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Critiques de Kathrine Kressman Taylor (746)
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Inconnu à cette adresse

La perfection en 73 pages , remerciements et postface inclus .



En un peu moins de 20 lettres , cette nouvelle épistolaire , épurée à l'extrême , réussit le tour de force de passionner , toucher , attrister et surprendre un lecteur qui , finalement , n'y opposera qu'un seul bémol : sa brièveté !



Max Eisenstein – Martin Schulse .

Deux amis propriétaires d'une galerie d'art à San-Francisco .

Novembre 1932 , première missive de Max , d'origine juive , à son ami Martin , de retour à Munich .

L'entre-deux guerres laisse une Allemagne exsangue économiquement . Véritable terreau fertile pour qui saurait alors haranguer et galvaniser les foules désespérées désormais enclines aux solutions les plus extrêmes ! Ça vous rappelle quelqu'un ? Un indice pour vous qui êtes chez vous : il adorait les enfants...sic...

Deux visions antagonistes d'un nazisme balbutiant ses premières gammes et c'est une amitié qui va , non contente d'exploser en plein vol , se muer progressivement en aversion réciproque la plus profonde .

Deux intimes , véritables symboles d'une Histoire déjà en marche .



Tension maximale , final époustouflant , bonheur total !

Ce bouquin est un véritable condensé d'émotions qui , au pire devrait vous faire passer un excellent moment , au mieux , vous apparaître comme étant désormais incontournable !



Inconnu à cette adresse : à ne surtout pas retourner avant de l'avoir ouvert !!!
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Inconnu à cette adresse

Passionné par cette période trouble et effroyable (1930-1945) , "Inconnu à cette adresse" ne pouvait que m'intérésser. Ce texte épistolaire est à rajouter à la malheureuse et trop longue liste des livres montrant la folie nazie, mais tout aussi indispensable pour ne jamais oublier ce que folie peut provoquer. A travers cette correspondance entre Max Eisenstein (juif américain) et Martin Schulse (allemand), le récit montre comment l'amitié entre les deux hommes va voler en éclat devant l'aveuglement de Martin, faisant sienne les thèses abjects du national socialisme. Dans un texte très court et concis, cette amitié se transforme en haine viscérale. D'une incroyable intensité, le terrible glissement s'opère lettre après lettre comme une fatalité inéluctable. Taylor réussit un texte intemporel, fort et bouleversant.
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Inconnu à cette adresse

Les deux Allemands Max et Martin, associés marchands d’art installés en Californie, sont des amis de longue date. Lorsqu’en 1932 Martin retourne vivre à Munich, s’établit entre les deux hommes une correspondance d’abord assidue, puis de plus en plus espacée, à mesure que Max, de confession juive, constate l’emprise croissante de l’idéologie nazie sur son ami.





Inspirée de vraies lettres, cette nouvelle fit grand bruit lorsqu’elle parut en 1938, en pleine tension d’avant-guerre. Comment ne pas voir dans cette histoire une miniature du processus d’escalade menant à la seconde guerre mondiale, entre une Allemagne nazie de plus en plus belliqueuse et sûre d’elle, et des nations d’abord incrédules, bientôt contraintes à la confrontation violente une fois l’inconcevable avéré ? A l’époque de sa publication, un tel texte ne pouvait que sonner comme une terrible prémonition et soulever un raz-de-marée émotionnel chez ses lecteurs.





L’aspect le plus saisissant du récit réside sans doute dans le contraste entre sa formidable puissance et son extrême économie de moyens. L’échange de quelques lettres suffit à rendre claire et palpable une vérité, alors forcément pressentie, mais encore repoussée dans l’esprit du public. L’indifférente et désinvolte cruauté de Martin s’exprime en quatre mots lapidaires : « Ta sœur est morte ». La riposte de Max tient en quelques très courtes lettres, assassines au sens littéral du terme, qui laissent au lecteur le soin d’imaginer leurs tragiques conséquences. Sous la surface de chaque page se profilent ainsi des perspectives d’autant plus vertigineuses qu’elles laissent à notre intuition le soin de les sonder et de combler les pointillés.





