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Citations de Thomas Berger (31)


Parfois en lisant des récits sur le sujet, écrits par des hommes qui n'étaient pas sur le terrain, on a dans l'idée que la grande armée des trappeurs s'est acharnée à massacrer tous les bisons du continent afin de nettoyer les plaines pour permettre au bétail d'y paître, ou bien que nous avons éliminé les Indiens en détruisant leur garde-manger de nourriture sauvage. Ces choses se sont produites, bien sûr, mais nous autres n'avions rien planifié. Nous n'étions qu'une bande de types armés de fusils Sharps. Si du haut d'une colline vous aviez vu l'océan de bisons serrés les uns contre les autres, sur peut être une trentaine de kilomètres, vous n'auriez pu imaginer que le jour viendrait où quelques milliers de chasseurs provoqueraient l'extinction de ces millions et millions d'animaux.
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Il n'y a aucun gagnant ni perdant qui soient définitifs tant que le monde est en mouvement, comme il se doit, et prend la forme d'un cercle. La vie ne s'arrête jamais, n'est-ce pas? Bien que je doive mourir, ne vais-je pas continuer à vivre dans chaque chose qui existe?
Le bison mange l'herbe, je le mange, et quand je meurs, la terre me mange, puis elle fait germer de nouvelles herbes. Rien n'est jamais perdu, et chaque chose se retrouve en tout pour l'éternité, bien que tout soit en mouvement. Sauf que les hommes blancs qui vivent sur des lignes droites et à l'intérieur de carrés ne croient pas ce que je tiens pour vrai. Avec eux, c'est tout ou rien: c'est soit la victoire sur la Washita, soit la défaite sur l'Herbe Grasse. Et à cause de leurs étranges certitudes, ils s'obstinent. Ils sont même capable de se battre la nuit ou par mauvais temps. Mais ils ont horreur de la bagarre en elle même. Gagner, voilà tout ce qui les intéresse; et s'ils peuvent y parvenir en signant des traités ou en chuchotant quelque chose au vent, ils n'en sont que plus heureux.

(Paroles de Peau-de-la-vielle-hutte s'adressant à Little big man. Herbe Grasse correspond à Little Bighorn et fait référence à la défaite subie par les troupes de Custer au cours de laquelle il trouva la mort.)
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Je suis un homme blanc, après tout, et je crois fermement que la raison finit par prévaloir éventuellement, que le lion se couchera bien avec l'agneau, si, tout agnostique que je suis, je puis me permettre d'employer le dialecte de la superstition pour exprimer un postulat éminemment moral. Il m'est arrivé une fois de formuler cette pensée devant M. Crabb, et sa réponse m'a fait frémir : "Bien sûr, bien sûr, mon fils, du moment que vous renouvelez l'agneau de temps en temps."
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Je crois que la vraie famille d'un homme est éparpillée dans l'univers, et les personnes qui la composent sont rarement, voire jamais, des parents proches.
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Et bien que je doive mourir, ne vais-je pas aussi continuer de vivre dans toutes les choses qui sont? Le bison mange l'herbe, je mange le bison et quand je meurs, la terre me mange et fait pousser l'herbe. Par conséquent rien n'est jamais perdu, et chaque chose est toutes choses pour l'éternité, bien que toutes choses soient en mouvement.
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- Il n'a pas été scalpé, grand-père. Les Indiens l'ont respecté comme un grand chef.
Vieille-Cabane m'a regardé, en souriant comme si j'étais un enfant stupide, et il m'a répliqué :
- Non, mon fils. J'ai tâté sa tête. Ils ne l'ont pas scalpé pour la bonne raison qu'il devenait chauve.

