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Citations de Sylvie Gibert (36)


"Décidément, l'art est tout sauf une science exacte", constata-t-elle. Comment était-il possible de réussir en quelques minutes un dessin aussi juste, aussi poignant, alors qu'elle peinait parfois des semaines entières sur une toile, sans obtenir autre chose qu'une croûte terne ? (p. 22)
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Profitant de ce que sa mère ne lui accordait plus la moindre attention, la petite Juliette s'étendit à plat ventre sur le tapis, sans égard pour sa belle robe. Elle avait posé le menton dans la paume de sa main, tandis que ses petites jambes battaient l'air avec énergie, faisant mousser les dentelles de son jupon comme une crème fouettée.
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Et vous, mademoiselle Murineau, que nous préparez-vous ?
-Eh bien, à vrai dire...J'ai déjà commencé...il y a quelques jours...J'ai décidé de faire le portrait d'une nourrice (...)
- Jullian, un peu contrarié de ne pas avoir été consulté plus tôt, releva avec froideur :
- Ainsi vous sombrez dans le naturalisme...Cela pourrait vous desservir...Enfin, puisque telle est votre décision, souhaitons que les goûts de messieurs les jurés s'infléchissent en ce sens. Ce n'est pas impossible, après tout, Zola commence à faire des émules dans la peinture...Nous verrons bien ! (p.33)
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Zélie put ainsi vérifier, une fois de plus, que dans leurs spectaculaires colères autant que dans leurs démonstrations d’amitié les Slaves étaient incapables de tiédeur.
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Une fois les barques amarrées, ils gagnèrent la gargote. Leur table était servie à l'ombre d'un auvent d'où l'on pouvait suivre, de l'autre côté du chemin de halage, le cours paresseux de la Seine.
Après une friture de goujons, ils savourèrent un délicieux lapin au gratin. C'était la spécialité de la maison. La viande, accommodée en gibelotte, était servie sur une farce dans laquelle on avait mêlé du foie haché, du persil, des ciboules, de la mie de pain et des jaunes d'oeufs. Cette farce avait été préalablement gratinée à petit feu dans le fond du plat. Pour le dessert, ils se contentèrent de fraises du jardin, aussi parfumées et sucrées que des friandises.
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Ils parlaient peu. Le bruit et le spectacle alentour les en empêchaient. Malgré l'éclat du soleil, le froid de la glace ne tarda pas à traverser les semelles des bottines de Zélie, et ils décidèrent de regagner la rive droite en empruntant le pont des Arts. De là, la perspective sur le fleuve était superbe. On pouvait voir la silhouette du pont du Carrousel et, plus loin, en réplique, celle du pont Royal qui se découpait sur le ciel rougeoyant.
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Une enveloppe bien lisse mais désespérément vide. On pourrait y voir une petite fille sage, dont les traits un peu ingrats avaient été adoucis par le pinceau et par la subtile lumière qui nimbait la scène rendant le décor idyllique. Le résultat était d'une mièvrerie confondante , parfaitement en accord avec les critères des peintres de salon. (p. 172)
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Soudain, la porte de l'auberge s'ouvrit.
Ce jour là devait être son jour de chance car, au lieu de voir sortir un sac à vin pris d'une envie pressante, il reconnut la fillette que le commissaire lui avait décrite. Une gamine comme il en avait vu des centaines, aussi épaisse qu'un passe-lacet, les cheveux sans couleur définie, effilochés comme du vieux cordage, et des genoux pointant leur bec d'oisillon au-dessus de gros bas de laine en tire-bouchon.
A la manière de ces petits animaux qui ne se risquent jamais en terrain découvert, la fillette longea les façades compliquées, enjambant ça et là une flaque ou un détritus. Elle s'arrêtait quelquefois pour gratter une aspérité sur le mur ou s'accroupissait, observant un instant quelque curiosité minuscule qu'elle apostrophait d'une semonce avec sa petite voix éraillée.
Enfin, elle aperçut Jeannot. Il comprit qu'il était découvert car elle cessa de parler. Sa tête de piaf s'immobilisa, le nez au vent.
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L'enfant avait regagné les bras de sa nourrice sans se réveiller. Son sommeil était si profond que de très légers frémissements crispaient de temps en temps les traits de sa minuscule frimousse. Zélie en profita pour rendre le mauve nacré des paupières, aussi luisantes et bombées que les élytres d'un scarabée précieux.
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Le commissaire émit un petit rire désabusé, avant de concéder :
– Vous avez raison, « ces gens-là » [Les impressionnistes], comme vous dites, je les connais bien. La plupart d’entre eux sont mes amis et je suis bien obligé de confirmer qu’ils ne vivent pas de leur peinture, ou si mal… Mais la roue tourne… Vous êtes encore trop jeune pour savoir à quelle vitesse les goûts et les modes changent. Ce qui avait de la valeur hier en a beaucoup moins aujourd’hui, et vice versa… Le jour où les Bouguereau et les Cabanel seront remisés dans les greniers ou dans les réserves obscures des musées, alors vous vous souviendrez de ce que vous disait un vieux commissaire…
Plus sérieusement, je crois que le temps est le meilleur des critiques d'art. (p. 75)
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Avant de sortir, elle recompta son argent. Il ne lui restait que dix-huit francs. Elle fit glisser les pièces dans son réticule, et ne voulant pas alerter la bonne, ouvrit la porte sans bruit. Une fois dans la rue, elle héla un fiacre.
