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Citations de Thomas Mullen (108)


Dale ne garde aucun souvenir de la plupart de ses journées – en les additionnant, ça finit simplement par faire des années. Des jours échappés de sa mémoire, non parce qu’il les a oubliés, l’alcool aidant, mais parce qu’ils sont dénués de sens.
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Tenter d’introduire le concept d’ordre public dans le cerveau de gens qui, n’ayant jamais eu de raison d’y croire, préféraient se livrer à des vendettas à leurs yeux plus honorables, plus intéressantes et bien plus sanglantes...
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Toutes les variantes de la haine raciale seraient-elles en train de converger sur ce quartier ?
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Boggs sait que sa démarche ne le mènera nulle part. Il n’y aura pas de poursuite immédiate, pas de barrages routiers et, par conséquent, aucune arrestation. Les trafiquants d’alcool seront sous peu de retour dans leurs montagnes.
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La beauté qui peut émaner de la tristesse est incroyable.
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Je consultais régulièrement mon GeneScan tout en lisant un journal abandonné sur la table. La quantité d’informations contenue dans ces feuillets archaïques, fabriqués avec de la pâte, ne cessait de m’étonner ; ça, ainsi que la nature brute de l’ensemble, la multitude des points de vue et des opinions. Mais une fois passé l’étrangeté initiale, c’est la haine systématique qui m’a le plus frappé. La mesquinerie, le côté prévisible. Les Russes détestent les Tchétchènes, les sunnites détestent les chiites. Les Blancs détestent les Noirs, qui détestent les Latinos. Les Anglais détestent les Irlandais, les Hutus détestent les Tutsis, les Bosniaques, les Serbes, et j’ai perdu le compte de ceux qui détestent les musulmans ou les juifs. Les Japonais détestent les Chinois, qui détestent les Taïwanais et les Tibétains. Les Salvadoriens détestent les Nicaraguayens. Les Saoudiens détestent les Yéménites. Le Pachtoun déteste le Urdu. Et je n’en suis qu’à la page neuf.
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Après tout, sait-on vraiment ce qu’on fait, et pourquoi, quand on se retrouve au cœur de l’action ? Ce n’est que plus tard, quand on regarde en arrière, qu’on commence à classer les Événements, à les étiqueter. Intention, désir, inclination. Hasard, aléas, décision. Cause et effet, fins et moyens. S’il y a bien une chose que ce boulot m’a appris, c’est que lorsque les gens se retrouvent dans le feu de l’action, ils agissent en conséquence, pour seulement ensuite se trouver des justifications. Ils se dédouanent, prétendent qu’ils n’avaient pas le choix. Ils lèvent les mains au ciel, ou partent simplement du principe que ces Événements devaient avoir lieu. Ils appellent ça le destin, ou Dieu, ou Allah – autant de termes répréhensibles aujourd’hui.
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Ne vous laissez pas impressionner, me disait-on. Vous connaîtrez ces gens mieux qu’ils ne se connaissent eux-mêmes.
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Je protège les Événements.

C’est la façon la plus concise d’expliquer ce que je fais, et c’est ainsi que mes supérieurs au Ministère me l’ont présenté la première fois. Je n’en savais auparavant pas davantage que n’importe qui d’autre sur lesdits Événements, mais je suis devenu un expert en la matière. Je sais pourquoi les gens se déchirent, pourquoi ils se haïssent parfois, je connais leur plus grande crainte. C’est du moins ce qu’on m’a expliqué lors de mon Entraînement.
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Quelle ville ! Sa structure parfaitement géométrique, ses larges avenues, ses trottoirs impeccables, tous ces monuments qui baignent dans une lueur céleste…
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Il y a tellement d’informations ici qu’ils passent le plus clair de leurs vies à s’y perdre.
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Il est l’heure passée de dix minutes, et mon sujet se met en route. Il a un rendez-vous important – un rendez-vous avec l’Histoire, en fait, même s’il l’ignore encore. Il doit rencontrer sa source, un individu mystérieux qui l’a mis sur la piste d’une affaire en or, mais dangereuse. Un graal mythique, dont il commençait à douter de l’existence. Sa source lui a promis le graal, ce soir. À condition qu’ils se rencontrent en personne.
