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Critiques de Tarun J. Tejpal (163)
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La vallée des masques

Alors le voilà mon seul coup de coeur de la rentrée, pour l'instant et contrairement à ce que mon blog reflète, j'ai lu une vingtaine de romans.



Un homme est seul. Il écoute le sifflement du train, un son qu'il aime par dessus tout et surtout, il attend la mort, certain que c'est ce soir que l'un des ses anciens compagnons va venir l'assassiner. Mais avant de mourir, il décide de raconter ce que fut sa vie parmi les adeptes du gourou Aum. Dans l'endroit où il est né, tout était fait pour que personne ne s'attache aux gens ou aux objets. Elevés tous ensembles par plusieurs mères, les enfants ne savent pas qui est leur génitrice mais en fait, ils le devinent vite car les gestes d'une vraie mère sont bien plus tendres. Ensuite, les enfants sont élevés afin de devenir des guerriers et ces adultes ne doivent s'attacher ni aux femmes (même si les relations sexuelles sont encouragées mais "encadrées"), ni aux arts (la musique et le chant sont interdits). Ici, on ne questionne pas:



Les croyants savent qu'il n'existe pas de questions inédites. Toute question digne de réflexion a déjà été posée, une réponse lui a été donnée. Le ver du doute, le corbeau de la question: ignore-les, anéantis-les.



Tandis que notre narrateur grimpe dans la hiérachie, il est témoin d'actes insoutenables qu'il accepte comme naturel:



Ensuite, j'allais chercher la fille. Le plus souvent, elle n'avait pas treize ans, tout juste onze. [...] La règle est inflexible: l'initiation par l'Eclairé devait avoir lieu après la première menstruation. Traire une génisse n'a aucun sens.



Après le viol, voilà comment il explique les réactions des jeunes filles:



Rendre l'initiée à la réalité après l'euphorie de ce qu'elle venait de vivre était une autre paire de manches. Je la trouvais souvent en extase ou plongée dans la stupeur, parfois même pleurant, tandis qu'elle luttait pour intégrer cette merveilleuse expérience à sa vie de tous les jours.



Tarun Tejpal traite le narrauter avec beaucoup d'ironie, ce qui apporte une petite teinte d'humour dans un thème bien lourd. Et les lectrices auront les cheveux qui se hérissent à de nombreuses occasions, je vous en livre un exemple:



[La femme] est semblable à un champ;, stérile au début de sa vie comme à la fin. Il est donc nécessaire et urgent de mettre à profit tout le temps où elle est fertile pour la labourer avec une diligence infatigable afin de tirer d'elle la récolte la plus abondant possible.



Il ne fait pas bon être une femme dans cette société pensée par des hommes.



Ce roman qui est une allégorie de l'endoctrinement dénonce aussi le système des castes avec le personnage de l'inspecteur des égouts qui s'est attachée aux hommes qu'il dirige et dont le travail consiste à nettoyer ce que les autres castes rejettent.



Ce roman est intelligent, très bien écrit (bravo à Dominique Vitalyos pour la traduction française). A lire absolument.
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La vallée des masques

Je viens de fermer le livre, et je suis encore toute bouleversée par ma lecture... J'écris rarement immédiatement après avoir lu un livre, je me laisse toujours un peu de temps pour prendre du recul, et je le regrette parfois, parce que les impressions les plus vives ont commencé de s'atténuer... A chaud, c'est difficile de savoir par où commencer, mais je me jette à l'eau, pour être sûre de n'être influencée par aucune autre opinion sur ce livre, que j'ai acheté sur la seule foi du nom de son auteur. Je devrais même dire que je me suis précipitée, lorsque j'ai vu "Tejpal" dans les listes de la rentrée littéraire. Le temps de dire "ouf", il était sur ma tablette, et je plongeais dedans...



