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Citations de Tatiana Arfel (73)


Mais j’ai dû depuis me résoudre à une explication plus prosaïque : il n’y avait aucune volonté maléfique derrière toute cette correspondance, seulement une indifférence profonde.
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Giacomo
[...] Qu'il est fat, celui qui pense agir pour le bien des autres ! Bien sûr, la femme crayeuse avait besoin d'assistance, son corps entier frôlait l'asphyxie. Bien sûr, l'enfant n'avait pas eu de mère, pas de famille, et moi, qui était sa seule ancre dans le monde, j'allais bientôt définitivement casser ma chaîne. Mais qui me disait que l'enfant souffrait de l'absence de mère ?

Mlle B.
[...] Quel coup prenait-on lorsqu'on découvrait sur l'écran le travail des années prévu d'avance par un ensemble de circuits électriques ? L'ordinateur dessinait-il une tombe lorsqu'on était destiné à mourir rapidement ? Un hôpital psychiatrique lorsqu'on allait devenir fou ? Et s'il sortait exactement le même visage, cela voulait-il dire qu'on était déjà mort ?

Le môme
[...] Le môme a enfin souri, il avait rencontré une princesse aux nattes blanches et ça c'était bien passé, elle était contente de son portrait, il en était sûr. Et puis il avait réussi que ce soit bien elle, mais pas elle la vieille sur le fauteuil, elle la princesse du dedans, avec la plume d'or cachée dans un repli du coeur.

-Troisième partie- Trois -
-Chap20- p277 + 282+ 288 -
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Giacomo
[...] Quand il a écarté ses doigts, ma peine a coulé entre eux comme une fine pluie dorée, et elle s'est écrasée au sol en souriant. Sur la terre qui l'a bue, le lendemain, ont fleuri trois coquelicots.

Mlle B
[...] Chaque nuit, des yeux cloués de peau revenaient, comme dans mon adolescence, rôder dans ma chambre. C'était cette fois de tout petits yeux qui finissaient par s'entrouvrir, sans que je ne voie leur couleur, pour verser quelques larmes de sang.

Le môme
[...] le môme se remplit d'odeurs très fortes, qui se mangent ou qui font juste plaisir au nez, chocolat, herbe mouillée, odeurs violettes, bleues, argentées, terre humide, arbres d'hiver, fleurs rouges qu'il aime tant. Maintenant tous les gens sont debout, ils crient quelque chose qu'il ne comprend pas.

-Deuxième partie- Deux plus un -
-Chap 13 - p.181- 184 - 191-
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Giacomo
[...]Mon père faisait de son Auguste un bloc de maladresse et d'hilarité, toujours prêt à faire rire de lui, à plaisanter. Je voyais, quant à moi, mon clown comme un personnage parfois drôle, parfois tragique; plus que le rire, déjà petit, c'était la poésie des gestes et des mots qui m'intéressait.

Mlle B.
[...] Le blanc brillant se retira peu à peu durant les jours qui suivirent, et il m'était égal le petit filet de salive qui coulait de ma bouche que je ne savais pas fermer, égales aussi les remarques de la maîtresse pour que je regarde ses yeux quand elle m'interrogeait, égales les moqueries des enfants parce que je n'y arrivais pas. Se rend-on compte de la violence qu'on inflige à quelqu'un, en le forçant à vous regarder, à entrer en contact, frontalement, avec vos yeux, votre visage, alors que depuis des années on l'a enjoint de n'en rien faire, alors qu'il n'a jamais pu comprendre qu'il avait aussi un visage ?

Le môme
[...] La lumière se verse peu à peu sur le terrain vague. Il attend toute la journée. Il ne s'abrite pas quand les gouttes d'eau arrivent du ciel, il n'ouvre pas la bouche pour les boire comme il fait d'habitude. Il est assis sans rien faire, l'oeil fixe, le ventre tordu, la peau hérissée. La nuit à son tour dégouline tout autour de lui.