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Trois énormes SUV noirs progressent dans les rues, tels des buffles musculeux qui arpenteraient leur territoire. Les lumières de la ville glissent sur leurs vitres teintées – les jaunes des gratte-ciel, les blanches de la rue, et les rouges dont ils n’ont que faire, vu la manière dont ils traversent les carrefours à coups de klaxon. Les gens sur les trottoirs leur adressent à peine un coup d’œil.

Je traverse la rue vide dans leur sillage. La plupart des lumières de l’immeuble des Imprimeries Nationales sont encore allumées – des correspondants du monde entier s’y activent pour tenir leurs délais. Les rédactions attendent à Tokyo, les masses sont avides d’infos à Bombay, le public a le droit de savoir à Londres. Le volume d’informations qui sort de cet immeuble me sidère – le poids que ça représente, tout ce gâchis. Comme si les gens en avaient besoin.
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Le paysan, loin de le remercier, arborait une expression résignée. Comme s’il lui était plus facile d’accepter sans broncher la dernière plaie envoyée par le Seigneur que d’exiger des explications à la mort de son enfant.
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Eux qui avaient survécu jusqu’à l’âge adulte grâce à leur prudence et à leur discrétion, étaient tenus de patrouiller dans Darktown d’un pas lourd, dos droit et menton relevé, alors qu’ailleurs, en civil, ils devaient se faire tout petits, voire transparents.
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Rester calme. Ne pas paniquer. Ne pas se mettre en colère. Toujours garder le contrôle. Surtout, bien faire sentir que votre rage intérieure est prête à se déchaîner.
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La question était de savoir s’ils voulaient devenir meilleurs qu’eux ou devenir comme eux.
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Il était près de minuit quand l’un des nouveaux réverbères d’Auburn Avenue eut la malchance d’être embouti par une voiture, une Buick blanche dont un phare explosa en mille éclats sur le trottoir, au pied du poteau désormais plus penché que la tour de Pise.
Les sauterelles continuèrent de striduler dans l’air lourd de juillet. Des fenêtres s’ouvrirent, le fracas de la collision en ayant réveillé plus d’un. Le seul piéton sur les lieux, un vieux balayeur noir qui rentrait du travail, se trouvait à une dizaine de mètres du point d’impact. Il avait reculé de quelques pas
en voyant la voiture mordre le trottoir et, prudent, s’était arrêté, de peur que le réverbère lui tombe dessus.
La Buick effectua une lente marche arrière, afin de dégager sa roue avant droite du trottoir. La manœuvre fit osciller le réverbère, tel un métronome géant qui reprit ensuite sa position initiale.
Le vieil homme entendit une voix de femme crier : « Qu’est-ce que vous faites, ramenez-moi chez moi ! » Il secoua la tête et, au cas où ça tournerait vinaigre, s’éloigna en traînant des pieds.
Il avait fallu bon nombre d’années aux dirigeants de la communauté noire d’Atlanta pour convaincre le maire de l’utilité d’un éclairage public. La présence de ces réverbères, installés depuis quelques mois sur cette grande artère commerçante, était ressentie comme un don céleste par les habitants
du quartier.
Détails évidemment ignorés du conducteur de la Buick.
En tentant un demi-tour au milieu de l’avenue déserte, il avait mal évalué la largeur de la chaussée, ou surestimé le rayon de braquage de son véhicule. Et sans doute pas remarqué les silhouettes de deux policiers de l’APD.
Cinq minutes plus tôt, l’agent Lucius Boggs s’était décidé à questionner Tommy Smith, son équipier, à propos de sa blessure au genou.
– Tu ne t’es pas fait ça au base-ball, avoue.
– J’ai salement glissé, riposta Smith.
– Mais tu as dit à McInnis que tu étais en base trois.
Pendant l’appel, Smith avait assuré à leur supérieur, le lieutenant McInnis, qu’il allait très bien ; il avait juste senti un pincement au ménisque en disputant un match avec des copains.
Vous savez comment sont ces terrains de jeu, monsieur, trop mous, ça accroche pas. McInnis l’avait écouté, imperturbable, du genre encore un négro qui me raconte des craques, et avait jugé que le sujet ne méritait pas approfondissement.
– Bon, OK. Je suis tombé d’une fenêtre, admit Smith.
Ils patrouillaient sur Hilliard Street, non loin du YMCA 2 dont le sous-sol servait de cantonnement aux policiers noirs.
