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Critiques de Victoire Tuaillon (62)
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Les Couilles sur la table

Le féminisme ne se réduit pas, les idées ne cessent d'évoluer, et à toute allure. Quoi de commun entre le féminisme de Simone de Beauvoir, celui des 343, celui de Simone Veil (les Simones sont l'honneur du féminisme !), celui de nos mères, et plus récemment, celui de Virginie Despentes (dont la King Kong théorie a été pour moi un vrai choc) ou celui d'Oser le féminisme ?



Comment s'y retrouver dans ces différents courants, parfois contradictoires, comment se faire une idée juste ? Et quand on est un homme, comment mettre en phase une pensée, des principes, et une manière d'être - à la maison, mais pas seulement : une des forces du livre est d'amener à considérer que même si on se dit féministe, on bénéficie de facto, en tant qu'homme, des avantages de notre sexe dans une société conçue par et pour les hommes.



Ce livre ne prétend pas apporter des réponses à toutes les questions, ce n'est ni "le féminisme pour les nuls" ni la bible du féminisme. En revanche, dans la continuité de son podcast du même nom, Victoire Tuaillon passe en revue un certain nombre de thématiques et donne des clés pour comprendre, ouvre des perspectives. Les rencontres qu'elle a faites et les témoignages recueillis nourrissent son propos vivifiant et salutaire.



Un livre qui bouscule et fait réfléchir !
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Les Couilles sur la table

Un livre que j'ai commencé à recommander avant même de l'avoir fini!

Le titre est très provocateur et ne fait pas sérieux, mais il s'agit d'une analyse, d'une vivisection des masculinités: les couilles (représentation de la masculinité) est mise sur la table pour examen. Étonnant ce titre si peu sérieux pour un contenu qui l'est parfaitement! Chapitre après chapitre, les intervenant·es se succèdent, au fil des podcasts, et parlent de leur domaine d'expertise en lien avec la masculinité.

Ce livre est un "produit dérivé" du podcast Les couilles sur la table. Il est à la fois un bon complément pour les personnes, comme mon mari, qui adorent le podcast; mais aussi un bon substitut pour les personnes qui, comme moi, n'aiment pas écouter des podcasts et préfèrent lire.



Les sujets sont divers, sourcés, intéressants et offrent un regard complémentaire aux approches plus classiques féministes. Il n'y a guère qu'un chapitre que je n'ai pas apprécié, et dans l'ensemble, le livre est très riche, très intéressant.



À faire circuler un maximum: soit l'écoute gratuite des podcasts, soit le livre, soit les deux!
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Les Couilles sur la table

Un essai qui se lit avec l'avidité d'un roman !

"Les couilles sur la table", c'est un podcast dans lequel Victoire Tuaillon se propose d'inviter des personnes de tous horizons, afin de nous parler des hommes, des masculinités et en creux des femmes et aussi de certains hommes, qui subissent la domination masculine (souvent sans s'en rendre compte). Son adaptation en livre est une réussite.

A l'aide de courts chapitres, l'auteure nous explique avec intelligence et clarté de quelle manière la domination masculine se retrouve dans tous les aspects de la vie et est intégrée par beaucoup d'entre nous, hommes et femmes, de manière inconsciente. Elle y développe notamment les thèmes de l'éducation, de la vie professionnelle, du harcèlement, de la culture du viol ou de la charge mentale...

Ce livre a été une sorte de révélation pour moi, femme blanche, cisgenre et plutôt favorisée (tout comme l'auteure). J'ai mesuré l'ampleur du travail qu'il reste à faire et dans ce sens, l'auteure donne des pistes pertinentes afin de redéfinir notre rapport aux relations amicales et amoureuses, notre manière d'élever les enfants ou de considérer l'autre au-delà de la grille binaire des genres. Les relations n'en seraient que plus simples, avec plus de tolérance et de bienveillance.

Je vais maintenant me plonger dans l'écoute des podcasts.

Une lecture indispensable !

