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Critiques de Thomas Mullen (168)
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Darktown

J’avais très hâte de livre ce roman, considéré comme étant une des meilleures sorties chez Rivages en 2020.



Très tôt, on s’imprègne de l’ambiance raciste et sombre des rues de Darktown. Rapidement, j’ai été dégoûté de la façon dont TOUS les personnages blancs traitent leur égaux, du moins pas selon eux.



On suit 4 personnages subséquemment: Lucuis Boggs et Tommy Smith, deux des premiers policiers noirs du APD, Atlanta Police Departement, Lionel Dunlow, policier raciste de père en fils, et Denny Rakeshaw, nouveau flic d’Atlanta qui essaie de faire son travail entouré de raciste et de « Noirs ».



L’auteur prend beaucoup de temps pour installer son histoire (même si le livre débute par une confrontation) et le restant du livre bénéficie des grandes descriptions sociales du début de roman.



L’enquête est assez simple et le dénouement est quand même assez prévisible.



L’écriture et l’ambiance ressemble quelque peu à ce que James Lee Burke présente dans ses romans (surtout avec sa série Robichaux)



J’ai bien aimé ma lecture et j’ai hâte de lire le deuxième roman de cette série. Après avoir passé l’installation du roman, le texte se lit très vite et plusieurs fins de chapitres nous obligent à lire le prochain.
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Minuit à Atlanta

Le texte est addictif par le style de l’écriture cru et violent, avec une intrigue bien troussée et une élaboration précise et ciselée. L’enquête menée par l’ex-agent de police Tommy Smith, devenu reporter, suit un schéma minutieux pour nous amener à une conclusion inattendue, pleine de suspense, avec en toile de fond les événements qui ont frappé la ville d’Atlanta en 1956, suite au boycott des autobus afin de s’opposer à la politique de ségrégation raciale dans les transports en commun. Tandis que le quotidien Atlanta Times couvre les événements, son directeur est retrouvé mort dans la salle de rédaction. Fort vite, il ressort que beaucoup de monde semble s’intéresser de près à la situation. L’occasion pour Thomas Mullen de revenir sur une époque perturbée, de dénoncer ouvertement le racisme et de trousser un récit qui rue dans les carcans pour trouver une voie originale et se fendre d’un ton à la fois direct et moderne. L’atmosphère colle au plus près de la réalité et la dote d’un ton documentaire, mêlant fiction et faits historiques. Sans sacrifier aux modes, l’auteur propose un polar original, qu’on n’a pas envie de lâcher et qui tient en haleine jusqu’au dernier chapitre. Tout simplement réussi !
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Minuit à Atlanta

Cette trilogie est excellente tant d'un point de vue littéraire que politique. C'est bien écrit, les personnages sont intéressants et l'intrigue se dévoile lentement et avec intensité. Il existe de nombreux romans qui traitent du fascisme américain, même s'il n'est jamais nommé comme tel alors qu'il en a toutes les caractéristiques, mais c'est peut être bien le seul qui le fait sous l'angle d'une toute nouvelle police noire en Géorgie, et c'est très réussi.
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Minuit à Atlanta

Après avoir lu Darktown et Temps noirs du même auteur, j'attendais avec impatience de découvrir ce nouveau roman qui allait me permettre de retrouver des personnages connus dans un contexte historique bouillonnant aux Etats-Unis. Nous sommes en 1956, les policiers à peau noire dérangent toujours autant. Les lois Jim Crow qui ont introduit la ségrégation dans les services publics, les lieux de rassemblement etc, sont toujours bien présentes. Mais l'Arrêt Brown est arrivé et il est considéré comme une étape décisive du mouvement américain des droits civiques pour obtenir l'égalité citoyenne des Afro-Américains. Une avancée qui n'est pas du goût de tout le monde (surtout des blancs …), on s'en rend vite compte en lisant ce roman….

Thomas Mullen tisse son récit avec des personnages fictifs évoluant dans une période historique qu'il a soigneusement étudiée. Cela représente sans aucun doute une somme de travail colossal, c'est impressionnant ! On croise çà et là des événements réels et toute son histoire sonne vraie. C'est ce que j'apprécie par-dessus tout dans ses écrits. On a vraiment l'impression de vivre les situations. On ressent les tensions, la peur, les petites victoires. On se révolte avec ceux qui luttent, on serre les poings, on hurle devant tant d'injustice, de mauvaise foi, de mensonges et de manipulation. Cet auteur me bluffe tant ses livres sont empreints de véracité, d'humanité, de profondeur.

Smith a fait partie du contingent des premiers policiers noirs mais il a démissionné et il est devenu reporter criminel pour un « journal noir » plutôt actif. Il se sent plus libre ainsi pour agir.

