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Critiques de Teju Cole (14)
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Open city

Un chirurgien métis déambule dans les rues de New York puis de Bruxelles. Il nous raconte sa vie et ses rencontres. Les villes sont bien décrites, mais je n'ai pas trouvé un grand intérêt à cette lecture.

C'est un récit introspectif, avec quelques réflexions intéressantes sur l'Amérique de l'époque, le racisme, la politique internationale (sur la Palestine en particulier)...

J'ai cependant été choquée à un certain moment par la froideur d'un aveu, le personnage principal n'éprouvant apparemment aucun remords pour un acte criminel accompli dans sa jeunesse.
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Open city

Julius est métis (père Nigérian – mère allemande). Il a passé les quinze premières années de sa vie au Niger puis a obtenu une bourse pour étudier aux Etats Unis. Il est interne en psychiatrie à New York. Il déambule dans New York en nous faisant part de ses réflexions, sur l’identité, sur la musique (Mahler), sur son ami d’origine japonaise Saito, sur la mort de son père, sur les conséquences du 11 septembre 2001, sur la place des musulmans aux Etats Unis, ou en Europe ou en Palestine…



Lors d’un séjour de 4 semaines à Bruxelles, à la recherche de sa grand- mère maternelle, il rencontre Farouk, un jeune Marocain avec qui il sympathise, il rencontre également une retraitée américaine, une tchèque avec qui il a une rapide liaison. Sans avoir retrouvé sa grand-mère, il revient à New York, où il reprend son travail et ses déambulations (errances ? ) : pique-nique à Central Parc, une exposition du photographe Munkacsi, concerts…..



Mes impressions : une livre très introspectif, beaucoup de réflexions et peu d’action : je dois dire être un peu restée en dehors de ce livre. Je n’ai pas toujours compris les enchaînements de sa pensée, les allers-retours entre présent et passé. Julius m’a paru à la fois sympathique puis complètement hors de la "vraie vie" et pour tout dire même un peu à la dérive. Je l’ai trouvé touchant par rapport à certains trous de mémoires , antipathique à d’autres moments.

Une impression de lecture très mitigée donc malgré des pages très belles.
Lien : http://lajumentverte.wordpre..
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Chaque jour appartient au voleur

Après quinze ans d’absence, le narrateur revient au pays, à Lagos au Nigeria et se retrouve confronté à la corruption et la violence généralisée.



Un récit empreint de tristesse et de colère devant un pays dépouillé de ses richesses et se débattant dans la misère où les pauvres rackettent les pauvres pendant que le pétrole s’exporte.



Un livre témoignage auquel je n’ai malheureusement pas accroché.
Lien : https://www.noid.ch/chaque-j..
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Open city

Fort bien traduit (Encore faudrait-il que je lise l'original ;-)



Très inspiré récit qui intrique royalement monologue intérieur et décors. Pondue par un intellectuel americano-yoruba, cette fresque humaniste impressionnante m'a embarqué derechef. Pourquoi ? Difficile à décrire précisément. Probablement parce qu'une proximité s'installe immédiatement avec un texte qui déroule les phrases et les endroits d'une façon telle que les multiples phases de cette aventure solipsiste se combinent avec un naturel déconcertant... toujours ancrées, parfois légèrement oniriques, brutales... analytiques. Bref, l'attention retombe rarement.



J'offrirai probablement ce bouquin à quelques personnes.



D'autres extraits, ci-dessous
Lien : https://filsdelapensee.ch/
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Open city

Déambulation spatio-temporelle en compagnie de Julius, un jeune Nigérian interne en psychiatrie. La promenade commence à Manhattan, puis nous emmène à Bruxelles et en Afrique. Les déambulations solitaires sont, pour Julius, un support à méditation et à rencontres. Ses soliloques permanents évoquent magnifiquement l’architecture, la sociologie et l’histoire des différents quartiers de New-York d’hier et d’aujourd’hui. La voix des esclaves venus d’Afrique par bateau dans les siècles passés font écho à celles des nouveaux immigrants arrivés clandestinement. Qu’ils soient jeunes ou vieux, américains de souche ou pas, éduqués ou non, toutes les personnes rencontrées donnent à voir un regard décalé sur les valeurs de l’Amérique contemporaine. Entre adhésion et rejet, la frontière est parfois fragile. Leurs paroles expriment également, en pointillé, leur très grande solitude dans cette mégapole grouillante de monde.