Le temps d'une nuit, la dernière de sa vie, Karna, ou bien faut-il l'appeler X470, son patronyme de Wafadar, ces guerriers du groupe d'hommes auquel il appartenait, raconte sa vie. Celle d'un adepte, qui suivra toutes les étapes, ou presque, de l'initiation à la pureté prônée par le gourou Aum, qui voulait dans cette haute vallée de l'Himalaya créer un monde parfait. Mais qui dit pureté dit aussi purification... et la simple énonciation de ce mot ouvre la porte à des évocations que nul homme du XXIème siècle ne peut ignorer. La dernière étape à franchir pour devenir Grand Timonier, une appellation elle aussi très évocatrice, c'est justement de procéder à une purification, celle du Nid des Handicapés. Refuge isolé aux confins du territoire, le Nid cache "toute la honte de la communauté", et l'un des Grands Timoniers, le porte parole du Père Bienveillant, a décidé qu'il fallait procéder à son élimination. Mais notre narrateur y découvrira un pan de son histoire personnelle qu'il était loin de soupçonner, et il fuira la communauté pour rejoindre "l'outre-monde", celui des hommes ordinaires et des passions viles selon Aum (dont toutes les critiques ne sont pas dénuées de sens), mais Karna y découvrira celui des sentiments et de la musique...



L'auteur le dit dans une courte vidéo, enregistrée lors de son passage à Paris en juin dernier et presque aussi poignante que son livre, l'histoire peut être lue comme une fable.



Mais, comme il le dit aussi, la trame en est complexe, et appelle mille réflexions sur la condition humaine et sur la société, sur la recherche d'un système parfait, sur l'embrigadement et la manipulation, sur les inévitables dérives que l'on peut constater dans les sectes comme dans les régimes totalitaires... et même dans ceux qui prétendent ne pas l'être... A l'heure où toutes les utopies sont mortes, démasquées sinon détruites, il est intéressant de se souvenir, avant d'imaginer un nouveau système "forcément" meilleur, de tout ce qui a lamentablement foiré dans les précédents, et que Tejpal met en lumière, directement ou indirectement.



J'aime particulièrement les dernières phrases du livre :

"Puisse-t-il faire germer en eux le seul état - s'il en existe un - qui dépasse en grandeur la musique ou l'amour. 

Le doute.

Puisse-t-il toujours alterner avec la foi comme la nuit et le jour."



Je pense que tout lecteur sera soupçonneux dès le début de l'histoire quant à  l'idéologie et aux règles de la communauté des "purs". Les actes que le narrateur est amené à commettre, mais surtout la manière dont la morale en vigueur en lave sa conscience, révulsent à maintes reprises. La manière dont les détenteurs du pouvoir imaginent imposer leur mode de vie au reste du monde fait rire jaune. Et s'il subsiste un quelconque doute sur le bien-fondé du fonctionnement de la communauté, la manière dont sont traitées les femmes ne peut que le détruire. J'ai grimacé, révoltée contre le contenu du livre et presque contre son auteur, peinant à concevoir qu'il ait pu salir sa plume à écrire certaines scènes... Mais c'est une femme qui ouvre les yeux du héros, révélateur et levier de son retournement, initiatrice du doute puis du cheminement vers la vérité cachée de la société qu'il prétend servir.

Et j'ai reconnu Tarun Tejpal, qui reste après ce nouvel opus mon auteur contemporain préféré, avec Erri De Luca peut-être. Je crois que je me sens plus proche de Tejpal, plus torturé, moins distancié même si je le trouve très lucide, effrayé par le chaos de ce monde et la difficulté d'y vivre tranquillement dès lors qu'on a quelques prétentions éthiques, toujours confiant cependant dans la capacité rédemptrice de l'amour... et au final toujours aussi amoureux des femmes :-)



J'avais beaucoup aimé Loin de Chandigarh, et je retrouve dans ce nouveau roman toute la quête de l'auteur sur le sens de la vie. Dans La Vallée des masques, c'est non seulement le cheminement de l'individu qui est questionné, mais aussi celui de la société, du vivre ensemble qui se porte si mal dans les sociétés occidentales, et sans doute en Inde aussi, même si l'auteur manifeste in fine beaucoup d'indulgence pour la manière dont vivent ses contemporains.



Loin des auto-fictions foireuses ou des biographies romancées que nous propose trop souvent la littérature française, une fois encore en cette rentrée littéraire (je vous ferai grâce de la longue liste de livres que je n'ai même pas envie d'ouvrir), Tejpal puise à la fois dans l'observation du monde et dans son imagination pour aboutir à un questionnement universel, au moins dans notre monde actuel. Je ne sais pas dire ce qu'il en restera dans le temps. Mais pour maintenant, il me semble que c'est à lire de toute urgence. Ce n'est pas sans douleur - certains passages sont d'une cruauté à peine soutenable pour moi - mais on s'y laisse cependant facilement embarquer : l'écriture est toujours aussi fluide, sensuelle, poétique parfois, ironique de temps en temps, un peu moins cette fois-ci, et en tous cas très accessible.