« Peut-être le meilleur moyen de réformer le système était-il de l'extérieur, après tout. Peut-être était-ce mieux comme ça. Peut-être n'avait-il pas simplement abandonné. »

Assez séducteur, il vit seul dans un petit espace car son salaire est peu élevé. Il est resté un peu en contact avec McInnis, son ancien chef, un blanc qui a appris à connaître ceux qui travaillent sous ses ordres et qui, petit à petit, leur a fait confiance. Son regard sur ces hommes a évolué au fil du temps et il s'est attaché à eux en quelque sorte. Pourtant, ce n'est pas simple, son rôle est mal vu par les autres blancs (dont certains très proches du Klan) qui se moquent de lui et de son équipe.

Un soir, Smith reste tard au journal et il s'endort. C'est un coup de feu qui le réveille et il monte vite à l'étage où Bishop,le directeur travaillait. Il est mort et Smith appelle aussitôt McInnis. Smith va très vite se retrouver en position d'accusé et il va lui falloir mener l'enquête pour comprendre ce qui a pu se passer, d'autant plus qu'il réalise que les policiers blancs n'ont pas l'intention de creuser. Beaucoup de personnes semblent s'intéresser à cette affaire et pas forcément pour les bonnes raisons, certaines fuient le contact notamment lors des funérailles. Que cachait Bishop ? L'atmosphère est électrique, pourquoi le FBI se mêle-t-il de ce fait ?

Smith et ses anciens coéquipiers vont mener des investigations en parallèle. Les événements sont articulés avec intelligence, les ressentis et les descriptions sont précises. le rythme ne faiblit pas et chaque fois que quelque chose de nouveau se produit, on se demande où cela va nous entraîner.

L'écriture est puissante (merci au traducteur, qui n'est pas le même que pour les romans précédents, les a-t-il lus avant de traduire pour apprivoiser ambiance et individus ?), le texte étoffé, complet. On apprend énormément sur l'histoire du pays en découvrant ces aventures. L'enquête est loin d'être simple, les fausses pistes et les ramifications sont nombreuses, la vie passée de chaque protagoniste va intervenir de différentes façons, tout cela rend le texte de plus en plus addictif. Les protagonistes sont tous intéressants dans leur évolution, notamment McInnis, ils ont leurs failles, ils sont humains donc imparfaits.

Je suis totalement fan de Thomas Mullen et j'ai hâte de découvrir d'autres recueils qu'il a écrit (en plus il semblerait que les trois que j'ai cités vont être adaptés au cinéma…)


Lien : https://wcassiopee.blogspot...
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Darktown

Darktown est le tome numéro 1 d’une saga mettant en scène les premiers pas des policiers noirs d’Atlanta en 1948. On suit donc Lucius Boggs et Tommy Smith lors de leurs premières rondes (marchées…ils n’ont pas le droit de conduire). Tout est passionnant dans ce roman : l’intrigue bien sûr car il s’agit bien d’un polar…Que vaut la vie d’une jeune métisse retrouvée morte sur un tas de détritus ?... Et le contexte évidemment, l’immersion dans la vie quotidienne du vieux sud US de l’époque est totale : les tensions raciales, la corruption, le KKK, la ségrégation des noirs américains de retour de la guerre… Thomas Mullen parvient à rendre ce climat et à y insérer une enquête passionnante.

C’est une très belle découverte pour moi et je compte bien lire la suite de cette série qui je l’espère sera aussi intelligente et percutante ! (Temps noirs et Minuit à Atlanta)

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Minuit à Atlanta

Aussitôt la lecture de Temps noirs achevé je me suis précipité sur l’opus suivant de cette saga passionnante qui raconte la vie des premiers officiers de police noirs de la ville d’Atlanta dans les années 50. Au travers de leurs quotidiens précaires, de leurs rapports tendus avec le reste des forces de police et de leurs combats contre les préjugés Thomas Mullen nous raconte la longue lutte de la population noire américaine pour la reconnaissance de leurs droits civiques.



L’action de ce troisième volume de la saga se situe en 1956 six ans après le second volume. Tommy Smith, l’ancien coéquipier de Boogs, est devenu journaliste à l’Atlanta daily news, un quotidien réputé auprès de la population afro américaine. Son patron, le très respecté Arthur Bishop, est assassiné une nuit dans les locaux du journal alors qu'il travaillait tard. Smith ne le sait pas encore mais une sombre machination s’est mise en place et il risque bien d’être la prochaine victime.



Vous l’aurez constaté à la lecture de ce résumé on quitte le domaine de la fresque sociale pour se recentrer sur une véritable intrigue policière. La lutte pour l’égalité des droits civiques et l’abolition de la ségrégation sont ded sujets si vastes, cela englobe tellement de sujets de société, tellement d’enjeux financiers, politiques et même mondiaux que l’on ne peut reprocher à l’auteur d’avoir choisi un autre d’attaque pour en parler. Ainsi Minuit à Atlanta est sans doute le volet le plus politisé de la saga. Un thriller politique qui brasse peut-être trop de sujets pour son propre bien.



