Citations de Vassilis Vassilikos (55)
Là où tombe un héros, un peuple se lève [...].
Mai est un mois cruel. La terre réabsorbe ses fruits. La première floraison et la deuxième sont déjà finies. Maintenant, lourdement, comme des épis, tout retourne à son commencement. Tout est fini. Même la mémoire va se perdre. Elle revivra chez d'autres, nourrie d'un autre sang.
"Mes cohabitants de cette planète", disait le président Kennedy dans un discours. Et c'est vrai. À l'heure où s'ouvrent les portes de l'Espace, il est insensé que nos propres portes demeurent fermées et que nous vivions toujours comme au siècle passé. La science fait des bonds prodigieux en avant, et ces bonds doivent devenir une conscience commune pour tous. [...]
Quand on a demandé à Sindona ( banquier italien qui se suicida dans sa cellule ) , quelles banques utilisait la mafia , il a répondu en souriant , que jamais les gouvernements ne comprendraient la mafia . Parce que ce sont précisément leurs interdictions douanières et commerciales qui font naître la fraude . La prohibition aux États-Unis a jeté les bases des richesses illégales . La plupart des grandes familles respectables du monde , Rothschild , Agnelli , Pirelli , Kennedy et Rockefeller , plongent les racines de leur richesse dans les gains illicites et la fraude fiscale .
Le juge est jeune, beau, courageux. Espoir de guérison pour la gangrène. Rêve amarré à la jetée. Porte ouverte sur la prison. Sans eau. Sans lumière. Il fouille l'obscur réduit. "J'accomplis mon devoir." Patience. Il travaille. Il tisse la toile dont les marchands vont venir estimer le prix. Il la veut à toute épreuve. Avec deux aiguilles, fourchettes chinoises il compte chaque point, dévide le riz, grain par grain. Chaque geste d'aiguille est bien calculé. Chaque point en relation avec un autre point.
Le juge possède un grand stéthoscope. Il est une lune fouillant le stade quand le match se déroule sous les projecteurs. Des milliers de spectateurs sont pris par le jeu. Lequel d'entre eux a payé les joueurs en leur demandant de mal jouer? Qui a misé une fortune dans leur dos? Le juge examine le cliché cinématographique du crime : il lui faut préciser la nature des taches suspectes. Aucun doute ne doit subsister.
La paix n'est pas idée. Elle est action.
« A quoi sert de donner de l'argent à un pauvre ? Le pourcentage des pauvres de la planète n'en demeure pas moins inchangé. C'est le système qu'il faut changer pour que le monde change à son tour »
- La mort de l'écrivain fait l'immortalité des écrits [...].
Combien d’années me reste-t-il à vivre? Peu importe, Dans cette terre qui t’a recouvert, je dépose tout mon amour. Dans cette terre, pour un nouveau printemps, pour que refleurisse les fleurs du mois de mai. (p. 257)
Un terrible séisme la précéda – qu'il ne pouvait comparer qu'à l'explosion du port miné par les allemands – et quand Lazare, l'estomac encore lourd de cochon de lait, bondit sur ses pieds, il vit les portes et les fenêtres grandes ouvertes. Un vent inconnu, d'une odeur et d'un contact inusité, et qui n'était ni le vardar, ni le maestros, ni le vent du sud, ni le vent du nord, s'engouffra avec ses mille pattes dans la maison de son oncle. Il entraînait avec lui des poissons, des papillons, des feuilles mortes, des insectes, des racines inouïes. Le chat en peluche de Gabrielle quitta sa gaine de nylon, attrapa un poisson d'un autre règne qui asphyxiait à même le sol et l'engloutit. Lazare sortit en vacillant sur le balcon. Un pot de fleur s'était vidé de sa terre, comme vomie sous l'emprise de la nausée.
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Tout artiste a besoin d'un Mécène. De même que tout Mécène a besoin d'avoir ses artistes.
Songe à la quantité d’encre que tu as fait couler, au nombre de négatifs! Si tout cela se changeait en sang, tu vivrais éternellement. Mais tu vis éternellement, car le sang de ton sang, s’est changé en lumière. (p.331)
[...] une recherche ne prend fin qu'à la mort du chercheur.
