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Critiques de Tatiana Arfel (55)
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L'Attente du soir

Trois personnages, blessés par la vie, trois histoires en parallèle. Giacomo, l'homme de cirque. Mlle B, une jeune femme sous emprise de ses parents, délaissée, mal dans sa peau, malheureuse comme une pierre, infiniment seule. Et puis il y a le môme, abandonné, qui ne connait aucun mot et qui décrit les choses tel qu'il les voit, les sent, avec les couleurs de l'âme.

Aucun dialogue. Trois personnages, trois chapitres successifs concernant chacun et puis on recommence. Chacun avance dans sa vie. On a envie que ces trois-là se rencontrent. On accélère la lecture pour se rapprocher de ce moment au plus vite mais on freine aussitôt pour profiter pleinement de la qualité d'écriture de l'auteur. Les textes sont beaux, les choses souvent magnifiquement dites, tout en périphrases élégantes de ceux qui savent regarder, sentir et dirent leurs impressions ou leurs sentiments de belle manière.

Magnifique premier roman tout en finesse, en poésie, en sensibilité. L'auteur nous montre sa passion pour les mots, elle va au plus profond des êtres. Ce livre est un coup de cœur.
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L'Attente du soir

♫Plus gris que le gris de ma vie, rien ne serait plus gris, pas même un ciel de pluie

Plus noir que le noir de mon coeur, la terre en profondeur n'aurait pas sa noirceur♫

- Edith Piaf - 1951 -

Reprise - Aznavour/Piaf virtuelle- 1997 -

---♪---♫---🎪---🎨---🎪---♫---♪---



C'est assez difficile à expliquer !

Deux gris qui se rencontrent ça fait toujours du gris

La femme éteinte venait du dehors, le salon gris du dedans de lui

Elle ne lève jamais les yeux , ne rencontre jamais son reflet

La mère même en furie ne s'en approche pas

Soupirs sans regards sont ses premiers souvenirs

Ce qui manque, pas toujours on ne le voit

Les émotions s'épuisent à force de ne pouvoir se dire

Vague à l'âme, terrain vague

On peut manger des herbes et sucer des cailloux

La peur devient aussi gris marron que le carré de boue

Mémoire jaune, rouge le matin, le soir avec ou sans soleil

Sensationnel, sous les gouttes d'eau du ciel

Blanc brillant, poudre d'argent

Une bouteille qui casse, le temps qui passe

Violence d'une bourrasque

Du rouge qui bouge, poésie des gestes et des mots

De quelle couleur est le diable noir fluo !?

Vite récitater de la table de multiplication

Sublimer la couleur des émotions

et peindre les odeurs des sentiments

Tous là bien réels, dépouillés du gris quotidien,

mais complètement différents

Au rang des apparences, c'est la plus accessoire

Le blanc, le jaune, le noir, la couleur miroir

Nous vivons en exilés sans point de départ ni d'arrivée

Le temps est compté et l'on s'accroche à chaque seconde sans pour autant jamais la rencontrer !

Il n'y a pas de présent

Tenir la peine à distance de ceux qu'on aime

sous le seul prétexte qu'on les aime !

Se remettre en coulisse

une âme reprend un nouveau tour de piste

Laissez-le rester Saltimbanque.

Il aime la lumière et le feu,

Les tours et les mots dangereux

Jamais il manque.

Son numéro n'est pas fameux.

Il est merveilleux... ⭐⭐⭐⭐⭐

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L'Attente du soir

J'étais pris dedans pendant toute une partie du livre de manière overdramatique vraiment je lisais dans le métro (déjà main character vibe) et je devais prendre des pauses à des moments tellement c'était intense (no spoil cependant les potes) et y a dautres parties où j'étais moins dedans c'est pas une dinguerie ça ? Allez je vous laisse gros bisous
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L'Attente du soir

Il y a des livres comme ça, qui vous happent du début à la fin, des livres où tant l'écriture que l'histoire et les personnages vous accrochent le cœur. Il y a des livres auxquels on s'attache, qu'on ne parvient pas à lâcher avant d'en avoir lu la dernière ligne, des livres que l'on voudrait recommencer sitôt qu'on les a fini. L'attente du soir, pour moi, fait partie de ces livres-là.



