AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Vasile Voiculescu (55)


Les épines

On glorifia assez seules les roses
Tendres dormant dans la nuit dorée,
Ce sont les épines qu'il faut donc chanter –
Ces pauvres bâtards de la métamorphose.

Elles portent leur destinée trop pesante !
Cachées sous les feuilles, personne ne les voit,
En esclaves elles gardent toujours la voie,
Pour bien protéger la fleur resplendissante.

Elles sont la proie des blasphèmes, de haine
Quand, promptes, elles s'enfoncent de toute leur
Force dans la main qui veut prendre la fleur
Et même les museaux des bêtes les craignent.

Ces barbares, ô, ces sauvages vestales,
Prêtes à mettre les ennemis en pièces,
Avec quelle timide douceur, tendresse,
Portent dans leurs bras le fardeau de pétales !

Tout comme au milieu de l'armée s'élevèrent
Des oriflammes, largement déployées,
Ainsi les épines, – innombrables armées !
Portent les roses, oriflammes altières…

Glorieux drapeaux vraies fleurs de neige chétive,
Flottent au-dessus de la très lourde bataille…
Mais n'oubliez jamais les soldats sans médailles,
Qui tombent au combat pour que victoire s'ensuive !

(p. 97-99)
Commenter  J’apprécie          140
CXCIII

Comme la bouche émiette chaque jour la nourriture,
De même nous effilochons la vie dans ses instants…
Il n'y a que l'amour qui puisse lui rendre l'allant,
Comme il prit source de soi-même, divinement pur.
Esclaves condamnés à la roue du temps, sans merci
Et notre avenir est remplir seulement de passé…
Ni la mort ne nous échappe… seule une rêverie
Nous enflamme le front, fugitivement, d'un baiser.
Mais l'amour rassemble notre vécu soulevé en vain,
Ses syllabes tronquées forme un poème fidèle,
Ébats, victoire, faits, cendre ensemble tombent soudain,
Seul l'inutile de nous-mêmes est vraiment éternel ;
Je soumets le temps infini, aux instants je le lie
Lorsque mes lèvres recueillent ta main, immaculé fruit.

Mardi, 9 août 1955
[dans « Les Derniers Sonnets figurés par Shakespeare dans la traduction imaginaire de V. Voiculescu »]
(p. 489)
Commenter  J’apprécie          130
Vol

Malgré mon incroyance je crois pourtant en toi,
Contre ma volonté je fais des efforts manifestes,
Vers d'autres destins mon destin tourne sa voie,
Je mets des ailes de soupirs et désarrois :
Ce n'est que par des peines au-delà de soi
Que le fer se transfigure en avion céleste ;

Brûlent mes passions, uniques essences,
Batte mon cœur, moteur allumé,
Vrille le ciel l'hélice de mon intelligence,
Jusqu'à toi mon âme s'élance,
Elle peut bien tomber de l'espace immense ;
Cette chute est toujours une volée.

Dimanche, 21 octobre 1956, Bucarest
(p. 399)
Commenter  J’apprécie          130
Vasile Voiculescu
Montagne pure

Montagne pure aux pics tranchants, je dresse
Au ciel l’orage des rochers ; j’aspire
Aux basses plaines paisibles, pourtant :
Ah, nostalgie des étendues profondes !

Ma destinée de pierre dans l’audace
Où j’amassai des trésors de tourments,
M’aliène au monde et non pas à la vie ;
Un sanglot brise mes silences vierges.

Dans les lumières hautes rien ne pousse.
Pas de racines ! Passent les nuages
En fleurs, ces solitudes tout écloses.
… Ah, si j’étais une tendre colline,

À l’âme d’herbe et à l’esprit de seigle !
Je veux me labourer, je veux mûrir
Pour enivrer un pays de mon vin ;
Que l’on me mâche et que l’on me jalouse,

Enfoncé dans la honte sous la terre,
Sous le sol de la mer, plutôt que vivre
Ainsi dans le désert de ces auteurs,
Où je n’apporte à personne la joie.