Coup de maître donc que cette nouvelle, au point qu’elle fut jugée par l’éditeur et par l’époux de l’auteur comme « une histoire trop forte pour avoir été écrite par une femme », d'où le pseudo masculin Kressmann Taylor. Un texte choc, intemporel, dont les qualités m’ont irrésistiblement évoqué Stefan Zweig.


Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Inconnu à cette adresse

Un tout petit livre.

Quelques échanges de lettres entre l'ami Américain et l'ami Allemand.

La période : l'entre-deux guerre

Une amitié remise en cause. Une amitié brisée. Une amitié qui deviendra haine.

Une vengeance.

Ce livre se lit à une vitesse fulgurante. La puissance est impressionnante.

L'auteur, en quelques lignes, a réussi à mettre le point sur une situation qui, bien avant la guerre, était déjà horrible.

2 personnages, 2 ressentis, la question n'est même pas qui a raison ou qui a tort. Chacun a ses arguments, chacun a son libre arbitre... La question serait peut être : comment aurions nous réagi à la place de l'un ou de l'autre ?

Le livre refermé, je suis sans voix. Rien de plus à ajouter, et en même temps tellement d'interrogations, de pensées qui s'entrechoquent.

J'ai encore pris une claque face à ce pan de l'Histoire...
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Inconnu à cette adresse

Entre 1932 et 1934, Max et Martin s’écrivent, entre l’Allemagne et les États-Unis.

Martin, l’ami allemand pense que l’avenir s’élance vers son peuple telle une vague prête à déferler. Il faut bouger. Il choisit de le faire dans le sens de la vague et non à contre- courant. Il se laisse convaincre que la finalité de ce mouvement est juste, malgré ses doutes au départ.



Le grand mouvement est en marche. « La petite écume trouble qui se forme en surface quand bout le chaudron d’un grand mouvement…le résidu malpropre d’une révolution », passe par-dessus bord, submerge le pays, entrainant avec elle la folie d’hommes électrisés par les paroles d’un fou.



Martin est de ceux-là. Pourquoi n’a-t-il pas nagé à contre –courant, quitte à se noyer dans sa lutte ?

Comment un homme peut-il se laisser à ce point transformer en homme approuvant des actes ignobles, des paroles monstrueuses et insensées ?



Dans cet échange de lettres entre Max le juif, et Martin l’allemand, on voit se dérouler une tragédie, un tsunami inéluctable. Aux mots froids et cruels de Martin qui assassinent leur amitié, qui piétinent la sœur de Max comme une souillure, Max répond par d’autres mots, plus subtils, mais non moins efficaces. Max n’a plus que ces mots dans ces lettres pour se défendre, pour venger sa sœur, pour effacer cet homme, en faire un « inconnu à cette adresse ».



Roman épistolaire bref et percutant, suivi des faits historiques qui décrivent cette période de l'histoire qu'il ne faut pas oublier, pour que la vague ne se reforme pas.

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Inconnu à cette adresse

Une courte mais grande nouvelle, inconnue à cette adresse pendant 40 ans.



En voulant lire « Si c’était un homme » de Primo Lévi, un proche m’a recommandé de découvrir « Inconnu à cette adresse » de K. Kressman Taylor, journaliste d’origine allemande mais citoyenne américaine. L’auteur rédige cette nouvelle en 1938, sous un nom masculin, plus vendeur à l’époque pour l’éditeur parait-il. Elle dit avoir eu cette inspiration à la suite de lettres d’américains, dont le contenu était censuré, envoyées en Allemagne avant la guerre 39-45, mettant en danger les citoyens allemands recevant ces mêmes lettres.

J’ai été surpris de constater qu’ « Inconnu à cette adresse » avait connu une traversée du désert pendant 40 ans après la seconde guerre mondiale et ce jusqu’en 1995, date de sa réédition. La société ré-éditrice pensait même que K. Kressman Taylor était décédée, c’est pour dire.



Cette nouvelle est donc construite uniquement sous forme d'échange de lettres entre un américain juif, Max Eisenstein et un allemand, Martin Schulse, ayant vécus ensemble aux Etats-Unis pour créer une galerie d’arts. L’échange démarre en novembre 1932 lorsque Martin est rentré dans son pays et qu’Hitler va accéder au pouvoir, mettant fin à la république de Weimar. A vous de découvrir la suite…



Nouvelle éditée au rayon jeunesse (précisément « historique adolescent » pour la version que j’ai lue), ce texte est bien entendu destiné à tout public intéressé par cette période trouble. On s’attarde sur la plume magnifique de l’auteur dans les deux premières lettres et le contenu prend le dessus par la suite, jusqu’à ce dernier courrier qui aurait mérité de ne pas être traduit en français.