A travers tous ces récits, Teju Cole aborde, par petites touches, de nombreuses thématiques : la musique (classique et jazz surtout), la crise économique, notre société de gaspillage, mais aussi l’importance de l’amitié face à la complexité de l’amour, le poids des origines et les questions de l’identité, qu’elle soit collective ou individuelle, les racines de l’extrémisme politique ou religieux, la ligne étroite entre normalité et folie. De ce foisonnement émerge la question centrale de l’acceptation de soi et des autres. Plusieurs options sont présentées, aucune voie n’est privilégiée. Au lecteur de poursuivre sa réflexion.

Il faut également insister sur la beauté de l’écriture : simple, fluide, parfois poétique, avec un art incroyable du fondu enchaîné qui nous fait passer en quelques mots d’un café internet bruxellois à l’œuvre de Walter Benjamin, de la fraternité à une rixe.

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Open city

Il y a une chose que j’aime avec Denoël, c’est qu’ils perpétuent la tradition des envois d’épreuves plutôt que des livres définitifs. J’adore les épreuves parce qu’elles sont mystérieuses. Juste le titre, l’auteur, pas de couverture ni de résumé : on prend le livre sans aucun préjugé ni idée préconçue. On plonge dedans sans savoir ce qu’on va y trouver et, pour moi, c’est un plaisir que cette surprise absolue. Après, c’est sûr que c’est moins joli dans la bibliothèque, mais mes étagères sont remplies d’un tel bric-à-brac de couleurs, de formats et d’éditeurs que ça importe peu.







J’ai donc commencé Open City dans un flou absolu. Comme en plus c’est un premier roman, je n’avais pas à quoi me raccrocher, pas de « ah tiens je pensais ça » ou « c’était mieux avant ». J’ai lu assez peu de premiers romans cette année, ça me manque un peu. Je me suis retrouvée face à un style qui n’est pas mon préféré : le roman contemplatif. Open City est une longue déambulation dans New York, la réflexion d’un afro-américain sur sa ville et sur sa vie. On y croise des personnages attachants et j’ai été assez intriguée par le cours de cette histoire qui, même si elle semble ne rien raconter, parle quand même très bien de solitude et d’intégration. Cependant, j’ai réellement eu du mal à m’attacher à l’histoire, aux personnages, j’ai souvent perdu le fil par manque de concentration… ou d’envie. Je pense que ça tient à moi et qu’Open City est réellement un bon roman. Juste, pas ma came comme qui dirait.







Open City est un texte curieux, un petit OVNI qui devrait séduire les amateurs.
Lien : http://www.readingintherain...
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Open city

Open City est un livre assez étrange. J'ai beaucoup accroché en lisant les premières pages. Cet homme, très attentif à ce qui l'entoure, regarde de manière moderne et presque détachée la ville qu'il foule des heures durant.

Pourtant, bien vite, je me lasse des divagations et grandes digressions. Les "je" se mélangent, les époques évoquées aussi.

Ce n'est pas un livre d'action, mais de réflexion intérieure. C'est en fait cette petite voix toujours présente dans notre tête qui livre ses états d'âme.

Le passage à Bruxelles parait plus structuré et structurant que le reste du livre. Les dialogues peuvent être parfois passionnants et les échanges riches.

Mais curieusement, je suis restée un peu en dehors de ce flot de pensées, car même s'il nous livre beaucoup de choses, Julius reste très secret, et ne nous dit rien de sa vie privée, ou par petites touches pudiques.

Bref, je n'avais jamais lu un livre comme cela, mais malgré une belle écriture et un style particulier, je n'ai pas apprécié pleinement la balade.
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Open city

Val Open city – Teju Cole et moi avons lu Open City de Teju Cole, jeune auteur américano-nigérian. Julius, mère allemande et père nigérian, vit à New York, psychiatre et chercheur, et passe de longs moments à marcher dans la ville. Julius parle assez peu de sa vie privée, c'est que l'homme est un solitaire. S'il arpente New York c'est tout en rêveries et en rencontres. Mêlant ses souvenirs d'Afrique et d'Europe, Bruxelles surtout où il vécut quelque temps et où il revient quelques mois, c'est cette partie qui m'a séduit le plus, une pérégrination cosmopolite dans cette ville, curieuse capitale transnationale, facilement brocardée mais si fascinante. Réflexion aussi sur le racisme, un peu confuse à mon esprit, et très légèrement condescendante m'a-t-il semblé, avec pas mal de références aux philosophes avec lesquels mes relations ont toujours été froides. Ainsi je n'ai pas toujours emboîté le pas de Julius avec un égal bonheur.



