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Citations de Théodore Duret (69)


Étant entré dans l'exercice de l'art, alors qu'il est sous la domination de sentiments religieux et d'amertume sur le sort des misérables, et s'étant longtemps plus ou moins maintenu dans le même état d'esprit, toute son oeuvre produite en Hollande en garde l'indice. L'expression s'en trouve intense dans le tableau le plus important qu'il ait peint à cette époque: les Mangeurs de pommes de terre, des travailleurs attablés à un pauvre repas. Il a montré là, toute sa sympathie pour les humbles.
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Claude Monet, parmi nos paysagistes, a eu le le premier la hardiesse d'aller aussi loin qu'eux dans ses colorations. Et c'est par là qu'il a le plus excité les railleries, car l'œil paresseux de l'Européen en est encore à prendre pour le bariolage la gamme de tons pourtant si vraie et si délicate des artistes du Japon.
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Manet n’avait à ce moment où il était encore inconnu, que le poète Baudelaire pour le fréquenter dans son atelier, le comprendre et l’approuver. Baudelaire qui se piquait de ne reculer devant aucune audace, pour qui personne n’était assez osé, qui faisait depuis longtemps de la critique d’art, qu’il voulait tenir en dehors des voies battues, avait découvert en Manet l’homme hardi, capable d’innover. Il l’encourageait donc, il défendait ses œuvres les plus attaquées.
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Cependant le refus éprouvé par Manet en 1878 à l'Exposition universelle, après celui de 1873 au Salon, avait soulevé de nombreuses protestations dans la presse, et chez les artistes. On pouvait s'apercevoir ainsi que, toujours méprisé par le public dans son ensemble, il gagnait du terrain parmi une élite. Le nombre de ses partisans et de ses défenseurs s'accroissait, de telle sorte que le jury, qui le condamnait, avait à subir de fortes attaques et que même ses membres se voyaient individuellement pris à partie et recevaient à leur tour des injures. Aussi, se sentant de plus en plus soutenu, renonça-t-il, en se présentant au Salon de 1879, à ces ménagements qu'il avait cru devoir observer au Salon de 1877, après le refus de 1876. Il avait alors écarté les tableaux de plein air, qui offusquaient particulièrement, pour n'envoyer que des toiles peintes dans l'atelier. Mais en 1879 il revenait à la charge sans faire de concessions. Il soumettait au jury d'examen deux toiles, l'une En bateau, un plein air, l'autre Dans la serre, qui, tout en ayant été peinte en lieu couvert, offrait cependant des tons très vifs. Les deux furent reçues.
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Whister a très bien dit, dans son Ten o’clock, que tous ceux-là avaient su reconnaître la beauté, dans les conditions de vie les plus diverses :
« Comme Rembrandt quand il découvrait une grandeur pittoresque et une noble dignité au quartier juif d’Amsterdam, sans regretter que ses habitants ne fussent pas des Grecs.
Comme Tintoret et Paul Véronèse parmi les Vénitiens, ne s’arrêtant pas à changer leurs brocarts de soie pour les draperies classiques d’Athènes.
Comme Vélasquez à la cour de Philippe, dont les Infantes, habillées de jupons inesthétiques, sont artistiquement de la même valeur que les marbres d’Elgin ».

