AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Thomas De Quincey (55)


Ce ne fut point un effet de la prudence, mais simplement la fascination d'une peur mortelle qui le poussa à ouvrir la porte. Un pas le mena au haut de l'escalier; il pencha la tête par-dessus la rampe pour écouter; et à ce moment, du petit salon, monta ce cri d'agonie de la servante : "Seigneur Jésus! nous allons tous être assassinés!" Quelle tête de Méduse devaient offrir ces terribles traits exsangues et ces yeux vitreux et fixes qui semblaient vraiment appartenir à un cadavre, s'il suffisait d'y jeter un regard pour qu'ils proclamassent un arrête de mort!
Commenter  J’apprécie          40
Et pour les survivants, l'accablement de malheurs si violents qu'à la fin, nombreux furent ceux qui perdirent la mémoire : tout souvenir de leur vie passée fut effacé comme une éponge - totalement oblitéré, aboli; nombreux furent ceux qui perdirent la raison, certains sous la forme tranquille d'une mélancolie songeuse, certains sous la forme plus agitée du délire fébrile et du trouble nerveux, d'autres sous la forme définie de l'excitation maniaque, de la folie furieuse, ou de l'idiotie profonde.
Commenter  J’apprécie          40
On sait que Voltaire répondit à un jeune médecin qui accusait le café d'être aussi un poison lent: «Vous avez bien raison, mon ami: lent et horriblement lent, car j'en bois depuis soixante-dix ans, et il ne m'a pas encore tué.
Commenter  J’apprécie          41
En 1816, notre paisible ville universitaire située au nord-est de l’Allemagne, fut bouleversée par une succession d’événements terrifiants, dus au déchaînement d’une haine digne d’une tigresse altérée de sang. Les faits offrent un caractère trop atroce pour être passés sous silence ; ils méritent même une relation exceptionnelle. La leçon à tirer de ces horreurs devra servir aux générations futures dans leur lutte contre l’inhumain et tout ce qui s’en rapproche. A plus d’une reprise cette leçon a retenu l’attention de souverains et de princes chrétiens, réunis en congrès. Aucune tragédie, si dramatique soit-elle, n’a autant révolté le cœur humain, accablé un foyer, ni exigé davantage un chapitre à part dans l’histoire des mœurs et de la vie sociale en Allemagne. Enfin personne n’est mieux placé que moi pour en être le narrateur.
Commenter  J’apprécie          30
des proportions si vastes que l’œil humain n’est pas apte à les recevoir» et le temps s’étirant à «une durée bien au-delà de n’importe quelle expérience humaine
Commenter  J’apprécie          30
Mais il y a une autre classe d'assassinats, en vigueur depuis le début du XVIIe siècle, qui est, pour moi, une véritable surprise : je veux dire les assassinats de philosophes. Car, messieurs, c'est un fait qu'au cours des deux derniers siècles tout philosophe éminent à été assassiné, ou du moins s'est vu tout près de l'être ; tant est si bien que, si un homme se prétend philosophe et que l'on n'ait jamais attenté à sa vie, vous pouvez être assuré qu'il n'a pas d'étoffe ; et je tiens en particulier pour une objection sans réplique (à supposer qu'il nous en faille une) à la philosophie de Locke le fait qu'il ait promené sa gorge sur lui en ce monde pendant soixante-douze ans sans que personne ait jamais condescendu à la lui trancher.
Commenter  J’apprécie          20
“Être faible”, nul besoin de nous l’entendre dire par la voix de l’Archange, “c’est être malheureux”. Toute faiblesse est souffrance et humiliation, quelles que soient ses manifestations ou son origine. La faiblesse fondamentale de l’homme, qui dépasse toutes les autres et s’en distingue par le triste privilège d’atteindre au paroxysme du malheur, a trait à la jouissance de ses moments de bonheur et à son aptitude à maintenir sur son front altier, ne serait-ce qu’un instant, les fleurs au mieux si fragiles et si rares ! -, qui viennent parfois le couronner. Il n’y a pas de terme, il n’y en aura jamais, aux plaintes qui montent de la Terre et du cœur en révolte de ses enfants, se lamentant sur ce terrible opprobre infligé à l’orgueil des hommes : les changements incessants que ses facultés et ses aspirations lui permettent d’appréhender, la fragilité dont il hérite et la vacuité sensible au milieu même des ravissements pour quiconque soulève un instant les voiles d’un présent chimérique, la vacuité, la perfidie absolue de cette vacuité, sur laquelle reposent en fin de compte toutes les pompes et les vanités du monde.