Il faut dire qu'il y a de quoi faire dans cette intrigue. Entre les opérations du FBI, les malversations d'un groupe de détectives privés, les différentes associations, telles que la NAACP, qui poursuivent un objectif commun mais avec des méthodes différentes le tout sur fond de guerre froide et de protestations contre la ségrégation dans les transports en commun. Sans oublier l’acharnement sur la famille de Martin Luther King et le procès d'un jeune noir accusé de viol sur une jeune fille blanche on peut dire que l’auteur a travaillé dur pour témoigner de cette époque trouble de la manière la plus complète possible. Le résultat est là on baigne dans une atmosphère de révolte larvée, de tensions raciales constantes et de suspicion face à la menace communiste.



Il faut dire qu'il y a de quoi faire dans cette intrigue. Entre les opérations du FBI, les malversations d'un groupe de détectives privés, les différentes associations, telles que la NAACP, qui poursuivent un objectif commun mais avec des méthodes différentes le tout sur fond de guerre froide et de protestations contre la ségrégation dans les transports en commun. Sans oublier l’acharnement sur la famille de Martin Luther King et le procès d'un jeune noir accusé de viol sur une jeune fille blanche on peut dire que l’auteur a travaillé dur pour témoigner de cette époque trouble de la manière la plus complète possible. Le résultat est là on baigne dans une atmosphère de révolte larvée, de tensions raciales constantes et de suspicion face à la menace communiste.



À titre personnel certains personnages m’ont beaucoup manqué dans ce troisième récit. Lorsque j'ai compris que Boogs n’aurait qu'un rôle secondaire et que l’officier Rake serait complètement écarté du récit j’avoue avoir fait une petite moue de mécontentement. C’est dommage de voir ses personnages, que l’on a appris à apprécier aux cours des volumes précédents être plus au moins effacés. Cependant on peut espérer les revoir dans un éventuel quatrième volume.



Cette petite déception passée il faut reconnaître que le récit met en scène d’autres personnages de  la saga que nous l'on connaît et apprécie déjà. L’ancien agent Smith se dévoile un peu plus. Lui qui avait tendance à être un peu en retrait dans les deux volumes précédents, dans l’ombre du charismatique Lucius Boogs, peut enfin laisser parler sa personnalité. Son changement de carrière est une bonne idée, la carte de presse lui va mieux que la matraque, on sent que ce personnage bouillonnant et rebelle a enfin trouvé sa place. Son ancien chef Joe McInnis occupe le second rôle principal, l’occasion de voir le portrait de ce flic intègre s’affiner et se développer. On savait déjà qu'il était attaché à son poste et aux agents de couleurs qu'il a sous ses ordres, on le découvre père de famille, ostracisé par ses pairs, qui doit se débattre face à la pression sociale. L’auteur lui offre un beau dialogue à cœur ouvert entre un père et son fils.



En trois ouvrages Thomas Mullen sera parvenue à plonger les lecteurs dans une époque trouble tout en exposant les enjeux de la lutte des droits civiques avec une maîtrise idéale. Ces portraits de personnages sont d'une grande finesse psychologique et rendent bien compte des affres que génèrent les troubles d’une société en pleine mutation. La capacité de l’auteur a décrire des personnages teintés de gris est l'une de ses plus grandes réussites


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Minuit à Atlanta

Troisième tome d’une trilogie basée à Atlanta. Les années 50 voient les noirs se battent pour leurs droits. Entre peur de l’autre, législation tourmentée et drame social, Minuit à Atlanta fait preuve d’efficacité. Trop peut-être. A vouloir apporter plein d’anecdotes, de références socio-politiques, Thomas Mullen complique sacrément son intrigue policière. l’auteur s’évertue à rendre le contexte clair, tout en précisant que la vie il y a à peine 70 ans était très compliqué pour les noirs et la reconnaissance de la part du gouvernement (et donc des blancs). A partir du meurtre d’un directeur de journal noir, le récit part dans tous les sens : communisme, état corrompu, participation du FBI, mafia & terrains urbains & argent sale… bref, un melting-pot bien foireux qu’est Atlanta en 1956 et Thomas Mullen nous plonge dans cette période de doute, cette période sale, cette période de haine sociale. Tout se mélange (et se complique). Le récit tient la route grâce à ses personnages auxquels on s’attache avec amour tant on tient à eux après deux tomes excellents. Une très légère déception donc avec ce Minuit à Atlanta tant le contexte social est dépeint avec respect, acharnement et travail.
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Temps noirs

Les éditions rivages m’ont fait le plaisir immense de m’envoyer les deux volumes suivants de la saga policière de Thomas Mullen entamée avec Darktown. Le premier volume était une excellente découverte, une plongée sidérante dans une époque douloureuse dont les stigmates se font encore sentir aujourd'hui.



Le premier volume avait posé les personnages et l’atmosphère tout en tension de cette ville d’Atlanta, qui au sortir de la Seconde Guerre Mondiale, doit gérer l’afflux massif de nouveaux habitants noirs. Ceux-ci se retrouvent entassés dans des quartiers insalubres alors même que les premiers officiers noirs ont été engagés depuis deux ans. On retrouve donc le tandem Boogs et Smith, en 1950, toujours aussi différents dans leur mentalité mais obligés de se serrer les coudes face aux multiples obstacles qui se dressent face à eux, leur chef, McInnis, tente toujours de les soutenir face à l’hostilité des autres policiers et enfin l’officier Rake tente de faire la part des choses dans une ville chauffée à blanc par les tensions raciales.



