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Citations de Thierry Poncet (76)


C’est peu après le grand reg qu’on passe Bidon V, un ancien dépôt de carburant pour les aviateurs de la mythique aéropostale, celle des Mermoz et autre Saint-Exupéry.
Il ne reste des temps héroïques que la charpente d’un vieux pylône, plus un abri de tôles en demi-cylindre qui pue à cinquante mètres.
Je jette un œil à l’intérieur : le sol est recouvert de merdes à divers états de fraîcheur.
L’humanité est décidément surprenante.
Il y a l’un des plus grands déserts du monde tout autour et les gens qui passent viennent déféquer là, dans l’horreur olfactive et la chaleur de four de cette hutte de métal.
Je me demande ce qu’en aurait pensé le vieux Saint-Ex’.
« Dessine-moi un étron », peut-être…
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- La gentillesse, c'est un truc de société. Un vernis. La plupart du temps, dès que tu grattes un peu, la méchanceté apparaît. C'est comme ça, la vilénie est la chose la mieux partagée au monde.
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Je ne prends plus de notes.
Trop crevé.
La littérature ?
Elle attendra.
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- Tu ne sais pas parler aux machines, Flaco. Moi, j'ai fait descendre des dizaines de bagnoles encore plus pourries jusqu'en Afrique. Je les connais bien. Il faut les poupouner. Pas vrai, Mercedes, ma poupounette chérie ????
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Le lendemain matin me trouve éberlué et ravagé par une deuxième nuit blanche dans une banlieue pouilleuse de Barcelone.
Je poireaute dans un café. Une belle fille moustachue aux gros seins m'a servi un pichet de vin noir. Quatre vieux types jouent aux cartes, s'engueulant de rugueuse langue catalane à chaque levée. Il y a la mer au bout de la rue de ciment crevé.
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L’aventurier pose son Paris-Turf, allume un cigarillo.
– La petite rouquine de l’hôtel dit que tu veux devenir écrivain ?
– Je SUIS écrivain !
Il m’examine.
Un regard extraordinaire. L’œil droit rigole. Il y a de l’ironie dedans. De la ruse. De la malice.
Le gauche observe le monde sans aucune indulgence.
Scrutateur. Logique. Froid comme la mort.
Je lui tends le manuscrit d’une de mes nouvelles.
Il lit les premières lignes, feuillette, parcourt encore quelques paragraphes au hasard et déclare :
– C’est toi.
Comme ça.
Deux syllabes.
Qu’il lâche comme il cracherait deux écorces de graines de tournesol, avant de se replonger dans ses pronostics…
Il aurait pu dire :
« Je viens de décider de t’emmener avec moi, aussi ton destin va-t-il basculer dans les minutes qui suivent, tu vas connaître le monde entier, les grandes ivresses, le sexe, l’amour et le danger, et tu vas devenir écrivain d’une manière que tu n’aurais jamais imaginé. »
Mais non.
Juste : « C’est toi. »
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Paris, septembre.
Je rencontre l’aventurier de la mine d’or au fond d’un PMU de la rue du Faubourg-Saint-Martin.
Blouson de cuir.
Gueule bronzée.
Cheveux ras noirs.
Moustaches.
Cou de buffle.
Une énorme pépite d’or brut en pendentif sur la poitrine. D’autres pépites en bracelet à son poignet gauche. En dessous, tatouée, une feuille de ganja.
Sauvage. Auréolé de menace.
Puissant capitaine pirate en son cul de taverne.
Il est en train de parier sur les courses.
La table est couverte de journaux de pronostics froissés et de tas­ses de café vides aux soucoupes emplies de mégots.
– Tu dois être Thierry ?
– Oui, monsieur.
– Appelle-moi Zykë…
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Elle avait accusé le coup quand j'avais décrit les corps. La tête coupée. Les blessures par flèches. Ses yeux étaient agrandis avec une expression à la fois d'étonnement et de reconnaissance. Quelques secondes lui avaient suffi pour se reprendre. Elle me dévisagea, l'air de ne pas comprendre ma question. Le visage de l'innocence. Aux grands yeux turquoise.

- Je ne comprends pas...

- Qu'est-ce que tu sais des gens qui coupent les têtes et qui tirent à l'arc ?

Elle recula d'un bond, échappant à ma poigne et secoua la tête en tachant de prendre un air offusqué.

