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Critiques de Teru Miyamoto (49)
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Les gens de la rue des rêves

Une rue quelque part dans les quartier sud d'Osaka, la rue des Rêves....des petits commerçants ,la boucherie Tatsumi, le bar La Charade, Yuriko, le salon de coiffure,le restaurant Tarôken.....un microcosme de personnages hauts en couleur,attendrissants mais aussi violents,que l'auteur nous décline dans toutes les nuances du caractère humain.



La plupart des chapitres se lit comme une nouvelle avec son histoire et sa chute surprise, nous introduisant un habitant , un occupant d'une maison où d'un commerce de la rue. Ainsi nous croisons une vieille buraliste et ses nids d'hirondelles, l'horloger et son fils kleptomane, les frères bouchers "plongés nuit et jour dans le marais de leurs appétits charnels" ( un chapitre particulièrement émouvant, où, l'un des frères révèle une sensibilité pareille à une fleure qui s'éclore dans la bouse), un escroc qui apparaît le temps d'une arnaque, la propriétaire d'un bar qui souffre d'un mal dermato.......,et Satomi Haruta, personnage pivot du livre, un représentant en commerce, apprenti poète et "intermédiaire " à ses heures.....l'histoire avance chronologiquement et sur la fin l'auteur nous réserve des petites surprises.



Le temps d'une lecture, on s'attache à cette rue et à ses personnages à la psychologie finement détaillée, à leur côté humain attachant et émouvant , caché sous leur carapace sociale. Un style très agréable ajouté à l'ambiance de la rue que l'auteur nous décrit presque cinématographiquement ,- "Vers l'entrée de la rue des Rêves, leurs silhouettes ne formaient plus qu'une masse noire,mais sur l'asphalte mouillé par la pluie,l'on vit des ombres humaines,dont on ne pouvait dire si c'étaient celles d'hommes ou de femmes,se dessiner, briller, s'enchevêtrer, puis vaciller."- nous donne une pépite,écrite il y a trente ans.
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Le brocart

En matière d’adultère, le pardon est rarement un acte spontané !



Un jour d’hiver, Katsunuma croise son ex mari, Arima, dans une télécabine qui surplombe les sources chaudes situées dans le parc des Dahlias en contrebas du mont Zaô.

Une gêne profonde de part et autre ne permet qu’un échange de quelques mots sur le petit garçon handicapé qui accompagne Katsunuma, son fils de huit ans qui adore observer les étoiles.



Dix ans auparavant, leur couple n’a pas survécu à un fait divers sordide. Arima avait 27 ans à l’époque et a failli mourir d’un coup de couteau à la gorge, asséné par une jeune femme qui se trouvait avec lui dans une chambre d’hôtel et qui s’est suicidée dans la foulée.



Comment pardonner lorsque l’autre refuse de s’exprimer, de donner la moindre explication sur les circonstances du drame ?

Katsunuma rédige une très longe lettre à Arima, ce quasi-étranger si triste qu’elle a croisé brièvement l’autre jour. Elle veut comprendre : Pourquoi l’homme qu’elle a aimé passionnément sept ans durant a-t-il si soudainement perdu pied ? Pourquoi leur couple qui respirait la joie de vivre s’est-il effondré de la sorte ?



Avec une prudence extrême les ex-époux commencent une relation épistolaire plus ou moins espacée dans le temps, entre eux la distance est telle que maintenant ils se vouvoient.

Maladroits dix ans plus tôt dans l’oralité, ils parviennent, malgré des écrits sans complaisance et parfois même empreints de rancœur, à réanimer quelque peu la flamme qu’ils croyaient morte, à entrevoir un début de compréhension mutuelle.



Les mélomanes apprécieront tout particulièrement l’ambiance raffinée du café « Mozart », évoquée dans plusieurs lettres, où Katsunuma peu de temps après le divorce passait de longs moments de solitude. Pour mieux encore ressentir les états d’âme de la jeune femme, s’est alors superposée à ma lecture la musique du divin compositeur.



Comme l’étoffe du même nom, « Le brocart » est un roman tout en finesse, trait d’union épistolaire de quelques mois pour les anciens époux entre un passé qui se cicatrise et un avenir en construction.