Préparez-vous car ce second volume est particulièrement ambitieux. L’auteur ouvre une lucarne sur une époque complexe sur une ville et en pays en pleine mutation. Si vous vous attendez à suivre une enquête classique vous risquez d’être surpris. L’auteur signe une fresque dense qui aborde de manière frontale la question du melting-pot américain, mais aussi de l’ascension sociale, le fameux rêve américain. La question du racisme et de la ségrégation est centrale. L’auteur parvient à rendre compte d'un sujet complexe sans manichéisme, chacun des nombreux personnages a ses raisons d’agir comme il le fait, motivé par des émotions aussi puissantes que la colère, la peur, la haine ou la rancœur.



Plusieurs intrigues s’entremêlent sans que jamais l’on se sente perdu. Entre le trafic d’alcool qui fait rage, la guerre de territoire entre gangs, la corruption de la police, les machinations des organisations racistes et même le parcours tragique de ce pauvre Jeremiah, il y a largement de quoi faire durant la lecture. Difficile de considérer un personnage comme étant principal. À moins de considérer l’année choisie par l’auteur comme étant un personnage à part entière. Pourtant malgré le nombre conséquent d’acteurs de cette époque, chaque personnages possède sa personnalité avec ses qualités, ses défauts, sa part d’ombre et de lumière. Chacun d’entre eux devra faire des choix cornéliens qu'il pourrait être amené à regretter, teintant ainsi de gris un  récit bien sombre au départ.



Le style journalistique de l’auteur pourra en rebuter certains. Il est vrai que l’on ne retrouve aucune trace de lyrisme ni aucune touche de poésie noire qu’affectionnent certains lecteurs de polar. Pourtant le style posé et précis de Mullen était exactement ce qui convenait pour narrer cette fresque dense et terriblement réaliste. Un style plus recherché aurait risqué de perdre le lecteur dans les méandres de Darktown.



Avec une grande maîtrise narrative l’auteur dresse le portrait d’une époque trouble et nous offre la possibilité d'être témoin d'une page importante de l’histoire des U.S.A. une page souillé par la haine, la peur mais aussi parcouru d'une colère digne et d'une fierté qui ne dit pas encore son  nom. Et le tout sans manichéisme, en exposant toute la complexité de l’époque et le tourbillon d’émotions radicales que cela déclenche. Du beau travail.
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Minuit à Atlanta

Voici le dernier volet de la trilogie écrite par Thomas Mullen, consacrée à l'Atlanta d'après-guerre. Je l'attendais avec impatience car les deux précédents ( Darktown et Temps noirs ) étaient des polars historico-politiques de haute volée. Ce Minuit à Atlanta est clairement de la même qualité, combinant avec brio une intrigue policière dense et une reconstitution précise et brûlante des tensions raciales dans l'Etat sudiste de l'Alabama. Je précise que ce tome se lit très bien indépendamment des autres.



Cette fois, l'intrigue se déroule en 1956 dans un contexte houleux, parfaitement présenté, toile de fond idéale pour dramatiser le récit. La déségrégation scolaire est en marche depuis l'arrêt Brown vs Board rendu par la Cour suprême en 1954, mais son application est freinée par les hostilités déclenchées par ceux qui estiment qu'inclure des enfants noirs dans des écoles de blancs mettra en péril le mode de vie américain. 1955-56, c'est également la montée en puissance de la mobilisation pour les droits civiques depuis l'arrestation de Rosa Parks : émerge figure du jeune pasteur Martin Luther King, originaire d'Atlanta qui devient avec Montgomery l'épicentre de la lutte, au moment où il théorise les procédés de non-violence et de désobéissance civile par le boycott des bus.



A partir de là, Thomas Mullen a imaginé une enquête policière noueuse, complexe et dense, emplie de fausses pistes intelligentes, de faux-semblants révélateurs du terreau social explosif dans ces Etats du Sud. le directeur du seul journal noir influent de la région a été assassiné. Tommy Smith, anciennement un des premiers officiers de police noirs d'Atlanta, devenu journaliste, décide d'enquêter en douce sur la mort de son patron, parfaitement conscient que les enquêteurs blancs bâcleront l'affaire, d'autant plus que l'épouse a été érigé en coupable idéale sans aucune preuve.