J’appelle les nuées, je fertilise
Les pluies et je tisse les vents ; les eaux
S’en vont : je suis comme un lit desséché
Car mes sources me quittent pour les fleuves.

Je n’ai pas de pâture pour mes aigles ;
Tous les condors s’abattent sur la vie,
Cette charogne par-dessus les chaumes.
Je porte un noyau d’or et point de manne.

Étaler mon destin, front contre glaise,
Pour que de longs troupeaux paissent ma gloire !
Le ciel, hélas, a brisé mon élan
Sous la fierté immortelle des neiges.

(Adaptation d’Alain Bosquet)
Commenter  J’apprécie          120
CXCV

Tu as cueilli mon amour, pour toute l'éternité
Le subtil parfum de mes pensées, la vraie poésie,
Maintenant sur moi tu envoies le malheur, le mépris,
Mais seul le miel reste quand toutes les fleurs sont fanées.
Ton amour chargé de grêle, pressé à écraser,
Et dans sa route météorique à passer plus loin,
Ne m'a épargné aucun lambeau d'âme… Mais au moins
Sur moi dans ton feu céleste je te prie de tomber…
Le nuage crève… et sur toi la lumière converge,
J'y fais sécher ma douleur, je monte branches, fleurs, fruits…
Même ta glace me nourrit : en secret je l'adoucis,
Elle maintient frais mon esprit, ainsi que mon cœur vierge…
Et je ne suis qu'ombre à côté de toi, à chaque pas,
Car l'ombre est bien l'écho de la lumière ici-bas.

Mercredi, le 17 août 1955
[dans « Les Derniers Sonnets figurés par Shakespeare dans la traduction imaginaire de V. Voiculescu »]
(p. 493)
Commenter  J’apprécie          120
Le nuage

Pareil à un nuage qui s'est chargé
De tonnerres et foudres inutiles
Et toute sa vraie mission a oublié,
Je venais au nom de l'art haut, stérile…
… Un vent... et ma pluie en fut arrêtée.

Souffre, ô, Dieu de la résurrection,
Que je me refasse du limbe étrange
Ramassant des marrais les afflictions,
Soumis aux seuls silences, compassions,
Qu'en larmes fort fertiles je me change…

Mardi, le 11 mai 1954
(p. 385)
Commenter  J’apprécie          110
Le vers

Quand l'esprit même en holocauste se tord,
La suie de dieux tombe sur nous, arrêté
Un vers serré entre ses rebelles bords
Glace en soi-même pensée et volupté.

Ô mon immense toit, mon éternité,
L'étoile tombe à ton auguste rebord
Et sous l'ardeur de cette douleur charmée
Un autre fruit n'aura guère de support.

A jamais foudroyé un cœur dans sa voie ?
En la désirant se remplit ma poitrine
Me hantent de longues tristesses princières.

Je connais un rêve ombrageant, et voilà,
De mon grand sommet d'argile qui domine,
Du sommeil je cherche les sources premières.

(p. 321)
Commenter  J’apprécie          110
À peine le printemps de la terre âpre monte,
Bleu comme issu d'un fond de mine de l'hiver,
Il n'y a pas de bourgeons ni d'herbe sur la tombe,
Ni les cornes d'escargots n'essaient la lumière.

Tous se languissent sous l'écorce, la coquille, au fond...
Seul un aveugle tâtant les ruelles vieilles
Est sorti mendier, reste planté près du pont,
La branche sèche de sa main tendue au soleil.

(Signe de printemps, p. 269)
Commenter  J’apprécie          110
CCXXXIII

Nous nous joignons malgré les différences qui dominent…
Et nous savons le support idéal de notre union ;
À la fleur aimée nous empruntons la composition,
Un appariement naturel, toi rose, moi épine,
Je reste dessous ; me vêt des courtisans la feuillage vert,
Je regarde longtemps d'en bas ta gloire au suave teint…
Mais je suis le premier qui reçoit le don des parfums,
Ami morganatique, son tranchant lourd de mystère :
Je suis l'ange aux fortes griffes diaboliques, à même
De déchirer sauvagement main ou museau tendus…
Le génie est le piquant frappé de haine suprême,
Mais celui qui te cueille prend aussi mon aiguille pointue…
Quand ta fleur tombera, je tendrai l'épine hardie,
Pour en saisir tous les pétales jusqu'à l'infini.