Quand il déambule dans New York City Julius croise des personnages très différents. Mais ne vous attendez pas à du "haut en couleurs", ce n'est pas le genre de la maison. Souvent marqués par une double culture ou une difficile acculturation, ces deux termes relevant parfois du pléonasme, le vieux professeur de lettres nippo-américain, le cireur haïtien, ont peiné à me passionner vraiment. C'est parfois ésotérique et pompeux, un dictionnaire peut s'avérer utile, ce qui ne me gêne pas, j'aime les dicos. Mais le holisme, j'en ignorais tout et après consultation je n'ai guère compris davantage. Les errances, mais le terme ne convient pas, de Julius, ne m'inciteront pas poursuivre avec Teju Cole dont c'est le premier roman.



Cet homme là est protéiforme, photographe, musicologue, je crois, au vu des influences de Mahler ou du jazz dans ses promenades urbaines. Passionné d'architecture aussi à l'évidence vu la construction du récit et les digressions sur le développement de la ville.Open City m'a trouvé un peu fermé. Si hommes et surtout idées y circulent, le sang manque, comme lymphatique. Julius, double de Teju, est un type brillant, trop pour moi. On a évoqué Dos Passos . Lourde hérédité sur laquelle je ne m'étendrai pas, ma lecture de la somme Manhattan Transfer étant ancienne, malgré un souvenir très fort de chef d'oeuvre dont à la réflexion je ne suis plus très sûr.

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Chaque jour appartient au voleur

« Chaque jour appartient au voleur » de Teju Cole, traduit par Serge Chauvin de « Every Day is for the Thief » (2018, Editions Zoé, 192 p.). Un roman sur le retour au pays. Mais pas que cela.

De son vrai nom, Obayemi Babajide Adetokunbo Onafuwa, il est né à Kalamazoo, Michigan en 1975 aux Etats Unis, de parents Nigériens, il est élevé à Lagos, au Nigeria, mais vit actuellement à Brooklyn depuis 1992. Fin 2005, Teju Cole est retourné à Lagos, la ville de son enfance, pour la première fois après treize ans d’absence. Rentré à New York, il entreprend de relater ce voyage sur son blog en publiant un article quotidien pendant un mois.

Retour au pays pas si facile que cela, émouvant à plus d’un titre, au cours duquel Teju Cole tâche de renouer avec l’univers étourdissant de la mégapole. Lagos est devenu deux fois plus peuplée que New York. 15 millions d’habitants, mais dans un désordre indescriptible, au développement incontrôlé, avec une population multipliée par vingt en un siècle. Un centre culturel majeur, ayant donné naissance à des mouvements artistiques tels que l'Afrobeat et « Nollywood ». Comme le reconnait Cole, une faculté de se développer, non pas seulement en habitants, mais en comptant de très grands loueurs de football. Scènes de tous les jours dans la ville, le tout en 27 chapitres, souvent agrémentés de photos. Cela commence par les pots-de-vin exigés par l’employé du consulat à New York, puis, sur place les périples en « danfos », ces minibus jaunes décrépis et bondés qui parcourent les rues de Lagos, ou le châtiment cruel des voleurs à la tire au marché central. Le tout dans une ville en perpétuelle agitation. « C’est plutôt une plénitude, le sentiment réconfortant qu’il y a un ordre du monde, la confirmation ferme d’une structure fondatrice, un ordre si palpable que quand j’atteins le bout de la rue et que je vois, à ma droite, la sortie du labyrinthe qui me ramène à l’agitation habituelle de la ville, je ne suis pas vraiment tenté de continuer. Mais en même temps je sais que ce n’est pas possible de rester ». Pour ce qui est des « contributions volontaires » auprès des employés communaux, « pour beaucoup de Nigérians, donner ou recevoir des pots de vin, pourboires, sommes extorquées ou aumônes – la distinction est poreuse – n’est pas envisagé en termes moraux. C’est perçu soit comme une contrariété mineure soit comme une bonne occasion ». Le principal est que cela facilite les opérations. De plus cela justifie le titre « Chaque jour appartient au voleur ». De fait ce titre est tiré d’un adage yoruba cité en épigraphe « Chaque jour est pour le voleur, mais un jour est pour le propriétaire ». Il en faut pour les deux bouts de la chaine. De même, le roman débute par sa découverte des cyber cafés de Lagos, source d’une arnaque mondialisée sur Internet, de la part de Nigérians qui sous prétexte de placer une grosse somme d’argent, attirent les internautes à leur faire envoyer des dollars.