Laissez-vous lentement immerger dans cette littérature japonaise de qualité ! L’écriture vivifiante de Miyamoto Teru vous apportera un bien être comparable à celui des eaux sulfureuses tant appréciées des curistes au pied du mont Zaô.
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La rivière aux lucioles

J'ai découvert Teru Miyamoto (né en 1947) avec le brocart, un très beau roman épistolaire que je vous recommande. Miyamoto appartient à la génération de la reconstruction, comme les deux Murakami. Ce recueil contient deux nouvelles d'apprentissage qui valurent à son jeune auteur, alors humble « salariman » de recevoir le prix Dasai Osamu en 1977 pour le Fleuve de boue et le prix Akutagawa, en 1978 pour la Rivière aux lucioles. Chacune des deux histoires, d'inspiration autobiographique, raconte la vie d'un jeune garçon d'un quartier pauvre en bordure de fleuve, dans les années 50-60. Mais elles sont très différentes dans leur forme. J'aurais aimé lire la troisième (Dotomborigawa, 1978) inédite en français qui fait pourtant partie de la Trilogie des rivières.



Dans la rivière aux lucioles* (Hotarugawa) on suit les pas du jeune Tatsuo, pendant trois saisons chapitres (neige, cerisiers, lucioles). Son père vit ses derniers jours et sa mère Chiyo se bat pour survivre. L'hiver semble sans fin et il rêve de lumière. Il a pour ami Sekine, le fils du tailleur plutôt rustre. Sekine lui montre une photo représentant Eiko, souriante sous un cerisier en fleurs. Tatsuo l'aime secrètement. Il rêve de l'emmener voir les lucioles avec le vieux Ginzô.

le récit est émaillé de retours en arrière qui permettent de dévoiler peu à peu la complexité des personnages apparemment rustres et bornés. le drame secret des uns et des autres, avec beaucoup d'humanité et de subtilité. Les dialogues souvent crus et la gouaille des personnages contrastent avec les magnifiques descriptions métaphoriques des émotions, rêves et fantasmes du jeune garçon.



Le fleuve de boue est un récit plus naturaliste, dans la pure tradition de la littérature prolétarienne.

Nobuo a huit ans, il adore observer le fleuve et son petit monde. Ses parents aimants et généreux tiennent la taverne des Saules. Au début du roman, il assiste à un drame. Ensuite Il se lie d'amitié avec un gamin de son âge qui lui a fait voir une énorme carpe. Kiishi vit sur une barque flottante avec sa jolie maman et sa grande sœur. Il ne va pas à l'école. Les autres enfants, les bateliers se moquent de lui et disent des choses.



Je lirai très certainement Les gens de la rue des rêves.









*

La luciole (蛍 = hotaru) est un motif très populaire au Japon. Les cours d'eau (fleuves, étangs, rizières) sont des endroits propices au développement de cet insecte. Il faut remonter à la fin de la période Nara, aux alentours de l'an 760, pour que les lucioles apparaissent comme un symbole littéraire avec la parution du Man'yoshu (la plus ancienne et célèbre anthologie de poésie japonaise). À cette époque la luciole est alors utilisée comme métaphore de l'amour passionné et courtois. Cette image sera abondamment utilisée de façon plus légère dans les haïku jusqu'à la fin de l'ère Edo (1603-1867).
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Les gens de la rue des rêves

Un vrai plaisir que cette rencontre avec les habitants de la Rue des Rêves, petite rue de la ville d’Osaka. Ces dix nouvelles nous racontent la vie (ou un moment de vie) d’une vieille dame buraliste, des frères Tatsumi bouchers au lourd passé, de l’horloger et son fils cleptomane, de Monsieur et Madame Wan restaurateurs assez explosifs, du patron du pachinko, de la petite coiffeuse, du photographe homosexuel,... Haruta Satomi, commercial et amoureux de poésie, est le fil rouge entre toutes ces histoires. Il est un voisin charitable, un médiateur, un confident, un porteur de message, un amoureux déçu, ... mais toujours quelqu’un sur qui on peut compter.

L’auteur nous partage les secrets des habitants de cette rue car tout se sait. Chacun entend et épie son voisin sans pour autant intervenir si nécessaire. Par contre, pour commenter après la bataille, tout le monde est présent. Une rue sans doute comme les autres et pourtant, chaque habitant est différent.

C’est avec beaucoup de tendresse que Teru Myamoto nous dépeint ses personnages, pas toujours sous leur meilleur jour mais il nous les rend attachants.