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Les Couilles sur la table

Après l’excellent Mythe de la Virilité d’Olivia Gazalé, j’ai eu l’occasion, la dernière fois, de me pencher sur l’ouvrage de monsieur Dupuis-Déri ayant pour objet les discours sur la crise de la masculinité. Et comme je suis un tantinet obsessionnelle dans mes intérêts, j’ai eu envie de me replonger dans la thématique de la masculinité. Et ouais, encore...



Cette fois, je change toutefois de sous-genre avec un bouquin issu d’un podcast renommé, Les Couilles sur la Table. Avant toute chose, laisse-moi préciser, ami-lecteur, qu’avant ma lecture, je n’avais jamais pris le temps d’écouter ce dernier. Et pourtant, le titre m’avait interpellée… Du coup, lorsque j’ai appris qu’il existait un essai issu des entretiens du podcast, bim, il me fallait absolument le lire...



Les Couilles sur la Table s’articule en 5 grandes parties : construction – qui aborde la construction de ces fameuses masculinités -, privilège, exploitation, violence, esquives, et prolongation, qui est une conclusion à l’ouvrage. Avec cette structure, on comprend tout de suite que cet essai est un panorama autour des masculinités. Chaque thématique apporte concepts, définitions et faits. C’est franchement clair et synthétique. Tant et si bien que la partie sur les violences, alors que j’ai déjà lu quelques bouquins sur la question des violences conjugales et sur celle de la culture du viol, ne m’aura finalement pas apporté grand-chose. Cette observation diminue-t-elle mon admiration pour le travail de madame Tuaillon ? Loin s’en faut. Pour dire la vérité, ami-lecteur, j’aurais voulu commencer ce challenge par cet essai en particulier. Pourquoi ? Car malgré le choix de partir des masculinités, Les Couilles sur la Table résume les problématiques liées au féminisme et, plus largement, au genre. C’est un essai qui ouvre l’appétit, qui donner envie, et besoin, d’apprendre plus, de s’éduquer, puis, de se battre contre les discriminations.



Dans son ouvrage, Victoire Tuaillon parvient avec intelligence à extraire « la substantifique moelle » des questions qui préoccupent le féminisme. Un point de départ parfait pour quiconque voudrait en savoir plus et trouver, par la suite, un ou des sujets à explorer plus en profondeur. À offrir de toute urgence !
Lien : http://altervorace.canalblog..
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Les Couilles sur la table

En quelques lignes j'ai plongé. L'autrice sait s'adresser au lecteur et démontre ses propos avec conviction et simplicité.

Elle met des mots corrects sur des choses qui provoquent parfois des émotions difficiles à verbaliser, en tout cas pour les gens comme moi qui ont du mal à canaliser.

Colère, frustration, sentiment d'injustice, d'incompréhension, ce livre est une mine d'arguments (synthèse de nombreux travaux) quand on se lance dans un débat.



La suite correspond à ma prise de note habituelle :

Elle fait la distinction entre masculinité et virilité :

* La virilité est un attribut "Idéal de performance, d'autorité, de dépassement de soi et d'endurance qui trouve son expression à travers les démonstrations corporelles et/ou verbales" en somme, la virilité se définit par elle-même et les femmes peuvent l'être aussi (virile)

* La masculinité en revanche, ne se définit que par son opposition à la féminité. Dès lors que l'on pense "êtres vivants" elles disparaissent, c'est donc une construction sociale, culturelle et historique.



Elle évoque la construction genrée des individus dès la naissance : par le prénom, un code couleur, des réactions, des adjectifs. En soi, on pourrait se demander où est le problème si ce n'était que "à la différenciation des genres se superpose une hiérarchisation : "être un garçon", ce 'est pas juste "ne pas être une fille" : c'est être "mieux" qu'une fille"

Cette hiérarchisation se voit à travers les activités, les valeurs (émotions, raisons...), le langage (à noter qu' "autrice" existe depuis des siècles, c'est le français qui a été masculinisé, cf également les accords de proximité)



Des études comportementales à l'écoles ont démontré que les garçons sont davantage stimulés, on valorise des qualités différentes : intelligence et originalité pour les garçons, sérieux et propreté pour les filles.