Ainsi cette accusation élevée contre Manet, de violer toutes les règles jusqu’à ce jour admises, ne venait que de la médiocrité de vision du public, que de son étroitesse de jugement, que de son ignorance du passé, que de son amour de la routine et de sa complaisance pour la banalité.
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Quand on écrit sur un peintre, on met généralement au titre : Sa vie et son oeuvre. Cela implique qu'il a pu se livrer à une certaine activité, exercer des fonctions, s'assurer des récompenses ou des honneurs, en dehors de ses poursuites strictes d'artiste, que la vie qu'il a menée et l'art qu'il a cultivé ont pu aller parallèlement et se développer côte à côte, mais en offrant cependant des parties distinctes et séparables, dans une certaine mesure. Tel n'a pas été le cas de Lautrec. Ce n'est pas sous l'influence d'une esthétique inculquée et de préceptes élaborés qu'il s'est porté vers Tart. Sa vocation a été spontanée.
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Et le mouton, comme il nous est présenté par Millet ! Non plus un être de convention peint pour l’effet pittoresque, mais la bête réelle admirablement observée et rendue avec tout son caractère intime et ses instincts, c’est-à-dire un animal lourd et stupide qui marche machinalement serré en troupeau pour n’avoir point à trouver son chemin, prêt à aller n’importe où, même à se jeter à la mer comme ceux de Dindenaud, par pure imbécillité et impuissance à se conduire.
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Alfred Sisley, qui jusque-là avait vécu comme le fils d'une famille riche, se trouva tout à coup sans autres ressources que celles qu'il pourra tirer de son talent de peintre. Après 1870. il se donne donc tout entier à la peinture, à laquelle il lui faut désormais demander ses moyens d'existence pour lui et sa famille, car il est marié et a des enfants. A ce moment son ami Claude Monet avait, sous l'influence de Manet, adopté et développé le système des tons clairs et l'appliquait, à la peinture du paysage, directement devant la nature. Sisley s'approprie lui-même cette technique ; il peint en plein air, dans la gamme claire, On voit ainsi l'influence qu'exercent les uns sur les autres, au point de départ, des artistes en éveil, Manet sur Monet et Monet sur Sisley. D'ailleurs il faut répéter qu'il ne s'agit point ici de pastiche et d'imitation servile, mais d'une formule initiale que se communiquent, à la recherche de leur voie, des hommes foncièrement originaux, qui ne perdent jamais leur caractère propre. En effet, si dans le groupe impressionniste. Claude Monet et Sisley ne peuvent être, en quelque sorte, séparés, s'ils forment un couple, où les deux se ressemblent plus entre eux qu'à aucun des autres, ils conservent cependant, vis-à-vis l'un de l'autre, leur personnalité et ont chacun leur manière de voir et de sentir.
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Toyokouni de même que Shounshô, s'est surtout adonné à la reproduction des figures d'acteurs et des scènes de théâtre, sur les estampes en couleur et clans les livres. Il est cependant sorti de la spécialité des choses de théâtre, en illustrant des romans de Kyoden, de Bakin, les grands romanciers du temps, et dans les Mœurs du jour, il a donné, en couleur, un ouvrage analogue au livre d'Outamaro, Y Annuaire des Maisons vertes.

Le style de Toyokouni est libre d'allures et plein de mouvement. Le pinceau a été manié avec facilité, aussi la production de l'artiste a-t-elle été abondante. Il est mort en 1828. Il avait alors 56 ans et par conséquent, il serait né en 1772.
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Evidemment l’Etat commande de la peinture au même titre que ses autres fournitures, et les peintres ne sont pour lui que des producteurs, comme ceux qui lui fournissent ses équipements militaires ou le mobilier de la couronne.

Quand l’Etat s’est adressé à Horace Vernet pour avoir des tableaux de bataille, il s’est trouvé posséder des œuvres de mérite, pourquoi ? parce qu’Horace Vernet, sur le terrain où on l’avait placé, était resté sur celui où son instinct l’avait déjà tout naturellement conduit, et où il s’était établi de lui-même. …. Aussi, … a-t-il produit de véritables œuvres d’art.
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M. Jalabert peint de son côté une toile qu'il appelle une Veuve, où se trouve représentée la tristesse d'une veuve en même temps que la consolation qu'elle peut trouver dans ses enfants. Dans cette œuvre, voilà enfin le malheur rendu absolument agréable et joli, la tristesse et l'amour maternels tout ensemble exprimés d'une façon mièvre et affaiblie pour devenir un sujet d'agréable sensibilité et d'attendrissement mitigé, pour les femmes et les hommes élégants qui demandent que tout soit arrangé de manière à répondre à l'exacte nature' de leurs sensations en fait d'art, aussi une pareille toile me paraît-elle être un des triomphes de l'art bourgeois.
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Whistler, à Paris, possédait le grand avantage de parler et d'écrire
couramment le français, comme une seconde langue naturelle. Il l'avait appris jeune à Saint-Pétersbourg et s'en était servi tout le temps de son séjour en Russie. Il avait contracté l’habitude, qu'il n’a jamais perdue, de semer sa conversation et ses écrits anglais de mots français. Il put donc, grâce à sa connaissance de la langue, se trouver dans le milieu artistique parisien comme chez lui.
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« Montrer est la question vitale, le sine qua non pour l’artiste, car il arrive, après quelques contemplations, qu’on se familiarise avec ce qui surprenait, et, si l’on veut, choquait. Peu à peu on le comprend et on l’admet.
Le temps lui-même agit sur les tableaux avec un insensible polissoir et en fond les rudesses primitives. »
(Extrait catalogue exposition particulière au Pont de l’Alma mai 1867)
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Lorsque Van Gogh arrivait à Arles, il avait accompli le changement entrepris pour devenir coloriste. Il était maître de sa nouvelle technique. Il n'avait plus rien d'essentiel à y ajouter.