Dimanche, le 21 juillet 1957
[dans « Les Derniers Sonnets figurés par Shakespeare dans la traduction imaginaire de V. Voiculescu »]
(p. 569)
Commenter  J’apprécie          100
À cette occasion, j'appris que mon homme était un grand charmeur de loups, qu'il les soumettait et se servait d'eux par ses sortilèges et sa magie, en vrai maître.
Commenter  J’apprécie          100
CCXLIII

Aujourd'hui recommence à briller ma plume traînarde
Comme un pouls très régulier y palpite ma pensée…
Je la trempe juste au cœur : une blessure je garde
Dont aucune force n'a su ma flèche arracher.
Je t'écris : et soudain tout un monde m'envahit ;
Comme dans la goutte de rosée, dans chacun des vers,
D'où toute la gloire de ton nom brillant s'épanouit,
S'efforce de rentrer tant bien que mal tout l'univers.
De temps en temps et dans son vol dévoilant son secret
La plume heurte les rives de papier trop fécond…
… Elle a arrêté son tumulte avec un fier frisson.
« Ah, mais qui voudrait lui porter au plus vite le sonnet ?
Belle, et bien cachée dans des vêtements solennels,
Ma douleur accourt pour t'apporter la joie immortelle…

Dimanche et lundi, les 20–21 juillet 1958
[dans « Les Derniers Sonnets figurés par Shakespeare dans la traduction imaginaire de V. Voiculescu »]
(p. 589)
Commenter  J’apprécie          90
Au carrefour

Sur la voie de l'âme il y a des carrefours,
Croisements de routes sauvages, étrangères,
Menant aux quatre coins… Quel sera le détour ?
Les contrées sont mauvaises, tu es seul sur terre.

Car le carrefour est mort et tous les passants
N'ont laissé aucune trace ni aucun signe
Qui dise si l'on a trouvé le chemin franc…
Seules des croix sans lettres s'y trouvent en ligne.

Une auberge aux seuls murs inhospitaliers,
Au puits perdu et la cave abandonnée, vide,
À côté, comme une potence, un mort peuplier
Disent que c'est l'endroit où il faut passer vite.

Les carrefours sont déserts, on se sent perdu…
Et on voudrait fuir tous ces contrées maudites.
…Dans l'âme il y a des carrefours : à son insu,
On est aux routes neuves et on y hésite.

(p. 137)
Commenter  J’apprécie          90
CCIV

Il m'a fallu toute la flamme de la poésie
Pour changer le charbon de l'amour en diamant ;
Mais tu brilles déjà sur le front du temps infini,
Racheté à tout jamais à l'implacable néant…
Ma force est la braise fermée, comme dans les joyaux,
Qui brûle durement dans son feu intérieur et froid :
Dès la genèse du monde, des cortèges astraux,
Le feu originaire ne s'éteint jamais en moi !
Il est comme un grain, mais il tient les vertus de l'essence ;
Il est diamant, qui ronge l'acier, des monts la balance…
Il coupe ta fenêtre dans les murs de l'existence,
Pour qu'y entre l'immortalité, en toute abondance.
Et dans un grand tourbillon brûlant de vers diamantins
Je séduis l'éternité, mon amour, pour ton bien.

Samedi, le 17 septembre 1955
[dans « Les Derniers Sonnets figurés par Shakespeare dans la traduction imaginaire de V. Voiculescu »]
(p. 511)
Commenter  J’apprécie          90
CLXII

Je bâtis mon sonnet aux cimes, véritable cité,
Les rimes en sont des créneaux et chaque vers un mur.
Toi, prince hermétique, comme dans une éternité,
Tiré des griffes du temps je t'y enfermerai pur.
Le frappera, ennemie, la mer du monde, furieuse,
Avec sa meute d'envies, d'intrigues, de laide haine,
Mais elle ne saura l'ébranler dans l'armure hautaine,
Incapables de briser sa grande énigme glorieuse,
Nous serons indifférents à ce qui va arriver…
En enchaînant l'oubli, et en mettant aux fers le vol,
Les lauriers de l'éternité aux tempes, non fanés,
Nous affronterons le passé qui incite l'envol :
Je garde au cœur de l'immortelle lettre le contour
Que j'écris avec le diamant des carats de l'amour…