On y rencontre trois personnages, en marge de la société, trois personnages très différents et tous aussi touchants les uns que les autres, qui, en principe n'aurait jamais dû avoir de lien ente eux. Il y a Giacomo, le clown blanc, poursuivi par le Sort, qui aime voir fleurir les sourires des enfants sous le chapiteau de son cirque. Il y a Mademoiselle B., qui, faute d'avoir été regardée par ses parents, par son entourage, a appris à se rendre invisible. Et il y a le Môme, enfant abandonné sur un terrain vague qui voit le monde à travers les couleurs et qui, s'il lui manque les mots, s'exprime par la peinture. Trois personnages hors norme, trois personnages solitaires et malheureux qui pourtant, s'accrochent à la vie.



Il y en a de la souffrance dans ce livre, il y en a de la solitude. Et pourtant, c'est un livre empreint d'une grande beauté, un livre qui fait appel aux sens, un livre plein de poésie où des touches de lumière viennent percer la noirceur.



Je pourrais en parler pendant longtemps mais comme je ne veux pas trop en dire, je m'arrête là.



Un grand, grand coup de cœur!
Lien : http://tantquilyauradeslivre..
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L'Attente du soir

Découverte de hasard, ce livre est de ceux qui resteront graves longtemps dans ma mémoire.

Trois personnages, trois marginaux, écorchés de la vie qui tour à tour dessinent leur chemin pour nous permettre de les suivre.

Cette construction sans aucun dialogue direct donne une grande force au texte.

Un roman dur, fort et envoûtant que l’on quitte à regret.
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L'Attente du soir

L’attente du soir est un puzzle. Des morceaux de vie, tout d’abord épars, composent ce roman. Morceaux d’émotions colorés, odorants ou malodorants, pièces de puzzle incolores ou constitués d’une lumière éblouissante.

L’attente du soir, ce sont des enfances, des êtres hors du monde, mais non hors d’atteinte, sans lien (ou si peu) avec le réel. Blessés, abandonnés, ou aux souvenirs flottants.



Dans L’attente du soir, alternent les voix. Quand Giacomo finit de parler, Mlle B. prend sa suite, puis c’est Le môme qui raconte. Quand l’un a terminé, je me jette avec avidité sur le dit du suivant, hési-tant à passer par-dessus sa parole pour conserver le lien qui s’est noué entre moi, lectrice et ce personnage, tant leurs chants m’appellent.



Puissance de l’amour et de la haine ; Mlle B. est élevée non pas sous, mais sans le regard de sa mère. Le môme grandit totalement seul, isolé de tous. Giacomo, s’il reçoit l’amour de ses parents, vit dans le vase clos d’un cirque.



L’attente du soir est un livre d’une poésie rare qui m’a happé, remué jusqu’au tréfonds de moi-même, jusqu’à la blancheur des os, une mise à nu de mes émotions. Un roman bouleversant. J’y pensais le jour, il peuplait mes nuits, me réveillait, et j’étais heureuse de le retrouver pendant mes insomnies.



Je n’avais pas envie de le poser, la tension et l’attention montent crescendo. La fin arrive, très sub-tile, presque comme une évidence que je me refusais pourtant à imaginer par avance. Ce livre n’est pas un roman, c’est un tableau dévoilé, éclairé peu à peu jusqu’à l’apothéose de la conclu-sion. La transmission est au cœur de cet ouvrage.



L’attente du soir est un livre que j’aurai aimé savoir écrire. À la lecture, de tout ce blanc glacé, de ce rouge profond et de ce gris fumé, palimpseste imperceptiblement révélé, la transparence est ve-nue se poser devant mes yeux.

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L'Attente du soir

J'adore !



STOP ! STOP ! : Ceci est vraiment un premier roman ?!!

Quel brio, quelle maîtrise. Pas une phrase n'est faiblichonne, pas une phrase ne pâlit la puissance de ce texte. Tout s'enchaîne, juste, précis. Et, même si j'ai vite compris ce à quoi il risquait d'aboutir, j'ai été pris. Oui, j'ai adoré ces sensations pulsées, peintes, criées, décrites. La force de la misère, la violence d'un quotidien glacial, la survie, le deuil, les lumières, les sons, les odeurs, et ces couleurs... Ces contrastes et contraires et ces êtres si violemment contrariés.

Trois désespoirs, l'un est dur, l'autre est très dur, le dernier est encore pire. Ils sont bien évidemment incroyables et en même temps, on a déjà vu ça, dans la réalité-même. On n'arrive pas à y croire. Et pourtant.

Je dois dire qu'en plus je n'aime pas les cirques, les clowns, je trouve moches les caniches : Tatiana Arfel parvient à me les sublimer.

