Citations de Tayari Jones (95)
Ce calvaire n’aurait alors été qu’une histoire que nous lui aurions racontée plus tard, pour qu’il comprenne qu’il fallait être prudent quand on était un homme noir aux États-Unis. Lorsque nous avons décidé qu’il valait mieux avorter, d’une certaine manière, nous nous sommes résignés. Nous avons cessé de croire que je serais acquitté.
Mais en te perdant j’ai appris une chose au sujet de l’amour. Notre maison n’est pas simplement vide. Elle a été vidée. L’amour se crée une place dans ta vie, il se crée une place dans ton lit. À ton insu, il se crée une place dans ton corps, détourne tes vaisseaux sanguins, bat juste à côté de ton cœur. Et quand il part, il laisse un trou.
Avant de te rencontrer je ne me sentais pas seule. À présent je me sens si seule que je parle aux murs et chante pour le plafond.
En dépit de mon jeune âge, j'étais consciente que Raleigh était quelqu'un de bien, le meilleur des oncles, mais un oncle, ce n'était pas un papa. Un "nouveau papa", ça ne voulait rien dire. On en a un au départ, un point c'est tout.
Seule et enceinte, ma mère se savait en mauvaise posture. Et elle était consciente de l'injustice de la situation, car c'était elle qui se retrouvait coincée. James était rentré chez lui le coeur lourd, à n'en pas douter, car ce n'était pas un monstre. Mais il avait une femme et son repas du soir qui l'attendaient.
« J’ai un mauvais pressentiment, Roy. Rentrons à la maison. »
Ma femme était portée à l’exagération. Malgré tout, je sentais dans sa voix quelque chose qui ressemblait étrangement à de la peur.
« Qu’est-ce que c’est que cette histoire ?
– Je n’en sais rien. Rentrons, s’il te plaît.
– Et je suis censé raconter quoi à ma mère ? Tu te doutes bien qu’elle a mis les petits plats dans les grands.
– Rejette la responsabilité sur moi. Dis que tout est ma faute. »
Avec le recul, ça me fait penser à un film d’horreur, quand on se demande pourquoi les personnages s’entêtent à ignorer tous les avertissements. Si une voix spectrale te lance : TIRE-TOI, tu te tires. Sauf que, dans la vraie vie, on ne sait pas qu’on est dans un film d’horreur.
Je savais déjà que je ne retrouverais pas ma mère, ou du moins pas telle que je l’avais connue. Une mère brisée, ça ne se répare pas. Il reste toujours des fêlures, des angles ébréchés, des amas de colle séchée. Même si, à force de soins, elle retrouve l’aspect d’avant, elle ne sera jamais plus solide qu’une assiette fendue.
Une mère brisée, ça ne se répare pas. Il reste toujours des fêlures, des angles ébréchés, des amas de colle séchée. Même si, à force de soins, elle retrouve l’aspect d’avant, elle ne sera jamais plus solide qu’une assiette fendue.
La vérité est une chose étrange. Comme la pornographie, on la reconnaît quand on la voit.
« Il faut souffrir pour être belle. » Enfin, ce n’était pas comme si ça ne faisait pas mal d’être moche et pas motivée.
L’amour est un labyrinthe. Une fois qu’on y entre, on est pris au piège. Parfois, à force de faire des pieds et des mains, on parvient à s’en sortir, mais à quoi ça nous avance ?
Elle était capable de percer mes pensées les plus secrètes et je trouvais ça insupportable. L’intuition maternelle, selon elle, mais ce n’était pas seulement ça. Il y avait une véritable connexion entre nous. Aujourd’hui, même si les fils sont rouillés et le courant fluctuant, il y a toujours quelque chose.
Page 263 ce ne sont pas les liens du sang qui font une famille ; c’est le cercle qu’on se crée en se tenant fermement par la main
" Je sais que la taille, c'est la loterie, pourtant elle donnait l'impression d'avoir choisi cette altitude "
La vérité est toujours un réconfort, quels que soient les écueils.
Mais si je suis honnête, il y a des moments où je me sens coupable simplement parce que je peux vivre ma vie.