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Citations de Tristan Koëgel (108)


Moi, je me suis sentie bête. [.......] Bête de ne pas m'être rendu compte qu'il y aurait toujours des gens pour faire grossir les rivières entre deux personnes qui veulent simplement se rejoindre.
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Upendra trouva que le monde était trop malade. C'est lui pourtant qui n'était pas guéri. La douleur qu'il ressentait encore malgré sa vie de sage le torturait.
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Agenouillé au bord de son lit, McKinley marmonnait une petite prière. C'est lui qui avait tiré. Il m'a entendu pousser la porte et, avant même que je ne demande quoi que ce soit, il m'a dit, en étouffant un sanglot, la tête posée sur la poitrine de Papy : "Il a rejoint sa dame, petit. Il a rejoint sa dame..."
Puis McKinley s'est redressé et, même s'il était de dos, j'ai vu qu'il essuyait ses larmes du revers de la main. Il a rajusté sa cravate et a ajouté : "On ne pleure pas un homme heureux. Va prévenir le pasteur, Elwyn."
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Ce que nous faisons, tout le monde peut le faire, mais comme personne ne le fait, ce sont des prodiges !
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" L'équilibre du monde repose aussi sur les vendeurs de barbes à papa", lui disait-il.
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Le morceau qu'il jouait, je l'ai reconnu à ses accords. C'était le morceau qui accompagnait tous les trains qui démarrent. Ceux qu'on regarde partir sans avoir pu monter dedans, ceux qu'on auraient dû prendre, ceux dans lesquels on se cache, ceux qu'on attend aussi.
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Le jour où on l'a enterrée (la mère de Minnie), il faisait beau. Je revois mon père dans sa salopette toute déchirée, les mains croisées devant lui. Il baissait la tête, au-dessus de la tombe qu'il avait creusée lui-même. Il se taisait et son regard se perdait sur cette motte de terre. Lentement, il s'est redressé et, sans trembler, il a chanté pour elle. Puis il s'est tourné vers moi et m'a soulevée. J'étais petite encore, j'avais six ou sept ans... J'étais dans ses bras quand il m'a dit calmement, en s'essuyant les joues :
- Jamais tu ne ramasseras de fleur de coton, Minnie. Les seules fleurs que tu cueilleras maintenant, c'est celles qui poussent au bord des chemins pour nous faire de jolis bouquets.
Il a brûlé sa vieille salopette, et le soir même on a tout quitté pour suivre le fleuve et vivre sous les étoiles, n'emportant de notre vie d'avant que sa guitare et un petit harmonica.D'ouvrier, il est devenu "songster", musicien itinérant. Et depuis ce jour-là on a vécu à l'air libre, sous le soleil du grand Delta.
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Sous un arbre, allongés l'un contre l'autre, Elwyn et la jeune fille à l'harmonica étaient endormis. Ils se tenaient la main. Ils n'avaient pas de masques, eux, et cette mascarade, ils ne la jouaient pas. N'importe qui pouvait les trouver là. J'ai pleuré, à nouveau, pas devant l'horreur cette fois, mais devant l'innocence de ces enfants. Je me suis avancé, doucement : je n'avais plus envie de brûler quoi que ce soit.
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C'est pratique les non-dits. Ça permet à tout le monde d'éviter d'être gêné.
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Comme tous ces rochers noyés dans la lumière aveuglante de la mer, qui prolongent les terres en presqu’îles orgueil- leuses tournées vers l’horizon, Gibraltar a tout vu. Au sommet de ses falaises usées depuis des millénaires par les caresses des flots amers, se sont hissés les premiers hommes ayant franchi son détroit, quand l’eau était plus basse et la terre plus haute. Puis quand l’homme a su flotter sur un tronc d’arbre et transformer ce tronc en embarcation stable, Gibraltar l’a reçu. Quand l’homme s’est lassé de parcourir le monde et que l’idée de construire des maisons, des villes, des remparts lui est venue, Gibraltar l’a reçu.
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On refusait de voir les choses en noir et blanc comme c'était le cas dans les petites villes et les villages coupés en deux qu'on traversait, avec des magasins pour les Noirs et d'autres pour les Blancs, pareil pour les trottoirs, pareil pour les toilettes. Nous, on voyait les choses en bleu, et voir la vie en bleu, c'est la voir telle qu'elle est, toute entière.
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Marco ouvrit la porte de sa cabane en grand. Sa mère étouffa sa tristesse et se résolut à le quitter, quand son pied buta sur le vieux livre que son fils avait jeté par terre. Elle le reconnut, le ramassa, en épousseta la couverture et sourit, un peu fadement, en se remémorant les soirs où, suspendu à ses lèvres, Marco en redemandait à chaque page qu’elle tournait.