Très rapidement, j’ai établi un parallèle avec « La liste de Schindler », roman historique écrit par l'Australien Thomas Keneally qui relate l’histoire d'Oskar Schindler, un allemand membre du Parti nazi, qui a sauvé plus d’un millier de juifs du camp de concentration de Płaszów en Pologne. La question ambiguë posée était comment peut-on agir contre la barbarie du nazisme tout en étant membre du parti ? Martin s’est-il posé la question le jour où il a ouvert sa porte à une jeune femme, pas inconnue, en novembre 1933, ce jour où tout a basculé ?



Si on lit parfois des ouvrages pendant un mois que l’on oublie dans la foulée, il est certain que cette lecture d’une heure me hantera quelques années encore. La dernière image du livre, avec l’entrée dans le camp de Birkenau II, a fini par m’achever. Suite à mon voyage en Pologne (1), j’ai rêvé pendant des années de ces rails, longeant la route venant d’Auschwitz (Oswiciem en polonais) et traversant le camp de Birkenau. Cette image réelle a été, pour ma part, bien plus forte que la visite du camp de Mauthausen en Autriche, beaucoup plus évocatrice en tout cas pour imaginer le pire…



Pour terminer sur la nouvelle « Inconnu à cette adresse », un texte à lire absolument d’une puissance dévastatrice, comme cette image furtive du camp de Birkenau II.



(1) Je raconte quelques épisodes de mon voyage avec mon grand-père, déporté durant la guerre, dans la critique de la « Liste de schindler ».

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Inconnu à cette adresse

Cette nouvelle illustre parfaitement la parabole de la grenouille ébouillantée : une grenouille plongée dans une casserole d’eau bouillante se dépêche d’en sortir. En revanche, si on la met dans une casserole d’eau froide que l’on fait chauffer lentement jusqu’à ébullition,la grenouille s’habitue petit à petit à la chaleur et n’essaye pas de s’échapper.



La grenouille c’est Martin Schulse qui, après des années aux USA, rentre en Allemagne à l’automne 1932. Martin, négociant d’oeuvres d’art, est cultivé, fortuné, libéral et démocrate.

En novembre 1932, l’eau est à 10 degrés… mais chauffe, lentement, surement, inexorablement au rythme de 2 degrés par semaine …

En mars 1933, Martin écrit à Max Eisenstein, son ancien associé, un juif américain « je crois qu’à nombre d’égards Hitler est bon pour l’Allemagne »

En juillet, Martin précise à Max « la race juive est une plaie ouverte pour toute nation qui lui a donné refuge. (…) je t’ai aimé non à cause de ta race, mais malgré elle ».

En aout, Martin proclame « Moi un libéral américain ? jamais ! Un patriote allemand » « Nous ne sommes plus en sympathie, tu devrais t’en rendre compte »

En décembre 1933, Martin achève « Heil Hitler ! (…) ta soeur est morte (…) elle est arrivée ici (…) en tant que patriote, je devais la retenir et la remettre sur le champ aux SA »



En un an, la température de l’eau s’est élevée lentement de 10 à 100 degrés, et le citoyen modèle Martin Schulse, devenu un parfait exécutant nazi, est complice du meurtre de Griselle la soeur de Max Eisenstein.



La vengeance de Max sera aussi intelligente que redoutable …



Fable intemporelle, « Inconnu à cette adresse » mérite d’être lu et relu car ce mécanisme insidieux et progressif est celui qui restreint nos libertés fondamentales sous le prétexte de lutte contre le terrorisme, de risque sanitaire hier ou des jeux olympiques demain.



Comment ne pas évoquer les soignants interdits d’exercer (« inconnus à cette adresse ») pour avoir refusé de servir de cobaye en testant des vaccins expérimentaux ?



La nouvelle de Kressmann Taylor n’illustre pas seulement les heures les plus sombres de histoire, elle prophétise le modèle social « chinois » qui inspire nos dirigeants dans leurs politiques sécuritaires. Modèle contesté et combattu actuellement aussi bien à Kaboul, à Pékin ou à Téhéran.



