Cartes blanche aux éditions Perrin
Avec David FIASSON, Anthony GUYON, Jean LOPEZ, Clément OURY,
Benoît YVERT
La guerre est un éternel sujet d'actualité dont l'histoire militaire permet de saisir les enjeux géopolitiques et stratégiques. Au fil des conflits, de l'Antiquité à nos jours, l'art de la guerre s'est métamorphosé : Valérie Toureille, Clément Oury, Jean Lopez et Michel Goya vous décryptent ces métamorphoses
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Raoul de Gaucourt, né vers 1371, appartient au monde des combattants les plus Expérimentés. Ce chevalier est presque un Vétéran. Il a participé à la croisade de Nicopolis et à défendu Harfleur en 1415 face aux troupes d'Henry V. C'est â cette occasion qu'il est fait prisonnier. On le retrouve ensuite chambellan et capitaine de Chinon, puis gouverneur d'Orléans en 1426. Il participe à l'attaque de Montargis. Reconnu comme l'un des proches du roi, il est ainsi présent à l'entrevue de Chinon [entre Charles VII et Jeanne] et assistera au sacre, où il tiendra le rôle de pair laïc, une promotion exceptionnelle au regard de son statut--faute, certes, d'autres pairs de plus haut rang. Il tiendra un rôle remarquable dans le procès en nullité de Jeanne d'Arc : il témoignera le 25 février 1456 et sera même envoyé auprès du pape pour l'ouverture du procès de révision.
Il faut ici reconnaître notre dette, considérable, à l'égard des travaux aussi amples que diversifiés de Philippe Contamine. Sa thèse, parue en 1972, sur les armées des rois de France de 1337 à 1494 a servi de modèle pour les études portant sur les armées des rois d'Angleterre au temps des "trois rois Edouard" (Michael Prestwich, Andrew Ayton, David Simpkin) ou au XVème siècle (Anne Curry). De même, en France, elle a inspiré les travaux consacrés aux armées des ducs de Bourgogne (Bertrand Schnerb) ou des rois capétiens de Saint Louis à Philippe le Bel (Xavier Hélary). Sa synthèse sur la guerre au Moyen Age parue en 1980 s'est imposée comme l'ouvrage de référence sur la question, comme en témoignent ses nombreuses rééditions ou traductions (page 23).
La résistance à l’occupant anglais a revêtu trois formes qu’il faut distinguer. La première fut la plus conventionnelle : celle des places fortes qui tenaient pour Charles VII dans un environnement hostile. On pense évidemment au Mont-Saint-Michel, ou encore à Vaucouleurs. La seconde qualifie l’action des capitaines français en territoire ennemi, partisans un moment, écorcheurs ensuite, rassemblés à l’occasion sous ma bannière de Jeanne d’Arc. La dernière, la plus symptomatique, fut d’essence populaire. Elle renvoie aux révoltes, quelques fois sourdes, parfois spectaculaires, qui naquirent de façon spontanée dans les territoires occupés.
Nos contemporains estiment ainsi comme insupportables les crimes de sang, tout en s'accommodant assez bien de la destruction volontaire de biens. Le Moyen Age, en revanche, considérait les atteintes à la propriété comme des transgressions majeures en ce qu'elles remettaient en cause la confiance réciproque entre les individus, constitutive de la vie (ou de la survie) du groupe. a cet égard, le vol était perçu comme un "vilain fait", un geste infâme, quand le crime de sang bénéficiait de la légitimité des actes commis lorsqu'était bafoué l'honneur, vertu cardinale des médiévaux.
La société médiévale est structurellement violente, certes, mais sa violence est normée.
Pour évoquer le crime au Moyen Age, il faut tout d'abord prendre garde à ne pas lui appliquer les concepts de notre siècle, qui ne trouvent pas à s'exprimer pour cette période.