Bref, un régal cette lecture et d’ailleurs, je prendrai volontiers un dessert pour prolonger le repas...Pas vous?

Belle lecture!
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Les gens de la rue des rêves

Durant la guerre, c'était une de ses rues vouées au marché noir. Elle a survécu au démantèlement qui a suivi la capitulation et est devenue la rue des rêves, une succession de petits commerces plus ou moins florissants, tenus par des individus hauts en couleurs. C'est ici que vit Satomi Haruta, au-dessus de la boutique de kamaboko, fermée pour cause de maladie. Démarcheur en cours par correspondance de son état, le jeune homme est poète à ses heures perdues, et rêve de publier, à compte d'auteur, un recueil de ses plus beaux poèmes. Secrètement amoureux de la belle Mitsuko, la coiffeuse du salon Yuriko. Réservé, voire timide, Haruta n'ose pas se déclarer, et pourtant il est souvent sollicité par les habitants de la rue marchande, pour régler une querelle, servir de messager, rapprocher deux amoureux...La rue des rêves est son univers, et même si parfois il voudrait la quitter, il doit bien s'avouer qu'il s'y est attaché, à elle et aux gens qui y vivent.



Les gens de la rue des rêves n'est pas un roman mais une suite de chroniques qui se situent toutes dans une rue commerçante d'Osaka. Notre guide dans ce quartier populaire est le jeune Haratu, poète incompris par les membres de son club qui jugent ses vers trop enfantins. Quand il rentre le soir après une rude journée de labeur, il aime aller se restaurer chez le père Wan, d'une soupe de raviolis ou d'une omelette au crabe, même si parfois il assiste malgré lui à une épique scène de ménage entre Wan et son épouse. Par contre, il évite soigneusement le studio de Mori Masahisa, le photographe aux moeurs d'inverti, tout comme la boutique des horlogers qu'on dit âpres au gain et dont le fils traîne une réputation de kleptomane, et par-dessus tout, il n'approche jamais de la boucherie des frères Tatsumi qui ont appartenu à la pègre avant de se ranger en reprenant le commerce paternel. Romantique, Haruta soupire après Mitsuko la coiffeuse qui vit en face de chez lui, sans soupçonner qu'il a un rival dans la rue. Sérieux, il ne fréquente pas le bar de La Charade dont la patronne collectionne les jeunes et beaux serveurs. Malgré lui, Haruta se voit mêler aux intrigues du quartier. On lui fait confiance, on respecte son sérieux et son intégrité. Avec lui, le lecteur arpente la rue des rêves et fait la connaissance de ses habitants. Humbles ou arrogants, vénaux ou généreux, aimables ou détestables, ils ont tous des rêves, des projets, des failles, des secrets que l'on partage dans un moment hors du temps. On devient alors une de ses âmes qui traversent la rue des rêves. On jette un œil dans la salle de jeu de pachinko, on échange quelques mots avec Tomi, l'attendrissante buraliste, on observe les frères bouchers, partir pour une de leurs virées nocturnes. On s'intègre à cette petite communauté pleine de vie. Les gens de la rue des rêves ne sont ni meilleurs ni pires que ceux de la rue d'à côté mais comme on les connait, on leur pardonne leurs défauts, on espère et on rêve avec eux.





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Les gens de la rue des rêves

Envie d’une balade reposante dans une simple petite rue d’une ville japonaise ?

Ce roman n’a pas réellement d’intrigue, il s’agit plutôt d’une rencontre avec certains habitants de la rue des rêves. On va croiser une jeune collégienne qui aspire à devenir diplomate et se donne les moyens d’y parvenir, deux bouchers qui sont frères et qui essaient de changer de vie après avoir eu de mauvaises fréquentations, un jeune commercial qui aimerait gagner un peu mieux sa vie, un couple de restaurateurs qui se tapent dessus autant qu’ils s’aiment, une jeune coiffeuse qui s’ennuie de sa mère, un horloger qui a des problèmes familiaux...et bien d’autres encore.

J’ai beaucoup aimé cette étrange et hypnotique balade dans ce quartier japonais.