A chacun de décider s’il se range aux cotés de Max Eisenstein ou de Martin Schulse.
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Inconnu à cette adresse

On a dit d'elle que c'était la nouvelle parfaite.

Deux hommes, deux amis propriétaires d'une galerie d'art, échangent des lettres après que l'un d'eux a quitté San Francisco pour retourner vivre en Allemagne. Nous sommes en 1933, Hitler a gagné les élections et le régime nazi se met en place.



Après une période de doute sur l'action d'Hitler, Martin Schulse, maintenant installé à Munich, est convaincu du bien fondé de l'antisémitisme. Logiquement, son fanatisme précipite la fin de son amitié avec son associé juif, Max Eisenstein, qui imagine une réponse à la hauteur de la trahison.



Dans ce remarquable roman épistolaire conçu à partir de lettres existantes, Kathrine Kressman Taylor fait preuve d'une lucidité et d'un jugement visionnaire étonnants quant à l'évolution du régime nazi. Elle est une voix essentielle qui s'est élevée pour prévenir du danger qu'il représentait. Nancy Huston, dans la postface, déplore qu'elle n'ait pas été entendue, et conclut : « Mais personne ne s'attend à ce qu'une fiction, n'est-ce pas, puisse changer le cours de l'Histoire… ?

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Inconnu à cette adresse

Un roman très court (49 pages au format numérique, couverture incluse) qui se lit "d'une traite".

C'est typiquement le genre de lecture à côté de laquelle je serais passé sans Babelio et l'enthousiasme des lecteurs car assez loin de mes lectures habituelles.

J'ai globalement bien aimé, c'est une lecture intéressante à commenter car elle a suscité plusieurs ressentis différents en moi.

En fait si j'ai aimé le fond, j'ai trouvé la forme assez peu subtile à commencer par la dégradation des rapports épistolaires qui aurait pu être plus progressive, moins brutale.

Ensuite les trois personnages principaux sont très caricaturaux, le cynisme hallucinant de Martin, la naïveté confondante de Max et l'insouciance extrême de Griselle sont très marqués.

Je ne donnerais pas d'exemples ici pour ne rester que sur le ressenti et surtout ne rien dévoiler.

J'ai donc été un peu dubitatif lors de la première partie du récit, comment une telle amitié peut-elle se désintégrer de cette façon ?

Je ne perds pas de vue que le contexte de cette nouvelle aborde un sujet grave traité par l'auteure de façon prémonitoire, j'ai juste trouvé les ficelles un peu grosses.

La deuxième partie du récit m'a scotché, elle arrive sans préavis et fait basculer cette histoire dans le roman noir, la vengeance est un plat qui se mange froid et nous allons avoir une belle démonstration de la loi du Talion, tout en finesse cette fois.

Là encore j'ai trouvé la réaction de Martin assez caricaturale, la morale de l'histoire étant alors fortement appuyée, voire martelée pour une fin brillamment conclue.

Pour conclure j'ai beaucoup aimé, avec le regret que les sentiments soient restés à un stade plutôt basique, peut-être les limites du format de la nouvelle, en tout cas c'est malgré tout incontournable, surtout que ça se lit très vite.

Aucune excuse de passer à côté !
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Inconnu à cette adresse

*Concision parfaite*



Inconnu à cette adresse n'est pas à proprement parler un roman. C'est une nouvelle épistolaire de 46 pages avec beaucoup de blancs. Ca se lit en 20 minutes top chrono... et pour ceux qui sont passés à côté, vous pouvez franchement prendre vos 20 minutes pour lire cette perle.



Que nous raconte Kathrine Kressmann dans ce bouquin ? La montée du nazisme dans les années 30-40, vue par les yeux des deux protagonistes, émigrés allemands aux Etats-Unis dont l'un retourne vivre en Allemagne en 1932. Celui qui reste aux States est juif. Amis, presque frères, au début du roman, le discours d'Hitler a tellement d'emprise sur celui qui est rentré qu'il en arrive à renier son amitié... voire même à ne plus se montrer humain envers les gens qu'il a pourtant aimés. S'ensuit une subtile et magnifique vengeance machiavélique à souhait.