Longue explication sur le fait qu'il n'existe pas de genre "naturel"



Elle aborde le fameux argument physiologique (j'ai tout de suite pensé à notre ami Kaufmann, de sinistre mémoire), elle démonte très bien l'argument mais oublie de préciser que les femmes éjaculent aussi.

Elle démontre également que la science ne peut pas être utilisé comme un argument parce que la science constate, elle ne dit pas ce qui est mieux ou moins bien, ça, ça relève de notre interprétation.



Je suis page 46 et il me parait évident que je ne pourrais pas tout prendre en note, tout est trop intéressant, indispensable même pour comprendre les tenants et les aboutissants de ce militantisme et tenir un échange avec des masculinistes.



Elle parle d'ailleurs de la crise de la masculinité (p.47 & 48 à lire et relire)

81% des victimes d'homicides sont des hommes

90% des auteurs sont des hommes

Conclusion : le masculinisme tue les hommes aussi bien que les femmes.

92% des conducteurs impliqués dans des accidents mortels avec taux d'alcool positif sont des hommes



P.54 présentation des différentes masculinités : hégémoniques ; complices ; subordonnées ; marginalisées



Les privilèges à vivre dans un monde d'homme : (petit échantillon d'arguments)

* La clim, automatiquement mis pour les hommes, 5°C de moins que ce qu'il faudrait pour les femmes

* Les objets pour les mains d'hommes (téléphones, outils, clavier de piano) 1.2 fois plus grandes que celles des femmes

* En 2011, Siri savait trouver du viagra et des prostituées mais pas les centres d'IVG

* Les voitures : 47% de chances d'être blessées plus sérieusement, 17% de chances supplémentaire de mourir à accident équivalent

* La recherche médicale : les symptômes d'infarctus chez une femme sont différents (nausées, douleurs dorsales), vous le saviez, vous ? Il existe 5 fois plus d'essais pour les troubles érectiles que pour les douleurs des femmes (c'est tout de même 1/7 femmes qui souffre d'endométriose et on n'a toujours pas de solutions ! Il faut 7 à 9 ans pour établir un diagnostic !)



Elle précise pour la première fois (et elle le fera souvent tout le long) que ce n'est pas un complot, les hommes n'agissent pas en pleine conscience mais c'est l'idée de souligner l'importance d'avoir des femmes à tous les niveaux décisionnels pour apporter un autre éclairage.



La rue est conçue, prévue pour eux aussi : sur 65 000 rues de 111 communes, 30% ont des noms de personnalités, 94% sont des hommes. Au total, 2% des rues en France portent le nom d'une femme. Nous n'avons pas d'Histoire, personne à qui nous identifier, voilà ce que nous dit la rue. Et pour la majeur partie des cas, tout est à la gloire du soldat, du sacrifice, des combats (Masculins)

Les statues : des hommes majestueux ou des femmes sexualisées. Ne parlons même pas des pubs où la tête des femmes est parfois coupée : tout est fait pour plaire au "male gaze"

Les infrastructures sportives d'extérieur : toutes destinées aux hommes (reprendre l'étude faite sur les skateparks de Bordeaux p.77)



Dans le monde du travail, le schéma se répète, le bon travailleur, celui qui obtient les augmentations, c'est celui qui ne compte pas son temps, n'a pas d'imprévus, pas d'enfants quoi : syndrome de l'épouse formidable. Et à comportement égal, c'est à dire quand la femme imite l'homme ou inversement, la réaction n'est pas la même (p.90) + principe du "boy's club" p.95

Le harcèlement sexuel au travail : 93% des plaintes sont classées sans suite ou ne donnent pas lieu à une condamnation. Elle donne des pistes AUX HOMMES pour changer la donne et ça change un peu, il s'agit de leur combat aussi.