Tout va être compliqué, entre le jeu trouble et peu lisible d'agents du FBI, une justice, une police rongées par la corruption et le racisme, des promoteurs immobiliers de mèche avec la mafia, avides de s'emparer de terrains urbains dévolus aux Noirs, sous le regard d'une municipalité complaisante. Mais au-delà de l'intrigue policière impeccable, je retiens tout particulièrement la volonté de l'auteur de ne jamais sombrer dans un manichéisme peut-être rassurant mais peu intéressant. Dans ce troisième volet, Thomas Mullen éclaire avec une acuité extra-lucide toute la complexité de la question raciale aux Etats-Unis : ses liens avec le communisme en pleine chasse aux sorcières mais aussi les tensions qui existaient et existent encore au sein de la communauté afro-américaine, tiraillée entre ses activistes parfois jusqu'au-boutistes et les partisans d'un compromis, entre les privilégiés et la plèbe.



Et puis, il y a ces formidables personnages, tous moralement complexes : Arthur Bishop, le directeur du journal, dont on découvre progressivement les secrets du passé ; Tommy Smith, le flic devenu journaliste, plus idéaliste que ne le laissaient paraître les précédents opus ; et surtout Joe McInnis. C'est lui qui est dans la lumière et c'est tant mieux. Lui le lieutenant blanc qui s'était retrouvé , puni, à la tête du premier département noir de police, d'abord accablé par la fonction, et qui finit par changer au contact de ses coéquipiers noirs au point d'apparaître comme un traître derrière les lignes ennemies. Juste superbe de la voir évoluer dans cet environnement âpre, violent et brumeux.



En fait, Minuit à Atlanta est tout l'inverse d'une fiction d'évasion qui ne vise qu'une plaisante récréation. Avec son style sobre et sincère, le roman force le lecteur à affronter la laideur du monde, quitte à lui faire bouillir le sang. Remarquable.
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Minuit à Atlanta

Minuit à Atlanta vient clore cette trilogie consacrée à la ville d'Atlanta dont le premier volume, Darktown débutait en 1948. Chaque roman peut se lire indépendamment néanmoins.



Nous sommes en 1956, les luttes de droits civiques continuent de plus belles. Nous retrouvons nos deux policiers noirs, dont l'un, Tommy Smith avait quitté la première brigade noire de la ville (crée en 1948) à la fin du deuxième tome (voir Temps noirs). Nous le retrouvons ici comme journaliste pour le Daily Times, le seul journal noir à paraître dans la ville.



Un soir, alors qu'il reste tard à rédiger un article, le directeur du journal est assassiné dans son bureau à l'étage d'au-dessus. Il va tâcher d'enquêter à l'aide de ses anciens coéquipiers, Boggs et son ancien chef banc McInnis, qui aura bien du mal à trouver sa place dans cette enquête complexe et dans sa fonction dirigeante d'une équipe de policiers de couleur.



Tomas Mullen continue admirablement à nous immerger dans cette époque et à souligner la difficulté de la population noire à accéder aux mêmes droits que celle des blancs (notamment l'accès aux écoles des blancs). L'enquête est prenante, s'épaissit peu à peu. Thomas Mullen brouille les pistes intelligemment. Lorsque le Maccarthysme refait surface et le FBI point son nez, on comprend que la presse noire dérange les intérêts des plus grands.



J'ai bien aimé retrouver le personnage de Smith qui revient au premier plan. Ainsi que les cas de conscience du policier blanc, coincé entre l'envie de valoriser ses agents de couleurs et sa frustration de réaliser que c'est mission impossible dans un monde aux mentalités clivantes et racistes. La ségrégation persiste et signe.
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Darktown

Le racisme dans le Sud des Etats Unis, bien sûr, je connaissais, mais je n'imaginais pas le mal qu'avait pu avoir les 8 premiers agents de police noirs dans une ville comme Atlanta en 1948. Car bien sûr, les blancs n'en voulaient pas dans leur rang, comment auraient-ils pu continuer leurs magouilles, leur tabassages etc… ? Ce livre n'est pas manichéen, les bons Noirs et les mauvais Blancs. Non, nous suivons Boggs et Smith, anciens militaires, qui ont dû être bien meilleurs que les autres pour pouvoir intégrer cette nouvelle patrouille (qui reste dans les quartiers Noirs, rassurez-vous !). Nous les voyons tenter de résoudre le meurtre d'une femme Noire, tenter d'enquêter alors qu'ils doivent tout faire en se référant aux flics Blancs, et de serrer les dents quand on accuse la mauvaise personne pour couvrir d'autres intérêts. Et puis les signes du KKK et la prohibition. Et puis ce nouveau venu chez les policiers blancs, Rake, coéquipier du malsain Donlow. Bref, un polar avec une vraie réalité historique mais comment ne pas se demander si cette situation a vraiment changé ?
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Temps noirs

Coup de cœur et belle découverte pour ce roman très sombre qui nous plonge dans l’Amérique des années cinquante à la grande époque du Ku Klux Klan.

A Atlanta la population explose et la délinquance aussi.

Les familles noires, traditionnellement parquées dans les mêmes quartiers, commencent à s’installer dans les quartiers blancs, provoquant l’ire des « Klanistes » et l’augmentation des violences interraciales.

Et la pauvreté se développant, les trafics de stupéfiants envahissent le quartier, donnant lieu à des guerres de clans.