Le solstice d'hiver, 1954
[dans « Les Derniers Sonnets figurés par Shakespeare dans la traduction imaginaire de V. Voiculescu »]
(p. 427)
Commenter  J’apprécie          90
Vasile Voiculescu
Villon

Fameux errant, poète qui vides les coches,
Qui as fourré le sacerdoce aux gaines,
D’une main tu fouilles des braves gens les poches,
D’une autre, à la Vierge, le culte tu tiennes.

Comme un vieux loup, autour des bergeries,
Tu tournes près des boutiques aux jambons,
En les humant très appliqué, et puis
T’enfonces en elles tes forts doigts gloutons.

Mec des faubourgs qui sa proie traîne en rade,
Fêtard usé aux rêve étincelant,
T’aiguises comme un vaurien, aciers, ballades,
Dans nos poitrines, après, les enfonçant.

Disciple cher des bagnes, bonne nature,
Aminche des anges perdus, récalcitrants,
Tu traînes dans les recoins de la luxure,
Pleurer les filles et les neiges d’antan.

Au cou des aubes, tu t’en vas danser,
Au son des chœurs, des musiques bordéliques…
Ton âme est une foire déchaînée
Au cœur d’une immense basilique.

Tu m’apparais, maître en chapardages,
Pilier d’auberge, rebelle des lois très tôt,
Traîné dans les geôles en fleur de l’âge
Grinçant sous le fouet du grand prévôt.

Dépensier comme personne n’ose,
Immense vaurien bâti en or comptant,
Tu aimes ta vie, quand elle est malheureuse
Et meurs, mon cher pouilleux, en espérant.

Pendant qu’ils haussent sur le gibet ta poire
En fourches te montent, comme un mécréant,
Toi, le malin, volant un tas de gloire,
Sur l’escabeau des rimes tu montes le temps.
*
traduit du roumain par Cindrel Lupe
Commenter  J’apprécie          90
Je n'étais pas étonné des courbettes ni de la crainte que j'inspirais aux gens. Tous ceux qui travaillaient dans l'administration étaient traités de la sorte, et pour cause ! Moi aussi, je sévissais comme les autres. Mais ce qui m'intriguait de leur part, c'était cette sorte de dévotion respectueuse, de vénération d'une autre essence qu'ils me réservaient et qu'on n'accordait pas à d'autres collègues, comme le médecin et le préfet. J'en devinai bientôt la raison : moi, j'étais un mage. Le juge se plaçait au-dessus de tous les autres, il était investi de vertus d'ordre spirituel. Je ne corrigeais pas les coupables comme le faisaient les gendarmes ou le commissaire. Je n'arrachais pas les enfants malades à leurs mères comme le faisait le médecin pour les envoyer à l'hôpital. Moi, en tant que juge, rien qu'en écrivant quelques lignes, j'avais le pouvoir de confirmer ou d'annuler tout ce que les autres concoctaient : amendes, contraventions, procès.
Commenter  J’apprécie          90
Non seulement il ne l'encouragea pas mais il fit tout ce qui était en son pouvoir pour que ces miracles cessent. Il fallait, disait-il, attendre et mettre à l'épreuve l'homme et ses œuvres. Chercher à découvrir ce qui se cache derrière ces exploits mystérieux, prier, appeler au secours les lumières des prélats et dignitaires sacerdotaux qui occupent avec sagesse les plus hauts sommets de l'Eglise. Car comment distinguer avec des forces aussi maigres que les nôtres ce qui est vrai de ce qui n'est qu'illusion et fantasme?
Commenter  J’apprécie          80
CCIII