Le soleil, couché depuis longtemps, avait laissé derrière lui une chaleur étouffante qui persisterait jusqu’à son lever. Les deux flics transpiraient dans leur uniforme.
– Tombé de ta fenêtre ?
– D’après toi ?
Boggs croisa les bras et ne put s’empêcher de sourire.
– Qui était la dame que tu essayais d’impressionner avec tes acrobaties ?
– En fait, j’étais en train de la régaler de mes voltiges quand le mari a déboulé. Soi-disant il l’avait quittée et il s’était tiré à Detroit. Elle racontait qu’elle cherchait un avocat pour le divorce.
Les policiers d’Atlanta étaient tenus de respecter un code de conduite très strict – interdiction de consommer de l’alcool, même chez eux, et défense de courir les filles. La seconde règle n’était pas parvenue jusqu’au cerveau de Smith.
À l’instar de ses sept collègues noirs, il ne buvait pas une goutte, sachant qu’il risquait la suspension si un témoin malveillant le dénonçait ; en revanche, l’idée de faire ceinture côté gaudriole était pour lui inconcevable.
– Tu vas finir avec une balle en pleine tête, Tommy…
– Je t’assure que je cours pas après les femmes mariées !
– Excepté celle-là, et celle qui faisait ce fameux gâteau
aux noix caramélisées, et aussi…
– Oh, elle, c’est une vieille histoire…
– Tu disais, le mari a déboulé… Et après, que s’est-il
passé ?
– Devine… J’ai enfilé mon froc vite fait et j’ai sauté par la fenêtre.
– De quel étage ?
– Du troisième.
– Non !
– Pas le choix, mon vieux, y avait pas d’échelle d’incendie.
Je m’en suis plutôt pas mal tiré, pas vrai ?
– Tu as eu des nouvelles de la dame, depuis ?
– Je suis pas retourné écouter aux portes, figure-toi.
– Tu ne t’inquiètes pas pour elle ?
C’est le genre de nana qui a la tête sur les épaules et les pieds sur terre.
Lucius Boggs était fils de pasteur. Même s’il n’avait pas suivi les traces de son père, l’idée de coucher à droite à gauche lui était complètement étrangère. Avant de rencontrer sa fiancée, son expérience en la matière s’était limitée à quelques rendez-vous innocents avec des jeunes filles bien élevées de l’élite intellectuelle de la communauté. Aujourd’hui, il se remettait de la rupture de ses fiançailles, la demoiselle lui ayant avoué que sa constitution fragile ne supporterait pas le stress de savoir que son futur époux pouvait à tout moment être abattu ou passé à tabac.
Une voiture de patrouille approchait, feux éteints. Hilliard Street ne possédait ni réverbères ni trottoirs. Les deux flics se turent et attendirent, chacun se demandant si reculer de quelques pas le ferait passer pour un dégonflé.
Soudain le véhicule accéléra, fonça sur eux, les évita in extremis et s’immobilisa dans un crissement de pneus.
Boggs et Smith eurent le temps d’apercevoir deux flics qui poussaient des cris de primates en criant : « Garez vos miches, les négros ! »
Et la voiture repartit sur les chapeaux de roues, emportant les deux Blancs hilares.
Ne jamais montrer sa peur. Toujours réagir comme à une blague innocente, même s’ils lancent leur bagnole sur vous quand vous traversez la rue, même si la carrosserie vous frôle.
Plus d’une fois, Boggs, en quête d’aide pour une arrestation, avait hélé une voiture de patrouille, laquelle, loin de lui prêter main-forte, avait roulé vers lui à tombeau ouvert. Il entendait encore résonner le rire gras des Blancs. Le jour où ils écraseront un flic de couleur, ils diront que c’est un accident.
Boggs et Smith marchèrent jusqu’à l’angle d’Auburn Avenue sans échanger une parole. Seules les stridulations mécaniques des sauterelles, auxquelles répondaient les criquets, venaient troubler le silence. Les néons du cinéma Bailey’s Royal, les devantures du bijoutier et du tailleur étaient éteints ; quelqu’un avait oublié de fermer la lumière au troisième étage des bureaux d’une compagnie d’assurances.
