Citations de Sue Monk Kidd (103)
Pourquoi Dieu planterait-il en nous des aspirations aussi profondes... si elles n'aboutissent jamais à rien ?
Je craignais fort de l'aimer jusqu'à la fin de mes jours, de toujours me demander à quoi cela aurait ressemblé de passer ma vie avec lui à Green Hill. J'étais taraudée par ce désir comme quelqu'un qui ne peut qu'idéaliser la vie qu'il a choisi de ne pas mener. Mais assise devant cette table en pin, je savais que si j'avais accepté la proposition d'Israel, j'aurais été également pleine de regrets. J'avais finalement choisi les regrets avec lesquels j'avais le moins de difficultés à vivre, voilà tout. J'avais choisi la vie avec laquelle j'étais en accord.
Et soudain, malgré moi, je pensai à Israel et je sentis une pointe de tristesse. Quand cela se produisait, j'avais l'impression de tomber sur une pièce vide dont j'ignorais l'existence et, au moment d'y entrer, de me retrouver transpercée par la fantôme de celui qui l'avait jadis remplie. Buter ainsi n'était plus très fréquent, mais chaque fois, j'y laissais des morceaux de mon coeur.
Les yeux fixés sur Nina, la radieuse Nina, je m'imaginai à sa place, Israel à côté de moi, tous deux en train de me guérir. Telle était la vérité à laquelle je revenais toujours, je ne voulais plus d'Israel. Je ne voulais plus du mariage, et pourtant je me retrouvais encore régulièrement la proie de ce spectre, le spectre si terriblement séduisant de ce qui aurait pu être.
Ce mariage, je le désirais pour elle, je voulais son bonheur autant que je voulais le mien, mais où allais-je aller ? Des jours durant, je fus incapable de me concentrer sur la conférence que j'essayais d'écrire et de dissimuler à quel point je me sentais démunie. Je ne pouvais concevoir la vie sans elle, la vie toute seule, mais je ne voulais pas non plus me retrouver la parente encombrante qui vit dans un coin de la maison, toujours au milieu du chemin, et je ne pouvais imaginer que Théodore acceptât ma présence.
Soirée après soirée, je supportais dans la solitude ces grandes cérémonies, révoltée par notre statut d'objet d'art et méprisant cette société qui se révélait tellement creuse ; pourtant, de façon inexplicable, je mourais d'envie d'être l'une de ces jeunes femmes.
La vérité, dit-elle, c'est qu'on doit chasser l'ambition hors de toutes les filles, pour leur bien. Tu es exceptionnelle dans ta détermination à lutter contre ce qui est inévitable. Tu as résisté et on en est arrivé là, tu te retrouves cassée comme on casse un cheval.
L'espace d'un instant, je sentis cet appétit tranquille qui vous gagne quand on revient sur le lieu de ses origines, et puis la douleur de n'être nulle part chez soi. C'était beau, cet endroit, et c'était brutal. Il vous avalait, il vous assimilait, ou bien, si vous vous révéliez trop inmangeable, il vous recrachait comme un noyau de prune.
Le sac renfermait une paire de gants en coton blanc tachés par le temps. Quand je les ai sortis, je me suis dit : « Ses mains se sont glissées dedans. » Je trouve ça un peu idiot aujourd’hui, mais un jour, j’ai rempli les gants de coton et je les ai tenus toute la nuit.
"tu ne vas pas regarder derrière toi, n'est-ce pas ?"Elle disait cela en référence à cette altercation, à cette terrible tendance que nous avons , nous les femmes,à reculer pour courir nous mettre à l'abri.
" non, je ne regarderai pas derrière moi"
... pourquoi Dieu planterait il en nous des aspirations aussi profondes..si elles n'aboutissent jamais à rien?"(...) Lucretia (..)" Dieu nous emplit de toutes sortes d'aspirations qui vont à l'encontre des valeurs du monde-mais le fait que ces aspirations n'aboutissent souvent à rien,eh bien je doute que ce soit là l'oeuvre de Dieu.Je crois que nous savons que c'est le fait des hommes (...) Je soupçonne Dieu de planter en nous ces aspirations pour que, au moins, nous tentions d’infléchir les choses.Il faut essayer, c'est tout "
J’ai fermé la porte et j’ai ouvert les livres de Miss Sarah. Je me suis assise à son bureau et j’ai tourné les pages, l’une après l’autre, en regardant ce qui ressemblait à des petits bouts de dentelle noire posés sur le papier. Ces signes étaient beaux mais je ne voyais pas quel autre usage ils auraient que confusionner le monde.
De plus en plus souvent, durant ces cours, j’étais prise d’envies impératives, de douleurs inconnues et torrentielles qui venaient me submerger le cœur. Je voulais savoir des choses, je voulais devenir quelqu’un. Oh, être un fils ! J’adorais Père parce qu’il me traitait presque comme un fils en me permettant d’entrer et sortir librement de sa bibliothèque.
Elle avait tiré sur le devant de sa robe, pour faire circuler l'air sur sa poitrine, qui était grosse et douce comme des oreillers.
elle a tiré sur le devant de sa robe, pour faire circuler l'air sur sa poitrine qui était grosse et douce comme des oreillers.