Par de nombreux biais, points de vue, images et mots, l'auteure touche des cordes en moi sensibles, ça frappe même, ça éponge, ça crisse, ça crie, ça décrie, ça brosse sec à la paille de fer, ça suce l'âme... La fin reste une suite à écrire dans sa vie à soi. Parce que le livre s'arrête et que, oui, tout reste à écrire.



Je suis impressionné. Je suis admiratif. Je loue. Je bénis. Je remercie.

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Les Inconfiants

On m'avait dit du bien de cet ouvrage et je me suis dit que ce serait une bonne occasion pour sortir de ma zone de confiance.



Malheureusement, je n'ai pas adhéré. J'ai trouvé la lecture très compliquée et parfois je ne comprenais pas où l'auteure voulait m'emmener. Je n'ai pas pu le lire jusqu'au bout.



En revanche, les problèmes psychiques sont très bien amenés mais je n'ai pas adhéré à l'écriture.

Cet ouvrage n'était donc pas fait pour moi.
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L'Attente du soir

Mon coup de cœur émotionnel de l’année !!!

« L’attente du soir » est un récit poignant, avec des personnages qui t’alpaguent et que tu ne veux plus lâcher. On entre dans ce roman par l’émotion et la poésie, par cet univers fleurtant entre féérie et serrement de cœur. Un roman regorgeant de tant de qualités que je m’étonne qu’il n’ait pas rencontré plus de lecteurs depuis sa date de parution en 2009.

Ce roman c’est du Romain Gary, du Boris Vian et du « Sans famille » d’Hector Malot. C’est un conte moderne sans se départir d’une critique sociale sur l’individualisme de notre société.



Ce récit raconte l’histoire de 3 marginaux :

Un vieux directeur de cirque, épris de liberté, de voyage, dont le seul objectif est de faire rêver et sourire les gens, les émouvoir par la magie du cirque, les étoiles et les parfums. Et leur apporter une petite touche de beauté et d’évasion dans leur quotidien.

‘’le môme’’ est un petit gamin seul, vivant dans un terrain vague, livré à lui-même, si petit qu’il ne sait pas parler, n’a pas appris le langage ni reçu les bases de l’éducation. L’enfant sauvage de l’histoire, le plus en marge de « la civilisation » des trois. Il se construit seul, se débrouille par lui-même, par instinct et -parce que sans référence sociale ni familiale- il construit son propre univers, sa propre interprétation du monde et crée son propre langage de ce qui l’entoure.

Et enfin une jeune femme, Melle B., plus ancrée dans la société, mais invisible aux yeux des autres. La moins attachante probablement des trois parce que la plus grise et inerte.



Ce sont des personnages atypiques qui se ressemblent par leur solitude, des parcours difficiles, des blessures, le cœur souvent trop lourd. Et si tous les trois avancent dans la vie un peu différemment, c’est avant tout en fonction du ciment de leur enfance qui les a fait grandir.



On découvre sous la plume de cette auteure une palette de poésie, d’imaginaire, de sensibilité incontestables. Tatiana Arfel joue avec les mots et les sensations. Elle sait puiser au fond du cœur, au fond des âmes pour n’en recueillir que la substantifique moelle des personnages… En plus de cet écriture inventive, la pureté de ces êtres qu’elle nous fait découvrir explique sûrement la densité des émotions ressenties à leur côté et le fait qu’on s’attache si fortement à eux. Ils sont comme des diamants à l’état brut, des aimants vers qui on ne peut qu’être attirés. Sans qu’on y prenne garde, notre cœur s’écaille, craquèle et se laisse aller à l’émotion. Mais il ne faut pas croire que les 3 personnages soient naïfs. Ils portent un regard lucide et terriblement vrai sur la société. (La formation de psychologue et les stages en hôpital psychiatrique de l’auteure lui ont probablement permis de sculpter aussi bien ses personnages.)

J’ai tout simplement été envoutée par cette histoire. J’ai aimé retrouver tous les jours ces 3 personnages, les suivre, tantôt avec le sourire tant la poésie et l’imaginaire se dénichent à chaque page ; tantôt avec le cœur serré, emplie de tristesse face aux évènements qui parcellent leur chemin. J’étais écartelée entre la curiosité, l’envie de savoir ce qui allait leur arriver et le désir de ne pas aller trop vite pour savourer chaque mot, pour rester dans ce plaisir intense d’avoir entre les mains une petite pépite humaniste.