Mais ses yeux s'accrochèrent littéralement à sa blonde queue de cheval qui, fixée au sommet de la tête par une barrette, tombait verticalement, et détachée du dos qu'elle recouvrait, dansait, bondissait, se balançait, libre, indomptable, comme une crinière de cheval, silencieuse comme une cataracte lointaine dont la rumeur ne peut nous atteindre.
Se perdre , c'est se rendre sans conditions . Cela , Lambrakis l'avait bien compris , et c'est pour cela qu'il était rentré au Parti . C'était un homme bon , il aimait les nécessiteux , les soignait gratuitement . Il aimait beaucoup les femmes . Pourquoi ne les aurait-il pas aimées ? C'est qu'il a été prouvé que celui qui n'aime pas les femmes aime les hommes . Et que , d'autre part , le genre monogame est plutôt celui de créatures sans volonté qui provoquent autour d'eux la constitution d'une auréole de connerie et qui sont inaptes aux grands élans de l'Histoire . Je ne sais pas si Lambrakis avait , comme on dit , le microbe de la politique . J'imagine que non . Sa passion était celle du médecin qui en a assez de soigner les maladies une à une . Il avait acquis la conviction qu'il fallait un traitement plus radical . C'est pourquoi il se consacra à la paix . Ce qui n'avance à rien , puisqu'il est mort , et que je n'arrive pas à écrire mon livre sur sa vie .
Max Gallo à propos du livre " K " :
La Grèce . Un grand-père parle à son petit fils . " Je vais dit-il te raconter une histoire dont le héros est l'argent " .
Et le conteur , Vassilis Vassilikos , nous emporte . Il narre la vie de K . Ce banquier grec existe , il se nomme Georges Koskotas et a été jugé à Athènes en 1992 , l'année même ou le romancier publiait " K " . A son procès défilèrent ministres , banquiers , journalistes puisque l'accusé avait été proche du pouvoir socialiste d'Andréas Papandréou . Il avait investi dans la presse , le football , touché à la télévision , acheté une banque , spéculé , emprunté , financé le parti socialiste , rêvé d'être ( Vassilis Vassilikos l'a écrit en 1992 ) , le Berlusconi Grec .
Le roman est construit , pour sa plus grande partie , sur les dépositions de K et des témoins au procès . Le roman se veut non imaginaire , à la manière du " Sang froid " de Truman Capote .
" Dans l'époque où nous entrons dit le grand père au petit fils , je laisse derrière moi , mais que tu vivras , l'argent , qui a toujours gouverné le monde , continue de le faire mais sans le secours des sauces qui le nappaient autrefois . Aujourd'hui , l'argent est nu . Nulle idéologie, nulle croisade ne l'habille . C'est l'argent pour l'argent comme nous disons l'art pour l'art " .
Dès lors , K n'est plus Georges Koskotas mais la figure emblématique de notre temps : Berlusconi ici , Tapie là , tel autre au Japon ou en Espagne .......
De Vassilis Vassilikos , nous avons tous lu " Z " , l'un de ces romans repères qui exprimait si fort un moment de l'histoire qu'on ne sait plus si un événement les a suscités ou s'ils ont incurvé , inventé le cours des choses ...... Koskotas a existé et on dit que Berlusconi gouverne . Mais c'est K dont on se souviendra .
On gagne sou après sou comme on cueille les pissenlits. Et encore, les pissenlits, on sait où ils poussent, mais les sous...
Nous en sommes tous très conscients, Grèce et communisme sont deux notions incompatibles, par leur essence même.
Auprès d'elle, il reprenait vie. Tout ce à quoi elle s'intéressait le tirait de l'Erèbe. Son corps équilibré, exercé, lui apportait le plaisir de ne rester branché que sur l'antenne de la télévision. Elle était amoureuse. C'était indéniable.
J'ai toujours aimé les gens qui se passionnent pour une chose, quelle qu'elle soit.