Commenter  J’apprécie          20
Cette série d'événement terribles, qui bouleversèrent notre paisible ville universitaire du nord-est de l'Allemagne au cours de l'année 1816, a, en elle-même et considérée simplement comme le mouvement aveugle d'une passion humaine déchaînée comme un tigre parmi les hommes, quelque chose de trop mémorable pour être oublié ou négligé sans faire l'objet d'une relation spécifique; mais la leçon est encore plus mémorable et mérite l'attention soutenue des générations futures dans leur quête du progrès humain, non seulement dans le domaine particulier qui a suscité un grand intérêt direct, mais dans tous les domaines d'un intérêt analogue; car déjà, à plusieurs reprises, cette leçon a bel et bien retenu l'attention des rois et des princes chrétiens réunis en congrès.
Commenter  J’apprécie          20
L'atteindre, fut-ce dans son salon, était quelque chose comme pénétrer avec un drapeau blanc dans une forteresse assiégée : tous les six pas, on était arrêté par une sorte de herse.
Commenter  J’apprécie          20
[...] I do not readily believe that any man, having once tasted the divine luxuries of opium, will afterwards descend to the gross and mortal enjoyments of alcohol [...] (p.5)
Commenter  J’apprécie          10
Sur ces motifs d’alarme comme sur d’autres (Mme Williamson, notamment, passait pour posséder une quantité considérable d’argenterie), le journalier méditait anxieusement ; et il pouvait être minuit moins vingt-huit ou moins vingt-cinq quand tout à coup, avec un fracas qui proclamait une main animée d’une hideuse violence, la porte de la rue fut soudain claquée et verrouillée. Il était donc là, sans nul doute, ce démon enveloppé de mystère du n°29 de Ratcliffe Highway. Oui, cette épouvantable créature, qui depuis douze jours occupait toutes les pensées et toutes les langues, était maintenant, trop certainement, dans cette maison sans défense, et allait dans quelques minutes se trouver face à face avec chacun de ses habitants. Une question flottait toujours dans l’esprit du public : y avait-il eu, chez Marr, deux hommes à l’œuvre ? Si oui, il y en avait deux à présent ; et l’un des deux se mettrait aussitôt en devoir de faire la besogne d’en haut, puisque, de toute évidence, aucun danger ne pouvait être plus immédiatement fatale à pareille attaque que l’alarme donnée aux passants d’une fenêtre de l’étage. Pendant une demi-minute, le malheureux saisi de panique resta immobile, dressé dans son lit. Puis il se leva, et son premier mouvement fut d’aller à la porte de sa chambre. Non pas dans le dessein de l’assujettir pour résister à une intrusion : il savait trop bien qu’elle ne comportait ni serrure ni verrou, et il n’y avait dans la chambre aucun meuble déplaçable dont on pût se servir pour barricader la porte, même si l’on avait le temps de faire semblable tentative. Ce ne fut point un effet de la prudence, mais simplement la fascination d’une peur mortelle qui le poussa à ouvrir la porte. Un pas le mena au haut de l’escalier ; il pencha la tête par-dessus la rampe pour écouter ; et à ce moment, du petit salon, monta ce cri d’agonie de la servante : “Seigneur Jésus ! Nous allons tous être assassinés” !
Commenter  J’apprécie          10
De malencontreux empêchements surgissent ; les gens n’acceptent pas qu’on leur coupe tranquillement la gorge ; ils s’enfuient ; ils se débattent, ils mordent ; et alors que le portraitiste a souvent à se plaindre d’un excès de torpeur chez son sujet, l’artiste qui nous concerne est généralement embarrassé par un excès d’animation.
Commenter  J’apprécie          10
Et dans le cas présent, ce récit n’est pas seulement indispensable à la bonne compréhension de notre réponse améliorée à la Sphinx ; il présente en lui-même un intérêt distinct : il illustre en effet une idée, profonde quoique obscure, propre aux âges païens, idée liée aux tout premiers ­regards que l’homme a jetés dans les abîmes de sa plus haute parenté, et mystérieusement logée au sein de ce que Milton nomme d’une admirable formule "les fondements ténébreux" de notre humaine nature.
