AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

3.71/5 (sur 46 notes)

Nationalité : Allemagne
Né(e) à : Munich , 1969
Biographie :

Thomas Willmann est journaliste culturel, spécialisé en musicologie et cinéma.

Il collabore régulièrement avec le "Münchner Merkur" et le "Tagesspiegel". En parallèle, il anime une chaire à l'Université Louis-et-Maximilien de Munich et travaille comme traducteur depuis 2007.

Il entame une carrière d'écrivain en 2010 avec son roman, "Sombre vallée" ("Das finstere Tal"), adapté au cinéma en 2014 (titre français "The Dark Valley"), réalisé par Andreas Prochaska, avec Sam Riley, Paula Beer et Tobias Moretti dans les rôles principaux.

Source : www.belfond.fr
Ajouter des informations
Bibliographie de Thomas Willmann   (1)Voir plus

étiquettes
Videos et interviews (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de

The Dark Valley (2014), bande-annonce VOST HD


Citations et extraits (38) Voir plus Ajouter une citation
Tous deux étaient restés un moment sans rien dire, séparés par tout ce qu’ils venaient de voir. Puis les yeux sombres et toujours en éveil du juge se posèrent sur la femme et il lui demanda : «Vous n’avez toujours pas envie que votre fils ait une arme ?»
La femme répondit à son regard en fronçant les sourcils, comme si elle ne comprenait pas ce qui aurait pu la faire changer d’avis. Holden fit un signe de tête en direction des corps étendus devant la fenêtre : «Et s’il finit comme ça parce qu’il n’aura pas pu se défendre ?»
La femme désigna à son tour l’endroit où s’était trouvé le cadavre du bandit : «Ils avaient des armes. Ils se sont défendus. Ça ne leur a pas servi à grand-chose.
- Ah, mais peut-être n’en avaient-ils pas suffisamment ? Ou bien ne savaient-ils pas bien tirer ?»
Holden ne donnait pas l’impression de croire vraiment à ce qu’il disait, mais il voulait provoquer cette femme.
«Mais peut-être qu’on les aurait simplement dépouilles et pas tues, s’ils n’avaient pas tiré», répliqua-t-elle – elle non plus ne paraissait pas convaincue par ses propres arguments. Holden se rendit compte qu’il devait jouer plus serré s’il voulait la faire fléchir.
«Vous ne voulez pas qu’il soit préparé, au cas où ?» insista-t-il.
La femme réfléchit un instant en quête d’une réponse imparable. « Ce n’est pas le fait de se préparer… C’est ce qui vient après, quand on cherche à mettre en pratique ce a quoi on s’est préparé.
-Vous croyez qu’un fusil, c’est une maladie ? Que ça donne la fièvre ?» demanda le juge sur un ton railleur.
Une fois encore, la femme réfléchit – puis elle acquiesça de la tête. C’était une drôle de façon de dire les choses, mais elle ne trouvait pas de meilleure façon de l’exprimer.
«Vous avez peur – vous ne voulez pas connaitre la vie telle qu’elle est ? essaya encore Holden, avant de donner lui-même la réponse a sa propre question : Non, non.» Il la regarda au fond des yeux, si intensément que la femme en frémit. «Vous la connaissez. C’est votre fils qui ne doit pas la connaitre.»
Un silence s’installa.
Commenter  J’apprécie          210
"C'est ainsi que l'homme et l'animal sortirent de l'étroit et sombre goulet qui, entaillant jusqu'à mi-hauteur la paroi désolée du massif montagneux, débouchait sur une immense plaine entourée d'une suite de sommets, havre insoupçonné de calme, asile de fertile solitude. C'était un endroit qui se suffisait à lui-même et ne tolérait la présence d'aucun élément extérieur. Il ne se défendait pas contre les intrus, mais se refermait aussitôt derrière eux, interdisant tout retour à un autre monde."
Commenter  J’apprécie          200
Du pied de la montagne d’où l’étranger était parti aux premières lueurs de l’aube, rien n’indiquait, même à un regard averti, la présence de cette haute vallée vers laquelle il se dirigeait maintenant avec son animal de bat. La faille qui y conduisait, prise entre d’abruptes parois rocheuses, était trop haute, trop étroite et trop encaissée. Quant au chemin, ce n’était guère plus qu’un sentier à moitié dévasté par les intempéries – il n’y avait en effet pas beaucoup d’échanges, il n’y en avait d’ailleurs jamais eu beaucoup, entre les gens de la plaine et les habitants de l’immense cirque montagneux. Pour ceux d’en bas, que l’on puisse vivre si près du ciel relevait d’une légende presque oubliée. Et pour ceux d’en haut, c’était très bien ainsi.
Commenter  J’apprécie          190
C’étaient des cris de douleur, ces cris communs à de nombreuses créatures au moment de la plus grande douleur – des sons qui glacent le sang et rappellent à l’homme tout ce qu’il a de commun avec les animaux.
Commenter  J’apprécie          180
Après les vapeurs grasses de l’auberge, le froid de la haute vallée frappa le visage de Greider comme une morsure. A l’intérieur, la fumée et la pénombre avaient formé une sorte de voile qui estompait tous les contours et atténuait tous les bruits. Mais ici, dehors, l’air avait quelque chose de dur qui s’étendait jusqu’à l’horizon, avec un gout métallique, et piquait les poumons. Le soleil pale de ce début d’hiver détourait chaque herbe, chaque pierre, avec une netteté presque cruelle dans sa simplicité. Chaque bruit résonnait avec une douloureuse clarté.