Si j’ai eu mes préférences pour l’enfant et Giacomo, c’est bien entendu parce que tous deux à leur manière, avec leur propre expression, sont des créateurs de beauté, des artistes qui ‘’badaboument’’ le cœur de ceux qui les entourent, en tout cas, de ceux qui savent ouvrir les yeux. Et croiser de tels personnages fait un bien fou au lecteur, comme s’ils lui enlevaient le voile terne devant les yeux, comme s’ils lui décrassaient le cœur.

C’est une histoire tellement marquante qu'on a une seule envie : la faire découvrir autour de soi.

L’auteure réussit finalement à faire comme Giacomo : à nous faire partager ces moments les plus intenses, mettre des étoiles dans notre quotidien par son imagination et sa sensibilité.

Un grand grand merci pour ces heures passées dans son univers !





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L'Attente du soir

Trois personnages en quête de bonheur.

Giacomo, clown triste et poète

Le Môme, petite chose abandonnée , sauvée par le dessin

Mlle B, jeune femme transparente et angoissée.

Dans la première partie, ces individus évoluent dans des milieux différents, un univers de solitude dans un camaïeu de gris.

Dans la seconde moitié du roman, un fil ténu lie les trois héros. les couleurs se réchauffent, le rouge du cirque, le bleu de l’ amitié, le vert de l’ espoir et le jaune éclatant de l’ amour.

l’ écriture est ciselée, poétique, la trame romanesque très bien maîtrisée.

un excellent premier roman.
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L'Attente du soir

Il y a Giacomo et son cirque qui sillonne les routes de France.

Clown triste et poétique au cœur débordant d'amour.

Un mélange de bonheur et de mélancolie.

C'est un magicien de la vie Giacomo.

Il y a le môme.

Enfant sauvage qui s'est élevé tout seul dans un terrain vague.

Il est attendrissant et pathétique.

Son histoire est poignante.

Il y a Mlle B.

Transparente à ses parents dans l'enfance, elle le restera dans la vie.

Son récit est désolant et désespérant et on peine à lui accorder de la sympathie tant elle est passive.

Quelle construction de récit bien proportionnée !

C'est une alternance des trois récits suffisamment longs pour nous satisfaire, suffisamment courts pour qu'on se replonge avec bonheur dans le suivant.

Avec le môme j'ai retrouvé le garçon de Marcus Malte..

La même émotion, la même admiration de l'écriture, belle et puissante.

C'est un premier roman magistral, parfaitement maîtrisé.

Bravo vraiment.
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L'Attente du soir

Il s'agit de trois histoires qui au final n'en font qu'une. Ce livre est d'une poésie, d'une finesse. Il faut le mériter car le début de ce roman est très déroutant ... Mais la récompense est au rendez vous. Les études de caractères sont tellement belles, fines, ciselées ... C'est un régal de lecture. Un conseil : prenez votre temps, soyez concentré pour lire ce magnifique roman, ça en vaut la peine. Bonne lecture !
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L'Attente du soir

Un livre, une auteure, quelques mots pour un souvenir de lecture...

Un petit livre blanc

Choisi au hasard

Cadeau de Noël banal

Les premières pages se tournent

Et c’est l’invention des mots

Une féérie de couleurs parfumées

Un arc-en-ciel ensoleillé

Des personnages extraordinaires

Une rencontre magnifique

Une force dans la fragilité

Un bonheur oublié

Une émotion présente à jamais

Là au bord du coeur

L’attente du soir

Tatiana Arfel

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Des clous

Une fois de plus, merci à Bookycooky à qui je dois d’avoir fait la rencontre avec ce roman singulier. Nous voici dans le milieu du travail, et dans ce qu’il y a de plus abject. Nous allons suivre surtout les six employés que le boss met en formation obligatoire. On apprend vite que le but est de les faire craquer pour éviter des licenciements qui coûteraient. Pourquoi ? La D.R.H. qui n’a pas pu faire des licenciements secs, la réceptionniste qui ne supporte pas les talons hauts, le cuisinier qui a mis du persil sur des plats, etc. Comment le formateur, au CV trafiqué, va-t-il s’en sortir ? Cela semble pousser à l’extrême, mais pourtant… Original et grinçant. Je me répète, mais où se cache la mine d’or de Bookycooky pour nous sortir des pépites pareilles ?
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Des clous

“Clou qui dépasse souvent rencontre marteau”.



Human tools est une compagnie internationale très cotée en bourse et qui vend du vent très cher, une parmi d'autres qui abondent sur le marché international.

