Les photographies de
Vassilis Vassilikos
Un terrible séisme la précéda – qu'il ne pouvait comparer qu'à l'explosion du port miné par les allemands – et quand Lazare, l'estomac encore lourd de cochon de lait, bondit sur ses pieds, il vit les portes et les fenêtres grandes ouvertes. Un vent inconnu, d'une odeur et d'un contact inusité, et qui n'était ni le vardar, ni le maestros, ni le vent du sud, ni le vent du nord, s'engouffra avec ses mille pattes dans la maison de son oncle. Il entraînait avec lui des poissons, des papillons, des feuilles mortes, des insectes, des racines inouïes. Le chat en peluche de Gabrielle quitta sa gaine de nylon, attrapa un poisson d'un autre règne qui asphyxiait à même le sol et l'engloutit. Lazare sortit en vacillant sur le balcon. Un pot de fleur s'était vidé de sa terre, comme vomie sous l'emprise de la nausée.
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