L’écriture est simple et juste, et le roman est empreint de nostalgie.
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Le brocart

C'est dans la télécabine qui l'emporte vers le sommet du mont Zaô qu'Aki Katsunama revoit son ex-mari Yasuaki, dix ans après leur séparation. Brève rencontre où peu de mots sont échangés, tout juste parlent-ils de l'enfant qui accompagne Aki, son fils handicapé Kiyotaka. Pourtant ils se sont aimés, ont connu un mariage heureux mais qui n'a pas résisté à un sordide fait divers auquel s'est trouvé mêlé Yasuaki. De retour chez elle, la jeune femme cherche les coordonnées de son ex-mari et lui écrit une longue lettre à laquelle il finit par répondre. Peut-être est-ce là enfin l'occasion de parler de leur mariage, de l'adultère, du drame et du divorce. Mais si Aki vide son cœur, demande des explications, veut comprendre, son correspondant hésite à se livrer, lui demande même de cesser de lui écrire. Pourtant, elle insiste, cette histoire d'amour au goût d'inachevé continue de l'oppresser malgré toutes les années qui ont passé, malgré son remariage, malgré la trahison de Yasuaki. Alors, petit à petit, il se laisse convaincre, se raconte, dévoile ses secrets les plus intimes. Toute la pudeur dont ils ont fait preuve au moment de leur séparation, tous les non-dits, tous les silences, lentement volent en éclats pour laisser la place aux révélations, aux aveux, aux confidences.





Ce roman épistolaire au ton doux-amer raconte deux vies brisées par la fin d'un amour. La femme trahie a eu tant de mal à remonter la pente et a continué à vivre avec dans le cœur un attachement à l'homme qui a été son mari, teinté de rancoeur et de frustration. L'homme a dérivé après le divorce, incapable de se reconstruire après la double perte de sa maîtresse et de son épouse. Tous deux ont tu le flot d'émotions qui les a submergés à l'époque mais, le temps ayant passé, les mots peuvent enfin être dits, facilités par la distance inhérente aux lettres. Leur correspondance va donc être le moyen de faire le deuil de ce passé, de mettre les choses à plat, de se comprendre, d'alléger leur cœur pour pouvoir enfin se remettre à vivre.

L'écriture de Teru MIYAMOTO, pudique et délicate, se met au service d'une histoire émouvante et digne où les protagonistes se libèrent de leur passé, analysent leur présent, pour voir enfin leur avenir sous un jour plus serein, plus optimiste. Les lettres parlent tout simplement de la vie telle qu'elle est, peines et joies mêlées, comme dans la musique de Mozart qu'Aki découvre durant sa convalescence amoureuse. Un beau roman, subtil et doux, plein d'émotion et de respect. Sublime !
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Les gens de la rue des rêves

Dans la banlieue sud d'Osaka, la rue des Rêves offre la diversité des petits métiers des habitants. C'est avec Haruta, démarcheur et aspirant poète, qui ne connaît pas la reconnaissance, que l'on découvre les petits secrets et les caractères des habitants de la petite rue. Il y a le couple qui tient le restaurant et qui ne cesse de se disputer, l'horloger qui soupçonne son fils d'être kleptomane et se désespère de lui transmettre l'amour de son métier, il y a également le patron de Pachinko qui prépare sa fuite car elle est enceinte, Natsu, la tenancière de "La Charade" qui a peur de s'engager affectivement et préfère les aventures sans lendemain ou les frères Tatsumi, bouchers qui ont terrorisé en leur temps leur entourage, essayent désormais de s'assagir - l'aîné souhaitant se faire détatouer et il y a le photographe homosexuel qui porte un regard lucide sur les habitants.



Autant de métiers pour autant de chapitres, courts, comme des nouvelles, des chapitres conçus pour permettre une lecture dans le métro. Des gens heureux, pas vraiment, j'ai surtout découvert avec ces personnages les défauts de la nature humaine, point de grandeur ni poésie, mais surtout des mesquineries, des disputes plus ou moins violentes, des jalousies des déceptions et de l'amertume. Des portraits bien campés mais le tout reste un peu décevant, aucun des personnages n'exprimant d'espoir ou de joie de vivre, mais plutôt de la tristesse...

Une déception donc avec ce court roman que ne m'a pas fait vraiment rêver.
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Le brocart

C’est par un échange de lettres, qui met des mots sur une séparation faite dans le silence et les non-dits, qu’Aki Katsunama et son ex-mari Yasuaki renouent avec leur passé. Un moyen pour eux de prendre le temps pour se comprendre, et, des années après qu’il a cessé d’exister, de revenir sur les raisons de l’échec de leur mariage pour construire un avenir. Une histoire subtile et délicatement racontée par Teru Miyamoto.