-Première Partie-Un plus un plus un-
-Chap 2- p.25+28+34-
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« Je ne m’en sentais pas personnellement flatté, mais plutôt soulagé, comme lorsque, après un massage cardiaque, on entend les premiers coups lointains du cœur qui s’est décidé à repartir. (Giacomo) »
L’attente du soir - Tatiana Arfel
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Je voudrais dire encore quelques mots de lui dont je n'ai pas parlé, tant les êtres chers vous paraissent aussi naturels que le soleil sur votre front, jusqu'à ce qu'il pleuve.
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L’attente du soir est un livre d'une poésie rare poétique qui m’a happé, remué jusqu’au tréfonds de moi-même, jusqu’à la blancheur des os, une mise à nu de mes émotions.
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Il posa sa main sur la mienne et je fis grand effort pour ne pas la retirer. Il m'a appela ma petite et me parla longtemps. Je regardais ses yeux gentils, sa bouche amincie par l'âge qui disait des paroles bienveillantes, et chaque parole me forait le coeur, je ne pouvais pas supporter tant de douceur d'un coup. On ne peut gaver un homme qui a longtemps été sous-alimenté, sans le tuer.
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Qui décide des couleurs sinon l'oeil, sinon le regard ? eh bien le regard, on ne 'avait pas posé sur moi, jamais, je l'ai assez répété et je ne m'en lamente pas, et sans regard je n'avais pas pris vie, je restais un pantin de bois, et c'était bien trop tard maintenant.
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Le môme s'endort chaque soir dans une roulotte peuplée d'inconnus connus, de reconnaissances chuchotées, de petits sourires, et chaque soir, son coeur est jaune des gens à rencontrer, à faire sortir d'eux-mêmes, à peindre, à laisser partie dans le soir qui vient, leur paquet sous le bras, le dos moins courbé et les pieds prêts à danser.
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En fait, maintenant que le môme avait le temps, qu'il avait de quoi manger, qu'il était entouré de gentilles choses et de gentilles personnes, il voulait que ses peintures ne soient plus seulement comme crier : qu'elles soient comme parler.
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Il fallait sortir, il fallait de la lumière et des choses claires, u fallait se débarrasser de cet onirisme comme de la boue sur des chaussures et reprendre pied. Le trouble et l'abandon ne doivent pas être déposés dans tous les coeurs. Il n'y a personne pour vous en relever après. Dehors, la nuit était déjà là.
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J'étais comme toujours à côté du monde, à regarder les autres regarder la scène, j'étais dans un cercle à part, seule, un troisième cercle après la lumière brute de la scène et l'ombre rassurante des vrais fauteuils. Mon fauteuil à mo était dans ma tête, flou, surnuméraire et transportable n'importe où, dernière étape avant le cercle des tombes.
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Naturellement, comme je l'ai dit, je n'ai pas eu d'enfant, et je souffrais beaucoup d'être le dernier point d'une lignée qui butait sur moi comme sur une pierre stérile. Il est bon d'avoir avant, après vous, comme au long d'une cordelette d'argent, des êtres qui vous préparent et vous continuent. Sans quoi, vous êtes tout simplement rejeté hors du temps, comme une unité sans lien, une branche qui ne portera jamais de bourgeon : vous êtes une monstrueuse impasse. On aura, je l'espère, bien compris que je ne parle pas de filiation biologique, cette imposture, mais de la vraie filiation, celle du coeur et de la poésie.
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... l'enfant et moi étions chacun es morceaux d'un pont démoli, ce pont, il fallait le reconstituer pour que la poésie le traverse et que le spectacle continue.
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Je crois qu'on devrait choisir chacun son nom et ne le dire à personne, libre aux autres ensuite de vous appeler comme ils l'entendent, de mettre ce qu'ils veulent dans les quelques syllabes dont ils usent à votre égard. Pourquoi les parents seraient-ils les seuls à donner un nom ? Pourquoi les parents auraient-ils le droit de limiter le champ infini des noms possibles, sans que l'on puisse protester.
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Quand il a écarté ses doigts, ma peine a coulé entre eux comme une fine pluie dorée, et elle s'est écrasée au sol en souriant. Sur la terre qui l'a bue, le lendemain, ont fleuri trois coquelicots.
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Au bout du cordon de mon ventre, il n'y avait pas un enfant, mais le monde en entier, qui m'avait été refusé jusqu'alors, et qu'on m'offrait sur un plateau de chair, ma propre chair, qui allait lui permettre d'exister.
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Je ne renie aucun pouvoir de la poésie qui est toute ma vie, cependant j'ai connu là ses limites : dans l'attente anxieuse, le froid, les privations, la poésie n'agit qu'un temps restreint, comme un charme. Quand on se retrouve seul, quand le ventre grogne de nouveau, quand les mauvaises nouvelles s'entassent les unes sur les autres, elle s'évapore en ne laissant pas même derrière elle une buée sucrée.
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Mon corps continuait d'aller aux cours règlementaires, de sortir de classe au son de la cloche, et cependant il était sans nerf, mes yeux sans regard et mon coeur sans émoi.
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