Par chez moi on dirait "El bac finit toudi par rqueyi sur le pourchau » (mais vu que je suis sympa, je vous fait la traduction en bon françois « Une auge finit toujours par se retourner sur le cochon »)



A lire, car c'est un monument... ok un petit monument, mais un monument quand même.





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Inconnu à cette adresse

'Plus c'est long, plus c'est bon' ? En matière de littérature pas forcément, comme le montre cette magistrale et astucieuse nouvelle épistolaire de même pas 70 pages qui raconte avec brio et émotion la montée du nazisme en Allemagne de 1932 à 1934, par le prisme de la relation entre Martin l'Allemand et Max le Juif.



Au début, Martin et Max sont associés dans leur galerie Schulse-Eisenstein de San Francisco et très amis ; Martin est retourné en Allemagne pour y élever ses nombreux enfants, il se décrit comme libéral et fervent partisan de Hindenbourg... puis insidieusement de son nouveau chancelier si charismatique et si énergique Adolf Hitler... jusqu'à adhérer complètement à l'idéologie nazie et à renier à ce titre son amitié avec Max, et bien plus encore. 



Le récit est bien mené, percutant et très intéressant, le dossier intégré à la version 'Etonnants classiques' l'est tout autant (malgré un spoiler dans l'introduction !), avec des rappels chronologiques, des questions de réflexion, la comparaison avec d'autres textes de Zweig ou Primo Levi, un cahier photo, une notice biographique sur l'auteure Katherine Kressmann Taylor... Je le recommande donc sans réserve à tous, même aux petits lecteurs, et particulièrement aux adolescents...



Même si, petit bémol à mes yeux, l'œuvre aurait gagné à faire 100/150 pages de plus pour qu'on sente mieux les caractères, les enjeux et les émotions. Cela dit, je ne suis pas objective, car convaincue que, pour un bon livre, 'plus c'est long plus c'est bon'.
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Inconnu à cette adresse

1932, Deux amis vivant aux Etats-Unis se séparent : Max est resté en Amérique tandis que Martin a regagné l’Allemagne, nous informe la première lettre de Max. « C’est une Allemagne démocratique que tu retrouves, Une terre de culture ou une magnifique liberté politique est en train de s’instaurer » C’est ce qu’affirme Max. Nous ne sommes qu’en 1932 et une amitié éternelle semble unir les deux amis. Amitié menacée dès 1933, après la chute de la République de Weimar, par l’arrivée au pouvoir d’Hitler, qui s’atténuera et disparaîtra pour des raisons idéologiques, le national-socialisme faisant des ravages dans une certaine proportion de la population allemande.



Un écrit court mais poignant qui montre l’absurdité de la guerre et la façon dont le führer parvint à galvaniser les foules pars ses talents d’orateur pour les amener à accepter l’inacceptable. On observera l’attitude des deux hommes : incompréhension de Max, fanatisme grandissant de Martin s’accompagnant de la « haine du juif » prônée par le gouvernement.



Un roman épistolaire court mais efficace et complet que les professeurs d’histoire devraient étudier avec les élèves, certains le font certainement, pour en extraire de nombreuses connaissances sur cette terrible période.



Inconnu à cette adresse, affirma Kathrine Kressman Taylor, est fondé sur quelques lettres réellement écrites que l’auteur a choisi de romancer et de publier en 1938 dans Story Magazine, et qui connaîtra un tel engouement que le Reader digest le publiera à son tour. Un grand succès donc, aux Etats-Unis. Il est bien dommage de se dire que cette publication impensable dans l’Europe, sous le joug allemand aurait été de suite censurée.



C’est avec une énorme boule au ventre que j’ai parcouru cet écrit qui m’a rappelé Mon ami Frédéric et l’ami retrouvé, des écrits tout aussi poignants.
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Inconnu à cette adresse

J'ai longtemps tardé à rédiger une critique de ce livre épistolaire.

Besoin d'y réfléchir.

Ce livre m'avait été conseillé et prêté par une amie qui revendique fortement ses origines juives et n'hésite à mettre en avant ses convictions pro-israëliennes.

Cet échange épistolaire m'a énormément troublé. Point de vue intéressant sur la Shoah. Je crois qu'on n'en aura jamais fini, à juste titre, avec ce pan de l'Histoire.