Hormis cette lueur et celles des réverbères, la nuit était d’encre. C’est alors qu’ils entendirent le fracas.
Ils rebroussèrent chemin, avec le vague espoir que la voiture de patrouille ait percuté une borne d’incendie ou un mur de briques. Au lieu de cela, ils virent une Buick blanche montée sur le trottoir, et, titubant tel un homme ivre, un réverbère dont l’ampoule se mit à papilloter.
La Buick descendit du trottoir en marche arrière – à cette distance, impossible de lire la plaque d’immatriculation. Puis elle repartit droit vers eux.
Incorporés dans la police depuis moins de trois mois, Boggs et Smith patrouillaient chaque soir à pied – les flics noirs n’avaient pas droit aux véhicules – le secteur d’Auburn Avenue et le West Side, de l’autre côté du centre-ville. On leur avait fourni la tenue réglementaire : casquette à visière ornée de l’écusson doré de la ville d’Atlanta 1, chemise de serge bleu foncé avec plaque nominale en laiton épinglée au-dessus de la poche de poitrine, pantalon noir et courte cravate.
Smith était l’un des seuls à avoir choisi l’option nœud papillon, plus chic à son goût. Ils portaient tous un large ceinturon auquel était accroché un attirail d’armes défensives, dont un revolver, ce qui terrifiait bon nombre de Blancs.
Boggs s’avança sur la chaussée, paume levée, et fit signe au conducteur de se rabattre. Les flics blancs pouvaient s’amuser à faire semblant d’écraser leurs collègues, mais les civils, tout de même… Il espérait que non. La Buick roulait plus lentement que la normale, comme si elle avait honte d’avoir embouti le réverbère. L’éclat de l’unique phare fit étinceler la plaque sur la chemise du policier.
Le véhicule stoppa.
– Il a pas éteint son moteur, chuchota Smith.
Gênés par la lumière du phare, ils distinguèrent deux silhouettes à l’avant, celle d’un homme corpulent coiffé d’un chapeau et celle, plus petite, d’une passagère, tête nue.
Boggs s’approcha de la portière côté conducteur, imité par Smith côté passager. Leurs semelles ne faisaient aucun bruit.
Le trottoir avait été balayé. Pas une brindille, pas un mégot en vue. Il s’apprêtait à demander ses papiers au chauffard lorsqu’il s’aperçut qu’il s’agissait d’un Blanc.
Il ne s’y attendait pas du tout. Il eut confirmation que l’individu était ivre lorsque des relents de whisky parvinrent à ses narines. Le gros type l’observait avec un mépris agacé.
– Les papiers du véhicule et votre permis de conduire, s’il vous plaît, monsieur.

On voyait rarement des Blancs à Sweet Auburn, le quartier noir le plus huppé d’Atlanta – voire du monde, claironnaient certains vantards. Ceux qui cherchaient des putes et des tripots allaient plutôt sur Decatur Street, près de la voie de chemin de fer, cinq cents mètres plus au sud, ou dans d’autres
zones mal famées surveillées par des flics de couleur. Ce type était donc perdu, bourré, ou alors assez stupide pour imaginer que tous les quartiers noirs de la ville offraient les sensations fortes qu’il recherchait. Or, Sweet Auburn, c’étaient des églises, des agences immobilières, des banques, des compagnies
d’assurances, des entreprises de pompes funèbres et des barbiers. À cette heure-ci, tous les restaurants étaient fermés.
Quant aux deux night-clubs de l’avenue – des boîtes de nuit respectables, tenues et fréquentées par des Noirs respectables –, ils n’ouvraient leurs portes aux Blancs que le samedi, jour où l’accès était interdit aux nègres.
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La souffrance n’est pas très historique quand tu l’as devant toi
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Quand je rêve d’elle, il s’agit soit de souvenirs entiers, soit de simples fragments. Parfois j’ignore si ce sont de vrais souvenirs, ou de choses inventées par mon inconscient, par mes désirs et mes peurs, des morceaux de moi-même qui se fracassent les uns contre les autres. J’ai rêvé que nous marchions sur une plage, vêtus de manteaux lourds. Son foulard, qui flottait dans le vent, venait me chatouiller le nez. Avons-nous réellement marché sur une plage en hiver, ou s’agit-il simplement d’une scène tirée d’un film quelconque ? J’essaie de me rappeler.
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