Elle compare judicieusement le harcèlement de rue et le comportement des hommes au travail : il s'agit du même regard porté sur les femmes, objet de désir, sexualisation, condescendance... mais deux castes d'hommes différentes. On s'en prend à la première et on laisse faire les seconds, qui s'offusquent du comportement des premiers. Normal.



La question domestique est également abordée : comment les femmes en sont venues à gérer les tâches domestiques dans les faits et dans l'imaginaire collectif ?

La question de la charge émotionnelle est très intéressante. J'ai souvent considéré qu'on bridait les hommes et que ça expliquait leur difficulté à exprimer leurs émotions.

Mais l'autrice remarque qu'il y a des émotions qu'ils savent très bien exprimer, ce n'est que ce qui est de l'ordre sentimental qui est compliqué parce que c'est censé être le "domaine des filles" et, comme pour les tâches domestiques, c'est dévalorisé, et pourtant essentiel, mais alors, quelle est la solution ? Pour l'instant, la réponse ne se devine pas vraiment, car dans l'état actuel des choses, les exprimer un peu renforcerait la sollicitude des femmes envers les hommes, elle en sortiraient encore perdante.



La contraception : sujet que je maitrise déjà pour des raisons très personnelles, mais elle le développe très bien et, surtout, elle point le gros problème très français du paternalisme médicale.

Le choix de l'homme quand à une grossesse éventuelle se fait au moment de l'acte, pas après



Le sujet de la soumission est abordée p.150



La violence :

En 2018,

* 121 femmes tuées par leurs conjoints

* 28 hommes tués par leurs compagnes (et la moitié d'entre eux étaient violents avec elles)

Pourquoi "féminicide" et non "drame" ou "crime passionnel" ? Parce qu'on ne tue pas par amour, on tue pour posséder. Parce qu'on considère que la femme nous appartient.



Les viols, c'est 16% des femmes (sur les chiffres CONNUS), 94% des violeurs sont des hommes.

Définition de la "culture du viol" p.159 (et en citation)

On casse les clichés :

* 70% des viols se font sans armes, c'est la sidération qui fait tout le travail

* en Europe, 7% des violeurs condamnés ont une maladie mentale (seulement 7% sur les 1% de condamnation)

* 25 à 43% des hommes admettent avoir perpétré au moins une fois dans leur vie une agression sexuelle ou une pénétration par la contrainte.

* 80% des femmes violées l'ont été par quelqu'un qu'elles connaissaient

(il faut s'accrocher à certains passages du livre là, des témoignages et des chiffres très durs)

* 10 à 15% des victimes seulement portent plainte.



Erotisation de la violence : (porno !) Pourquoi ça fonctionne ? Pourquoi la souffrance et l'humiliation des femmes est-elle excitante ?

18% des français pensent qu'une femme peut prendre du plaisir à être forcée, et ce chiffre a été évalué APRES #metoo : dans le cinéma, la littérature, on retrouve cette idée partout



p.170 stratégie de l'insistance, dire "non" ne changer rien, il n'est pas plus entendu que le reste (exemple du refus à diner en comparaison) + témoignages d'hommes qui admettent voir le "non" comme un challenge

Il existe également les violences graduelles, demander le consentement pour chaque nouvel acte est NORMAL et peut être excitant. Le consentement ne dois pas être considéré comme global et définitif dès le début du rapport.

Par quoi peut-on commencer en tant qu'homme ? L'émergence d'un nouveau groupe qui va désavouer ce type de comportement. Et en tant que femme ? Pourquoi pas la violence ? (Cf Despentes)



Comment changer les choses de façon plus globale ?

-> verbaliser les actes sexuels / changer de vocabulaire

-> érotiser différemment à travers les mots, le jeu

-> changer "l'objectif pénétration à tout prix"

-> orienter les hommes vers l'orgasme prostatique





UNE PEPITE ! tout le monde devrait l'avoir dans sa bibliothèque !
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Les Couilles sur la table

Comme un état des lieux du féminisme actuel, vu par le prisme des masculinités.