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La rivière aux lucioles

J'ai découvert Teru Miyamoto (né en 1947) avec le brocart, un très beau roman épistolaire que je vous recommande. Miyamoto appartient à la génération de la reconstruction, comme les deux Murakami. Ce recueil contient deux nouvelles d'apprentissage qui valurent à son jeune auteur, alors humble « salariman » de recevoir le prix Dasai Osamu en 1977 pour le Fleuve de boue et le prix Akutagawa, en 1978 pour la Rivière aux lucioles. Chacune des deux histoires, d'inspiration autobiographique, raconte la vie d'un jeune garçon d'un quartier pauvre en bordure de fleuve, dans les années 50-60. Mais elles sont très différentes dans leur forme. J'aurais aimé lire la troisième (Dotomborigawa, 1978) inédite en français qui fait pourtant partie de la Trilogie des rivières.



Dans la rivière aux lucioles* (Hotarugawa) on suit les pas du jeune Tatsuo, pendant trois saisons chapitres (neige, cerisiers, lucioles). Son père vit ses derniers jours et sa mère Chiyo se bat pour survivre. L'hiver semble sans fin et il rêve de lumière. Il a pour ami Sekine, le fils du tailleur rustre. Sekine lui montre une photo représentant Eiko, souriante sous un cerisier en fleurs. Tatsuo l'aime secrètement. Il rêve de l'emmener voir les lucioles avec le vieux Ginzô.

Le récit est émaillé de retours en arrière qui permettent de dévoiler peu à peu la complexité des personnages apparemment rustres et bornés. le drame secret des uns et des autres, avec beaucoup d'humanité et de subtilité. Les dialogues souvent crus et la gouaille des personnages contrastent avec les magnifiques descriptions métaphoriques des émotions, rêves et fantasmes du jeune garçon.



Le fleuve de boue est un récit plus naturaliste, dans la pure tradition de la littérature prolétarienne.

Nobuo a huit ans, il adore observer le fleuve et son petit monde. Ses parents aimants et généreux tiennent la taverne des Saules. Au début du roman il assiste à un drame. Ensuite Il se lie d'amitié avec un gamin de son âge qui lui a fait voir une énorme carpe. Kiishi vit sur une barque flottante avec sa jolie maman et sa grande soeur. Il ne va pas à l'école. Les autres enfants, les bateliers se moquent de lui et disent des choses.



Je lirai très certainement Les gens de la rue des rêves.









*La luciole (蛍 = hotaru) est un motif très populaire au Japon. Les cours d'eau (fleuves, étangs, rizières) sont des un endroits propices au développement de ces insectes.. il faut remonter à la fin de la période Nara, aux alentours de l'an 760, pour que les lucioles apparaissent comme un symbole littéraire avec la parution du Man'yoshu (la plus ancienne et célèbre anthologie de poésie japonaise). À cette époque la luciole est alors utilisée comme métaphore de l'amour passionné et courtois. Cette image sera abondamment utilisée de façon plus légère dans les haiku jusqu'à la fin de l'ère Edo (1603-1867).
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Le brocart

Je reste assez mitigé après cette lecture. La forme épistolaire fait toute la force de ce roman écrit en 1982, lui conférant même une ambiance légèrement surannée. Qui, de nos jours, écrirait encore des lettres aussi longues ? Un homme et une femme, divorcés depuis 10 ans, vont, à la suite d'une rencontre inopinée, entreprendre une relation épistolaire pour décrire la vie qu'ils ont mené pendant ces 10 ans. Ils s'expliquent sur leur séparation, les moments importants qu'ils ont affronté et les aléas de leurs existences respectives. C'est exprimé tout en finesse et subtilité. La curiosité du lecteur est peu à peu comblée par le récit. A la fin le puzzle est reconstitué. Pourtant, je reste un peu sur ma faim. J'aurai souhaité que l'auteur aille un peu plus en profondeur dans la vie de ce couple, et donne plus de pathos à ses personnages. Il reste trop souvent à la surface des événements, à mon goût. Je repense à deux autres romans épistolaires japonais : « Le fusil de chasse » de Inoué et «La confession impudique » de Tanizaki, qui offrent tous les deux plus de rebondissements dans leurs intrigues et offrent une vision de la société japonaise plus prégnante.