Catherine, Francis, Rodolphe, Sonia, Marc, Laura y ont été recrutés parmi de très nombreux candidats, à travers des tests sophistiqués, où tout est calculé au millimètre près pour choisir les robots esclaves idéals qui contribueront à l'optimisation des objectifs, par conséquent des profits....et dans tout ça l'individu ?

Pas grand chose et pas grand choix, ils doivent s'y soumettre, car il y a enfants à nourrir, parents à aider, loyer à payer.....et ils sont vite interchangeables. Mais voilà ces six personnages sont devenus pour “cet organisme sain et fort”, du sang noir, il faut les saigner pour obtenir du sang clair, rouge et vif comme le reste de Human Tools. C'est ce que dit Frédéric Hautfort, PDG fondateur de Human Tools, le grrrrand Mr. Ego (“Human Tools c'est moi, d'abord, moi qui l'ai créé de mes mains et de mes idées uniques.”).



Tatiana Arfel, avec une liste catégorique et descriptive des personnages travaillant chez HT en préambule, donne tout de go le ton tragi-ironique de la situation :

Les non-conformes, “les clous“ qui dépassent, cités ci-dessus, qui posent et se posent trop de questions sur tout ce qui n'est pas éthique,

Les conformes, ceux qui sont déjà des robots et manipulateurs “ hyper intelligents”, les marteaux,

et Ceux à côté, les hors jeu.

Par le biais de méthodes importés des amerlocs au langage infesté de leur jargon américanisant, appelées “séminaires de remotivation” , les conformes prétendent vouloir « aider » les non-conformes à entrer dans le moule, au plus vite. Mais le but est tout autre, un Coup de Pouce au départ volontaire , plus simplement dit, virer sans payer d'indemnités.......Ce n'est que le début, dont je vous laisse découvrir la suite passionnante.



Bien qu'en parti, révoltant, ce livre nous rappelle avec beaucoup d'ironie, où nous en sommes aujourd'hui avec les conditions de travail dans les grandes entreprises dans les pays dit développés, où l'individu n'a aucune importance face à la concurrence féroce accentuée par la mondialisation. La prose sèche au rythme trépidant s'adapte parfaitement à ce monde sans âme, dont l'oxygène est la Peur et l'unique dieu, l'Argent. Ça me rappelle en mini scénario, les procédés copie collé des dictatures. Arfel a réussit le tour de force d'un récit polyphonique suffocant où la vacherie, la traîtrise, torture et manipulations psychologiques sont au max, nous offrant quand même une issue de secours que j'ai trouvé très intéressante avec un sprint final éblouissant, et une fin tout en douceur.

Un livre aussi qui relate très subtilement l'ambivalence chez l'homme, nos doutes, nos peurs, où se noient nos vrais personnalités (ou de ce qu'il en reste ), dans un monde qui tourne de plus en plus vite et où les vrais valeurs, l'honnêteté, la pudeur, le respect de soi et de l'autre.......deviennent de plus en plus désuets.

Une écrivaine dont j'ai croisé le chemin grâce à un ami babeliote. Sans aucun doute un ovni dans le paysage littéraire français que j'aimerais mieux connaître.



“C'est impossible, bien sûr de dépenser tant d'énergie pour abîmer les gens....non, non, ça ne peut pas exister .”

“Comment être dans chacun de mes pas ? Nous y serons, bientôt, dans nos pas. Nos pas à nous.”

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L'Attente du soir

D’un côté, se tient Giacomo, directeur du cirque éponyme, dresseur de caniches et compositeur de mélodies odorantes, qui a dû grandir en creux de la perte de ses parents. D’un autre, mademoiselle B. qui ne cesse depuis son enfance d’inexister, condamnée à une transparence qui oblitère son quotidien d’un voile gris, la laissant en marge de la vie, spectatrice d’un mouvement qui lui échappe. Et puis, il y a aussi le môme qui a grandi à l’ombre d’une décharge et qui s’est constitué avec la peinture un moyen de donner sens et vie au monde. Trois trajectoires brisées par l’abandon, trois dérélictions qui, pourtant, s’accrochent aux étoiles d’un ailleurs.



« L’attente du soir » est le premier roman de Tatiana Arfel. C’est un roman puissant, poignant et bouleversant à bien des titres. Ce roman choral obéit à une construction rigoureuse, chaque chapitre donnant la parole, dans un ordre immuable, aux trois personnages éborgnés par la vie. Trois voix se racontent, unies et disjointes par le deuil, la solitude, l’abandon. Trois voix qui narrent leurs blessures, les manques qui les brisent mais aussi les soudent en un bloc compact de vie.