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La vallée des masques

Ma cohabitation avec Tejpal avait très mal commencé. Il y a quelques années, ma maître d’apprentissage m’avait conseillé Loin de Chandigarh. Comme je n’aimais pas ma maître d’apprentissage (ouh la vilaine arpette) j’avais pris le roman en grippe et n’avais pas été plus loin que la quatrième de couverture. Une charmante blogueuse m’a ensuite prêté Histoire de mes assassins (merci Liliba) et, pleine de prévention à cause de Chandigarh, j’ai détesté. Même pas été jusqu’au bout. Vous commencez à penser la lecture de la Vallée des masques tient du masochisme. En fait, je n’ai pas reconnu l’auteur. Du coup, je l’ai ouvert avec un esprit vierge, et bien m’en a pris, parce que j’ai beaucoup aimé !







J’ai été passionnée par la description de cette secte et de ses adeptes et par l’évolution du personnage principal, de l’innocence de l’enfant à la monstruosité de l’adulte. Le lecteur suit tout le processus d’endoctrinement. Pendant très longtemps, j’ai trouvé tout normal, harmonieux. Un peu dur, mais on ne fait rien sans rien. Et tout d’un coup, mes yeux se sont décillés et je me suis rendue compte des atrocités que j’étais en train de lire. Les ressorts cachés me sont apparus, les personnages ont pris d’une autre ampleur et j’ai poursuivi ma lecture, révoltée.







Je suis très impressionné de voir à quel point Tejpal a su reproduire le processus de la secte au point de m’enrôler alors même que je partais prévenue puisque je savais que je lisais le récit d’un homme qui s’en était échappé. Je n’ai pas marché, j’ai couru.







À part quelques détails qui m’ont semblé un peu superflus (les laïus sur la musique entre autres) j’ai trouvé ce roman excellent, très bien construit et dans une langue efficace. Je vais peut-être jeter de nouveau un œil aux autres…
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La vallée des masques

Quand j’ai lu sur la quatrième de couverture que ce roman était “une fable philosophique et politique puissante qui s’impose d’ores et déjà pour les générations à venir comme une lecture incontournable “, j’ai pensé deux choses : soit j’allais passer un grand moment, soit c'était encore une accroche marketing de l'éditeur.

Après lecture, je pencherai plus pour le coup de pub car le grand moment fut bien long même si 450 pages ce n'est pas le mer à boire.

L'histoire est bien une fable avec tous les ingrédients nécessaires : une unité de lieu bien délimitée, hors du monde, ici une vallée inaccessible, vraisemblablement en Inde et une époque non déterminée, peut-être de nos jours (baskets, télévision) même si les comportements des personnages évoquent une période plus reculée.

Le héros du livre qui attend d'être abattu par d'anciens condisciples, nous raconte sa vie et son itinéraire au sein d'une communauté aux règles dictato-sectaires. Il a été un Wafadar, sorte de guerrier hyper entraîné, le cerveau empli des préceptes d'un grand gourou dont la vie d'un certain Aum est au centre de la secte.

Pour arriver au statut de Wafadar, il faut gravir durant sa vie de multiples échelons et passer quelques épreuves minutieusement décrites par l'auteur.

Je reconnais à ce livre des qualités évidentes : création d'un univers clos original, amenant des scènes souvent horribles comme l'apprentissage du siontch, sorte d'aiguilles de diverses grosseurs servant à saigner plus ou moins rapidement sa proie (souvent un homme ) ou la visite du “nid des handicapés”, sorte de camp sinistre où sont entassés tous les mal formés de la région. Je perçois bien que le propos de l'auteur est de nous avertir que le prosélytisme, l'intégrisme mène à la barbarie, que les situations décrites nous en,évoquent d'autres, bien réelles, totalitaires, passées ou tellement actuelles. Mais que de longueurs et de scènes répétitives...

