Livres et albums illustrés du Japon

Toyokouni de même que Shounshô, s'est surtout adonné à la reproduction des figures d'acteurs et des scènes de théâtre, sur les estampes en couleur et clans les livres. Il est cependant sorti de la spécialité des choses de théâtre, en illustrant des romans de Kyoden, de Bakin, les grands romanciers du temps, et dans les Mœurs du jour, il a donné, en couleur, un ouvrage analogue au livre d'Outamaro, Y Annuaire des Maisons vertes.

Le style de Toyokouni est libre d'allures et plein de mouvement. Le pinceau a été manié avec facilité, aussi la production de l'artiste a-t-elle été abondante. Il est mort en 1828. Il avait alors 56 ans et par conséquent, il serait né en 1772.

Les premiers livres qui ont formé le noyau de la bibliothèque japonaise, dont on a ici le catalogue, ont été réunis au Japon, au cours du voyage que j'y fis avec M. Cernuschi en 1871-1872. Quand M. Cernuschi et celui qui écrit ces lignes débarquèrent au Japon, ses arts étaient presque inconnus en Europe. On n'y avait encore vu que quelques rares objets à l'Exposition de 1867. Le premier voyageur, M. de Chassiron, qui, dans un récit publié
en 1861, eût donné quelques reproductions de gravures japonaises prises à l'oeuvre d'Hokousaï, ne s'était pas imaginé d'y voir des oeuvres d'art ;
il les reproduisait, dans son livre, sous le titre de Histoire naturelle, caricatures, moeurs de la campagne et d'ailleurs cette reproduction avait passé inaperçue.

Une collection d'ensemble des productions de la gravure artistique au Japon différera d'une collection du même ordre en Europe, sur ce point, qu'elle devra être avant tout composée de livres ou de volumes reliés, tandis qu'en Europe elle sera surtout formée de suites d'estampes ou de feuilles détachées. En un mot, les estampes ou feuilles détachéesne pourront représenter l'art de la gravure au Japon qu'à l'état partiel, les livres illustrés et albums devant en formerla suite principale et permettant seuls d'en suivre le développement chronologique en son entier, tandis qu'en Europe ce sera le contraire qui sera vrai.

La gravure artistique du Japon n'a pas eu au contraire de technique et de moyens propres spéciaux. Elle n'a été d'abord qu'une application particulière et étendue du moyen qu'on employait, depuis longtemps, pour la production des livres et l'impression de l'écriture.Voulant reproduire l'écriture par l'impression, les Japonais gravaient, sur des planches de bois, les pages écrites et s'en servaient ensuite afin d'imprimer les feuilles du livre.

Le nom d'Hokousaï n'avait depuis transpiré qu'auprès de rares chercheurs, tout au plus quelques volumes de ses oeuvres et des artistes ses contemporains, avaient-ils été vus et achetés à Paris. Nous étions donc partis d'Europe sans rien connaître de l'art japonais alors caché et nous n'avions aucune idée des objets auquels il s'était appliqué.