Une écriture envoûtante se déploie, qui vient libérer la structure qui aurait pu être enfermante, emplie d’une créativité qui donne forme et puissance au contenu. Au fil des chapitres, et de leur construction itérative, l’intrigue progresse et déroule le cycle de trois existences, depuis l’enfance jusqu’à l’âge adulte, voire pour certains des personnages, la vieillesse. On s’attache d’emblée aux personnages, à la douceur avec laquelle l’auteur rend compte de leurs brisures. Les propos, écrits à hauteur de chacun, pourraient paraître mièvres. Il n’en est rien, tant la beauté du style, sa force poétique, sait traduire les maux de la solitude, l’abandon, la perte et le deuil et en donner des contours autres, qui ouvrent à une forme d’espérance.

Avec des mots et des phrases ourlés du souffle et de la respiration de la vie, l’auteur décrit page après page comment chacun, face à la dureté du monde, se construit son nid protecteur, un refuge douillet. Tout en plongeant en eux, Giacomo et le môme s’ouvrent aussi vers les autres, dans un élan et un don de soi que permet l’art. Mademoiselle B., quant à elle, reste le plus souvent dans la transparence avec elle-même et les autres, disjointe du monde, tandis que la possibilité d’un ailleurs va progressivement se faire jour.



Un roman long, ample, d’une écriture soignée à l’extrême, une lecture exigeante mais qu’on ne peut quitter tant qu’on n’a pas pris connaissance du terme. Bouleversant d’humanité.
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L'Attente du soir

Dense, coloré, en relief. Très bon trio de voix, livre bien construit
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Des clous

un roman effrayant et vivifiant
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L'Attente du soir

Un premier roman ambitieux découpé en trois parties, une partie pour chaque personnage principal du roman.

Giacomo, Melle B ou la femme grise et le môme.



Sans lien entre eux au premier abord, les fils vont bien entendu se tisser par la suite.



Les descriptions sont nombreuses et riches apportant un plus au roman.



Ce roman est riche de mots, de descriptions, forçant le lecteur à la réflexion, à l’interprétation à l'analyse aussi



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2800 minutes

Ce livre contient deux nouvelles, « Hand in cap » de Tatiana Arfel, « L'ombre des thuyas » de Sophie Bienvenu, issues de résidences d'écriture de 24 heures, respectivement dans une structure médico-sociale d'accompagnement pour adultes handicapés et dans un centre psychiatrique hospitalier pour adolescents. Un entretien avec leurs auteures suit chaque texte fictionnel.



Dans la nouvelle de Tatiana Arfel, le narrateur est un soignant « chevillé aux corps » qui, durant une journée de travail ordinaire dans la chaleur du plein été, s'occupe d'abord de sa propre mère, frappée par un AVC, puis d'une jeune fille paralysée suite à un accident de moto, ensuite d'un homme atteint de troubles obsessionnels compulsifs, et enfin d'un monsieur handicapé moteur de naissance, qui a fait, de la sensibilisation au handicap auprès des municipalités, des publics scolaires et des entreprises, son activité et sa vocation. Le texte alterne le point de vue, somme toute neutre, professionnel voire terne du soignant avec ceux, reproduits en italiques, des autres personnages, à l'exception de la mère. L'effet de contraste est parfois intéressant, saisissant surtout pour la jeune fille, dont on perçoit la haine de sa condition (cf. cit.) : quelques phrases m'ont fait penser, en moins intense, à un autre personnage de jeune fille hémiplégique d'une auteure que j'aime beaucoup aussi : Nelly Arcan dans son roman Paradis, clés en main.



« L'ombre des thuyas » de Sophie Bienvenu, qu'elle définit « de l'auto-fiction », figure l'effet projectif que provoque, sur la narratrice, la rencontre avec un adolescent aux yeux bleus interné pour violence, vis-à-vis de son ex-compagnon auquel la nouvelle s'adresse, en guise de lettre ouverte. Hormis la chute, assez fantastique, qui concerne l'adolescent, le récit consiste presque uniquement dans la remémoration des maltraitances maladives endurée par la narratrice durant leur rapport de couple. L'on peut donc considérer que la résidence littéraire a constitué, dans le cas de Sophie Bienvenu, l'inducteur d'un texte autobiographique.



Dans les deux cas, mon sentiment est que la nouvelle est un genre difficile, même pour des romanciers confirmés, et que mon intérêt personnel pour cette lecture, malgré la grande admiration que je voue à Tatiana Arfel, a résidé surtout dans les circonstances particulières et insolites de la composition.
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