Commenter  J’apprécie          160
Le curé se détacha de la foule, s’avança vers le traîneau et traça le signe de croix sur le front du mort. On voyait que même ce vieil homme dur qui, dans ses sermons, évoquait à l’envi des effrois des récits bibliques, le martyre des saints ou les tourments de l’enfer, était bouleversé par la vue de ce corps supplicié. Il finit par se détourner et entraîna les fidèles dans un Notre-Père pour cette âme rappelée au ciel de si atroce façon.
Commenter  J’apprécie          150
Peu de temps après, un bruit retentit dans la vallée clair et limpide, mais redouté de tous : on sonnait le glas. Les gens sortirent des maisons et des fermes, pour savoir quel malheur était arrivé. Il y avait des fois ou l’on écoutait ce son de cloche avec une certaine philosophie, quand on savait par exemple qu’un vieux ou une vieille était à l’agonie depuis plusieurs jours ou que quelqu’un était atteint d’une maladie à laquelle il ne pourrait échapper, et cette cloche sonnait alors comme une rédemption, délivrance d’une âme échappant enfin aux souffrances d’ici-bas – finalement, on n’était pas trop étonné. Mais en ce moment personne n’était au seuil de la mort. On savait en revanche que des hommes étaient partis dans la forêt pour rapporter des billes de bois, on savait qu’une tempête de neige avait commencé et que – même si d’habitude ce n’était pas un travail particulièrement dangereux – c’était là-bas qu’il avait dû se passer quelque chose.
Commenter  J’apprécie          100
Il lui sembla que rien ne pouvait mieux sceller l'accord entre ces gens et l'atmosphère de la vallée que l'absence de musique - ce refus d'utiliser la voix à d'autre fin que la parole, et encore parcimonieusement, refus d'employer son corps pour autre chose que le travail, et refus d'accorder à ses oreilles et au monde alentour d'autres bruits que ceux de la nature et d'un utile labeur. C'était véritablement une vie sans musique.
Commenter  J’apprécie          60
Dans cette boutique exiguë – ou le désordre que Greider pouvait causer ne semblait pas être pire que celui des autres clients aux yeux cupides et aux doigts avides, ou l’utilité qu’il représentait était en revanche immédiatement visible dans la caisse -, dans cette boutique donc, comme dans le reste du village, Greider cessa bientôt d’être au centre de toutes les attentions et l’on ne s’inquiéta plus de ce qu’il faisait.
Et ce qu’il faisait était toujours pareil : il dessinait. Le temps était très froid maintenant dans la haute vallée. Pendant les deux ou trois semaines qui avaient suivi son arrivée, tout le paysage avait été pris par un épais brouillard qui diluait les couleurs et ne cédait parfois aux rayons du soleil que vers midi. Mais même cette brume blafarde ne semblait plus se plaire en ces lieux et elle était désormais remplacée, dès les premières lueurs de l’aube, par une couche de givre qui recouvrait tout, comme si l’hiver prenait les mesures de l’épaisse étoffe blanche avec laquelle il s’apprêtait a recouvrir l’entier paysage. Certains jours, il neigeait même un peu : quelques flocons avant-coureurs dont la fine couche ne subsistait pas au-delà de midi, vite effacée par les rayons d’un soleil de plus en plus pale.
Quand Greider se mettait en route, le matin, ses pas laissaient des traces qui restaient rarement jusqu’au soir. Et celles-ci ne s’arrêtaient plus au village qu’il traversait maintenant pour s’en éloigner de plus en plus. Le champ d’action des fusains et des crayons s’élargissait. Dans le village lui-même, il n’y avait pas une rue, pas une maison qui n’ait trouvé sa place, au moins sous forme d’esquisse, dans son carnet. Désormais, il s’intéressait à la localité vue d’un peu plus loin, sa situation au milieu du haut plateau, avec ses maisons trapues, serrées les unes contre les autres. Il avait étudié sous tous se angle l’église située sur une petite hauteur et qui semblait veiller sur le village. Avec son mulet, il était allé jusqu’aux fermes les plus isolées. Et la nature alentour semblait aussi avoir piqué sa curiosité d’artiste, car de nombreux croquis montraient les puissants massifs montagneux qui encerclaient la haute vallée – surtout celui dont le plus haut sommet était surmonté d’une croix sombre.
Commenter  J’apprécie          20
Autant d'argent appartenant visiblement à un fou qui ne demandait qu'à en être délesté, voilà qui était un vrai don du ciel.
Commenter  J’apprécie          40

Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Thomas Willmann (62)Voir plus

Quiz Voir plus

Blacksad, quelque part entre les ombres

Quel animal est Blacksad ?

Un chat
Un léopard
Un singe
Un chien

7 questions
44 lecteurs ont répondu
Thème : Blacksad, tome 1 : Quelque part entre les ombres de Juan Díaz CanalesCréer un quiz sur cet auteur
¤¤

{* *}