Citations de Upton Sinclair (160)
La vie était une lutte : les forts l'emportaient sur les faibles, avant d'être eux-mêmes vaincus par plus puissants qu'eux. En général, les perdants disparaissaient, mais certains, en s'unissant parvenaient à échapper à l'extermination, preuve qu'ils avaient trouvé là une force supérieure d'un genre nouveau. C'était ainsi que les animaux grégaires étaient venus à bout des prédateurs. De même, dans l'histoire de l'humanité, les peuples avaient fini par renverser les rois.
L'âme de Jurgis avait été tuée puisqu'il avait renoncé à espérer et à lutter, qu'il s'était accommodé des humiliations et de la désespérance.
On ne pouvait demeurer longtemps devant ce spectacle sans être porté à philosopher, à y voir des symboles et des métaphores, à entendre dans les cris de ces porcs la plainte déchirante de l'univers.
"Vous écoutez mes paroles, disait l'homme, et vous pensez :"Oui, c'est vrai. Mais n'en a-t-il pas toujours été ainsi" Ou bien encore : "Ce jour viendra peut-être, mais je ne serai plus là pour le voir. Alors, à quoi bon ?" Et là-dessus vous reprenez votre routine quotidienne et vous retournez entre les mâchoires de la puissante machine à produire du profit qui fait tourner l'économie mondiale...."
...ces prédicateurs étaient à mille lieux de la réalité dont ils parlaient ; ils étaient incapables de résoudre les difficultés matérielles du commun des mortels. D'ailleurs, ils en portaient partiellement la responsabilité : ils appartenaient à l'ordre établi, à cette classe possédante qui écrase et anéantit les travailleurs, qui affiche ses insolentes richesses.
Depuis qu'il avait perdu ses illusions, il s'était juré de ne faire confiance à personne, sinon aux membres de sa famille ; or il découvrait qu'il avait là des compagnons de détresse et des alliés. Leur seule chance de survie était de s'unir. La lutte devenait une véritable croisade.
Peut-être l'été évoque-t-il pour vous des images de campagne, de prés verdoyants, de montagnes et de lacs scintillants sous le soleil ? Mais il ne suggérait rien de tel au peuple de Packingtown. La formidable mécanique continuait à tourner impitoyablement, indifférente aux vertes prairies. Les hommes, les femmes, les enfants qui tous en constituaient les rouages, n'apercevaient jamais la moindre verdure, pas même la moindre fleur.
Un roman sur l'Amérique du début du XXe siècle qui a durablement marqué les esprits. Parution en 1906 de la Jungle qui provoque un scandale sans précédent en dévoilant la misère ouvrière et l'absence de contrôle sanitaire dans les abattoirs détenus par les trusts de la viande.
Quiconque connaît un tant soit peu la boucherie vous dira que la viande d'une vache qui est sur le point de vêler, ou qui vient de vêler, n'est pas comestible. Or, tous les jours, de nombreuses femelles prêtes à mettre bas, parvenaient aux abattoirs. Mais, pour économiser du temps et du fourrage, il était de règle d'amener les vaches prêtes à mettre bas avec les autres. […] À l'étage au-dessous, les ouvriers récupéraient ces veaux "mort-nés" pour les débiter comme viande de boucherie. On utilisait même la peau.
Quand, par exemple, un homme tombait dans une cuve et était transformé en saindoux de luxe ou en engrais supérieurs, à quoi cela servait-il d'ébruiter l'affaire et de causer du chagrin à sa famille ?
Ils n'étaient que de pauvres travailleurs, pour qui l'argent représentait la seule force, constituait l'essence même de leur corps et de leur âme, était ce qui les faisait vivre… ou périr, s'ils en manquaient.
Je travaillerai encore plus.
On lui racontait qu'ici, à Chicago, les abattoirs broyaient les hommes et détruisaient leur vie à jamais [...]
Les hommes ont tellement pris l'habitude d'assommer des animaux à longueur de journée qu'ils ne peuvent s'empêcher de se faire la main de temps à autre sur leurs amis, voire sur leur famille.
Ont-ils d'autre choix que cette pauvreté pour se construire une vie, malgré tout, pour tenter d'exprimer leur âme ?
Quand on crève la faim, […], et qu'on a quelque chose qui vaut de l'argent, il faut le vendre.
[…] il ignorait qu'il pût avoir des droits, hormis celui de chercher à gagner sa vie et d'obéir.
On utilise tout dans le cochon, sauf son cri.
Il n'avait plus de foyer, plus d'attache, il ne connaissait d'autre affection que cette camaraderie du vice qui 'est qu'un pitoyable simulacre d'amitié.