C'est court mais très intense et ne laisse pas le lecteur indemne.
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Inconnu à cette adresse

Fulgurant et poignant.

Il n'aura suffi que de dix-huit lettres pour que la grande Histoire rattrape la petite.



Max Eisenstein (juif américain) et Martin Schulse (allemand) sont des amis de longue date associés dans une galerie d'art à San Francisco. La décision de Martin de retourner s'établir en Allemagne les amène tout naturellement à entamer une correspondance. Elle durera de novembre 1932 à mars 1934.



Au départ le ton est cordial… amical.

Mais il change inéluctablement à mesure qu'Hitler grimpe les marches du pouvoir.

Les courriers s'espacent, deviennent plus brefs.

Et la tension monte, monte, monte… comme la petite (grosse ?) bête.



Un échange à double tranchant férocement efficace, sur fond d'amitié… et d'endoctrinement, d'aveuglement, de trahison, de vengeance. Il est peut-être un peu trop schématique à mon gout mais c'est aussi entre les lignes, à demi-mots, qu'il puise sa force dévastatrice. Il faut dire que la construction, implacable, a de quoi nous faire sentir comme une grenouille placée dans un récipient dont l'eau serait lentement portée à ébullition.

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Inconnu à cette adresse

Deux protagonistes seulement, une vingtaine de courtes lettres, une poignée de mots échangés, à peine 80 pages.

Et paf : sans crier gare, on se prend une giga fessée littéraire. Beaucoup plus puissante que la claque, car forte de cet avantage non négligeable d'une masse corporelle plus conséquente pour frapper de plein fouet.



Fin 1932 à début 1934. Kathrine Kressmann Taylor retrace la correspondance entre deux amis, deux galéristes associés aux Etats-Unis : Max, juif resté à San Francisco, et Martin, allemand retourné vivre à Münich. Si dans un premier temps l'éloignement ne semble pas ternir l'amitié sincère et de longue date des deux hommes, il n'en sera pas de même quand l'Histoire se mettra en marche. Lorsque le régime nazi accompagné de toutes ses fielleuses douceurs s'installe perfidement dans la Deutschland des années 30, le ton change : tandis que Max s'inquiète de la montée en puissance d'un certain Hitler, Martin s'en félicite, y voyant un visionnaire porteur d'espoir et de renouveau pour l'Allemagne. Tout juste Auguste, encore un qu'a tout compris.



Chaque nouvelle missive est plus vigoureuse que la précédente, faisant monter une écrasante tension. L'animosité grandissante de Martin, virevoltant sur le fil de l'antisémitisme, ainsi que sa métamorphose en nazi convaincu sont fulgurantes, nauséeuses. Coupant court à l'alarmisme de Max et dévoilant un discours malveillant, il fera voler en éclats nauséabonds la belle amitié. Seule arme de Max contre la trahison : ses lettres.



Kathrine Kressmann Taylor met en scène le pouvoir des mots : la puissance de l'écriture devient une formidable et pernicieuse arme, figure de résistance active et avant-gardiste à la veille d'une guerre de la haine sans précédent.

L'auteure nous transporte de bout en bout dans une valse endiablée d'émotions jusqu'à l'étourdissement, avec un final inattendu, flamboyant. 



Moyennement emballée par les formats courts, et encore moins par les récits épistolaires, je me suis pourtant aventurée dans cette lecture, en ufologue éclairée, curieuse de l'aura de chef d'oeuvre planant sur le soi-disant ovni. Je pensais naïvement ouvrir un petit livre que j'aurais pu rapidement expédié aux oubliettes spacio-corticales de mon cerveau. Mais, oh surprise étonnamment surprenante, me voilà finalement à aboyer avec la meute sur l'indiscutable grandeur de l'oeuvre, jusqu'à embarquer Inconnu à cette adresse sur mon île déserte babéliote.

Rarement livre sur la portée de l'idéologie nazie ne m'aura autant abasourdie, troublée. Cette auteure m'a littéralement renversée, pour ne pas dire mise le ass par terre, par tant de force narrative, de subtilité et d'intensité en si peu de pages.



Une magistrale déculottée je vous dis.