Ceci dit, Teju Cole n’est pas perdu dans la ville. Il l’a écrit dans un interview « un chez-soi, c'est aussi partout où il y a un bon wi-fi. Cela me relie au monde d'une manière irréductible et essentielle à mon expérience du monde ».



Il joue avec l'idée de rendre son retour permanent, ce qui est une idée presque chimérique. Mais pour cela, il adopte une perspective extérieure initiée alors qu'il réexamine une culture avec laquelle il est pratiquement devenu étranger. Désabusé par la corruption généralisée, il découvre, le fondamentalisme religieux. Désabusée aussi, la volonté globale de se contenter de ce qui est « assez bien ». Par contre, il est fasciné par l'instinct quasi animal de se battre et de survivre qu'il constate à tous les niveaux. La vie d’abord, pour soi et les siens. Tout ce qui est culturel lui échappe comme elle semble loin de la préoccupation du peuple.

Le Musée national est en mauvais état. Les librairies de Lagos manquent cruellement de fiction littéraire locale ou d'une juste représentation des écrivains nigérians. Pourtant des prix existent à l’échelle du continent, tel le « Caine Prize for African Writing ». J’ai moi-même suivi chaque année, pendant une quinzaine d’années, les volumes de synthèse qui regroupaient une dizaine d’auteurs. A chaque fois, il y avait 2 ou 3 auteurs Nigérians dans le peloton de tête (shortlist). Des auteurs ont émergé, tels Binyavanga Wainaina, Chimamanda Ngozie Adichie, NoViolet Bulawayo, Chigozie Obioma, Tope Folarin, Segun Afolabi. Et la shortlist annoncée pour 2022 par « AZO Caine Prize for African Writers » contient encore un nigérian, Joshua Chizoma, parmi ses cinq lauréats. Son « Collector of Memory », est d’ailleurs en ligne (https://www.afritondo.com/afritondo/collector-of-memories). « Maman […] m'a appris que nous portons nos histoires dans des sacs attachés autour de notre cou, ajoutant à leurs fardeaux à mesure que les années rallongent nos vies ». Ceci dit, Teju Cole est tout de même étonné de voir une jeune « femme vêtue d’un cache-cœur » lire un ouvrage difficile de Michael Ondaatje, et ce dans un « danfo » bondé. D’après les dates et l’état neuf du livre, on peut supposer qu’il s’agit de « The Cat’s Table, traduit en « La Table des Autres » par Michel Lederer (2012, Editions de l’Oliver, 264 p.). Roman d’initiation et de passage, qui narre la traversée de Michael, un jeune garçon de 11 ans, qui quitte Colombo pour retrouver sa mère, installée en Angleterre. Pendant les 21 jours que dure la traversée, il va explorer toutes les classes sociales qui peuplent l’ « Oronsay » gigantesque paquebot, des cales sombres aux élégantes cabines. Dans un pays où le taux d'alphabétisation n'est que de 57 %, c’est tout de même un bon point pour la culture, même si l’endroit, un bus brinquebalant, est incongru. « Les habitudes littéraires réelles sont inculquées à très peu des soi-disant lettrés », c’est un peu court et surtout, je trouve presque méprisant pour les nigérians.

Ville pleine de dangers, où son oncle, il sont tous plus ou moins cousins, risque parfois sa vie en face d’un individu plus fort que lui. « Il y a de la dignité dans cette ruelle, avec ses caniveaux et ses toits de tôle rouillée. Ici, on ne prêche rien. Ses habitants se contentent de servir la vie en assurant aux morts une traversée paisible, et leur travail complexe est visible puis enfoui à jamais. C’est un endroit familier et inquiétant, ce ponton de Charon, mais aussi d’une pureté exaltante. Exaltante, mais pas exactement joyeuse ».

Un grand écrivain à découvrir.