(sur le général George A.Custer à Little Bighorn)
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Chez les Indiens, quand on rencontre un étranger, soit on mange avec lui, soit on se bagarre, mais le plus souvent on mange avec lui, parce que se battre est une chose trop sérieuse pour y perdre son temps et de l'énergie avec un type qu'on connaît à peine.
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C'est vrai. Plus-Jeune-Ours est devenu un Contraire l'année dernière. Il a racheté l'Arc Tonnerre à Contraire Blanc.
Que je vous explique. Vous savez que le simple Cheyenne est un guerrier qu'on aurait du mal à trouver son semblable. Mais un Contraire va encore plus loin. Il est tellement guerrier que tout ce qui n'est pas la bataille, il le fait à l'envers. Il ne marche pas sur les pistes mais dans les buissons. Il se lave avec de la terre et se sèche avec de l'eau. Si on lui demande de faire une chose, il fait le contraire. Il dort sur la terre nue, de préférence sur un coin bien rocailleux et jamais sur une couche. Il ne se marie pas. Il vit tout seul, à quelque distance du camp. Et quand il se bat, il se bat seul, pas avec le gros des troupes cheyennes. Il porte à la guerre l’Arc Tonnerre, qui a une pointe de lance fixée à un bout. Quand il le tient dans la main droite, i n'a pas le droit de reculer.
Ma foi, doit bien y avoir un million de règles, probable, et comme c'est si particulier, on trouvera jamais qu'un ou deux Contraires dans un camp.
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Mes raisons pour me taire, finalement, probable qu'elles se résument à ceci : Qui c'est qui m'aurait cru ? Hein ?
Mais maintenant, je suis vieux et je m'en fiche. Alors si vous, vous me croyez pas, vous pouvez aller vous faire foutre.
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Ainsi, moi, Jack Crabb, j'étais un guerrier cheyenne. J'avais tué avec un arc et des flèches. J'avais été scalpé et soigné grâce à un tour de passe-passe. J'avais pour père un vieux sauvage qui ne parlait pas un mot d'anglais, pour mère une grosse noiraude et pour frère un type dont je n'avais pour ainsi dire jamais vu le visage car il était toujours enduit d'argile ou de peinture. Je logeais sous une tente en peaux de bêtes et mangeais des chiots. Mon Dieu, quelle étrange condition que la mienne !
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_ Merci de m'avoir fait naître Etre Humain ! Merci de m'avoir aidé à devenir un guerrier ! Merci pour toutes mes victoires et toutes mes défaites ! Merci pour ma vue, et de m'avoir rendu aveugle afin que je puisse y voir encore mieux.
" J'ai tué beaucoup d'hommes, aimé beaucoup de femmes et mangé beaucoup de viande. J'ai aussi eu faim, et je t'en remercie, comme je te remercie du plaisir que l'on a à manger quand on en a été privé un certain temps.
" Tu crées toutes choses et tu les diriges, O Grand-père, et maintenant tu as décidé que les Etres Humains auront bientôt à suivre une nouvelle route. Merci de nous avoir donné une victoire avant que cela nous arrive. Même si mon peuple doit un jour disparaître de la face de la terre, les miens revivront dans chaque homme qui sera fier et fort. Si bien que lorsque les femmes verront un homme qui est fier et brave et vengeur, elles s'écrieront, même s'il a une figure blanche : " Voilà un Etre Humain ! "
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- Il n'a pas été scalpé, grand-père. Les Indiens l'ont respecté comme un grand chef.

Vieille-Cabane m'a regardé, en souriant comme si j'étais un enfant stupide, et il m'a répliqué :