Et tout y passe, de l’intimité de la sexualité et du corps jusqu’au problématiques sociales ou éducationnelles en passant par la famille et la charge mentale, la violence, les relations de dominations et de soumission…
Lien : https://www.noid.ch/les-coui..
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Les Couilles sur la table

Victoire Tuaillon tient une émission de podcasts qui interroge la masculinité dans ce qu'elle a de multiple. Il serait d'ailleurs plus juste de parler des masculinités. On parle beaucoup du féminisme et du conditionnement du féminin mais ce questionnement doit aussi se coupler à celui qui concerne le conditionnement du masculin et de ses conséquences.



Je n'ai pas encore écouté les podcasts mais j'ai trouvé cet essai très intéressant. Dans l'ensemble, les propos de l'auteur, autant que ceux des intervenants, sont étayés et percutants.

Ce livre ne s'adresse pas aux femmes. Il s'adresse à tous. C'est une synthèse éclairée, pédagogique et grandement nécessaire pour combattre les clichés dangereux pour le vivre-ensemble.
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Les Couilles sur la table

Rien de tel que de diversifier ses lectures pour la fin de l’année ! Figurez-vous qu’il ne restait qu’un livre sur mes étagères, oublié, alors que ma bibliothèque était rangée dans des cartons. Ce livre, c’était « Les couilles sur la table » de Victoire Tuaillon, un essai qui était dans ma pal depuis un bout de temps et j’avais hâte de sortir.



Quand je me suis plongée dans les couilles sur la table, j’étais un peu déçue. La première partie retrace surtout la construction de la masculinité à travers les âges, ce que je connaissais déjà. En revanche, les parties dédiées à des questions très contemporaines sont riches et passionnantes. Victoire Tuaillon mêle statistique, avis d’experts et témoignage d’homme pour construire un portrait complet de la masculinité d’aujourd’hui. Une masculinité hétérosexuelle traditionnelle bouleversée par la voix du féminisme et des minorités sexuelles qui prennent de plus en plus la parole pour questionner ces modèles. J’ai beaucoup apprécié comme elle critique l’argument physiologique, que j’appelle également le « on verra quand il faudra porter des trucs lourds ».



Le livre propose des extraits du podcast éponyme, ce qui permet d’apporter du dynamisme et une pluralité de points de vue bienvenue. On peut découvrir le parcours intellectuel de certains intervenants, notamment un homme qui a dû se remettre en question lors de me too. C’est très intéressant de voir l’évolution de la parole depuis quelques années, la résistance au changement mais aussi la façon dont la société a toujours été construite autour du point de vue des hommes, même en question de sécurité (tous les tests sont prévus pour un homme de taille moyenne pour les voitures, pas pour une femme, d’où une surmortalité).



L’essai aborde des questions sensibles. J’ai particulièrement été touchée par celles autour des violences sexuelles, qui esquisse la manière dont les hommes minimisent leurs actes. On connait toutes des femmes violées qui prennent la parole, mais qu’en est-il des violeurs ? Au début de l’essai, Victoire Tuaillon rappelle que la masculinité a longtemps été un non-sujet, qu’elle avait même eu des difficultés à porter cette idée en tant que journaliste. Les couilles sur la table parle de nombreux sujets tabous pour les hommes comme pour les femmes, montrant comment les dynamiques de genre orientent la façon dont des pans entiers de nos pratiques sont tues, empêchant la communication, des échanges sains et parfois même la justice.



L’essai ne se veut cependant pas à charge. On peut se poser la question des milles précautions prises, mais il est vrai que la polémique vient vite avec ce genre de sujet (not all men etc…). Victoire Tuaillon démontre même que la construction de la masculinité est nocive pour les hommes. Toujours dans la parties des violences, les hommes violés sont invisibilisés. En outre, la vision de la sexualité est très limitée à cause d’une vision très binaire de l’acte. Beaucoup d’hommes n’explorent pas l’ensemble des possibilités ou communiquent peu avec leur partenaire. L’autrice aborde de très nombreux sujets, allant de la ville, à la vie domestique jusqu’à la violence. Elle propose en fin d’ouvrage un ensemble de solutions qui permet d’aller plus loin que le simple constat.