Cependant, j'ai tout de même passé un agréable moment avec cette lecture.
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Le brocart

Un très beau roman épistolaire

Osaka. Années 80. Aki par le plus grand des hasards a revu son destinataire dix ans après dans une télécabine. Elle emmenait son jeune fils handicapé admirer les étoiles. Cela a été un tel choc qu'elle a décidé de lui écrire. Ils ont été mariés, leur séparation a été dramatique : Arima Yasuaki avait été retrouvé dans le coma dans une chambre d'hôtel, poignardé, à coté d'une femme qui s'était suicidée. Aki et Yazuaki ont divorcé très vite sans s'expliquer. Non sans réticences, Yasuaki répond à son ex épouse. Il commence par lui raconter sa relation avec cette femme qui a voulu l'entrainer dans la mort...

Leur correspondance va durer presque un an et ils vont se dévoiler, l'un à l'autre mais aussi à eux mêmes. Ce sont deux personnages profondément blessés, traumatisés et solitaires qui n'arrivent pas à tourner la page depuis dix ans. Dans leur correspondance, ils vont bien sûr parler du passé mais aussi de leur présent, de leur humble existence, de leurs interrogations, de leur sentiment de culpabilité, de leur quête de sens. Ils vont échanger sur leur difficulté à re-vivre. La bienveillance de l'autre mais aussi des événements nouveaux vont aider chacun des deux à retrouver l'estime de lui-même et à avancer. Ce n'est donc pas un roman triste mais un roman vrai. La forme épistolaire permet un accès direct à la psychologie des personnages sans le filtre d'un narrateur. Pas de descriptions ni d'explications. Le vouvoiement, choisi par le traducteur sans doute (?), permet de contenir la violence des sentiments surtout au début et donne à ce roman par ailleurs très moderne, une patine classique que je trouve très belle.
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Les gens de la rue des rêves

Poétique, entraînant et émouvant sont les premiers adjectifs qui me viennent spontanément à l'esprit pour qualifier ce bel ouvrage de Miyamoto Teru. Il faut avant tout rappeler que l'auteur est très attaché à la ville d'Ôsaka, grouillante et exaltée, que j'ai personnellement adorée lors de notre voyage en Octobre 2013. Il met en scène ici le quartier sud, celui historique des commerçants et use de portraits aussi différents que celui des magasins de la rue pour lui rendre hommage.



C'est une lecture où on est immédiatement immergé dans la vie de cette rue commerçante, où l'on a à peine le temps de se pencher sur un personnage que déjà, le prochain chapitre nous plonge dans la vie d'un autre. Déplaisant ? Point du tout ! En maniant un rythme dynamique marié à une écriture calme, l'auteur réussit à constituer des tranches de vies assez semblables à la réalité et à celle que l'on pourrait ressentir si nous faisions partie des Gens de la rue des rêves. Ce réalisme est touchant car il permet d'entrevoir, de découvrir des indices puis de rebondir sur une autre histoire, avant de revenir à un des personnages déjà introduit, qui tout en ayant son cheminement de base, se trouve mis au cœur d'une affaire, d'un événement. Ce parti-pris permet d'offrir au lecture une trame riche et dense, qui met en lien les êtres, et pas toujours comme on l'attend.



Je me suis particulièrement attachée à quelques personnages, notamment le principal, un poète célibataire, qui rêve de publier un recueil à compte d'auteur. En cheminant avec lui, on le voit entamer un changement de ses perceptions, de sa vision du monde et de l'amour. Même s'il s'en défend, il aime rendre service aux autres et œuvrer pour le bonheur d'autrui avant le sien. Au travers du regard de ce démarcheur proposant des cours à distance, on en apprend davantage sur la grand-mère attendrissante qu'on tente d'expulser de son minuscule bureau de tabac, sur le photographe homosexuel, sur le fils de l'horloger, cleptomane. Son attirance pour l'apprentie coiffeuse va se confronter à celle réciproque de l'un des deux frères boucher, et nous permettre de découvrir un autre aspect de la personnalité de cet ancien malfrat. Certains personnages sont plus à même de nous faire rire, comme le gérant du restaurant qui est assez grossier et drôle par moments. Comme dans un film, il y a des premiers et des seconds rôles bien orchestrés. L'alchimie prend : l'ensemble forme une structure très belle, un paysage complet où on se balade avec plaisir.