L'exercice de son art repose maintenant sur trois pratiques fondamentales, d'où son originalité ressortira pleine et entière. D'abord le soin d'observer partout la couleur, de reconnaître dans un ensemble la variété des couleurs, qui devront être appliquées sans atténuation, demi-teintes ou clair-obscur. Puis, pour saisir et fixer avec intensité la lumière éclairant les couleurs, le recours au système adopté par les Impressionnistes, de peindre en plein air, sous l'éclat direct du grand jour et du soleil. En troisième lieu, l'emploi de touches hardies, qui préciseront les lignes et les contours du premier coup, d'un jet, sans qu'on puisse ensuite les reprendre. Il a atteint, en ce qui concerne ce procédé particulier, suggéré par les Japonais, une complète maîtrise. Ce que l'on peut appeler la gymnastique à laquelle il s'est livré, à Paris, lorsqu'il à peint du coup, tant de tableaux aux sujets divers, lui a permis d'obtenir une grande sûreté de main. Cette technique d'une exécution de prime-saut qui, avec d'autres n'aurait sans doute donné que des manières d'esquisses, de faible texture, donne avec lui des œuvres puissantes. La force s'unit, dans la facture, à la hardiesse et à la rapidité.
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Courbet a été considéré de son vivant comme un rustre, l'oeil fermé aux délicatesses de la nature. Et quand est venue son exposition posthume à l'École des beaux-Arts, c'est avec surprise que le public a reconnu qu'à la force se joignaient, dans son oeuvre, une finesse de tons que l'oeil le plus subtil et le plus velouté avait seul pu saisir.
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C'est un solitaire, dont le cerveau est en activité constante et qu'une surexcitation interne mène à prendre des résolutions imprévues. On ne peut donc que constater à quel moment il se tourne vers l'art, sans chercher à découvrir les raisons immédiates de sa décision. Ce qui est certain, c'est qu'il y a dans son cas l'appel, qui finit par devenir tout puissant, d'une vocation bien caractérisée.
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(Berthe Morisot) C’était une femme distinguée, d’un grand charme et d’une exquise sensibilité. Ses qualités féminines se retrouvent dans sa peinture, qui est raffinée et cependant sans ce maniérisme et cette sécheresse qu’on peut reprocher généralement aux artistes de son sexe.
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On peut apprendre le métier de la peinture et parvenir à peindre, on peut apprendre la versification et réussir à faire des vers, mais cela ne permettra à personne, qui n’a été spécialement doué, de se dire peinte ou poète, au sens élevé du mot.
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Dans ses lettres à Émile Bernard, il appuie sur une idée, dont il est hanté. Ce serait la vie en commun de peintres, qui combineraient leurs efforts. Ayant au fond même technique, sans se copier ou s'imiter servilement les uns les autres, ils pourraient produire des œuvres d'ensemble, d'une même note d'art. La vie d'étroite union permettrait de diminuer les charges et de réduire les frais d'existence, écrasant ces artistes qui, quelque soit leur talent, se trouvent méconnus et ne peuvent tirer profit de leurs œuvres. Dans cet ordre d'idées, il cite des exemples d'associations qui auraient autrefois existé, selon lui, entre les membres étroitement unis de certaines écoles.
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Les Impressionnistes qui étaient surtout des paysagistes, se distinguaient par deux particularités, lis peignaient en tons clairs et systématiquement, en plein air, devant la nature. Ils avaient reçu de Manet l'exemple de la peinture en tons clairs et ils s'étaient mis a travailler en plein air, comme entrant clans une pratique déjà connue, au moment où ils survenaient. On ne saurait dire en effet, que l'idée dépeindre devant la nature puisse être spécialement revendiquée par quelqu'un, li est des procédés, qui ont surgi dune façon en quelque sorte spontanée et que l'on voit ensuite s'être généralisés, sans que l'on puisse trop savoir comment la chose s'est faite. Mais enfin, s'il fallait absolument citer des noms, on pourrait faire honneur à Constable en Angleterre, à Corot et à Courbet en France, de la coutume de peindre directement en plein air. Je me rappelle personnellement avoir vu ces derniers, assis l'un près de l'autre dans un champ et peignant chacun une vue de la ville de Saintes, ma ville natale.
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