Retour à Lagos au début de 2011. Lorsque Teju Cole commence à travailler sur son projet de récit non romanesque de sa ville natale africaine Lagos, Nigeria, il est de suite face à un gros problème. C’est une très grande ville à la croissance la plus rapide au monde. Comment saisir, de manière significative, la variété et l'abondance de la vie dans la ville ? Comment aller au-delà des chiffres et appréhender l'expérience de l'individu. Il commence donc à lire les onze quotidiens et est très vite attiré par les petits échos, petits délits, rapports de métro. C’est là qu’est la vie, Lagos à l'état brut. Il repense à ses lectures, en particulier celles des nouvelles brèves de Félix Fénéon. Merveilleux Fénéon dont il faut lire « Œuvres » (1948, Gallimard, 480 p.) ou des extraits « Nouvelles en trois lignes » (2019, Libretto, 160 p.).

« "Tenez, je ne vous gênerai plus!" a dit M. Sormet, de Vincennes, à sa femme et à l'amant de celle-ci, et il se brula la cervelle ». Et il y en a comme cela sur près de 400 pages.

Teju Cole décide d'utiliser ce matériel, même si cela ne correspondait pas tout à fait à son idée initiale du livre. Il profite également de la brièveté des tweets en 180 signes pour utiliser ce media sous @tejucole en Août 2011. Ce sera « Small Fates » (Petits Destins). Dont quelques-uns ont été publiés, les autres évaporés.

« "Personne n'a tiré sur personne", a confirmé le porte-parole de la police d'Abuja, après que le chauffeur Stephen, 35 ans, abattu par la police d'Abuja, a failli mourir ».

Cependant, un des problèmes du média est son évanescence. Certains tweets ont été reproduits en revue dont les 45 publiées dans « Death by Twitter », collationnées (https://thenewinquiry.com/death-by-twitter/) par Matt Pearce en octobre 2011 dans « The New Inquiry ». Ces brèves ont par ailleurs été republiées dans un ouvrage collectif, édité par John Freeman sur les hauts et bas de New York « Tales of Two Cities: The Best and Worst of Times in Today’s New York » (2014, OR Books, 288 p.) petit livre illustré qui comporte une série de collaborateurs de la grande ville dont Teju Cole, Dave Eggers, John Safran Foer, Dinaw Mengestu, Téa Obreht, Taiye Selasi, Zadie Smith, Hannah Tinti. Une très belle brochette de jeunes auteurs, souvent émigrés, et à la belle écriture.

Une autre pour la route. « Le pasteur Ogbeke, prêchant avec ferveur lors d'une tempête à Obrura, reçut le feu du ciel, sous forme d'éclair, et mourut ». Une seconde pour la ville. « Il y avait 119 diplômés de première classe de l'Université de Lagos cette année, dont certains le méritaient ». Une autre de la campagne « Ude, d'Ikata, a récemment perdu sa femme. Fatigué de se disputer avec elle, il a utilisé une machette ». Une pour la religion « Un tailleur dyslexique de Bichi a accidentellement dit : « Le Prophète est venu au marché. Blasphème. Le dialogue interreligieux qui en a résulté a fait quatre morts ». Toujours à propos de religion (anglosaxonne) «Dieu est en toutes choses. À Lagos, ThankGod a été assassiné par son frère. À Abuja, Godswill a été nommé ministre de l'Énergie ». Pour les animaux « MYXOMATOSE. n.f. 1 Maladie virale du lapin. 2 Chanson de Radiohead. 3 mots orthographiés par Ibukun, 15 ans, à Abuja pour remporter le concours Spellbound 2012 ». Pour finir une nouvelle triste « À Cross River, le soldat à la retraite Agbiji n'a giflé sa femme qu'une seule fois, mais il a mal évalué sa force et est maintenant veuf ».