La fin sur le blog
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La vallée des masques



Lors d'une longue nuit, un homme attend ses anciens frères d'armes les Wafadars qui vont venir le tuer. Il s'est enfui de cette vallée de l'Inde où il vivait dans une communauté. Une vallée coupée de tout, vivant en autarcie selon des préceptes d'un gourou légendaire Aum, le pur des purs. Durant cette nuit, il va raconter son histoire, la transcrire avec un souhait : les hommes doivent entendre ce que j'ai à dire, y réfléchir et agir en conséquence.



Anka est un ancien Wafardar, un guerrier entraîné par des années d'initiation et d’épreuves. Séparé à l'âge de trois ans de sa mère pour être élevé par toutes les mères au sein de la Maternité. Ne pas laisser place aux préférences et aux émotions, la non possession est un des préceptes d'Aum. La vie sublime d'Aum nous enseignait, que contrairement à l'histoire lamentable du monde, le soi inférieur pouvait être entièrement vaincu à condition de s'atteler de bonne heure à la tâche et de ne jamais abandonner. Chacun de nous avait résolu de ne jamais faillir à Aum.





la suite sur :

http://fibromaman.blogspot.fr/2012/08/tarun-tejpal-la-vallee-des-masques.html
Lien : http://fibromaman.blogspot.f..
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La vallée des masques

Cette vallée des masques est vraiment un monde à part, une communauté avec des règles très exigeantes. C'est un système complexe qui nous est raconté ici dans un récit assez dense.



J'ai beaucoup aimé tous les passages avec de l'action, la découverte de la vie du personnage principal, certains passages sont vraiment palpitants. J'ai eu plus de mal avec ce qui concerne uniquement l'organisation de cette communauté, sa philosophie.



J'ai été gênée par ces règles qui poussent les membres de cette communauté jusqu'à leurs limites et par la violence et les châtiments envers les membres qui n'ont pas respecté les exigences établies.



Un beau roman malgré tout mais qui n'a pas été un coup de cœur pour moi.
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La vallée des masques

Un homme se confie au soir de sa vie car il attend ses poursuivants qui doivent l'exécuter sous peu. C'est la nuit, sa compagne dort, et il en profite pour revenir sur son passé au sein d'une communauté recluse dans une vallée isolée. L'homme y a vécu presque toute sa vie, initié aux rites, aux pratiques sacrées et à la recherche de la pureté suprême. Un semi-Dieu régissait le fonctionnement de cette assemblée constituée d'hommes et, séparément, de femmes. C'était Aum, le valeureux et celui qui détenait la vérité, qui faisait figure de modèle et de grand gourou auquel se référer.



Le narrateur a été, comme les autres, fasciné par l'aura de son maître et a suivi à la lettre tous les préceptes pour évoluer sur la voie de l'absolution, celle qui était attendue de lui. De simple fidèle, il a franchi les étapes pour devenir l'un des éléments-clés de la communauté : les Wafadar. Ceci implique de longues années d'exercice à la méditation, au combat, au détachement de l'individualité pour ne devenir que collectif et ne servir que lui, au nom d'Aum le puissant. Cela commence, pour les plus jeunes, par une naissance qui n'est pas revendiquée par un couple de parents : chaque guerrier peut féconder une des femmes exposées au Sérail. Mais une fois né, le bébé est entrainé à la Maternité où il est élevé et aimé du même amour par toutes les femmes de la caste, sans distinction aucune. C'est le début d'un processus de don à la communauté pour que chacun évolue de la même manière, sans amour exclusif.



Ce livre est extrêmement déroutant car il décrit de manière implacable un fonctionnement régi au nom d'un être subjectif, désigné comme supérieur par ses pairs et porté aux nues par ses fils. Du "je" le narrateur s'efface au profit du "nous" et du "on". Ce "disciple" s'évertue à obtenir les bonnes grâces de ses supérieurs pour faire partie des leurs. Et c'est ainsi qu'il est empli de gratitude lorsqu'il obtient enfin son effigie, ce masque qui lui permet de revêtir le même visage que les autres membres du clan. Il devient intransigeant, grave et dur envers ses condisciples qui faiblissent, lui toujours porté au dépassement et qui n'a comme ligne de conduite que les règles.



Mais ce système se fissure à mesure que le narrateur s'interroge sur les cruautés, sur les inégalités, qu'il approche une femme. Est-il digne d'être Wafadar? Ce peut-il qu'une rédemption soit envisageable?