C’est dans ce contexte explosif que les policiers doivent intervenir.

D’un côté, les policiers blancs, plutôt racistes, souvent corrompus et souvent membres du Klan.

De l’autre, des policiers noirs récemment recrutés, mal acceptés par leurs collègues blancs et vus comme inefficaces par les habitants noirs !



Thomas Mullen réussit magnifiquement à faire revivre cette époque grâce à des portraits fouillés et des personnages minutieusement décrits.

Il prend son temps et les 500 pages du roman sont nécessaires pour développer toutes les intrigues professionnelles et personnelles des différents protagonistes.

L’époque est violente, on peut presque parler de guerre civile puisque la Ségrégation ne sera abolie qu’en 1964, et ce livre mêle avec succès intrigue policière et contexte historique.

On ressort de cette livre exsangue tant la tension est permanente.

Un roman très sombre donc mais passionnant !

Je vois qu’un premier volume, « Darktown », mettait en scène les mêmes personnages, je vais bien sûr le lire dès que possible.

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Minuit à Atlanta

Polar malin, bien construit, Minuit à Atlanta continue son exploration intime de la condition de vie des afro-américains à Atlanta dans les années 50. Après l'univers des premiers flics noirs, Thomas Mullen donne une vision renseignée, engagée mais très fluide et rythmée de la presse noire, ses arrangements et ses compromissions.
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Darktown

"Dark "pour le côté noir, sombre, pour les crimes et la corruption institutionalisée .

Darktown , parce qu'une ville dans la ville.

A Atlanta en 1948, il y avait les quartiers blancs, et le quartier noir, et on ne se mélangeait pas. Et quand on le faisait , quand on essayait, il y avait du grabuge, des histoires tristes ou sordides, des règlements de compte, des expéditions punitives dignes du Ku Klux Klan...

Non, il ne faisait pas bon être Noir en 1948 dans les états du Sud, (ou alors, il fallait se faire très discret),

Premier tome de ce qui s'annonce comme une série prometteuse historique, Darktown raconte l'histoire de la police, les huit premiers policiers Noirs à Atlanta, chargés uniquement de faire régner l'ordre dans leur quartier ( Noir, of course... On ne mélangeait pas ) .

Sous-équipés, sans voiture, sans pouvoir, sans commissariat. Relégués dans un local qu' une bonne âme a bien voulu leur prêter, ils n'ont aucun droits. Pas le droit d'arrêter un Blanc ( même s'il est en train de commettre un meurtre...), pas écoutés lorsqu'ils ont l'honneur de témoigner face à un juge, pas le droit de rentrer dans un vrai commissariat,

Non, les huit premiers policiers Noirs recrutés grâce au mandat présidentiel de Truman, n'avaient vraiment pas la vie facile, par contre , ils avaient le droit de se faire tuer en intervention ou bien par leurs collègues blancs, super énervés de voir des Noirs accéder à de telles fonctions.

Huit policiers pleins d'espoir, pensant améliorer les choses pour leur communauté, pensant être intégrés grâce à leur profession dans un monde de Blancs , fait par, et pour les Blancs, vont se frotter aux réalités du terrain. Et l'on suivra l'agent Boggs (fils de révérend) et l'agent Smith, témoins d'un incident , suivi quelques jours après, par la découverte du cadavre d'une jeune fille métisse. Devant l'inertie de la police blanche , peu motivée pour incriminer un des leurs, ils vont se retrousser les manches et partir "en croisade", parfois au mépris de tous les dangers. C'est qu'il ne fallait pas trop sortir de son quartier , lorsqu'on était Noir, en 1948, dans une état du sud... Même en étant policier...

Un premier tome incisif , instructif et très agréable à lire, qui sera adapté en série télévisée très bientôt.
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Temps noirs

Atlanta, USA, dans les années 1950. La vie d'un commissariat où quelques policiers noirs, fraîchement embauchés, tentent tant bien que mal de faire correctement leur travail en luttant contre les trafics en tout genre, trafics souvent couverts par des policiers blancs corrompus. L'histoire fait bien ressortir la difficulté d'être un policier quand on est noir car mis à l'écart de sa propre communauté qui les considère généralement comme des traîtres et traités le plus souvent comme des moins que rien par les policiers blancs ou au mieux comme des collègues d'un rang légèrement inférieur par certains, peu nombreux, et qui eux mêmes se heurtent à leur communauté qui ne voit pas ces timides rapprochements d'un bon œil.



A travers ce roman, on suit la vie professionnelle et privée de certains de ces policiers noirs et blancs. Les intrigues s'enchevêtrent avec beaucoup d'habilité et de cohérence, sur fond de la montée en puissance d'une idéologie nazie, avec le Ku Klux Klan bien présent, qui met en lumière une certaine ségrégation et un racisme ordinaire et violent. Roman policier et social, plutôt classique dans le genre, sans grande surprise mais intéressant.



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Darktown

Atlanta, 1948.



Ambiance racisme primaire.