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Inconnu à cette adresse

Kressman Taylor savait de quoi elle parlait lorsque, dès 1938 et de façon assez visionnaire, donc, elle écrivit « Inconnu à cette adresse », échange épistolaire entre un juif américain et un galeriste californien d'origine allemande retourné dans son pays et devenu antisémite : Kathrine « Kressmann » Taylor, d’origine allemande elle-même, avait été choquée par l'attitude antisémite d'anciens amis allemands de retour de Berlin, complètement contaminés par la maladie sévissant en Allemagne nazie.

C’est le caractère purement factuel qui fait la force de ce texte : aucune analyse, aucun jugement, les faits uniquement, ou comment Martin Schulse, endoctriné par la propagande antisémite nazie, renie progressivement la profonde amitié qui le lie à Max Eisenstein pour faire de celui-ci son Ennemi.

Démonstration implacable de la manipulation des esprits et de la facilité avec laquelle une doctrine barbare peut s’imposer à un esprit éclairé, « Inconnu à cette adresse » devrait être lu et relu pour rappeler et prévenir l’impensable.

Intéressant de noter que la puissance évocatrice de ce texte suggérait qu’il ne pouvait avoir été écrit par une femme, au point que Kathrine Taylor dut changer son prénom en Kressmann… le jugement étant une vertu donnée en apanage aux hommes uniquement !

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Inconnu à cette adresse

Max Eisenstein, juif américain et Martin Schulse, allemand, plus que des amis, sont des frères. Ensemble ils tiennent une galerie d’art à San Francisco, sont complémentaires au travail et entretiennent, dans le privé, des liens indéfectibles.

Quand, en 1932, Martin décide de retourner en Allemagne, l’éloignement ne change rien à cette amitié. Une correspondance assidue s’établit entre les deux hommes qui échangent, l’un sur sa nouvelle vie et la dure réalité de son pays mis à mal par la première guerre mondiale, l’autre sur les affaires toujours florissantes de la galerie.

Mais, l’Allemagne, lentement se relève de ses cendres, portée par l’énergie d’un homme qui donne à son peuple un but à atteindre et un coupable à blâmer. Si Martin est sceptique au début, il adhère au fil du temps aux thèses d’Hitler. Ses lettres s’espacent et il finit par trahir son ami de toujours, son frère…



Une nouvelle épistolaire époustouflante. Peu de pages mais qui contiennent tout le drame d’une période trouble qui a vu tout un peuple se jeter corps et âme dans l’aveuglement et l’antisémitisme.

Une amitié reniée, une trahison commise au nom du patriotisme, car finalement c’est peu de chose si l’on compare avec l’élan insufflé par Hitler, avec la renaissance de l’Allemagne qui retrouve sa dignité, qui se relève après avoir été humiliée. Avoir un ami juif devient une tache qu’il faut effacer…

Martin ne peut y croire et pourtant…

Sa vengeance sera insidieuse et subtile. Son arme : les mots. Des mots bien choisis pour compromettre ce frère qui n’en est plus un, pour détruire celui qui fut tout pour lui et qui n’est plus rien, moins que rien…

Un texte fort et poignant à lire, à relire, à faire lire.

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Inconnu à cette adresse

Max Eisenstein, juif américain et Martin Schulse, allemand, sont très liés. Ils ont même une galerie à leurs deux noms, aux Etats-Unis.



Martin repart en Allemagne avec toute sa petite famille.



Les deux amis s’écrivent très régulièrement.



Sauf que… nous sommes en 1933,



Sauf que… Hitler arrive au pouvoir,



Sauf que… Max se lance dans la politique,



Sauf que… Martin demande des explications à Max sur la situation en Allemagne et sur son engagement avec Hitler,



Sauf que… Max rejette Martin,



Sauf que… si vous voulez savoir la suite, plongez-vous dans ce roman. Un quart d’heure de lecture suffit. Vous ne le regretterez pas.



La puissance de ce petit livre d’une soixantaine de page est remarquable et époustouflante. On passe par toutes les émotions. Simplement, à travers 19 lettres on découvre le pire chez l’homme. Il ne laisse personne indifférent,



sauf… selon de quel côté vous vous positionnez…





Après deux saisons triomphales, 16 duos de comédiens prestigieux et 135 000 spectateurs, Inconnu à cette Adresse a été programmé au Théâtre Antoine.