La société qu'a inventé Tarun Tejpal est tout à fait fascinante car ce petit monde est cloisonné, hiérarchisé et plein d'adeptes aspirant à une pureté illusoire, dictée par Aum. De multiples sphères se croisent et se succèdent comme la Caserne, le Foyer, le Cratère, le Creuset qui paraissent être des univers austères, tous dévolus à une cause et une seule. Est aussi évoqué l'outre-monde, c'est-à-dire le monde barbare, celui où tous vivent dans une "anarchie" complète. C'est notre monde à nous mais qui paraît, aux yeux de la communauté, être l'Enfer. En effet, ceux qui fuient la Vallée sont considérés comme des damnés et ne sont pas libres pour autant.



En somme, ce livre évoque le monde secret et imparfait d'une secte qui se prétend au-dessus des lois et du monde des mortels. Il n'est pas sans rappeler toutes sortes de totalitarismes de nombreux régimes passés et en vigueur actuellement. Cela fait peur de voir à quel point un individu peut perdre tout discernement de la réalité pour ne devenir qu'objet d'un "bien" commun. C'est dans l'évolution du narrateur et surtout, dans le perpétuel retour au présent et à l'attente de ses détracteurs, qu'on sent poindre un suspense et une menace insaisissable.



Le microcosme de La vallée des masques vous tiendra en haleine, soyez-en assuré ! La voilà ma plus belle claque de la rentrée littéraire !
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La vallée des masques

Tarun Tejpal construit une communauté qui paraît tout d'abord utopiste certes, mais plutôt positive. Une sorte de société idéale. Puis, très vite, le vernis craque et la vérité apparaît, pas aux yeux des gens embrigadés, mais à ceux des lecteurs et à ceux du narrateur, bien des années plus tard.

Le narrateur, arrivé quasiment au plus haut de la hiérarchie est passé par des épreuves terribles, cruelles et violentes et en a fait subir autant. Dans cette société "idéale", l'homme, pour grimper les échelons ne doit avoir aucun attachement matériel ou affectif, aucune faiblesse. Les enfants ne savent pas qui est leur mère et les mères ne peuvent pas dire qui sont leurs enfants, tous vivant au sein d'un même groupe et jouant respectivement les rôles des enfants de toutes les mères et des mères de tous les enfants. La seule référence qui tienne, c'est Aum et donc la recherche de la vérité et de la pureté. C'est un monde sans sentiments, sans émotions : un monde animal, dans lequel l'homme nie totalement sa nature qui le pousse à vivre en étroite corrélation tant matérielle qu'affective avec autrui. Il doit tendre vers la perfection du corps et de l'esprit.



Ce roman est une sorte de fable sur tous les totalitarismes, sur toutes les dérives des intégrismes. Je ne suis absolument pas connaisseur de l'Inde et ne peux donc dire si Tarun Tejpal fait référence à son pays particulièrement. Je pense que son propos est universel. J'ai facilement pensé au stalinisme, au nazisme avec leurs épurations, leurs purges, vocables qu'emploie l'auteur, et sûrement à beaucoup d'autres régimes qui se sont assis sur la terreur, la domination et la soumission de leurs sujets

Là où l'auteur est très fort et réussit une vraie prouesse, c'est qu'il décrit des scènes terribles, des pratiques odieuses et détestables, notamment le sort réservé aux femmes -mesdames féministes, vous allez frémir et bouillir- sans jamais avoir recours à des descriptions minutieuses. Il pourrait aisément écrire des paragraphes insoutenables, mais son écriture est là qui, sans minimiser les souffrances, permet aux lecteurs des les lire sans défaillir. Il procède par images, par détours. Quelques chapitres sont particulièrement prenants et marquants (La trahison romantique, p.170 ; La fille au regard fulgurant, p.287) entre autres et globalement, les 250 dernières pages entrecoupées parfois de paragraphes un peu longs que l'on peut passer rapidement.



D'avance désolé, car je crains d'être un peu en-dessous de tout ce que j'ai ressenti en lisant ce roman, ce qu'il dénonce, ce qu'il raconte et décrit et également la manière d'y parvenir.