Et ce n'est pas, malgré les apparences, l'incorporation de huit flics noirs, sorte d'agneaux sacrificiels lâchés au sein d'une meute de loups, qui allait changer la donne.

La police, en plus d'être ségrégationniste, possède moult autres facettes du plus bel éclat.

Jugez plutôt : lâche, corrompue, sectaire, pratiquant régulièrement le tir sportif sur cible mouvante, majoritairement noire et de dos, histoire de n'entamer ni leur assurance-vie, ni leur avenir prometteur au sein d'une flicaille d'élite.

De quoi se sentir pleinement en insécurité pour peu que vous soyez nés du mauvais côté de la barrière.



Boggs et Smith sont de doux rêveurs.

Issus du premier contingent de policiers noirs, ils pensaient naïvement pouvoir résoudre le meurtre d'une gamine de couleur retrouvée dans le secteur de Darktown où tout est noir, où il n'y a vraiment plus d'espoir.

Bon courage, les gars, et surveillez bien vos arrières.

Une balle perdue est si vite arrivée.



Darktown, j'y suis rentré mollement pour finir complètement addict.

Tiré d'un fait divers réel à savoir l'incorparation des huit premiers officiers noirs, ce récit vous glace les sangs.

De par son approche historique et ce harcèlement systématique de la part d'une populace toujours peu encline à la mixité.

De par l'élaboration pointue de son récit et le déroulé de son enquête empreinte d'une tension évoluant crescendo.

De par son écriture travaillée et totalement immersive. On s'y croirait sans vouloir y être une seule seconde.



Darktown révèle un pan historique de l'Amérique qui surprendra peu, idéologiquement, mais qui, sous la plume experte de Thomas Mullen, pourrait bien vous occasionner quelques envies de meurtres.

Crimes encore et toujours punis par la loi, pour rappel. Donc avec parcimonie, le désir de génocide, en vous remerciant.



Darktown, la bien nommée, est un pur régal qu'il convient d'appréhender le moral au beau fixe sous peine de broyage de noir (sans mauvais jeu de mot) sévère.
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Darktown

Darktown est un excellent roman qui mêle très habilement intrigue policière et roman historique sur l’intégration des premiers policiers noirs dans une Amérique encore très ségrégationniste de la fin des années 40.

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Boggs et Smith, deux anciens combattants, font partie des huit premiers noirs à avoir été recrutés, sous la contrainte du mouvement naissant pour les droits civiques des noirs, dans la police d’Atlanta. Révoltés par l’indifférence totale face au meurtre d’une jeune femme noire et malgré les restrictions qu’on leur impose dans l’exercice de leurs fonctions, ils décident de mener, au péril de leur vie, leur propre enquête pour trouver le coupable. Parce que s’ils sont bien policiers, ils ne peuvent pas mener d’enquête, ne peuvent circuler qu’à pied et toute interpellation n’est possible que par le concours de leurs « collègues » blancs. Et même leur uniforme de policier n’est qu’un faible rempart contre la haine raciale de certains blancs.



Dès les premières pages on est révoltés par ce qu’on lit, on est emportés dans un tourbillon de violence et de haine.



L’auteur a su créer une double tension dans ce roman qui attrape le lecteur et le kidnappe entre les pages jusqu’à la fin. Au suspense de savoir si nos deux policiers noirs vont réussir à trouver le coupable du meurtre s’ajoute celui de savoir s’ils vont, eux même, s’en sortir indemnes.



Eux qui avaient survécu jusqu’à l’âge adulte grâce à leur prudence et à leur discrétion, étaient tenus de patrouiller dans Darktown d’un pas lourd, dos droit et menton relevé, alors qu’ailleurs, en civil, ils devaient se faire tout petits, voire transparents.



Tout le contexte historique de cette époque est très bien présenté, tous les aspects en sont bien décortiqués et c’est un vrai plaisir de lecture.

Sans jugement, l’auteur dresse le portrait d’une époque qui, malheureusement, n’est pas encore totalement disparue de nos jours.



J’ai tout aimé dans ce roman, le parallélisme des deux duos de policiers, les deux policiers noirs auxquels on s’attache très vite, les deux policiers blancs qui interpellent le lecteur et donnent chacun une image de certains comportements.



C’est passionnant, j’ai énormément aimé cette lecture qui m’a fait penser aux romans de Jodi Picoult, mon autrice préférée pour sa capacité à traiter des questions essentielles de société en les intégrant dans des intrigues prenantes. Thomas Mullen a fait exactement pareil ici avec ce premier tome d’une série que j’ai dévoré. Et j’ai déjà le tome suivant Temps noirs dans ma PAL que j’ai trop hâte de lire.
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Darktown

Nous nous retrouvons ici en 1948 à Atlanta en pleine ségrégation raciale. La police de la ville vient de recruter huit policiers noirs, les huit premiers policiers noirs de la ville dont les agents Boggs et Smith. Ceux-ci vont enquêter officieusement sur le cadavre d’une femme métisse retrouvée dans un dépotoir.



