Bienvenue dans l’univers du « Dakota Building », (cet immeuble mythique qui est une parcelle de l’histoire de la ville à lui-tout seul), de Buddy Winter, de John Lennon (ce sont pour moi les trois personnages principaux du livre), du fils de Buddy, Anton, qui occupe une grande place dans le livre mais est de fait une sorte de anti-héros. Un fils qui est de fait l’ombre de son père, qui à la fois vit dans son sillage et est sa béquille, son roc, mais tente aussi de lui échapper, de s’affirmer en tant qu’individu, de se construire une vie propre, ce qui l’entraine de fait à mettre sa vie en danger
Un livre qui respire et vibre comme New-York (enfin comme New-York normalement), un New-York qui pétille, fourmille, sans cesse en mouvement. Un livre qui fait revivre les années 70/80, ces années de folie, de démesure et de liberté, un livre qui regorge d’anecdotes, dans lequel on croise une myriade de personnes connues (monde de la politique, des médias, du sport, de la culture, du show-business, du cinéma). Dans ces années 70-80, les ténors des médias et de la vie sociale forment une société de lumière. Mais ces lumières sont artificielles et cette vie dans laquelle les moteurs sont l’argent et la célébrité est destructrice et conduit les gens à péter les plombs. C’est le cas de Buddy Winter, qui disjonctera en direct, tout comme John Lennon avait explosé lors d’une altercation dans une boîte de nuit. Ce livre est aussi une immersion dans le monde de la télévision et des talks-shows que j’ai trouvé particulièrement intéressante.
Buddy va se trouver sans émission de télévision mais il n’est pas dans ses moyens de vivre sans travailler, et il n’est pas dans son mode de fonctionnement de renoncer à la gloire, aux paillettes et aux lumières.
Le Dakota n’est pas qu’un immeuble, c’est une adresse, certes, mais c’est surtout le reflet d’une condition sociale et ne plus avoir les moyens d’y vivre serait l’aveu de l’échec, de la déchéance sociale. Et comment accepter un statut d’ex-star ? et le regard des gens qui va avec…
Ce n’est pas dans le caractère de Buddy de se ressourcer en allant affronter les éléments déchainés. Pour reprendre sa place au sein des personnalités médiatiques, des questions se posent … faut-il s’appuyer sur ses forces et ses faiblesses, laisser transparaitre un côté humain et empathique ou faut-il manier humour, ironie et attaques pour faire rire aux dépens des autres ? Faut-il faire le Show à n’importe quel prix ? Vivre sa vie comme un combat ? Faire rire ce n’est pas facile, et si le rire ne s’appuie pas sur le réel, il sonne faux ; mais la vérité, cela fait mal…
Un livre qui nous entraine, qui nous speede, qui est plein d’humour et qui est de fait un document sur l’époque. Mais pas que…
Le Dakota, un immeuble divisé en deux, comme la société américaine : les flamboyants et les invisibles. Ce livre est le livre des contrastes, des oppositions, c’est la personnification de l’Amérique. Ceux qui réussissent, ceux qui s’enlisent, les gagneurs, les suiveurs, l’apparence, le rêve américain… Une question se pose : existe-t-il une deuxième chance, une deuxième vie quand la réussite vous lâche ? Comme l’auteur le dit très justement « Au cas où tu te serais demandé s’il y avait un deuxième acte dans la vie d’un Américain. ». C’est le temps d’après tant pour Buddy que pour Lennon… A la différence qu’ils ne le vivent pas de la même manière… Pas seulement pour une histoire d’argent. Lennon sera toujours Lennon… ex-Beatles peut-être mais toujours star ! Et coïncidence pour coïncidence, cette période est un nouveau départ à la fois pour Buddy et pour Lennon, après une interruption de carrière.
C’est aussi le livre des relations familiales, plus exactement des rapports père-fils. Est-il possible de concilier ambition et vie sereine ? Quelle est la place des parents vis-à-vis des enfants ? et l’inverse ?
Cette lecture m’a donné envie de poursuivre mon aventure new-yorkaise avec un livre que m’a recommandé une amie : « Dakota song » d’Ariane Bois.
Un très grand merci aux Editions Albin-Michel et leur remarquable Collection « Terres d’Amérique » qui m’ont fait parvenir gracieusement ce livre. Je serais sans doute passée à côté d’un excellent roman que je recommande vivement. Et puis, comme je suis fan des Beatles, j’ai adoré passer un petit moment en compagnie de l’un d’entre eux
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