Un roman très fort et puissant, à l'image de sa couverture, de cette nouvelle rentrée littéraire.
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La vallée des masques

C'est une plongée au coeur de l'Inde que nous propose Tarun Tejpal dans ce roman qui narre la vie d'un homme qui est né dans une communauté extrémiste, caché dans une vallée perdue et quasiment inaccessible. Cette communauté qui vit en vase clos prône la pureté, n'hésitant jamais à recourir à une violence extrème pour arriver à ses fins. On assiste au lavage de cerveau de ses membres qui n'ont pas choisi d'être là mais ils sont nés au sein de la communauté. A chacun donc de fabriquer son destin mais avant tout de renoncer à toutes ambitions ou convictions personnelles, seul la foi d'Aum le prophète compte.

C'est un roman très riche, violent et très dépaysant.
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La vallée des masques

Tarun Tejpal signe là une parabole impitoyable sur l'inhumanité de la société des hommes, et dont la charge politique extrême ne peut laisser indifférent.
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Histoire de mes assassins

Un journaliste échappe à un attentat. Sept personnes sont arrêtées et soupçonnées. Ce gros roman relate la vie de ces 7 personnages, très différents les uns les autres et permettant ainsi de raconter l'histoire des 50 dernières années de l'Inde avec la pauvreté, la corruption, les religions, l'histoire, les castes, la vie à la campagne et à la ville, les combines. Il ne manque que les odeurs, nous sommes au coeur du pays.
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Loin de Chandigarh

Moi qui adore les romans-fleuves et les romans sur l'Inde en général, je n'ai pas été du tout séduite. Je n'ai réussi à m'intéresser ni aux protagonistes, ni à leurs démêlés amoureux, ni aux torrents de sensualité qui débordent de la narration et j'ai du me forcer pour aller jusqu'au bout en espérant découvrir enfin quelque chose qui justifie un aussi gros pavé... Bof.
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Loin de Chandigarh

Avec ce premier roman, Tarun J. Tejpal nous entraîne dans un envoutant périple en Inde du nord mais surtout dans un voyage au sein des profondeurs de l'intimité du couple avec tout ce que celle-ci peut avoir de sensuel, de beau, de doux mais aussi de déchirant.

J'ai énormément apprécié cette lecture et je me suis plongée avec délectation dans la chaleur indienne et dans le méandres des désirs du narrateur. C'est vrai qu'il y a peut-être, ça et là, quelques longueurs inutiles, mais "Loin de Chandigarh" est un roman remarquable et je les lui ai donc très vite pardonnées! Faire un bout de chemin avec ce narrateur aimant, intelligent, enflammé et profondément vivant, ça m'a fait un bien fou! J'ai aimé découvrir son pays dans ses yeux et réfléchir en même temps que lui aux liens entre la sexualité et l'amour. Je garde un très beau souvenir de cette lecture et je vous la conseille vivement!

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Loin de Chandigarh

Les 686 pages de mon édition peuvent faire peur mais ce livre se lit très vite car quand on l'a dans les mains, on ne peut plus le lâcher. L'écriture de Tarun J Tejpal est très belle et il sait décrire la sensualité et l'érotisme comme je n'ai encore jamais lu, sans jamais être vulgaire, ou tomber dans le malsain.

Deux récits sont présents dans ce livre, celui d'un journaliste et de sa femme Fizz qui vivent une très belle histoire d'amour et une osmose sexuelle malgré leur quinze ans de vie commune. Pourtant le narrateur, va perdre le désir pour sa femme après avoir trouvé des carnets regroupant le journal intime d'un américaine, ancienne propriétaire de leur maison.

J'ai parfois trouvé qu'il y avait quelques longueurs dans le récit mais la qualité de l'écriture nous les fait vite oubliées.
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Loin de Chandigarh

Roman de l'Inde du vingtième siècle, porté par une écriture forte et incantatoire qui cherche sans cesse à démêler l'inextricable alchimie du désir et traversé par un érotisme puissant sans concession pour les nostalgies de l'orientalisme.

Il ne s'encombre ni d'analyse ni de théorie littéraire, c'est un point de vue sur le monde qui part des sens et de la chair, c'est une véritable prose jubilatoire.

« Je ne voulais surtout pas écrire un livre de plus, un livre comme un autre. Je voulais écrire quelque chose de plus ».