La pièce a été récompensée aux Globes de Cristal 2013 Meilleure Pièce de Théâtre de l'année.

Inconnu à cette adresse a, également, triomphé au festival d'Avignon en 2013 et 2014.

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Inconnu à cette adresse

Cela fait quelques années que je donne ce livre à mes élèves. Il s’inscrit à la fois dans le cadre du cours de sciences humaines sur la montée du nazisme et dans celui de français sur le roman épistolaire. Chaque année, je suis heureusement surprise de voir à quel point mes élèves accrochent et se lancent dans de longs débats d’idées concernant la fin du livre.

Ce bref récit tout en finesse a été publié en 1938 pour la première fois. Visionnaire, il était loin d’envisager pourtant tout ce qui allait se passer ensuite.



Moins de vingt lettres suffisent pour nous raconter comment l’Histoire va s’insinuer entre deux amis d’enfance pour les séparer et changer leur vie à jamais. Se bornant aux événements, Kathrine Kressmann Taylor n’apporte aucune analyse ou commentaire à l’histoire. Elle nous livre des faits bruts et nous laisse le soin de les analyser nous-mêmes, de les comprendre, de les jauger. Les premières lettres sont chaleureuses, passionnées. Puis l’Histoire s’immisce entre Max et Martin et la fracture devient irréversible.

Fort, dense, machiavélique, ce roman secoue et ne laisse pas indifférent. Distillant quelques notions historiques et sociales à travers les échanges épistolaires des amis, il nous éclaire un peu sur la situation de l’Allemagne dans les années 30 et nous aide à comprendre. Mais comprendre est-ce pardonner ? Et quand la tragédie éclate, nous sommes renvoyés à nous-mêmes, à notre propre humanité. Qu’aurions-nous fait à la place de Martin ? A la place de Max ? Était-ce inéluctable ?

Pour moi, ce livre est un chef d’œuvre.

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Inconnu à cette adresse

Extraordinaire !



J’adore quand les potes de Babelio me font découvrir des pépites alors que je ne m’y attends pas. C’est le cas avec cette époustouflante nouvelle.

Il s’agit d’un échange épistolaire entre deux amis qui tiennent une galerie d’art à San Francisco. L’un, Max Eisenstein, est juif ; l’autre, Matin Schulse, est originaire d’Allemagne où il s’est réinstallé avec sa famille en 1932. On va voir l’échange évoluer avec l’arrivée au pouvoir de Hitler, passer de la franche amitié à la haine à peine camouflée.



C’est l’évolution idéologique de la famille Schulse qui fait froid dans le dos. Ils apprécient au début de voir l’Allemagne dirigée par un homme qui va enfin la tirer de sa misère, relever la tête et retrouver sa fierté perdue, considérant les exactions nazies comme des incidents isolés qui ne dureront pas. Puis on les voit entrer de plein pied dans le système national socialisme. On suppose avec Max qu’ils s’y sentent forcés afin de conserver leur position sociale, ne pas devenir parias de la nation, mais on comprend vite que l’embrigadement a en fait fonctionné à merveille. Ils sont convaincus. Le mot de « race » revient régulièrement dans les lettres de Martin.

La tragédie touchera Max, mais ce dernier réagira par une tactique étonnante qui montrera à Martin les limites de l’éclat nazi pour ceux qui s’y engagent.



Comme beaucoup de lecteurs j’imagine, mon premier réflexe a été d’être abasourdi par la contamination des Schulse par l’idéologie nazie. Inconsciemment, j’ai pensé que jamais au grand jamais je n’aurais sombré dans un tel piège. Mais est-ce si sûr ? Ai-je raison de penser que j‘aurais été plus immunisé que Martin devant la verroterie présentée par les nazis ? De me sentir plus fort que lui ?

Je crois que la vraie leçon est que personne n’est à l’abri de sombrer de la sorte. La manipulation peut prendre des formes diaboliques. Il faut rester sur ses gardes, éviter de se laisser emporter par les haines si facilement réveillées par un va-t-en-guerre ou une bande d’illuminés des réseaux sociaux.



Je remercie profondément Nadou38 pour m’avoir fait découvrir cette histoire.

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