« Ces histoires te plaisent toujours ? demanda-t-elle en laissant ses doigts glisser sur la tranche.
– Non, répondit Marco. Pas du tout. Elles ne valent rien, elles sont remplies de choses affreuses.
– C’est que tu les lis mal… Ce livre a traversé les siècles et pourtant, chaque fois, il raconte l’histoire de celui qui le lit. Il est précieux, tu ne devrais pas le laisser traîner n’importe où.
– Oh, pardon ! ricana-t-il. Il est précieux ? Donne-le-moi, je vais m’occuper de lui. Je vais l’installer dans le lit à la place de cette fille dès que je l’aurai jetée dehors. Est-ce qu’elle a traversé les siècles, elle ? Non. Elle n’a même pas réussi à traverser la mer ! Ne t’en fais pas, il sera bien ici, tu peux compter sur moi. »

page 96
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Il était né esclave, Papy, les fers aux pieds. Il avait vu la guerre, aussi, entre les Etats du Nord et ceux du Sud. Et quand elle s’était terminée, il avait cru, comme les autres, que les choses iraient mieux. Mais il s’était retrouvé interdit de toilettes, de trottoirs, de fontaines publiques, de restaurants. Il n’avait plus de chaines aux pieds, mais les maillons de celle qui le liait aux champs étaient encore plus difficiles à supporter. En plus de lui lier les chevilles, ils lui faisaient saigner le cœur.
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On y est, on y est… mais où ? Par réflexe, j’ai reculé. Tout nous est tombé dessus. Les voitures, les immeubles, la chaleur, tout. Moi qui croyais que le Delta Queen était grand… Bon sang, mais ces immeubles ! On en voyait pas le bout. Qui avait pu construire ça ? On pouvait loger toute la plantation dans un seul de ces bâtiments ! […] Là, on ne pouvait que se rendre compte qu’on était complètement écrasés par la ville. Et le pire, c’est que ça ne choquait que nous.
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Quand tu joues le blues, Minnie c’est comme si tu riais et pleurais en même temps. Le blues c’est comme un tout petit nuage dans un beau ciel d’après-midi. Un petit nuage, tout fin, tout blanc, mais qui te serre le ventre, sans que tu saches trop pourquoi. Tu comprends ? Mais le blues c’est aussi comme une éclaircie qui traverse un orage ou comme une cerise juteuse sur un gâteau trop se. Ça… Ça peut te faire rire aux éclats quand tu devrais tomber, les genoux dans la boue. Tu vois ?
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Les poissons brillants s'étaient remis à nager. La cascade ronronnait. L'ombre du feuillage se rayait de lumière tiède. La source était redevenue un décor indolent débarrassé des caprices des créatures qui lui rendaient visite. Sans baigneurs, sans harpies, sans magicienne. Mais pas sans monstre.
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Mon premier hiver à Chicago, je m'en souviendrai ! J'ai vite compris pourquoi Ethel avait tenu à m'acheter un manteau, un pull et un bonnet. J'avais connu le froid dans le Sud, mais pas le blizzard qui vous gèle les os dès que vous mettez le nez dehors. La neige ici, elle se dépose pas joliment sur les champs, elle déboule en tempête et recouvre tout comme un sac de farine jeté sur une fourmilière. Mais le pire, c'est le vent. ça rend fou ; c'est comme si on avait une locomotive dans les oreilles, un train givré qui vous transforme la tête en bac à glaçons.
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Depuis, Mayssane est partie. Beaucoup trop loin pour que je lui coure après. Elle a fait sa valise et elle a disparu.
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C'est drôle ce qui se passe, quand une personne nous manque. Surtout quand on ne l'a pas revue depuis longtemps. Elle nous enrobe, elle reste collée à nous sans qu'on s'en rende compte, un peu comme la brume qui s'élève sur le fleuve. Et puis, une après-midi, un soir, après le dîner, en allant chercher du bois ou en regardant le ciel, elle nous retombe dessus, en plein sur la tête.
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- Je plaisante pas!Robert avait un accord avec le diable. Il l'a rencontré, à un carrefour, tout près d'ici. Robert marchait au bord de la route,quand il a vu sa grande ombre.
- N'importe quoi!
- C'est vrai! même que le diable a pris sa guitare; il l'a accordée et il a joué comme personne n'avait joué avant lui.
- Le diable? A la guitare? Il lui a pas fait un peu de flûte aussi tant qu'il y était?
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