Le mystère d'un amour de dieux nous enveloppait ;
Dans le monde passager ils ont choisi leur abri ;
De cyclopéens murs d'amoureux fortement j'enfonçai
Dans ta chair glissante qui était la proie de l'oubli…
S'est effondré l'amour au fondement de terre glaise ;
Les passions – vrais piliers – tombèrent…
On est là stériles…
Nous évitent les ennemis et les amis bien aises :
Les ruines de temples sont des nids de serpents agiles.
Ils sifflent dans les trous ? Mais ce n'est que mon cœur captif
– Fantôme de l'immortalité quand nous étions dieux –
Il s'y est conservé, sous les décombres, un feu vif,
Un tesson, mais qui brûle au coin où je t'adorais pieux…
Tu revins dans la gloire du grand tourbillon terrestre ;
Pour expier le péché du bonheur moi seul je reste.

Mardi, 13 septembre 1955
[dans « Les Derniers Sonnets figurés par Shakespeare dans la traduction imaginaire de V. Voiculescu »]
(p. 509)
Commenter  J’apprécie          70
Chant pour te dévêtir

Te gardent combien d'anges de soie si prompts ?
Quand ils s'écartent dans leur vol ondoyant,
Surgissent seins et bras, rayon après rayon,
De la trésorerie du corps, lentement.

Plus calmes que les astres, des cuisses claires
Écrivent où tu te couches de rondes lois,
Quand tu viens de l'éternité, de la chair,
Noyaux de douce vérité tu déploies.

Je défais l'étoile et les nuages libèrent
Le céleste ventre arqué, chaude faucille,
La voie lactée de des jambes descend vers
Le zodiaque de tes minces chevilles.

Ton blanc mirage se fait donc voir tout doux :
Je foule nuages, anges, t'arrache nue,
Pour embrasser longuement, saisir d'un coup
Toute la vérité du corps ingénu.

***
Cântec pentru dezbrăcare

Câţi îngeri de mătase ai de pază?
Când zboară-n lături fragedul lor stol,
Ies sâni şi braţe, rază după rază,
Din visteria trupului, domol.

Mai lin ca aştrii coapsele-mpăcate
Rotunde legi scriu, boiul când îţi culci,
Cum vii din carne şi eternitate
Întreagă miez de adevăruri dulci.

Deschei o stea şi norii despresoară
Cerescul pântec, cald, cu arcuiri,
Lacteea cale a pulpelor coboară
Spre zodiile gleznelor subţiri.

Stihia-ţi pură, albă se arată:
Calc nori şi îngeri, goală li te rump,
Lung să-ţi sărut şi să cuprind deodată
Tot adevărul trupului tău scump.

(p. 260-261)
Commenter  J’apprécie          70
Poésie

Je me suis engagé comme postillon des paroles :
Je les leurre par des flammes, je les nourris de braise,
Je les serre dans le harnais de la pensée, farouche ou à l'aise,
Je les frappe du fouet du désir, elles s'envolent !

Pour ne pas se lancer au ciel, telles les puces des contes,
Je me penche devant chacune, forgeron appliqué,
Et je chausse les vers agiles, je les dompte
En y mettant les fers des rimes dorées.
On s'arrête aux nuages, au palais de cristal
Pour voler l'ombre de la belle du rêve sans corps ni sang,
Mais la harpie est derrière nous. J'y jette les dés fatals,
Le heaume, la massue, de mes dons le lourd arsenal :
Le cœur, l'âme, les esprits pâlissants.

Gare ! Gare ! Le carrosse descend sur terre,
Mais là s'effiloche la reine d'images,
Effrayées, se taisent les clochettes de rimes légères,
Les sangles sautent, les chevaux mutinés serrent
Leurs ailes sous les paroles et rentrent aux friches sauvages.
Restent, noires, les traces des roues sur les blanches pages.

(p. 211-213)
Commenter  J’apprécie          70



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Vasile Voiculescu (6)Voir plus

Quiz Voir plus

Avez-vous lu Noire ?

Quel jour a lieu le procès de Claudette Colvin ?

17 mars ?
18 avril ?
18 mars ?

6 questions
14 lecteurs ont répondu
Thème : Noire : La vie méconnue de Claudette Colvin (BD) de Emilie PlateauCréer un quiz sur cet auteur

{* *}