-Pourquoi tu me demandes cela ?Tu es cinglé ? Qu'est-ce que tu veux que je sache ? Je ne sais rien ! Nada ! ...
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Hey, mon pote, j’ai une hallucination ou c’est une foutue bouteille de whisky dans ta poche ?
- Un échantillon. J’ai 500 de ses copines dans ma cale.
- Je vais me rouler par terre et pleurer de joie. Et des bières ? Tu as apporté des bières ? Je veux dire des vraies bières, mec, pas des cannettes d’urine de porc comme la dernière fois, ça rend mes clients nerveux.
- Des ‘Tigers’, 3 dollars l’une.
- Non. Tu as appris à compter sur un altimètre ou quoi ? Je sucerais des bites d’ânes avant de payer ce prix-là…
- Comme tu veux…
- Combien tu en as ?
- 2000.
- Quoi ? Seulement 2000 ? C’est un bateau que tu pilotes ou un foutu caddie de supermarché ?...
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La pluie semblait enfin s’essouffler. Fine comme un crachin de Bretagne, elle cliquetait doucement sur les tôles, en accord avec les accents mélancoliques de la trompette de Chet Baker, qui avait remplacé Tom Waits sur la sono.
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Après avoir fumé son joint jusqu’au dernier millimètre, Bozo était allé se coucher. Je restais seul à la barre, avec Tom Waits qui, sur le lecteur CD, éructait son Downtown Train.
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Il glissa un CD de Tom Waits, Rain Dogs, dans le lecteur.
Poussa le volume à fond, pour que la voix du crooner déglingué surmonte le ronflement du moteur et le fracas de la pluie.Sortit un sachet d’herbe de la poche de son treillis et entreprit de se rouler un joint.
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Comment appeler cette suite d'épreuves?
Une initiation?
Un baptême?
Alors, comme les mots gonflaient trop fort ma poitrine, je les ai dit tout haut :
"Ma première aventure!"
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Les filles étaient sur pied de guerre, à douze devant chaque baraque.
Provocantes. Bruyantes. Agressives.
Les jupes au ras de la touffe. Les tee-shirts découpés au rasoir pour exhiber du sein et du nombril. Les visages passés au fond de teint blanc. Les paupières bleues. Les bouches rouges.
Des clowns de sexe.
Et partout, en groupe ou en solo, déjà ivres ou pas encore, excités ou fureteurs, des hommes.
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La surface luisante de l'eau émergeait lentement de l'obscurité, recouverte d'un drap de brume.
Je m'étirai. M'approchai du plat-bord. Déboutonnai ma braguette. Urinai.
Soudain s'éleva la stridulation d'une cigale, semblable à une lame de scie attaquant le bois. Puis cent. Puis mille. Réveillés, les oiseaux se mirent à piailler de tous côtés.
Comme toujours, la lumière grimpait très rapidement. Devant moi, sur la berge, les formes se précisaient. Je distinguai une coulée de palmiers mais qui tombait du couvert de la forêt pour s'épandre au bord du rivage. Un groupe de trois rochers aux pieds trempant dans l'eau. Et deux type en uniforme khmer rouge, AK 47 en travers de la poitrine, qui m'observaient pisser.
Je beuglai :
" ALERTE ! "
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Il éprouvait le plus profond mépris pour les gens des sampans, nomades de la rivière, qui se déplaçaient en bandes et vivaient de petits commerces.
A tout moment il crachait en direction des pirogues.
" Eux pêcheurs de grenouilles c'est enculés !"
Je n'avais pas essayé de savoir ce qui motivait sa détestation. Dans une contrée déchirée par la guerre pendant si longtemps, les haines entre groupes étaient ancrées dans les âmes. La paix n'arrangeait rien.
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Et maintenant, dans cette inaction forcée, au milieu de la tristesse de ce coin du monde, voila que la peine me transperce, douloureuse comme une lame.

Empoigne ma gorge et serre, serre... Brûle mes yeux. Trempe mes joues. Parce que je pleure. Maya. Oui je pleure. Et je lutte pour contenir le cri qui monte de ma poitrine. Je chiale en tumulte, avec la totale de sanglots et de crachats, de hoquets et de morve. Un vrai gros chagrin de gosse, comme l'adolescent que je suis. Gamin de même pas dix-sept berges qui se sent soudain perdu. Des images me claquent au coeur, en volée sauvage...
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Je promène mon insouciance, ma jeunesse et ma liberté nouvelle dans le centre du Maroc. C'est une région de collines. La route étroite sinue à leurs flancs, escarpée juste ce qu'il faut. De quoi se la jouer course de côté sans trop risquer de briser de la ferraille. Agréable, le coin. Boisé, chênes et conifères. Parsemé de buissons odorants. Peuplé de petits ruisseaux chantants. Un peu comme dans certains coins de Provence, vers les contreforts des Alpes. Sauf que je croire de loin en loin des paysans en djellaba à capuche, parfois juchés sur un bourricot, souvent suivis d'une femme voilée de blanc du crâne aux pieds...
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Je reste seul face à ma voiture blessée, près de la hyène qui me feule sourdement dessus, me demandant si je deviens cinglé tout de suite ou si j'attends un peu...
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Désormais, je serai de ces hommes qui bâtissent des royaumes et se font botter le cul, mènent des révolutions et sont jetés en geôle, forcent les putains et savent se mourir d'amour, jouissent à en hurler de leurs victoires et se délectent de l'amertume de leurs échecs.
Je serai de ces hommes qui arpentent la terre, libres et vivants.
Et poil aux dents, putain !
Ouais.
Poil aux dents.
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