Citations de Thorkael Morra (22)
Une journée de plus consommée avec déshonneur pour ce cadeau qu'est la vie, sans création, aussi loin de ses rêves qu'un astronaute ligoté sur terre.
La chambre du prisonnier était déjà prête. Rien de son équipement d'employé de la fondation ne rentra dans la maison. Les hommes l'installèrent nu sur le lit. Érine reconnut le style : beaucoup, beaucoup de sangles. Ils l'avaient mis près d'un vieux chauffage en fonte qui semblait remplir son travail à merveille. Elle pencha la tête en pensant à tout ce qu'Eddy avait préparé pour Lucas.
Le trajet en bus lui donna une première leçon sur cet endroit. Il était loin de tout ce qu’il avait déjà vu. Ici, l’Homme et ses villes n’étaient pas les rois, la souveraineté des montagnes rendait humble le plus ambitieux des architectes.
Les choses auxquelles tu penses en t'endormant et dès le réveil sont celles qui comptent le plus, pour toi. Quand tu sais ça, les décisions deviennent plus faciles à prendre.
Parmi les phrases du livre qui tournaient en boucle dans son esprit, l’expression « un trésor dans des sables mouvants » caractérisait à merveille ce qu’elle ressentait à propos de cet ouvrage.
— Les choses auxquelles tu penses en t’endormant et dès le réveil sont celles qui comptent le plus, pour toi. Quand tu sais ça, les décisions deviennent plus faciles à prendre.
Peu importe que personne ne lise son travail, il ressentait la plus satisfaisante réussite de toute sa vie. En clair, l’écriture était à Théo ce que la baston, le shit et le cul des filles étaient aux autres adolescents de son quartier. Son addiction.
« Le plus dur, ce n’est pas d’entrer...
c’est d’en ressortir. »
Autant claquer sous un pont plutôt que d’accepter l’hospitalité du diable.
Elle craignait de s’arrêter de penser. Le vide la terrifiait. Et les souvenirs de la veille la guettaient, visaient sa joue avec un hameçon pour l’entraîner dans les tréfonds de la souffrance post-traumatique. Ils lui feraient revivre cette séquence illogique, sous le regard inactif d’un public arriéré.
Comment s’y prendre lorsque la personne qui nous terrifie le plus au monde n’est autre que soi-même ?
Elle était cette boîte renfermant un diable monté sur ressort. Si le couvercle cédait, l’ange noir qui estimait que certains hommes méritaient la mort sortirait.
Quels genres d’idées pouvaient bien nous traverser l’esprit à deux minutes de l’obscurité totale et définitive ?
— Tu penses trop fort. Ça a toujours été ça, le problème : les pensées. Elles affectent notre subconscient, qui est capable de changer la personne que l’on est.
— Tout va bien aller, ma puce. Il y a ce que l’on appelle des cycles, dans la vie, et forcer n’apporte que des maladies. Accueille l’instant, c’est tout.
18 ans. La majorité de la jeune femme approchait d’un pas menaçant. D’ici 48 heures, elle obtiendrait le droit de conduire, de payer son propre loyer, de se marier et de finir comme sa mère. Elle s’en réjouissait d’avance.
L’amour, le bien, le mal, la haine, tant de mots qui ne peuvent se matérialiser que par le biais d’une perception humaine. Clara vivait dans un monde où tout n’était pas vérifiable.
Mais derrière chaque souffrance
se cache un monde nouveau.
En tout cas, les paupières à moitié fermées devant son téléphone, elle cherchait encore et toujours des certitudes sur cet organe incompris de l’être humain : le cerveau.
Que devient un alcoolique privé d’alcool, un drogué sans drogue ? Devient-il vivant ? Ou simplement seul, pour affronter la réalité ?