12.
Le Château d'Otrante : Histoire gothique
Horace Walpole
3.30★
(421)
?Le château d?Otrante est un drame plastique, la forme la plus amère, la plus rugueuse, mais aussi la mieux taillée du malheur en amour.
Seuls immortels, les désirs vont leur chemin, malgré d?extraordinaires obstacles, malgré les rideaux du sang et les miroirs vides, la nature exclue, l?existence approximative, la vue inutile, les ancêtres vomis par l?Enfer, malgré la peur, l?héroïsme, la férocité, malgré le marbre des tombeaux et les squelettes, les désirs sans cesse au fil de la mort, cherchent à briser avec l?imaginaire.
Horace Walpole a été le précurseur du Roman noir : de Maturin (pour la mise en scène), de Lewis (pour la précipitation passionnée des événements), d?Ann Radcliffe (pour l?atmosphère et le droit à l?absurde) et même d?Achim d?Arnim (pour la froideur dans le bizarre).
Et quelques-uns des grands pans d?ombre du Château d?Otrante alimentent le terrible feu qu?allumèrent Sade, Poe et Lautréamont pour échapper au néant. Comme il n?y a qu?une grandeur, cela assure à jamais la gloire d?Horace Walpole.? Paul Éluard
Extrait
Manfred, Prince d?Otrante, avait un fils et une fille : celle-ci, très belle jeune fille de dix-huit ans, s?appelait Mathilde. Conrad, le Prince héritier, de trois ans plus jeune, était un garçon sans originalité, maladif et d?un avenir médiocre. Il n?en était pas moins l?idole de son père qui n?éprouvait pas la moindre affection pour Mathilde.
Manfred avait contracté, au nom de son fils, un mariage avec la fille du marquis de Vicence, Isabelle ; et ses tuteurs l?avaient déjà remise entre ses mains afin qu?il pût célébrer le mariage dès que le mauvais état de santé de Conrad le permettrait.
L?impatience avec laquelle Manfred attendait la cérémonie fut remarquée par ses voisins et sa famille. Celle-ci, à la vérité, redoutant la colère du Prince, n?osait s?exprimer sur cette hâte.
Presse
Obéissant à un courant nouveau, qui a déjà fait traduire Le Moine, de Lewis, à Antonin Artaud, un jeune homme de vi