Premier roman exceptionnel, salué par le prix Nobel V.S Naipaul, Loin de Chandigarh fait de son auteur un digne successeur de Salman Rushdie.
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Loin de Chandigarh

Dans l’Inde du nord, entre Dehli et Chandigarh, un journaliste et sa jeune épouse musulmane Fizz vivent une passion torride jusqu’au jour où ils achètent une résidence secondaire perdue aux confins de l’Himalaya. En sondant un mur de la résidence délabrée, le narrateur découvre les carnets intimes de Catherine, une jeune aventurière américaine qui y décrit dans le détail les péripéties sexuelles qu’elle pratique avec son amant indien alors qu’elle est mariée pour la forme au fils déchu d’un rajah pour cause d’homosexualité trop affichée.

Livre d’un érotisme torride (l’Inde est le pays du Kama-Sutra) et Tejpal semble un obsédé sexuel de première, ¾ des pages sont consacrées aux descriptions de rapports sexuels : l’auteur avec Fizz, Syed, le fils du nawab avec Umaid son beau serviteur, puis avec la cohorte de tous les mâles jeunes et vigoureux de sa maison et pour finir Catherine et son serviteur Gaj Singh… A part ça pas grand-chose, de longues descriptions, quelques considérations vaguement philosophiques, les affres de l’écrivain devant la page blanche et de fumeux projets de romans dont les premiers jets finissent immanquablement à la corbeille.

Heureusement, Tejpal sait en rester à un érotisme très hot qui frise la pornographie la plus vulgaire mais ne tombe jamais dedans. Il arrive même parfois à une certaine poésie dans la description du sexe et de la passion. Et il en arrive finalement à la conclusion : « Le sexe n’est pas le ciment le plus fort entre deux êtres. C’est l’amour… » On ne le lui fait pas dire !

Finalement, le plus grand mérite du livre reste de nous faire découvrir l’exotisme de la vie quotidienne dans l’Inde actuelle. Ce gros pavé de 678 pages reste quand même assez indigeste.
Lien : http://www.etpourquoidonc.fr/
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Histoire de mes assassins

De nos jours, en Inde, à Delhi, un journaliste, responsable d'un hebdomadaire en perte de vitesse, apprend par la radio qu'il a échappé à une tentative d'assassinat de la part de cinq voyous qui viennent d'être arrêtés. Il en ignore la raison : lui reproche-t-on d'avoir soulevé le problème de la corruption du gouvernement de son pays ? Est-il la cible du terrible ISI, les services secrets pakistanais ? Il bénéficie immédiatement d'une protection policière et en apprend un peu plus sur ses assassins. Il y a Chaku, l'as du couteau, Kabir le musulman que le père a essayé de rendre inaccessible à la haine des hindous et qui se retrouve détesté par les deux camps, Kalya et Chini, les deux enfants abandonnés de la gare centrale qui vivent de petits trafics et surtout Hathoda Tyagi, le demeuré qui tue les gens en leur éclatant la tête à coups de marteau...

Un long roman (590 pages) foisonnant comme une saga qui nous plonge dans l'univers si particulier des bas-fonds de l'Inde contemporaine. La misère, la violence et l'injustice y sont partout la règle. La corruption gangrène la société à tous les niveaux. Le système des castes et les problèmes inextricables de la cohabitation religieuse entre hindouistes et musulmans n'arrangent pas les choses. Un livre magistral, passionnant, dans la lignée de ceux de Tom Wolfe par exemple, bien meilleur que « Loin de Chandigar ». Si Tejpal a su s'émanciper de ses obsessions sexuelles c'est pour nous plonger carrément dans l'horreur et le sadisme au quotidien. Un écrivain majeur. Une réalité qu'on ne peut s'imaginer ici.
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Loin de Chandigarh

C'était LE roman qu'il me fallait lire impérativement. Parce que littérature indienne, parce que auteur indien que je ne connaissais pas, parce que roman-fleuve sur l'Inde, parce que quatrième de couverture présentant l'histoire d'une passion torride et sensuelle franchissant le temps.

