veux dire, parfaitement, sans jamais qu'ils ne débordent. Les médecins trouvent tout à fait normal que les gens se mettent à chialer, à hurler, à garder le silence, à fuir, à écrire ou composer, à se mettre au yoga ou à la boxe lorsqu'ils se sentent mal... mais réciter les noms des soixante-trois parcs nationaux, alors ça, non, d'après les médecins, ça ne se fait pas.
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Je n’ai plus jamais repris ce bus. Qu’il pleuve, qu’il vente, qu’il neige, j’ai marché, et j’ai fait croire à mes parents que je continuais à utiliser la ligne 802. Prétendre, simuler, faire avec, nous, les femmes, c’est ce que nous savons faire de mieux. Pas par malice, par instinct de survie .
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Oui, je peux penser à la sexualité de mes parents sans que ça me mette mal à l’aise. Je ne comprends pas tout ce cinéma que font les gens autour de ça. Comprenez bien, quand j’en parle, je ne les imagine pas. Ça ne m’intéresse pas. Ce qu’ils font ne m’intéresse pas. Ce qui m’intéresse, c’est de savoir s’ils sont heureux au lit. S’ils s’aiment encore physiquement. Mais apparemment on n’a pas le droit de penser à ça. Je ne comprends pas. Ne pas penser que c’est là, que ça existe, que c’est une source de tension ou de bonheur entre nos parents, c’est refuser d’admettre une part de leur humanité. Le sexe fait partie de notre histoire à tous, sinon je ne serais pas là. Et vous non plus.
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"Mais c'est de ça dont je vous parle, a répondu le type en s'offusquant. Ça a l'air de poser problème à tout le monde que je ressemble à une femme. Pourquoi veut on absolument m'interdire de prendre pour modèle les femmes ?"
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