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Open city

La beauté introspective du texte et l'omniprésence de la ville font du livre un étrange page turner qui marche vers nulle part.
Lien : http://rss.nouvelobs.com/c/3..
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Open city

Cela faisait longtemps qu'on n'avait pas lu un roman d'introspection aussi élégant et abouti. On pense à Musset, à Pessoa, à tous ces écrivains habités et malades de l'âme.
Lien : http://www.lesechos.fr/journ..
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Open city

« Open City » de Teju Cole, traduit par Guillaume-Jean Milan (2012, Denoël, 348 p.). Teju Cole fait partie de ces auteurs africains qui ont fondé le mouvement des Afropolitains. De son vrai nom, Obayemi Babajide Adetokunbo Onafuwa, il est né à Kalamazoo, Michigan en 1975 aux Etats Unis, de parents Nigériens, il est élevé à Lagos, au Nigeria, mais vit actuellement à Brooklyn depuis 1992. Il contribue assez fréquemment à des articles dans diverses revues littéraires, tout en étant en résidence à Bard College, un établissement d'enseignement supérieur situé à Annandale-on-Hudson, dans l'État de New York. « Open City » est son premier livre (2011), suivi par « Every Day Is For the Thief” (2014), quoique publié au Nigéria en 2007, puis traduit par Serge Chauvin en « Chaque jour appartient au voleur » (2018, Editions Zoé, 183 p.), et plus récemment « Known and Strange Things » (2016) des essais en collaboration avec James Baldwin, traduits par Serge Chauvin et Marie Darrieussecq en « Un étranger au Village », suivi de « Corps Noir » (2023, Zoé, 80 p.). Le texte de Baldwin narre son séjour en 1951, Leukerbad, dans le Haut Valais, Suisse, où il est le premier noir à séjourner. Les enfants crient « Neger ! Neger !» et les gens le dévisagent dans la rue.

« Open City » est l’errance de Julius, un jeune Nigérian interne en psychiatrie, en stage à « Columbia Presbyterian Medical Center » dans New York. Seul dans la ville, il y déambule en plein hiver après être passé par une rupture douloureuse. Il y a aussi Moji, une fille qu'il a connue quand ils grandissaient tous les deux au Nigeria Son passé au Nigeria le hante sans qu'il sache trop en analyser les raisons profondes. Le problème se résoudra en fin de livre. Les longues marches sont son divan à lui. Un exutoire indispensable et le moment de confronter son isolement à des milliers de visages anonymes dans la grande ville encore meurtrie par les attaques terroristes du 11 septembre.

« Julius porte le même nom que sa mère. Ainsi, le nom de sa mère est Julianna et le sien est Julius. Maintenant que vous le mentionnez, il me vient à l'esprit que je l'ai appelée Julianna parce que le nom de ma grand-mère était Julianna mais que leur nom de famille est Ajibade ». En fait Juliana Müller dans le texte.

Plus loin, à propos de Mahler, « je veux parler un peu du moment où Julius va au concert écouter « Le Chant de la Terre » et où il est la seule personne de couleur au Carnegie Hall. Après, il sort par la mauvaise porte, se retrouve enfermé dans l'escalier de secours et a cette révélation profonde en entendant la figure mélodique à cinq notes de « Der Abschied » (l’Adieu) qui le poursuit plusieurs jours.

Bien entendu, il a des amis avec qui il discute de cosmologie Yoruba. Situé au Sud-Ouest du pays, cette ethnie compte quatre fois plus de jumeaux (ibeji) que le reste du monde. Ils sont considérés comme une bénédiction. Dans cette culture yoruba, le second jumeau né est considéré comme le jumeau aîné. Le premier-né des jumeaux s'appelle Taiwo, tandis que le second s'appelle Kehinde. Kehinde envoie d'abord Taiwo pour juger si le monde est beau et sans danger. Taiwo signifie « le premier jumeau à goûter le monde ». Kehinde signifie « le deuxième né des jumeaux ». Plus généralement, chaque être humain a une contrepartie spirituelle, un double esprit à naître. Dans le cas des jumeaux, le double spirituel est né sur la terre.

En fait, l’errance de Julius dans new York n’est pas si errante ou aléatoire qu’il y parait. Pour varier de New York, il y a ce séjour de 4 semaines à Bruxelles, à la recherche de sa grand-mère maternelle. Il va y rencontrer Farouk, un jeune Marocain avec qui il sympathise, ainsi qu’avec son ami Khalil, avec qui ils parlent de politique au Moyen-Orient, à savoir si les USA avaient une réelle politique de gauche, ou si Israel était un état démocratique. Tout y passe, y compris Saddam Hussein, en tant que dernier dictateur du Moyen Orient. Hélas non. Une rapide liaison avec une retraitée tchèque. Sans avoir retrouvé sa grand-mère, il revient à New York, où il reprend son travail et ses déambulations. Mais il y a toujours Moji dans sa tête.