Empathique, bien détaillé et facile d’accès, Les couilles sur la table aborde des sujets tabous de notre société avec recul et intelligence. Alternant entre recherche, statistique et témoignages multiples, l’essai est bien documenté. La forme est agréable, portée par une mise en page aérée colorée qui met bien en avaleur le discours. L’autrice nous donne les clés pour approfondir des sujets autour du consentement, de la charge mentale, à travers la construction de la masculinité, l’injonction à la virilité… Mais sans pour autant porter un jugement.


Lien : https://lageekosophe.com/202..
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Le coeur sur la table

Avec cet ouvrage, l'autrice se fonde sur les discussions et les témoignages enregistrés lors de son podcast Le cœur sur la table. Son grand sujet, ici, ce sont les sentiments. « L'amour, c'est un grand sujet politique. » (p. 10) L'autrice explore la diversité des relations humaines et interroge la place qu'on laisse à l'amour dans notre époque saturée d'images pornos et toujours infusée d'une culture patriarcale oppressive. « Je ne vois pas comment l'amour peut circuler si nous restons enfermé·es dans des rôles de genre étriqués – les hommes d'un côté, les femmes de l'autre, les uns au-dessus, les autres en dessous. » (p. 10) Le bel amour – et c'est une évidence trop souvent négligée –, c'est celui qui se fonde sur et qui nourrit l'égalité, le partage et la liberté. Cela suppose évidemment de remettre en question, sans pour autant le détruire, le modèle que la société voudrait imposer. « Le couple, c'est la relation à laquelle on associe le sentiment amoureux dans notre société. » (p. 21) Rien n'interdit d'inventer autre chose : chacun·e peut trouver ce qui lui convient. Pourquoi pas un couple qui choisit de ne pas vivre sous le même toit, ou des amitiés aussi fortes que des histoires d'amour. Au-delà du sexe, ce qu'il faut trouver et donner pour être un humain complet, c'est la tendresse et le réconfort. Et cela est possible en dehors du couple traditionnel hétérosexuel. À titre strictement personnel, ce n'est pas la passion que je recherche en amour, c'est la complicité et la confiance.



Réinventer l'amour, c'est aussi questionner l'imaginaire amoureux qui prône la fusion avec sa moitié ou qui érotise les viols ou les prétendus crimes d'amour. Redisons-le clairement : personne ne tue ou ne blesse par amour, sinon ce n'est pas de l'amour. Pour comprendre ça, Tant pis pour l'amour de Sophie Lambda est parfait. De fait, il faut dénoncer le business immonde des coachs en séduction qui véhiculent un fantasme de l'homme tout puissant et de la femme en tant que proie. « Se comporter comme un homme, quand on écoute bien le discours de Winner, c'est avoir droit aux services sexuels des femmes, ces créatures trop coincées qu'il faut libérer de leurs blocages. » (p. 126) Valoriser l'amour plutôt que la conquête, c'est aussi rendre service aux hommes qui sont enfermés dans des schémas performatifs et enjoints d'ignorer leurs ressentis pour n'être que des collectionneurs de trophées. Non, la friend-zone n'est pas honteuse ni synonyme d'échec. Oui, l'amitié d'une femme vaut autant que les faveurs sexuelles qu'elle pourrait accepter de partager. « Il faut [...] qu'on cesse de valoriser cette culture qui confond séduction et harcèlement ; il faut que les hommes changent. » (p. 130)