Quelques minutes plus tard, elle se faufilait entre les meubles poussiéreux d'une brocante pour parvenir jusqu'aux recoins les plus obscurs. Enfin, elle débusqua ce qu'elle était venue chercher, coincé entre un guéridon bancal et le mur écaillé de salpêtre
Le brocanteur lui en demanda quinze francs. Sans un mot, elle aligna les pièces devant lui. Elle venait de dépenser presque tout son misérable pécule pour une toile noircie sur laquelle on distinguait avec peine un mauvais paysage champêtre.
Sur le chemin du retour, elle s’arrêta chez le marchand de couleur et déboursa encore quelques sous pour une huile siccative.
Lorsqu'elle revint chez elle, la bonne l'attendait sur le pas de la porte. La vieille femme semblait inquiète, mais l'air rogue de sa maîtresse la dissuada de poser la moindre question. Pourtant, tout en la débarrassant de son paletot, elle ne cessait de lancer des regards effarés vers le tableau décati.
- Si quelqu'un sonne, je ne veux pas que tu ouvres la porte. à personne ! Sous aucun prétexte ! As-tu bien compris ?
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L'invitation des Brunel la préoccupait, mais, peu à peu, elle se laissa aller au spectacle qui s'offrait à elle. Dans le crépuscule, la neige gelée se métamorphosait en une matière phosphorescente dont l'étonnante luminosité bleutée parait les rues de décors oniriques. Les rares passants, courbés comme des damnés, s'y déplaçaient telles des ombres errantes.
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La chaleur était devenue plus intense. Le soleil dardait des rayons féroces qui éclataient en gerbes éblouissantes contre la surface laquée du fleuve et s’insinuaient, comme de fines aiguilles, entre les brins de paille des chapeaux et la dentelle des ombrelles.
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Zélie qui fréquentait l'appartement de l'avenue de l'Alma depuis des mois, commençait à mieux cerner Henriette Brunel. Si elle avait fait sa caricature, elle l'aurait représentée comme une fleur magnifique et précieuse, peut être une orchidée car, comme ces fleurs tropicales, elle exigeait des soins attentifs tout en étant elle-même incapable de prendre soin de quiconque. Notamment de sa fille unique, qu'elle traitait comme on traite un bibelot dont la vue dérange, mais dont il est impossible de se débarrasser parce qu'on vous l'a offert.
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Elle réussit à demander d'une voix presque détachée :
- Comment l'avez-vous découvert ?
- Découvert quoi ? Que la toile que j'avais achetée en croyant acquérir un original de Vélasquez n'était en réalité qu'un pastiche et que vous en étiez l'auteur ? Mais c'est vous, ma chère, c'est vous qui me l'avez révélé....
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- Je me demande si vous n'avez pas raison, Zélie, avec votre sujet naturaliste. Il serait peut-être temps de secouer ce jury poussiéreux et de lui faire savoir que le monde ne se résume pas aux scènes mythologiques dont se repaissent nos "grands" peintres académiques.
- S'il est vrai que ce portrait de nourrice est une très belle idée, très émouvante aussi, n'est-ce pas risqué ? objecta Louise. Ne va-t-on pas encore dire que les femmes peintres ne sont douées que pour représenter des scènes domestiques ?
Personne ne répondit. Une grande lassitude les prenait parfois, lorsqu'elles pensaient à la voie si étroite dans laquelle elles s'engageaient. Faudrait-il toujours que les femmes artistes se cantonnent au territoire attribué aux autres femmes. (...)
Les hommes, quant à eux, disposaient d'un éventail presque infini de possibilités : les grands paysages, les voyages lointains, les théâtres, les cafés et tous les lieux à la mode étaient leur chasse gardée.
-Devrons-nous éternellement nous satisfaire des miettes que nous laissent les hommes ? commenta Mousse, pensive. (p. 38)
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Les enfants ne font que répéter ce qu’ils ont entendu chez eux.
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Depuis qu’elles avaient choisi cette vie d’artiste, elles savaient confusément que, sans être tout à fait des femmes déclassées, elles ne correspondraient plus jamais aux normes sociales régissant la gent féminine.
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De sa main gantée, Zélie essuya la buée déposée sur la vitre. Elle reconnut l’avenue des Champs-Élysées. Dans l’aube naissante, les luxueux immeubles de pierre taillée commençaient à renvoyer une lueur bleutée. Puis le fiacre vira autour de la masse titanesque de l’arc de triomphe de l’Étoile pour s’engager sur l’avenue de la Grande-Armée. Comme la denture d’un géant devenu trop vieux, l’alignement des façades était troué par endroits de grandes brèches. En dix ans, la prestigieuse avenue n’avait pas encore fini de panser les plaies laissées par le siège de Paris.
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– Il prétend ne jamais faire de brouillon… Il n’aurait donc pas menti…
– Le connaissez-vous ?
– Je le rencontre souvent, quand je vais à Bezon, l’été. Guy de Maupassant est un homme sympathique et un canotier émérite.
– Avez-vous déjà lu ce qu’il écrit ?
– Il n’a publié que quelques contes, dans des revues, mais je ne les ai pas lus. Je ne connais de lui qu’une courte pièce en vers. Elle a été présentée au Troisième Théâtre-Français, au mois de février dernier.
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