"Le voile qui entoure la traite arabo-musulmane est due à une sorte de solidarité religieuse"
C'est à cette époque (1985-1991) que fut révélée au monde entier l'étrange histoire de Juifs noirs vivant en Afrique. Après les avoir ignorés pendant des décennies, Israël decidait d'arracher à la famine et à la guette civile qui ravageaient l'Éthiopie plusieurs milliers d'entre eux, pour les rapatrier au nom de la "loi du retour".
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Stanley constatera que dans certaines régions d' Afrique, après leur passage, il ne subsistait guère plus de 1 % de la population. Dans le Tanganyika, les images des horreurs de la traite étaient partout visibles. Nachtigal, qui ne connaissait pas encore la région, voulut s'avancer jusqu'au bord du lac. Mais à la vue des nombreux cadavres semés le long du sentier, à moitié dévorés par les hyènes ou les oiseaux de proie, il recula d'épouvante. Il demanda à un Arabe pourquoi les cadavres étaient si nombreux aux environs d'Oujiji et pourquoi on les laissait aussi près de la ville, au risque d'une infection générale. L'Arabe lui répondit sur un ton tout naturel, comme s' il se fût agi de la chose la plus simple du monde: « Autrefois nous étions habitués à jeter en cet endroit les cadavres de nos esclaves morts et chaque nuit les hyènes venaient les emporter: mais, cette année, le nombre des morts a été si considérable que ces animaux ne suffisent plus à les dévorer. Ils se sont dégoûtés de la chair humaine. »
les Anglais se sont toujours posés en champions de l'abolition. Mais on oublie trop souvent que leur abolition de l'esclavage devait plus à l'économie qu'à la morale. Ils pensaient qu'il était plus avantageux de réduire en esclavage les Africains chez eux que de les exporter vers le Nouveau Monde. Non seulement ils n'y étaient plus si rentables, étant donné les évolutions industrielles du moment, mais ils coûtaient cher (il fallait quand même les nourrir !). Si le discours officiel plaçait l'abolition sur un plan moral, nul n'était dupe. Le système esclavagiste était de plus en plus inefficace et improductif, comme le notait l'économiste Adam Smith. l'Angleterre avait tout simplement su anticiper tous ces bouleversements.
Il est donc difficile de ne pas qualifier cette traite de génocide de peuples noirs par massacre, razzias sanglantes puis castration massive. Chose curieuse pourtant, très nombreux sont ceux qui souhaiteraient la voir recouverte à jamais du voile de l'oubli, souvent au nom d'une certaine solidarité religieuse, voire idéologique. C'est en fait un pacte virtuel scellé entre les descendants des victimes et ceux des bourreaux qui aboutit à ce déni. (p. 271)
Longtemps appréhendée comme un désert inhabitable et stérile, parce qu'on en jugeait d'après les terres du littoral, où le climat était malsain et souvent fatal aux étrangers, l'Afrique noire, que les négriers arabo-musulmans allaient mettre à feu et à sang, n'était ni aride ni stérile et inhabitée, comme pouvait le laisser penser le Sahara. Nombre de voyageurs en témoignent. Ils rencontraient d'abord des steppes couvertes de grandes herbes, puis des contrées boisées et des champs cultivés où le bétail s'élevait sans soin, dans un univers riche et luxuriant. Sur cette terre aussi douce que la soie à certains endroits, de petites chaînes de montagnes s'allongeaient entre les cours d'eau.
Pour les Sud-Africains, Chaka représente toujours celui qui a forgé l'âme de la résistance à l'invasion étrangère. Mythe ou réalité, il est même devenu, à tort ou à raison, le symbole de la grandeur, voire d'une certaine fierté des peuples noirs. Pourtant le souverain zoulou n'était pas que ce héros, bâtisseur de nation et révolutionnaire social. Il était aussi l'homme ordinaire poussé à ses extrêmes qui a révélé tout ce qu'il avait de bestialité inspirée et de démesure. S'il fut incontestablement un génie militaire visionnaire et un grand rassembleur, l'homme n'en demeurait pas moins, quels qu'aient été ses objectifs, un impitoyable cavalier nègre de l'apocalypse.
Dans l'histoire de la résistance de captifs africains, l'insurrection la plus dure et la plus meurtrière fut celle des Zendjs déportés dans le monde arabo-musulman. Les hommes arrachés à leurs terres ne se laissèrent pas toujours mener à l'abattoir sans réagir. Arrivés sur les lieux de leur calvaire, ils se sont souvent révoltés.
L'une des sources historiques les plus anciennes connues sur cette revolte des Zendjs est celle d'Alexandre Popovic. Ce chercheur nous révèle qu'en 689, 690 et 694, les esclaves africains s'étaient insurgés en Mésopotamie.
Avant l'arrivée des Arabo-Musulmans, chaque communauté africaine avait sa propre culture, un système original de croyances et de coutumes. (...) C'est parce qu'il avait conscience du caractère éphémère et fragile de l'existence que l'Africain évoluait dans une profonde religiosité. (...)L'univers spirituel de l'Africain est composé de trois mondes relativement lié entre eux. Le premier est son environnement immédiat (...) Le deuxième est celui d'un être immatériel associé à un ancêtre défunt. (...) Enfin, le troisième est le royaume des esprits.
« Mais tout a commencé là, au Darfour, et cela n’a apparemment jamais cessé. C’est le mépris des Arabes pour les Noirs qui continue de s’y manifester cruellement aujourd’hui encore par une pratique de l’esclavage à peine dissimulée et par un véritable nettoyage technique ».
Wat is verby, verby ... Ce qui est passé, est passé.