La vie érémitique n'est pas une vie sans relations, mais au contraire une vie fondée sur la relation essentielle. Ce qui change tout.
Dans Récits d'une ermite de montagne, soeur catherine nous faisait découvrir le quotidien rude et bien concret de sa solitude pour Dieu. Dans ce second livre, elle nous fait entrer plus avant dans sa vie spirituelle et décrit la voie abrupte qui est la sienne, en montrant qu'elle peut être vécue d'une manière toute simple. Elle nous parle de son existence vouée à la prière, des différentes formes de méditation, de contemplation et de l'expérience de l'Un.
À l'école de sainte Thérèse d'Avila et de saint Jean de la Croix, elle raconte les nuits mystiques et les étapes vers l'union à Dieu.
On partage son attrait pour l'extraordinaire et son rapport avec l'ordinaire. Elle propose aussi des réponses aux problèmes spirituels qui se posent aujourd'hui.
La Joie imprègne tout son parcours.
Disponible ici : https://www.editions-tredaniel.com/la-joie-du-reel-p-9383.html
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Un jour que je me plaignais d’être obligée de manger de la viande et de ne pas faire pénitence, j’ai entendu qu’on disait qu’il y avait parfois plus d’amour du moi que de désir de pénitence dans un semblable chagrin.
Que rien ne te trouble
que rien ne t’épouvante
Tout passe…
La patience obtient tout…
Dieu seul suffit.
L'un des sommets de la littérature du Siècle d'Or espagnol. Bien sûr, il faut se souvenir que cette religieuse écrivait au XVIème siècle, avec une mentalité de l'époque ! Si l'on s'attend à ce qu'elle pense et réagisse en femme libérée du XXIème siècle, on risque d'être fort déçu ! Elle n'a pas non plus une vision de la foi conforme en tous points aux enseignements du concile Vatican II ! Mais le livre nous montre un très beau tableau de la société espagnole du XVIème siècle, des mentalités et des conceptions religieuses de l'époque. Quant à ses protestations relatives à l'étendue de ses péchés, ce ne sont pas des jérémiades, elle était vraiment persuadée d'être une grande pécheresse. Beaucoup de saints ont ressenti la même chose : plus ils étaient proches de Dieu, plus ils se sentaient indignes de sa miséricorde. Pour ceux qui trouveraient le livre inintéressant, et c'est leur droit, j'ajouterai ceci : la simple lecture de cette autobiographie de Thérèse d'Avila suffit à convertir, dans les années trente du siècle dernier, une grande intellectuelle, philosophe, disciple de Husserl et enseignante dans une université allemande, Edith Stein. Celle-ci, qui était athée, le lut en une nuit, et au matin, elle était convertie, au point d'entrer quelques années plus tard, au carmel. D'origine juive, Edith Stein fut ensuite poursuivie par les nazis, qui l'envoyèrent à Auschwitz, où elle périt dans une chambre à gaz. Un livre qui a de tels effets ne peut être un livre ordinaire, même s'il ne plait pas nécessairement à des esprits non préparés à l'apprécier.
On peut aussi comparer cet amour à un grand feu qui, pour s'entretenir, a sans cesse besoin d'un nouvel aliment.
Mais prenez garde, si vous ne tenez à rien, c’est peut-être que vous n’avez rien reçu.
incipit :
On m'a donné ordre d'exposer par écrit ma méthode d'oraison et les grâces dont le Seigneur m'a favorisée. On me laisse en même temps pleine latitude pour cette relation. J'aurais bien voulu avoir la même liberté pour raconter dans tous leurs détails et avec clarté mes grands péchés et ma triste vie, et j'en eusse éprouvé une vive consolation. Mais on ne l'a pas voulu ; on m'a plutôt commandé d'être très réservée sur ce point. Aussi, je conjure, pour l'amour de Dieu, celui qui lira cet écrit, de ne point perdre de vue que ma vie a été très infidèle, et que, parmi les saints qui se sont convertis au Seigneur, je n'en ai trouvé aucun qui puisse me servir de consolation.
Quelle vie que la nôtre ! Comme elle est pleine de misères ! Nulle joie n'y est assurée, nulle chose qui ne soit sujette au changement. Un instant auparavant, je n'aurais pas échangé, ce semble, mon bonheur contre tous les plaisirs de le terre, et maintenant la cause même de cette joie me jetait dans un tel tourment que je ne savais que devenir. Ah, si nous considérions avec attention les évènements de notre vie, chacun de nous verrait par sa propre expérience quel peu de cas il faut faire des joies et des tristesses qu'on y trouve !
Et vienne ce qui viendra, arrive ce qui arrivera, peine qui peinera, murmure qui voudra, quand bien même on devrait mourir en route, ou manquer de cœur dans l'épreuve.
Il brûle d'amour ardent
Lui qui naquit en tremblant
Dans une enveloppe humaine (...)
Le mariage spirituel est encore semblable à l'eau qui, tombant du ciel, se mêle si bien à celle du ruisseau qu'on ne peut plus les diviser ni mettre à part celle du ruisseau et celle qui est tombée du ciel.
Il ressemble en outre à un tout petit filet d’eau qui se perd dans la mer, sans qu’il soit plus possible de l’en séparer ; ou à une grande lumière qui pénètre dans un appartement par deux fenêtres et qui, quoique séparée à son entrée en se réunit pour ne faire plus qu’une lumière.