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Paul Miclău (Traducteur)
Minerva (01/01/1981)
4/5   1 notes
Résumé :
Préface de Ștefan Augustin Doinaș, édition bilingue roumain et français, traduction de Paul Miclău, imprimé à Bucarest.
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
V. Voiculescu commence à écrire en 1914 et à partir de 1947 il se consacre entièrement à l'activité littéraire. le jeune médecin publie un premier volume de vers « Poésies » (1916) qui passe inaperçu. Suivent les recueils « Au pays de l'aurochs » (1918) et « Fruits mûrs » (1921) ce dernier faisant déjà entrevoir les traits d'une poésie plus authentique. « Poèmes aux anges » (1927) introduit la soif inassouvie de communication avec l'absolu. Les recueils suivants prouvent que V. Voiculescu est un poète accompli qui associe la modernité aux acquis de la vision traditionnelle  : « Destin » (1933), « Montée » (1937), « Repères » (1939). Sa création poétique connaît un point culminant avec les « Derniers sonnets figurés par Shakespeare dans la traduction imaginaire de V. Voiculescu » publiés en 1964 après la mort du poète.

Lorsqu'il évoque le choix des poèmes qui constituent cette édition bilingue le traducteur écrit : « le lecteur trouvera ici tous les « Derniers sonnets... » (quatre-vingt-dix au total) auxquels s'ajoute une anthologie de la poésie qui les précède, dont j'ai choisi un nombre qui dépasse de beaucoup les sonnets. Pour que le lecteur ait une image d'ensemble de la création de V. Voiculescu, ce volume représente un choix de toutes les périodes donc de tous les recueils, en accordant une proportion plus élevée à ceux qui se rapprochent de la période des sonnets ».

Au final une poésie où la forme est importante, où les thèmes sont variés, et qui culmine par ces sonnets d'inspiration shakespearienne, une grande et véritable victoire de la poésie d'amour roumaine en général. Cela fait deux ans que je lis presque quotidiennement un poème de cette anthologie de 600 pages.

Un grand plus : la présence de l'original à gauche facilite les comparaisons. Je vais poster, au fil du temps, d'autres citations pour que mes amis ici, sur le site, puissent, eux aussi, apprécier ces poèmes.
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Citations et extraits (43) Voir plus Ajouter une citation
Le souvenir

Ainsi passa, bien chétif, le souvenir
De notre amour, comme une triste fleur
Qui dans un verre cesse de resplendir,
Car, abandonnée, elle pleure et se meurt.

Il n'y a personne dans cette langueur.
Au plancher le miroir hagard rien ne mire.
Des rideaux arrêtent la trop forte lueur…
Même les araignées ont cessé d'ourdir.

En se regardant dans la coupe fanées,
De leur pulpe flétrie les feuilles ahanées,
Se détachent dans un gaspillage total,

Descendant doucement dans l'ombre quiète...
Et la fleur du souvenir, oubliée, fluette,
Laisse tomber un à un tous ses pétales

Dans la vieille eau du temps, pourrie et muette.

[Amintirea

Cum s-a trecut, plăpândă, amintirea
Iubirii noastre, tocmai ca o floare
Ce-ntr-un pahar îşi plânge strălucirea
Uitată-n colţul mesei, unde moare.

Nu-i nimeni în odaia tânjitoare.
Oglinda-n podini şi-a holbat privirea.
Perdelele lungi ţin calea către soare ...
Păianjenii şi-au întrerupt urzirea.

Privindu-se în cupă ofilite,
Din miezul veşted foile mâhnite
Se rup, treptat, cu-o mută iroseală

Picând domol în umbra liniştită ...
Şi floarea amintirii, părăsită,
Se scutură petală cu petală

În apa vremii veche şi clocită. ]

(p. 130-131)
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Autoportrait romantique
(à soixante-sept ans)

Je me suis forgé une vieillesse brave,
Aux cheveux blancs tel un drapeau replié,
Le blocage de la barbe en collier
Autour du visage, chétive enclave.
Ma poitrine libre, presque une épave,
Dans le tourbillon des flots déchaînés,
Porte encore haut, mais du seuil plus près,
Un cœur, déjà refroidi, mais de lave.