Il s’agit là d’un bon vieux polar Américain mêlant ségrégation raciale et intégration des noirs dans la police. Certains passages sont glaçants et révoltant.



Il me tarde de lire la suite !

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Temps noirs

Deux ans après avoir croisé la route de Lucius Boggs et de Tommy Smith (lire « Darktown »), premiers agents noirs de l'APD (Atlanta Police Department), nous les retrouvons fidèles au poste en 1950. Et leur situation ne s'est guère améliorée.

Considérés comme des flics de seconde zone, ils sont raillés par leurs « collègues » blancs qui, pour certains, ferment les yeux et se font « graisser la patte » par les trafiquants de drogues, de cigarettes et d'alcools. Quelle que soit leur couleur de peau.

Le Ku Klux Klan a repris du poil de la bête mais il y pire que ceux qui arborent une cagoule pointue : les Colombiens, membres d'une organisation nazie.

Alors que les réglements de compte, les crimes racistes et les cadavres s'accumulent, la paire de policiers tente tant bien que mal de faire régner l'ordre. Mais leur attachement à la famille les fait parfois déraper de leur mission...

Denny Rakestraw, flic blanc rencontré dans le précédent opus, est toujours autant dégoûté par le traitement des populations noires et n'hésite à donner un coup de main à ses confrères « de couleur ». Il a aussi quelques difficultés à gérer le mari de sa sœur, l'archétype du raciste bas du plafond.

A un rythme soutenu, mêlant enquêtes pas toujours aisées à suivre et vie intime, « Temps noirs » est un roman sombre au souffle épique qui montre l'histoire des Etats-Unis en train de se construire avec sa problématique centrale : les relations entre les noirs et les blancs et la peur de ces derniers de devoir vivre aux côtés de la naissante classe moyenne afro-américaine. Au-delà de ce portrait binaire, Thomas Mullen pointe aussi l'ostracisme des Noirs bien établis dans la vie sociale vis-à-vis de leurs « semblables » déclassés ou ayant la peau trop sombre.

« Midnight Atlanta », paru en juillet 2020 aux USA, a pour point de départ l'année 1956. Il devrait être prochainement traduit en français. En 1955, Rosa Parks avait refusé de laisser sa place à un blanc dans un bus. Le début d'une longue lutte contre la ségrégation...


Lien : http://papivore.net/litterat..
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Darktown

Atlanta, 1948, huit hommes noirs sont engagés par la ville pour devenir les premiers policiers de couleur dans cette ville du sud des États-Unis. C’est sur ce fait réel que s’inspire Thomas Mullen pour ce polar. Et si cette embauche peut paraître un progrès dans cet état ségrégationniste, il faut préciser d’emblée que les droits de ces policiers sont extrêmement limités : ils n’ont pas la possibilité d’interpeller un suspect, ni même de mener une enquête, pas même de conduire une voiture. Et doivent quitter l’uniforme dès leur ronde terminée. Pas le droit de boire non plus, ni d’entrer le commissariat réservé aux policiers blancs (le sous-sol du YMCA voisin est bien suffisant pour eux). Sans oublier les brimades et humiliations quotidiennes de leurs collègues blancs. Lucius Boggs et Tommy Smith, deux de ces policiers, vont pourtant passer outre lorsqu’ils découvrent le cadavre d’une jeune femme noire dans une décharge sauvage du quartier de Darktown. D’abord timidement, puis de plus en plus ouvertement, ils s’approchent d’une vérité loin de faire plaisir à de nombreuses personnes : flics ripoux et Ku Klux Klan ne sont pas loin. Les deux policiers se voient aidés par quelques personnes qui y voient chacun un intérêt. Leur supérieur (blanc, cela va de soi), Rakestraw un policier blanc et un peu moins raciste que bien d’autres (il voit la présence d’une police noire un moyen d’alléger le travail des policiers blancs, si chacun s’occupe de « son » quartier), une secrétaire des archives anonyme. Mais outre l’énigme bien menée, c’est surtout le quotidien de la ségrégation à cette époque et la difficile intégration de ces pionniers noirs dans la police d’Atlanta qui reste l’intérêt de ce polar particulièrement réussi. Une police blanche sans contre-pouvoirs, corrompue et violente envers les minorités, une population noire contrainte au silence et à la soumission sous peine d’une répression extrême, quelques personnes qui rêvent de faire changer les choses mais qui avancent à petits pas feutrés (le pasteur, père de Lucius Boggs, qui tente la méthode légale, comme le fera plus tard Martin Luther King), quelques blancs, policiers ou politiques qui agissent discrètement de peur d’être discrédités par les leurs. On comprend que le chemin vers une société égalitaire est encore loin. Et même si des progrès ont été faits depuis, l’évolution est désespérément lente. Et n’oublions pas les personnages de Lucius Boggs et Tommy Smith que l’on reverra avec plaisir dans le roman suivant de l’auteur »Temps noir » et dans bien d’autres encore…
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