Citations de Suzanne Lebeau (33)
Mon petit Ogrelet,
Je l'ai nourri de lait
Gavé de carottes et de navets
De bleuets sauvages
De gelées de roses.
Jamais il n'a senti l'odeur du sang frais.
Jamais il n'a tenu un os dans ses mains
Pas même les petits os de poulet.
Jamais il n'a goûté à de la viande crue.
Il est prêt pour l'école
Et son envie de lire est si grande.
Mon petit Ogrelet,
je l'ai nourri de lait
gavé de carottes et de navets
de bleuets sauvages
de gelées de roses.
Jamais il n'a senti l'odeur du sang frais.
Jamais il n'a tenu un os dans ses mains
pas même les petits os de poulet.
Jamais il n'a goûté à de la viande crue.
Il est prêt pour l'école
et son envie de lire est si grande.
Léo est dehors...Dehors !
Il ne connaît pas les pierres qui font tomber, il n'a jamais croisé de visages inconnus...
Ne sait pas traverser la rue.
Il va se perdre.
Angelina
Elle m'a dit avant de mourir :
"Tu sais, Angelina, "Elikia" veut dire espérance.
Je n'avais qu'une vie à vivre, une seule
et c'est déjà fini.
C'était court."
Elikia
"Tu veux prendre ton destin en main ?
Je vais te montrer ce qu'on fait à celui qui
veut prendre son destin en main !
Je vais te montrer !"
Je savais ce que l'on faisait à celui qui voulait
prendre son destin en main.
On lui coupait la main,
on lui mettait la main morte sur l'épaule
et on lui disait :
"Essaie de prendre ton destin en main,
maintenant !"
Elikia
Puis ils ont pris ma mère... un après l'autre...
sur la terre où je m'assoyais le soir
pour compter les étoiles.
Angelina
A 15 ans,
de quoi voulez-vous que nos filles meurent ?
D'une balle ou du sida...
J'avais une robe pour danser et il m'a fait tourner jusqu'au matin sans se fatiguer. Quand le jour s'est levé, j'étais amoureuse déjà et perdue sans le savoir. J'avais vingt ans et je rêvais de cet amour absolu qui fait oublier père et mère. Je l'ai suivi au bout du monde, dans ce village où vous enseignez...
Angelina
Je n'ai pas besoin de vous expliquer
pourquoi on enlève les petites filles.
Les rebelles ont besoin de femmes
pour les tâches de femmes.
Si les petite filles font la guerre
comme les hommes,
elles font aussi à manger, elles soignent,
elles lavent, mais surtout, surtout,
elles deviennent rapidement
des esclaves sexuelles.
Elikia
Joseph ne comprenait pas
que chaque feuille est une menace,
chaque arbre, chaque respiration de la forêt,
il ne comprenait pas que le danger
avait la couleur de tous les uniformes,
le regard de l'enfant le plus innocent.
-Du sable...
(il remet sa main dans l'eau et découvre le fond tout en sable)
-Du sable... qui joue dans l'eau, sans compter les minutes. Élise !
Elikia
L'armée, les rebelles, c'est pareil.
J'ai vu des rebelles brûler des villages.
J'ai vu l'armée brûler des villages.
J'ai vu des rebelles fêter avec l'armée...
Il faut cultiver le désir avec patience. (...) Le temps du désir fait mûrir le vrai plaisir caché au fond des choses.
Elle dosait les herbes sauvages avec tant de talent que la soupe quotidienne nous semblait une soupe nouvelle tous les jours.
p 12
Angelina
Pour ces enfants, le sommeil est un piège
et la peur qui garde éveillé
est le seul gardien sûr.
Comment désobéir quand c'est une arme qui ordonne ?
Quand le bras qui la tient est drogué ?
Quand l'homme qui porte l'arme a tous les droits ?
(p.69)
Antigone, la jeune sœur, l'amoureuse, l'adolescente.
La blancheur des draps et des nappes éclatait au soleil dans la fraîcheur verte de l'après-midi et dans la voix de ma mère j'entendais sa joie d'avoir si bien travaillé.
p.17
Comment dire avec des mots le passé que je hais et l'avenir que je crains ? Je cherche par où commencer et je ne trouve qu'une histoire d'amour.
J'ai peur des chasseurs...