- Non, mon fils. J'ai tâté sa tête. Ils ne l'ont pas scalpé pour la bonne raison qu'il devenait chauve.
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Je savais pertinemment pourquoi Sitting Bull avait été tellement mieux traité au Canada, du moins pendant un temps. A cela, deux raisons: la première, c'est qu'il n'y avait pas beaucoup de Peaux Rouges dans ce coin de pays, et la seconde, c'est qu'il y avait encore moins de Blancs. Malgré ça, ils ont quand même réussi par l'encourager à retourner d'où il venait, car les Indiens deviennent tôt ou tard une plaie quand on n'est pas des leurs à cause qu'ils sont têtus comme des bourriques. Vous pouvez leur montrer des trains, la lumière électrique, New-York, les bateaux à vapeur, la cathédrale Saint Paul et Buckingham Palace, ces gens-là, qui ont jamais trouvé la roue tout seuls et qui vivaient sous des tentes de peau insistent, quoi que vous fassiez, pour rester des Indiens.
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Même le grand Crazy Horse s'est rendu pour venir à l'agence où il est mort peu après dans une escarmouche dont le détail dépend de qui la raconte, de sa race et de la faction de celle-ci à laquelle il appartient. Comme je n'y étais pas, je n'ai rien à en dire, à cela près que son meilleur ami ou le pire des Judas était impliqué dans l'incident, et que ce dénommé Little Big Man n'était pas moi mais un Ogallala dont le nom se traduit comme le mien sauf qu'à l'origine, il était en langue sioux et le mien en cheyenne. Je crois l'avoir déjà dit, mais les gens n'écoutent pas et comprennent tout de travers.
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Les cadavres de huit cents chevaux gisaient dans la prairie, et y en avait qui remuaient encore un pied. A cause du froid, ils n'étaient pas encore mûrs pour attirer les charognards, mais je voyais quand même des coyotes aux aguets à six sept cent mètres dans la vallée, et un ou deux corbeaux au faîte des peupliers. Le vent glacé du soir soulevait des fragments noirs, du tas de déchets près de la berge.
Custer avait aussi abattu les quelques chiens qui n'étaient pas partis avec les indiens en fuite, et ces cadavres-là étaient éparpillés, parmi des cartouches éjectées, des flèches et autres détritus. Une quantité de sang considérable avait éclaboussé la terre et la neige et à l'ombre ça gelait rouge vif, y avait qu'au soleil que ça tournait brun.
Des plusieurs centaines d'âmes qui avaient occupé ces lieux dernièrement, moi seul restais vif. Je suis allé m'asseoir sur la berge glacée de la Washita. Si la rivière avait eu sa part de sang, ces coulées rouges et ces filaments ne durent jamais longtemps dans une eau courante, mais se mélangent et passent et quelque part à peut-être mille kilomètres, un gars boira une gorgée d'eau et sans le savoir il lampera une parcelle de jus de vie de quelqu'un d'autre. Le soleil descendait derrière une montagne de fumée bleue bordée d'or, comme une écharpe accrochée en travers de l'horizon de l'ouest. A croire que Custer faisait flotter ses couleurs personnelles même sur l'horizon.
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_ Quoi que nous fassions, les hommes blancs nous tromperont. Si nous plantons des pommes de terre, ils les voleront. Si nous essayons de chasser le bison, ils effrayeront le gibier qui disparaîtra. Si nous nous battons, ils ne nous feront pas la guerre loyalement.
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- Haïssez-vous les Américains ?
- Non, m'a-t-il confié tout en fermant ses yeux à la fois morts et lumineux. Mais je les comprends à présent. Je ne crois plus qu'ils soient fous ou stupides. Je sais désormais que ce n'est point par erreur qu'ils ont fait fuir les bisons, ni par accident qu'ils ont incendié la prairie avec leur chariot de feu, ni encore suite à un malentendu qu'ils exterminent les Êtres Humains. Non, toutes ces choses ils les entreprennent intentionnellement, et les les réussissent fort bien. Voilà un peuple plein d'énergie. (Il a saisi quelque chose sur sa ceinture ornée de perles et l'a caressée.) Les Êtres Humains croient que tout est vivant : pas seulement les hommes et les animaux, mais aussi l'eau, la terre, les pierres et même les morts. Y compris les choses qui leur ont appartenu comme ce scalp. (C'était donc ça qu'il tenait dans la main.) La personne sur laquelle ces cheveux ont été prélevés est chauve dans l'Autre Monde, parce qu'ils sont à moi désormais. Ainsi vont les choses.
"Au contraire, les hommes blancs pensent que tout est mort : les pierres, la terre, les animaux et les gens, y compris ceux de leur race. Quand, malgré tout, des choses s'entêtent à essayer de vivre, les hommes blancs les détruisent. Voilà tout ce qui les différencie des Êtres Humains.
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Je connais assez bien cette engeance, ayant comme tout le monde déboursé mes cinquante dollars de l'heure, deux fois par semaine, pendant plusieurs années, sans jamais avoir vu pour autant disparaître mes cauchemars et mes migraines.
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Une personne plus fine eût pris mon grognement indistinct pour un refus d'en entendre davantage, mais Mrs. Burr ignorait tout de ces subtilités.
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Je suis un homme blanc, après tout, et je crois fermement que la raison finit par prévaloir éventuellement, que le lion se couchera bien avec l'agneau, si, tout agnostique que je suis, je puis me permettre d'employer le dialecte de la superstition pour exprimer un postulat éminemment moral. Il m'est arrivé une fois de formuler cette pensée devant M. Crabb, et sa réponse m'a fait frémir : "Bien sûr, bien sûr, mon fils, du moment que vous renouvelez l'agneau de temps en temps."
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