Dans le genre un peu terroir (à mon avis), une jolie fresque des relations dans un village.
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Le sujet des conversations était immuable ; il s’agissait de déterminer l’importance du patrimoine légué aux héritiers. Chacun évaluait la valeur du bien comme, dans une foire, on estime la valeur d’une bête. On considérait l’emplacement malcommode des champs cultivables, on invoquait la boulbène qui rendait quasiment incultes les autres terres. Quant aux vignes, mieux valait ne pas en parler ; soit elles étaient atteintes de pourriture, soit elles étaient mal exposées, le plus souvent les deux à la fois… Après quoi chacun pouvait s’en aller, soulagé par le peu d’intérêt de cet héritage qui n’était pas le sien. Parce que l’héritage, c’était quelque chose de sérieux. Un événement important ! Plus important que le mariage ou les naissances. C’était ça, le plus considérable événement de leur vie, le plus attendu aussi.
Un cheval c’est un peu comme un chien. Quand j’étais petit, je dormais dans la pièce à côté de la grange. La nuit je l’entendais bouger, je l’entendais soupirer. C’était une présence… ça me rassurait. Et puis surtout, c’était une brave bête… Jamais un écart, jamais un coup de sabot… L’équarrisseur ! Té, quand j’y pense, je me dis que je ne pourrais plus jamais manger de la viande…
Ici nous sommes dans un village. Un village ce n’est pas comme une ville. C’est quelque chose de très fragile, un village. Il suffit de quelques ragots pour soulever une moitié de la population contre l’autre. Je vous le répète : quelques mots maladroits peuvent semer la terreur et la désolation ici, croyez-moi. Alors, faites bien attention où vous mettez les pieds !
C’était une occasion pour elle de bavarder de tout et de rien avec les autres femmes, d’en apprendre davantage sur la vie du village et celle de ses habitants. Ce n’étaient pas vraiment les ragots qui l’attiraient, mais la curiosité.
« … Le mal a été infini car une vie a été reprise. Seul Dieu peut pardonner, et nul autre à sa place. Mais ce n’est ni l’heure ni le lieu du désir de vengeance. L’heure est aux pleurs, et l’heure est à l’espérance… »
Interview de Sylvie Gibert à l'occasion de la rencontre entre l'auteur et ses lecteurs chez Babelio.com, le 30 mai 2016 pour son roman L'atelier des poisons publié chez Plon.
Découvrez notre compte rendu de la rencontre : https://babelio.wordpress.com/2016/06/03/quand-les-lecteurs-de-babelio-rencontrent-sylvie-gibert/
La page du livre L'Atelier des poisons : http://www.babelio.com/livres/Gibert-Latelier-des-poisons/819031