Citations de Thierry Beccaro (63)
Un soir de juin 1973, à quelques jours des premières épreuves du baccalauréat que je me prépare à passer, et alors que je me bats, dans mon lit, contre mes habituelles insomnies, j'entends des bruits étranges. Plus bizarres encore que ceux auxquels je suis déjà malheureusement habitué, comme si des personnes se couraient après dans l'appartement. Je me lève et me dirige vers le salon.
Si les scènes de violentes ne sont pas nouvelles pour moi, celle à laquelle je suis brutalement confronté ce soir-là dépasse l'imaginable : mon père se tient debout, un fusil à la main, visant maman, totalement hébétée et immobile. Je parviens tout juste à prononcer quelques mots dérisoires : "mais papa, qu'est ce que tu fais ? " Ces quelques mots ne me quitteront jamais plus.
Au delà de la politesse de l'interrogation "Ca va ?", la véritable bienveillance consisterait à savoir écouter, non pas à entendre mais à écouter la réponse, à s'intéresser réellement à son interlocuteur, à sortir de la civilité pour entrer dans la sincérité...
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A la violence physique et la détresse psychologique s'ajoutait cette tripe peine de l'omerta, de l'impossibilité d'en parler à qui ce soit.
Chaque semaine en France, 2 enfants meurent sous les coups de leurs parents ou de leurs proches.Chaque jour, 200 sont victimes de graves maltraitance.
Ces chiffres effrayant et indignes d'un pays comme le nôtre, patrie des droits de l'homme et des lumières, ne soulèvent pourtant que trop peu d'attention de la part des médias et donc de la sensibilisation et de connaissance du grand public.
Je sais, pour les avoir connus, combien la solitude et le manque d’amour ouvrent des gouffres intérieurs.
Pardonner n'est pas oublier et si aujourd'hui il me reste encore un travail à faire, c'est bien celui-là : oublier, chasser définitivement des souvenirs encore trop vivaces, arracher les mauvaises racines...
Certes mon père avait eu la chance de croiser la route de Jo Dona et cela m'avait ouvert une première porte, mais depuis je me faisais tout seul.
Chercher à dire, comme si vous étiez le premier homme, ce que vous voyez, ce que vous éprouvez, ce qui est pour vous objet d'amour ou de perte...
Décrivez vos tristesses et vos désirs, les pensées qui vous traversent l'esprit...
Décrivez tout cela avec une honnêteté profonde, humble et silencieuse...
Et pour vous exprimer, ayez recours aux objets de vos souvenirs...
Rainer Maria Rilke
Pour beaucoup de victimes de violence, surtout à l'intérieur d'une famille, les "jours d'après" sont souvent d'une extrême cruauté.
Redevenus eux-mêmes, la colère retombée ou les effets de l'alcool évaporés, les auteurs des faits ont tendance à nier, à minimiser ou à passer totalement sous silence leurs propres actes.
Les times se retrouvent alors face à elles-mêmes, sans même la possibilité de l'expression d'une excuse, d'un regret, d'une explication.
C'était Zorro, mon héros, peut-être, surement à condition qu'il défende les femmes, les enfants, les veuves, les orphelins avec son couteau suisse. Un jour le couteau suisse s'est déréglé, rouillé, abîmé, noyé dans un lac sans fond...Et les mains de mon père se sont perdues et j'ai perdu mon père.
Tout ce que je n’ai pas reçu enfant, tout ce que j’aurais aimé qu’on me donne, comme les écureuils j’en ai fait des provisions dans mon cœur au fur et à mesure, et je m’en resserre pour les autres.
Oui, la radio et la télévision m'ont sauvé la vie en me servant de thérapie.
Il faudrait essayer d'être heureux ne serait-ce que pour donner l'exemple
Il n'y a pas d'amis, il n'y a que des moments d'amitié.
Jules Renard
L'art lave notre âme de la poussière du quotidien.
Picasso
C'est dur, une analyse, et ça fait mal. Mais quand on croule sous le poids des mots refoulés, des conduites obligées, de la face à sauver, quand la représentation que l'on se fait de soi devient insupportable, le remède est là...
Ne plus rougir de soi, c'est la liberté réalisée
Françoise Giroud
Le monde est dangereux à vivre, non pas tant à cause de ceux qui font le mal mais à cause de ceux qui regardent et laissent faire.
Albert Einstein
Une enfance volée est souvent un moteur pour une ambition d'adulte. Mais cette ambition doit se vivre positivement et non comme la recherche d'hypothétiques et vaines réparations d'injustices passées. Sinon, le passé continuera de voler le présent et ne permettra jamais d'accéder à une certaine sérénité.
Les mains de mon père se sont abattues sur ma peau parce que le coeur de maman s'est posé dans d'autres mains
S’apitoyer c’est se réduire, c’est ça arrêter d’avancer, c’est disparaître en soi, sans avoir plus d’explications.