Je rêve toujours, car mon rêve veille,
La paresse, vieille amie, me conseille
Quand me tirent des milliers de pensées…

Quel temps il fait je ne veux plus avoir ;
Je regarde, en moi, la poudre du soir,
Descendant l'escalier de ma mémoire,

Je m'appuie dans ma plume bien dévouée.

Dimanche, le 11 novembre 1951,
Bucarest, Cișmigiu
(p. 381)
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Les lunatiques

Savent les grands gardiens où nous nous trouvons ?
À peine sortis des langes de la terre.
Nous avons grimpé le toit de l'univers
Et sur le tranchant du siècle nous marchons.

Quel esprit fou avons-nous sucé et bu ?
Cette folie ne connaît donc plus de bords,
Les yeux ouverts, lunatiques fils de mort,
Nous avançons vers le vide noir déchu.

Qu'il est triste le zodiaque qui erre !
Alchimistes de la douleur, du courage,
Nous sommes greffés en matière sauvage
Et nous poussons, tous, en dehors du mystère.

Hantés par l'Absolu – véritable lieu
Où le rêve ne connaît jamais le blâme –
Nous portons la torche lourde de flammes,
Et nous mettons ainsi aux siècles le feu.

Mais plus nous y montons, plus nous chancelons
Sur les pensées devenues longues échasses…
Et l'ange n'ose plus crier, dans sa grimace
Regardant nos pas dans le gouffre profond.

1942, décembre, Bucarest

(p. 327)
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CCXXV

Tu sauras que les larmes sont souvent rosée fidèle
Qui, sur l’âme trop sèche, tombe généreusement :
En rassemblant tout le ciel dans une goutte nouvelle,
Elle y met un but oublié, ta racine abreuvant.

Une larme pure et chaste est le génie de l’amour :
Tous les déchus aux enfers elle les soulève sauvés…
Une seule suffit pour rendre au regard le vrai jour,
Et, tel, Saül, on voit le monde aux yeux désécaillés.

On nous promet là-haut, au-delà même de la mort,
Un endroit heureux sans larmes et sans soupir aucun ;
Que vais-je faire là-bas si l’on nous sépare alors,
Sans avoir plus cette manne pour assouvir ma faim ?

Si tu n’y es pas, bien serrée par mon souffle dévot,
À l'éternité j'apprendrais à pleurer aux sanglots.


Décembre 1956
[dans « Les Derniers Sonnets figurés par Shakespeare dans la traduction imaginaire de V. Voiculescu »]
(p. 553)
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CLVIII

Dans le clair midi de l'âge je ris à ta jeunesse,
Je regarde ton orgueilleuse beauté bien en face
Et à tes yeux, astres d'une troublante hardiesse,
J'oppose mon génie intense où ils fondent, s'effacent.
Je t'offre l'esprit, je ne t'embrasse pas sur la bouche,
Comme penché sur une fleur, je te romps, te respire…
Dorénavant tu n'es plus être de charnelle souche,
Mais un calice sacré d'où toute la vie je tire.
Je ne compte pas mes ans, la sève n'est pas dans la grâce ;
Par la force idéale attire ce qui m'est précieux,
Vertus et passions au joug de la poésie j'enlace,
Où, de la poudre tardive sans qu'il y ait des traces,
Je t'y mêle de vive force ; pour le mage pieux,
La terre n'a pas de bornes, n'ont pas de seuil les cieux.

Jeudi, le 2 décembre 1954
[dans « Les Derniers Sonnets figurés par Shakespeare dans la traduction imaginaire de V. Voiculescu »]
(p. 419)
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Video de Vasile Voiculescu (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Vasile Voiculescu
Un poème de Vasile Voiculescu en français.
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