Je l'ai terminé, certes, pour ne pas avoir mauvaise conscience. Mais combien de fois dans cette lecture j'ai été tentée de tout laisser tomber. Malgré la description de l'Inde dans toute sa magie, ses splendeurs, son passé, son futur, ses contradictions, malgré l'acharnement des deux héros dans leurs interminables ébats amoureux, malgré ces deux histoires parallèles à quelques dizaines d'années de distance, intrigues plutôt bien menées, personnages plutôt intéressants, bref, tout çà n'a pas suffi et j'avoue m'être ennuyée à cette lecture...
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Loin de Chandigarh

“The Alchemy of Desire”, c’est vrai que le titre en anglais est plus beau. Mais c’est vrai aussi que c’est le titre en français qui m’a attiré. Je ne l’aurai pas emprunté en anglais … En effet, vous allez vite comprendre (promis ce ne sera pas long), que c’est un véritable coup de griffe pour moi que ce roman là, lu en 2 mois, torture du soir, car quand même, je déteste abandonner des livres avant la fin, surtout une fois que j’en ai lu 300 pages … Et puis j’étais intriguée : c’est un best-seller mondial, et pourtant … et bien rien. Il m’a énervé d’un bout à l’autre.

Pour résumer, l’incipit c’est :

“L’amour n’est pas le ciment le plus fort entre deux êtres. C’est le sexe. “

Et l’excipit :

“Le sexe n’est pas le ciment le plus fort entre deux êtres. C’est l’amour … “



En gros, 800 pages (tout de même !) pour nous faire cette démonstration. J’aurais pu lui dire au départ, cela m’aurait évité des heures de lecture fastidieuses …



Ceci étant dit, je passe au détail !



Je ne mets pas du tout en doute la qualité littéraire. Le style et le niveau de langue ne sont pas désagréables.



Il y a même quelques réflexions intéressantes sur la situation actuelle de l’Inde (mais beaucoup moins que je ne le pensais, ce qui m’a déçu) : par exemple : “L’Inde avait perdu son innocence. Le terrorisme des années 80 nous avait dépouillés de notre suffisance et le lustre prestigieux que nous tirions depuis 3 décennies d’avoir expulsé les Anglais avec une superbe dignité s’estompait rapidement.”



Ou encore quelques attaques sur le mode de vie occidental et sa menace :



“Les journaux télévisés 24h/24 étaient une maladie occiendtale qui menaçait de submerger l’Orient. [...] Elle provoquait des démangeaisons qui laisseraient une cicatrice indélébile sur notre sensibilité.”



Mais au final, tout le reste n’est que la description de la relation physique entre Fizz et le narrateur (il est vraiment trop fort, il la fait monter au 7e ciel au moins 5 fois par jour. Ou alors ce sont les fantasmes de l’auteur.) et puis la disparition de ce désir sexuel. Ensuite le récit des expériences sexuelles de l’Américaine qui a vécu 50 ans plus tôt au même endroit qu’eux. Et enfin les délires et fantasmes du narrateur. C’est un bon résumé, qui explique que ce roman m’a écœuré et que j’étais bien contente de le terminer (lu en diagonale vers la fin …).



Ah oui et puis également tout l’échec des tentatives d’écriture du journaliste, qui en fait un personnage moyen, raté, sans ambition, au point qu’on a envie de lui mettre des claques. Bref. Passons.



Je pense que tout le décalage entre mes attentes et ce que m’a apporté ce livre vient surtout que j’attendais un livre SUR l’Inde et qu’en réalité l’auteur a écrit un livre INDIEN (ce qui n’est pas surprenant mais bon …). Les personnages sont très proches de nous, très peu “orientaux”. Il a donc battu en brêche tous mes préjugés sur l’Inde, mais aussi c’est qu’il présente des individus d’un niveau social moyen, ni les riches maharajahs que l’on imagine, ni les dalits dépeints par Dominique Lapierre et Larry Collins. C’est donc peut-être un peu de ma faute.



Pour conclure, ce roman m’a déçu comme l’aurait fait n’importe quel roman européen que j’aurais pu lire : j’ai détesté les personnages, l’histoire était inintéressante, pour moi; et la morale ridicule. Bref, un fiasco littéraire, en lien avec mes goûts et mon ressenti de lectrice.
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Loin de Chandigarh

C'est un roman humain, fort, dense, empli de nature et de paysages, d'amour, de sexe et de vie.

Une valeur sûre à avoir dans sa bibliothèque, à relire pour voyager dans les émotions et les montagnes, les plaines, les villes de l'Inde.

Je l'ai offert à mon frère à Noël, et je pense qu'il lui plaira.
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