Au-delà d'un récit vif, porté par une esthétique littéraire pleine de douceur, le message que cette lecture porte nous laisse sur une touche apaisante et le sourire aux lèvres : en liant par le désir, les souvenirs, les rêves, les rencontres et les obsessions les vies de personnes très différentes, il rappelle les liens invisibles mais forts qui peuvent nous relier les uns aux autres. Ces existences fragiles et constamment perturbées par le cours de la vie nous sont relatées avec humour, délicatesse et parfois ironie, mais sans jamais tomber dans le mépris ou le jugement. On en ressort en gardant en tête qu'un petit geste, une main tendue, peut changer la vie de notre voisin comme la nôtre.
Lien : http://wp.me/p12Kl4-qb
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La rivière aux lucioles

Déception après la lecture de ces deux nouvelles La rivière aux lucioles qui donne son titre au recueil et Le fleuve de boue de Teru Miyamoto, prix Akutagawa qui relatent les souvenirs d'enfance de deux petits garçons.

La première évoque l'amitié avec Sekine et un premier émoi amoureux de Tatsuo dans la région d'Osaka, dans les années soixante. Si l'ensemble des souvenirs de cette première nouvelle permet de mieux connaître la vie dans les campagnes je n'ai pas vraiment apprécié le style du récit, alternant passages extrêmement poétiques et passages très crus, ce déséquilibre m'a perturbé dans ma lecture.

La deuxième nouvelle relate une histoire d'amitié entre Nobuo et deux enfants dont la mère pour survivre, vit de ses charmes. J'ai trouvé ce texte brouillon, même s'il y a de la poésie, le style, là encore, ne m'a pas séduite.
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Le brocart

Quelques lettres échangées entre deux personnes qui se sont aimées et qui, sans doute, s’aiment encore. Une femme et un homme qui se disent leurs émotions et discourent sur leur vie présente. Des mots simples qui, mais ce n’est qu’à la fin du roman qu’on s’en rend compte, vont dire l’essentiel. Grâce à cette découverte de soi avec l’autre qui écoute et comprend, ces deux-là vont continuer leur vie autrement qu’ils ne l’auraient fait s’ils ne s’étaient pas écrit. Quand le passé devient « base » pour vivre le « présent » et construire l’ « avenir ». Subtil, optimiste et tout simplement beau… j’adore !
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Les gens de la rue des rêves



Satomi Haruta, est un jeune poète célibataire et démarcheur qui va à la rencontre de ses voisins dans leur commerces de la rue des Rêves, à Ôsaka, quelque part dans le quartier sud.



Des voisins tous très particuliers, qui camouflent des originalités ou des monstruosités :

Un restaurateur chinois qui bat sa femme, elle-même si habituée à recevoir ses coups, qui se relève sans problème. 

Une vieille buraliste qui loge tout l'amour qu'elle a dans le cœur dans un nid d'hirondelles.

La cleptomanie du fils de l'horloger. 

Les fils du boucher misogynes, violents et tellement détestables qui achètent les services des femmes ou les forces.

Le photographe homosexuel.

Le coffret à bijou trouvé par l'innocente Mitsuko et son alliance avec l'un des fils du boucher.

Le chemin du retour d'un jeune couple. 



Nous suivons les mêmes personnages tour à tour, ils ne sont pas présents dans chaque chapitre et le poète fait le lien entre eux.



Une galerie de personnages hauts en couleurs, des êtres affreux et des agneaux nous accompagnent dans la rue des Rêves. 

J'ai failli fermer le livre à cause du violent père Wan et de ces ordures que sont les fils du boucher que l'on découvre dès le début et à travers plusieurs récits dans des situations et postures différentes. Les autres personnages ( pas tous tout de même) n'ayez crainte, sont plus fins qu’eux.

Miyamoto sait nous faire entrer dans leur intimité au gré de leurs confidences, de leurs actes dans la vie quotidienne et leurs interactions avec les autres… au fil des chapitres, certaines choses du passé des habitants de la rue des Rêves sont révélées et le regard du lecteur sur les personnages s'affine, devient beaucoup moins anguleux… les personnages ne sont pas figés dans un rôle… l'expérience a été magistrale. 

Certaines scènes et situations dans lesquelles l'auteur nous plonge sont hilarantes !

Les portraits sont bien dressés et les personnages ont l'air plus vrais que nature. Ce livre m'a plu et je vous le recommande.

Ne vous fiez pas au titre.