Tout cela ne fait pas un livre, sinon une suite de descriptions de villes. C’est bien ce qui dérange le lecteur, et qui, souvent, le fait savoir. C’est aussi ce qui justifie que l’auteur reçoive le PEN/Hemingway Award en 2012, prix qui récompense un tout premier livre de fiction complet (a full-length book of fiction). Il faut donc y regarder de plus près. Notamment, comprendre, lors de ses interviews, la genèse du roman, et son processus d’écriture.

« Le livre a commencé comme ceci : à la fin de 2006, j'étais enfin prêt à écrire quelques mots sur le 11 septembre, non pas comme une explication ou une étude de ce qu'avaient ressenti cinq ans dans la ville après cet événement, mais comme une réponse affective. Je me suis assis un soir, j'ai écrit les mots « Open City » en haut d'une page et j'ai commencé à dérouler le récit d'un homme vivant à New York. L'homme était une invention, mais je suis lentement entré dans sa tête. Le livre a mis trois ans pour être écrit, un processus impliquant principalement de longues marches, nuit et jour, entrecoupées de brèves périodes d'écriture ».

A propos du prix PEN/Hemingway, son livre ou histoire préféré d'Ernest Hemingway ? « Le vieil homme et la mer » a été l'un des premiers livres qui m'a fait réaliser qu'un livre n'est pas simplement quelque chose qui émerge déjà perfectionné, qu'il est fait et façonné par un artiste, que l'artiste charge le livre d'éléments soigneusement calculés. Effets psychologiques ». Résultat, deux grandes parties « La mort est une perfection de l’œil », suivie de « J’ai fouillé en moi ». La première est divisée en 11 chapitres, à peu près autant pour la seconde. La première partie fait sans outre référence à la maladie qui le frappe, plus communément appelé le « syndrome de la grande tache aveugle ». Heureusement, le problème a été résolu par une intervention chirurgicale, et tout est rentré dans l’ordre. Ce qui était évidemment un problème sérieux pour un photographe. Le tout sera développé et exorcisé dans « Blind Spot » paru un peu plus tard (2017, Faber & Faber, 352 p.)

On constate alors que cette errance dans New York ou Bruxelles n’est pas une simple balade dans des villes où l’auteur trouve le temps à la méditation. Cela ne va pas convenir aux lecteurs superficiels qui vont être déçus de ne pas avoir une nouvelle édition d’un de ces guides bleu ou vert, le rouge ayant en plus des indications de restaurants. D’ailleurs, le roman commence par « Et donc quand j’ai commencé ces marches le soir, l’automne dernier, Morningside Heights m’est apparu comme un endroit pratique d’où partir dans la ville ». Tout commence par ce « Et », comme si il y avait un quelque chose avant le début. La fin est elle aussi peu claire. « Alors que la nuit n’avait pas été particulièrement venteuse ni noire ». Entre ce « Et » et cette « nuit noire », il va se passer surement plein de faits, qui d’ailleurs ne sont peut être pas si importants que cela. C’est autre part q’il faut chercher.

Tout est construit dans le roman de façon assez remarquable. Ce n’est pas non plus pour rien que Julius est interne en psychiatrie. Retour sur la vie de Teju Cole. Né à Kalamazoo, petite ville universitaire de 75 000 habitants, à une heure des bords du Superior Lake, et 1.30 h de Ann Arbor, l’autre ville universitaire, avant d’arriver à Detroit. On peut donc penser que ses parents n’étaient pas des émigrants nigérians ordinaires, mais avaient une éducation certaine. Son père était dans l’encadrement intermédiaire et sa mère institutrice. Retour au Niger, à Lagos, où il est élevé par ses grands-parents, dans la tradition de la culture Yoruba. A priori, il n’est pas le jumeau d’un autre, d’où un sentiment de manque. Ce n’est pas non plus pour rien qu’il choisit alors ces études d’interne en psychiatrie. « Les gens réfléchissaient à ce qui s'était passé d'une manière plus calme et plus réfléchie", le livre a été salué comme un petit chef-d'œuvre d'observation et de réflexion diaristique dans où le protagoniste nigérian-américain laisse couler ses pensées comme au rythme de ses promenades quotidiennes dans les quartiers de New York ».