Commenter  J’apprécie          10
Le jour se leva, comme d'habitude; car il est étrange, mais vrai, que pour les infortunés, il semble miraculeux que les époques et les saisons continuent à se dérouler comme prévu au milieu de si puissantes déroutes et de telles ruptures de leurs attentes habituelles.
Commenter  J’apprécie          10
"C'est assez." Et ce furent ses dernières paroles. "C'est assez" Sufficit! Puissantes et symboliques paroles! (p.88).
Commenter  J’apprécie          10
Mon propre royaume éternel était une île du nom de Gombroon. Mais sur quel parallèle et sous quelle latitude, nord ou sud, elle se situait, je le dissimulai pendant un certain temps aussi rigoureusement que Rome avait dissimulé au cours des siècles son nom véritable. L’objet de cette dissimulation provisoire était de fixer la position de mon territoire par rapport à celui de mon frère ; car j’étais décidé à placer un univers aquatique monstrueux entre nous, dans la mesure aussi où c’était la seule chance (qui devait s’avérer bien mince) d’obliger mon frère à respecter la paix. À la longue, pour une raison inconnue de moi, et à mon grand étonnement, il situa sa capitale à la latitude très élevée de 65 degrés nord. Une fois ce fait déclaré et établi, j’envoyai instantanément mon petit royaume de Gombroon au fin fond des tropiques, 10 degrés, je crois, au sud de la ligne. Dès lors, j’étais au moins du bon côté de la limite, ou me flattais ainsi de l’être, car il m’apparaissait comme l’évidence même que mon frère ne s’abaisserait pas à organiser une expédition maritime coûteuse contre le pauvre petit Gombroon ; et comment pouvait-il m’atteindre autrement ? À coup sûr, s’il se trouvait sous une latitude arctique très élevée, le démon lui-même ne donnerait pas libre cours à sa malice au point qu’elle suive ses propres tendances jusqu’au Tropique du Capricorne. Et que pouvait bien rapporter pareille équipée ? Il n’y avait aucune Toison d’Or dans Gombroon. Si le démon ou mon frère s’imaginait qu’il y en avait une, il se trompait pour une fois ; et cette île ne contenait aucune diversité d’espèces végétales, car pas une fois je ne niais que le pauvre îlot ne faisait que deux cent soixante-dix milles de circonférence. Imaginez alors de naviguer vers soixante-quinze degrés de latitude dans le seul but d’aller croquer une misérable petite noisette de ce genre ! Mais mon frère m’étonna en m’expliquant que, même si sa capitale était située à 65 degrés de latitude nord, ses domaines n’en descendaient pas moins jusqu’à 80 ou 90 degrés de latitude sud ; et pour ce qui est du Tropique du Capricorne, il en possédait une bonne partie. Je fus sidéré d’entendre cela. Il semblait que de vastes pointes et promontoires couraient depuis toutes les parties de son domaine, vers n’importe quel pays, quel qu’il fût, des deux hémisphères – empire ou république, monarchie, polyarchie, ou anarchie – et qu’il pouvait avoir des raisons d’assaillir.
Commenter  J’apprécie          10
À l’époque, j’étais comme aujourd’hui professeur à l’université de cette ville qui a eu le triste privilège d’être le théâtre des dits événements. À ce titre, j’ai connu intimement victimes et persécuteurs ; je fus présent du début à la fin de cette mystérieuse tempête qui s’est abattue sur nous avec la violence d’un cyclone des Indes occidentales. À un moment, il a même sérieusement menacé de dépeupler notre université en répandant sur ses membres de noirs soupçons, aussitôt repoussés avec une généreuse indignation.
Commenter  J’apprécie          10
Pour dire la vérité, toutefois, il ne m'était jamais venu à l'esprit de songer aux travaux littéraires comme à une source de profit.
Commenter  J’apprécie          10
Ainsi donc, Oxford Street, marâtre au cœur de pierre, toi qui as écouté les soupirs des orphelins et bu les larmes des enfants, j'étais enfin délivré de toi !
Commenter  J’apprécie          10
l’opium, non l’opiomane, est le vrai héros du récit
Commenter  J’apprécie          10



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Thomas De Quincey (395)Voir plus

Quiz Voir plus

Compléter les titres

Orgueil et ..., de Jane Austen ?

Modestie
Vantardise
Innocence
Préjugé

10 questions
20251 lecteurs ont répondu
Thèmes : humourCréer un quiz sur cet auteur

{* *}