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Les gens de la rue des rêves

10 nouvelles. Paru en 1986. Japon. Une rue de commerçants. Les mêmes personnages, tous attachants, que l’on retrouve dans chaque histoire où chaque chute est maîtrisée. Le plus présent est un jeune homme timide qui rêve de publier ses poèmes. Les plus intrigants sont les frères bouchers tour à tour violents ou tendres. Un cleptomane, un homosexuel, etc.

De l’humour, de l’amour, de la tendresse. Mélange d’une construction fort réussie à savourer sans modération.

Lu grâce à la critique de Bookycooky que je remercie au passage.



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La rivière aux lucioles

Les deux textes de ce recueil (deux novelas plutôt que deux romans à proprement parler) datent de 1977. Leur auteur n’avait que 30 ans à l’époque, il signait alors ses premières publications et remporta avec La rivière aux lucioles le prix Akutagawa, l’équivalent de notre Goncourt. Dans ce récit d’enfance on découvre le quotidien de Tatsuo, gamin pauvre de Toyama devant faire face à la maladie de son père et aux envies d’ailleurs de sa mère. L’autre titre, « Le fleuve de boue », met également en scène un enfant, Nobuo, vivant dans la gargote que tiennent ses parents sur les bords du fleuve Ajikawa, dans la baie d’Osaka.



Deux textes quasi jumeaux, deux premiers volets de « La trilogie des rivières » qui rendra Miyamoto célèbre, deux histoires d’enfance dans les quartiers populaires du Japon de l’après-guerre. On y trouve un mélange étrange d’ode à la nature, de passages poétiques, de lyrisme contenu et de dialogues réalistes. Une ambiance particulière se dégage de l’ensemble, renforcée à chaque fois par une rencontre mi-naturelle, mi-fantastique (avec des lucioles dans le premier cas et avec une carpe géante dans le second) venant clôturer le récit en lui offrant une morale dont chacun pourra tirer les leçons qu’il souhaite.



Très belle découverte pour moi d’un auteur japonais majeur. Les deux textes sont excellents, même si j’ai préféré le second, où tout se passe réellement à hauteur d’enfant et qui n’est pas sans me rappeler, dans l’esprit, les nouvelles d’Ernest J. Gaines.




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La rivière aux lucioles

La rivière aux lucioles est un livre teinté de beaucoup d'amertume et en même temps d'espoir. C'est dur, violent, terriblement réaliste sur la dureté des conditions de vie des japonais à la moitié du siècle. Pourtant, beaucoup d'humanité apparaissent tout le long du livre. c'est très bien écrit.
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Les gens de la rue des rêves

Lecture délicieuse.....Encore une fois, et comme à chaque lecture, je me pose des questions sur ce qui fait un grand écrivain. Comment des auteurs tels que Roth, Faulkner pour ne citer qu'eux ( et il y en a tant) arrivent à "créer" ce bloc de mots ...parfait, chacun dans son style. Pour Miyamoto et Les Gens de la rue des rêves, c'est l'exemple même de la simplicité parfaite, sans que celà ne soit réducteur, bien au contraire.....Ici la simplicité n'est pas uniquement dans la construction des phrases, elle est le reflet du monde qu'il décrit, celui d'une petite rue d'Osaka, pleine de charme, mais d'un charme que rares arrivent à déceler au milieu de la crasse du quotidien et des préjugés même innocents, inconscient. Une poignée de personnages, peints dans de courtes nouvelles, qui par magie prennent les dimensions de tout un roman,tant l'auteur arrive à brasser toutes les subtilités de ce qui de prime abord semble univoque, sans appel . Dans Les gens de la rue des rêves, les adolescents fugueurs sont certes des adolescents fugueurs, mais avec un petit plus, une profondeur, sans tomber dans le cliché. De même pour les anciens Yakuzas, la quarantenaire vieille fille, le photographe homosexuel, le poète en mal de reconnaissance, ou tous les autres personnages. Il y a de l'humour, cet humour de la vie, pas forcé, il y a du suspens, de l'amour, la famille, l'argent, les fantasmes, désirs et complexes....la vie. Tout au long de la lecture, une pensée ne m'a pas quittée: Pourquoi- sans être écrivain- je n'arrive pas à passer au delà du sordide du quotidien, de mon entourage, et voir la beauté ?? Car il est possible, qu'après tout, ce soit un des secrets du bonheur .
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