Une table ronde en compagnie des jeunes écrivains Benjamin Mercerat, Tiffany Schneuwly, Romain Deblüe, pour débattre de la publication.
Modération : Marilyn Stellini
Colin n’insista pas davantage, comprenant soudain qu’un fossé le séparait de Prunille. Elle vivait avec la certitude que le gouvernement de son île la protégeait et qu’il ne ferait jamais rien qui puisse lui nuire. Quant à lui, le sentiment que Myramaz était un endroit dangereux le hantait depuis qu’il s’était réveillé sur la plage, sa mémoire laissée à l’abandon derrière lui. Devait-il ébranler les convictions de son amie ? Il n’était pas sûr qu’elle soit prête à accepter son point de vue pour le moment. Il préféra donc se replonger dans sa partie d’échecs et revenir à l’attaque plus tard. Au fond de lui, il conservait toutefois la certitude que quelque chose clochait et refusait de croire qu’aucun habitant de Myramaz n’avait un jour ressenti l’appel d’un monde extérieur à explorer.
« Réfléchissant à sa question, je m’arrêtai et m’assis sur le bord du trottoir. La gamine s’installa à coté de moi. Est-ce que j’avais envie qu’Arnaud soit mon amoureux ? Je ne me l’étais jamais vraiment demandé et je me rendis compte qu’il serait peut-être bien d’y réfléchir. Arnaud était un garçon très sympathique. Il n’était pas du genre à faire la foire tous les soirs, il était bon élève et surtout, il avait des yeux noisette en amande plus que craquants. Que des points positifs ? Mais moi ? Est-ce que je lui plaisais ? Et, plus important encore, est-ce qu’il pourrait m’aimer avec mon asthme ? »

- Chaque étincelle représente une vie humaine. Les jaunes nous informent que l’être humain se porte bien, et les rouges montrent qu’il a besoin de l’aide d’un ange noir ou d’un ange blanc. Suis-moi, je vais te montrer.
Nous nous dirigeâmes vers l’étincelle rouge la plus proche. Dès que nous ne fûmes plus qu’à environ un mètre, l’image d’un être humain apparut, tel un fantôme. Il s’agissait d’une jeune fille qui devait avoir mon âge. Elle avait des cheveux bruns coupés courts et des yeux verts. Elle semblait triste et paniquée. Tout à coup, j’entendis une voix se lever :
- Mince lors ! Je suis vraiment enceinte ! Mais que va dire Julien ? ça ne fait que depuis quelques mois que nous sommes ensemble, il ne voudra sûrement pas d’un bébé !
Je posai un regard interrogateur sur mes guides.
- Ce que tu viens d’entendre, ce sont les pensées de cette fille. Elles résonnent dans cette salle pour que nous puissions comprendre les problèmes que traversent les humains et les guider, expliqua Karel.
- Et nous les aidons de cette manière, poursuivit Alwena.
Elle s’approcha de la jeune fille puis commença à lui murmurer des paroles :
- Ton enfant a le droit d’avoir un père. Qui te dit qu’il ne va pas l’aimer et qu’il va t’abandonner ? Tu n’as rien à perdre et tout à y gagner ! Apprends-lui qu’il va devenir papa et avise par la suite. Il est autant concerné que toi !
La jeune fille releva brusquement la tête. Un sourire se dessina sur ses lèvres, puis son image disparut.
"Mon chéri, que se passe t-il?"
Pour toute réponse, Florent s'approcha d'elle d'un pas mou et lent qui contrasta avec son geste sec. Il planta un long couteau dans le ventre de sa femme. Sous le choc et la douleur, Natalie s'effondra. Il la rattrapa de justesse et l'étendit sur le sol avec une tendresse déplacée. [...]
Il agrandit alors l'entaille qu'il avait commencée en la poignardant et écarta la chair en deux. Il vit sa descendance, bien calé dans son petit cocon.

Lorsque sa grande sœur eut ni de lui révéler son secret, Denys eut l’impression qu’on lui avait versé un seau d’eau glacé sur la tête. Il était incapable de savoir ce qui l’étonnait le plus : le fait qu’une personne puisse ainsi tomber de nulle part sans avoir le moindre sou- venir de sa vie ou le fait que Prunille se soit lancée dans cette drôle d’aventure. Le comportement de son aînée était plutôt cavalier ; cela ne lui ressemblait pas. Elle avait toujours fait preuve de discernement et de droiture; transgresser les règles ne lui aurait jamais effleuré l’esprit. Il n’en allait pas de même pour lui! Denys avait la fâcheuse tendance à tout prendre pour un jeu. Il comparait sa vie à une succession d’épreuves qu’il devait effectuer. Qu’importe le danger, le dé restait le plus attrayant. Peut-être était-ce dû à son jeune âge ? Quoi qu’il en soit, Prunille avait su qu’elle pouvait compter sur cette facette de sa personnalité pour que son secret soit conservé. Son petit frère allait se jeter tête baissée dans une nouvelle mission sans même se demander si son attitude était la bonne.
Apparemment, une bonne étoile veille sur toi et a décidé de t'aider à forcer Miss Parfaite et Miss Catastrophe à se dire quelque chose. (p.79)
« La soirée se déroulait bien. Et, pour une fois, je parvins à en profiter en faisant abstraction de mon asthme. Je commençais même à me dire que les conseils de la gamine étaient bons à prendre et qu’il fallait sérieusement que j’arrête de me morfondre et de ramener à chaque fois ma maladie sur le premier plan. »
– Alors ? Partenaires ? Lui demandai-je en lui tendant la main.
– Pour le meilleur et pour le pire, répondit-elle en me serrant la main.
-C'est vrai, j'avais oublié que ton père et moi sommes déjà deux épaves, ironisa la mère.
-Ne t'en fais pas, on trouvera certainement un musée qui pourra s'occuper de vous en temps voulu.
-Je te remercie pour cette douce attention, mon fils. On s'en souviendra lorsqu'on rédigera notre testament, ton père et moi .
Maddy en avait appris plus sur l'Imaginarium ces deux derniers jours que depuis son arrivée. Elle avait dû passer de nombreuses heures sur le plan du pays pour connaître par coeur les lieux dans lesquels elle se rendrait. Elle avait commencé par la ville de Citadella, et mémorisé chacune de ses ruelles pour tracer son chemin de fuite et prévoir d'autres échappatoires en cas de problème. Puis elle avait fait connaissance avec le manoir de Sornoir dissimulé dans le Bois des Mystères, un étrange bâtiment habité par des sorciers qui avaient accepté de les recueillir en raison des liens étroits qu'ils partageaient avec Sinead.