Citations de Sylvie Granotier (94)
« Tu m’kiffes ? Moi, j’te super-kiffe. Tu m’aimeras toujours ? J’veux pas que tu regardes une autre meuf, sinon, j’te tue ou j’me tue. Ou on s’tue. » Mais on s’tait pas ! Jamais, c’est ça le problème. Et c’est toujours conclu par MDR.
Les films qu’il a partagés avec elle ont fait son éducation sur la violence abjecte du pouvoir syrien, sur la corruption des dirigeants téléguidés par les Américains, sur les souffrances du peuple, les enfants tués, les femmes violées. Et elle a vu la torture au Maroc, les morts, la répression décrite comme la plus féroce du monde arabe et l’hypocrisie de celui qui se dit le commandeur des croyants, qui décrète que les terroristes qui agissent au nom de l’islam ne sont pas des musulmans. Alors qu’au contraire ils se battent pour la survie des vrais croyants. Et non seulement la France laisse faire, mais elle agit aussi en complice. Dès qu’elle y pense, elle part en vrille.
Mon client se rêve caïd, alors il en garde les oripeaux. Mais regardez-le, vous l’avez entendu ? Les quatre idées qu’il a dans la tête ne formeront jamais une proposition cohérente. Il a besoin d’un cadre, d’une discipline et d’un environnement qui pense à sa place. Ce n’est certes pas ce que la prison peut lui offrir.
Après tout, vous subventionnez ses études, pas son entrée en religion. En plus, moi je l’ai rencontré, son Slimane. Ce n’est pas un cadeau, je n’ai pas eu l’occasion de goûter son sens de l’humour, mais il ment, il est capable de violence, il est parano. Il faut peut-être la protéger aussi de lui.
Ils montent au créneau comme un seul homme, avec véhémence. Le seul moyen de la protéger, c’est de rester proche d’elle. Pas de la contraindre, surtout pas. Ils la connaissent bien. Ce n’est pas dans son tempérament d’être sous emprise. Sa nature est beaucoup plus indépendante.
On dirait une femme des années quarante. Elle a les lèvres peintes d’un rouge vif et c’est tout. Elle porte une sorte de blouse de peintre ceinturée, manches retroussées sur un pull à col roulé, par-dessus une jupe écossaise, des chaussettes roulées et des mocassins.
Pour lui, la vie devait être action. Les gens se définissaient par ce qu’ils faisaient. Elle était une oie qu’on gave. Et lui un casseur de fin de manif !
C’est bien beau de défendre les pauvres et les orphelins mais il faut s’en donner les moyens. Les chiffres ne connaissent pas les sentiments.
Quand on porte la misère du monde sur ses épaules, un site attractif, divertissant, voire humoristique, c’est à peu près comme du porc à la broche arrosé de raki, dévoré en plein ramadan pour nos amis musulmans.
Elle envie la légèreté de son amant mais, contrairement à lui, mesure le risque qu’il s’écrase, un jour, contre la solide réalité qu’elle se coltine avec un sérieux qui la fait bâiller d’ennui. Un jour, c’est lui qu’elle fera bâiller d’ennui.
A sa sortie de prison, Jean Chardin a vingt-deux ans et retrouve son clic-clac derrière le rideau. Tout le monde s’applique à faire comme si de rien. Les ressorts ne couinent plus jamais sous le couple parental et Jean espère de tout cœur qu’il n’y a pas de lien avec ce qu’il a fait.
Elle aurait pu aussi bien se taire , elle est réduite à la valeur zéro par le sourire enchanté qui accueille sa mise en garde .