Etudes à New York, ville cosmopolite s’il en est. Qui ne peut que fasciner Julius. Même si Lagos est devenu deux fois plus peuplée que New York. 15 millions d’habitants, mais dans un désordre indescriptible, au développement incontrôlé, avec une population multipliée par vingt en un siècle. Un centre culturel majeur, ayant donné naissance à des mouvements artistiques tels que l'Afrobeat et « Nollywood ». ce qui fascine surtout Julius, c’est la référence à l’histoire de la ville. Il se promène dans des endroits choisis, non pas au hasard, mais où l’histoire des Etats Unis s’est construite. « Les générations se sont ruées à travers le chas d'une aiguille ». On peut comparer, comme dans un miroir avec l’histoire de Bruxelles. L'histoire de la capitale belge n'est pas la même car elle est plus vieille à la manière des villes européennes, plus limitée, plus fermée aussi.

On peut, à juste titre, faire la comparaison avec le « Ulysse » de James Joyce, et sa longue errance dans Dublin. Tout d’abord avec Stephen Dedalus, à la recherche de son père. Puis de Leopold Bloom, qui parcourt tout Dublin pour assister à l’enterrement de Pady Dignam à Sandymount. Puis finalement Léopold Bloom et Stephen Dedalus marchent à travers Dublin endormie, après avoir fait la tournée des bordels. Certes, il n’y a pas la corrélation avec les chapitres de l’Odyssée, comme dans « Ulysse », mais chaque site sous-entend une référence. C’est la recherche de sa famille à Bruxelles, de ses ancêtres plus lointains lorsqu’il va à l’« African Burial Ground », fosse commune près de Wall Street où sont enterrés quinze à vingt mille Noirs. C’est là sur Duane Street, à la hauteur du Brooklyn Bridge, dans le sud de Manhattan, qu’ont été découverts les restes des hommes, femmes, enfants d'origine africaine enterrés pendant une période allant du XVIIeme siècle à 1812. C’est fortuitement, lors de la construction d’un immeuble que ces fosses communes ont été mises à jour. De même, il va à Ellis Island, même si ce symbole de l’arrivée des émigrants concerne surtout les européens. « Nous les Noirs », avions connu des ports d’entrée plus rudes. Il recherche la biographie de Cornelis Van Tienhoven, bailli de la Nouvelle Amsterdam » qui s’était fait connaitre par de nombreux actes de violence. Une « lecture sinistre ».

Les points communs sont nombreux. C'est l'expérience du cosmopolitisme, qui est peut-être la quatrième définition de la maison pour moi. Et c'est ce que je trouve dans les espaces à Lagos. Et c'est ce que je trouve à New York : des restaurants, des clubs, des librairies, des centres commerciaux, des embouteillages, des fous dans la rue, de la haute couture. Les villes comme une sorte de technologie de résolution de problèmes. S'il y a 16 millions de personnes au même endroit, alors nous devons utiliser les ressources d'une manière qui a du sens dans un espace aussi comprimé ».

Il est vrai que « Open City » n’a pas la densité d’un « Ulysse ». Il faut pour comparer « Open City », plutôt se référer à « Manhattan Transfer » de John Dos Passos, reparu récemment dans la nouvelle traduction de Philippe Jaworski (2022, Gallimard, 528 p.), autre roman-ville, comme « Ulysse », ou « Mrs Dalloway » de Virginia Woolf traduit par Nathalie Azoulai (2021, P.O.L., 384 p.). C’est également une femme qui marche, cette Clarissa Galloway, mais dans Londres.

De fait, il reconnait la filiation avec Virginia Woolf. « Ce soir d'avril 2011, j'ai veillé tard, lisant les dernières pages du journal de Virginia Woolf. Ces pages, écrites à la fin de 1940 et au début de 1941, parlaient de la perte de sa maison londonienne pendant la guerre, de sa terrible nervosité face aux raids aériens en cours, de la mort inattendue de Joyce, de son amour pour Leonard, de son engagement dans la littérature et, surtout tout, sa bataille perdue contre la dépression ».

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Un étranger au village ; Corps noir

En 2014, Teju Cole part à Leukerbad sur les traces de James Baldwin. S’il n’est plus le seul homme noir de la ville, les regards s’attardent sur sa couleur de peau. Mais l’écrivain ne se sent pas atteint dans son humanité comme Baldwin.
Lien : https://www.lemonde.fr/criti..
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Open city

Un roman contemplatif... trop contemplatif...
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