Comme l'a si clairement démontré Mona Chollet, l'hétérosexualité enferme l'amour dans des schémas à remettre en perspective. S'y conformer n'est pas un tort, mais il faut le faire en pleine conscience et en comprendre les tenants et aboutissants. « Si on envisage toutes les relations comme une lutte de pouvoir, alors il ne peut pas y avoir d'amour. Si on n'envisage les autres que comme des moyens alors on ne les aime pas vraiment. » (p. 150) C'est aussi le patriarcat qu'il faut démonter, pierre par pierre, pour que chacun·e retrouve l'estime de soi et se réapproprie son corps loin des diktats et des attentes formulés par des millénaires d'oppression masculine. À chacun·e de se replacer au centre de sa propre existence, en tant que sujet et non en tant qu'objet à normer. L'autrice rappelle que l'écoute et l'empathie sont des qualités humaines, et non uniquement féminines, tout comme il n'existe pas de valeurs strictement masculines. Plutôt que d'érotiser l'inégalité, il faut valoriser la différence et en faire le terreau d'un amour riche et ouvert à la multiplicité. Ce qui compte, finalement, c'est d'aimer et être aimé·e beaucoup et pour les bonnes raisons.



La mise en page de cet ouvrage est un vrai plaisir pour les yeux. Certains propos sont passés en gras, d'autres en rouge et d'autres encore sont en italique. Tout est fait pour qu'on ne rate rien de ce que l'autrice veut nous dire. Il y a des pleines pages en camaïeu de rouge qui reprennent des verbatims du podcast. Chaque fin de chapitre offre une petite bibliographie constituée de livres, séries, films, œuvres d'art et podcasts pour continuer d'explorer le sujet évoqué et ouvrir d'autres réflexions. C'est exactement le genre de livres qui me plaît : il ne ferme rien et il reconnaît que le champ d'étude est immense et nourri par toutes les formes d'art et de pensée. Les 30 pages finales de ressources sont passionnantes et pertinentes. L'ouvrage de Victoire Tuaillon a déjà trouvé sa place parmi mes autres lectures féministes.
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Les Couilles sur la table

On ne naît pas homme, on le devient…



« Ce livre est une tentative de synthèse des centaines de travaux – articles, thèses, essais, documentaires – concernant la masculinité, les hommes et la virilité, que j’ai eu la chance de lire dans le cadre de mon travail ».



Dans son introduction, Victorine Tuaillon, parle de son émission diffusée en podcast, des entretiens d’une quarantaine de minutes avec des universitaires, artistes ou chercheur·es.



Elle évoque son parcours, son féminisme, « je crois à cette idée révolutionnaire que les femmes sont des êtres humains », les rapports de genre, la masculinité, « la masculinité en tant que telle avait été toujours le point aveugle de la domination », la violence de genre ordinaire et le sens de cette violence, l’enfermement dans des rôles, « sommées de ravaler notre rage, d’être plus douces, plus arrangeantes », les stéréotypes et les injonctions viriles, l’ordre du genre, « personne ne grandit en dehors de l’ordre du genre », la culture, « Nous en sommes les produits et nous la produisons par nos pratiques et nos existences », l’égalité, « aucune société n’a encore atteint l’égalité entre femmes et hommes », les privilèges et leur invisibilisation, l’importance de penser ensemble « toutes les logiques de domination – le genre, la classe, ce qu’on appelle en sociologie la race mais aussi l’âge ou la sexualité », les normes et leur changement « selon le contexte, selon l’époque, les pays », les questions de genre comme « questions politiques », le travail des femmes et sa non-reconnaissance…



« Je crois que le féminisme n’est pas une guerre contre les hommes, mais une lutte contre ces structures qui permettent à la domination masculine de perdurer. Et donc contre ce qui, dans la construction de la masculinité (première partie) en fait un privilège (deuxième partie), une exploitation (troisième partie), une violence (quatrième partie)… Il n’y a aucune fatalité ; ce sont des questions structurelles, et les structures, on peut les défaire ou les esquiver (cinquième partie) »



L’autrice discute de concepts, de faits, de statistiques, de témoignages, des couilles et de table, de témoins, « je me suis dit que cette table sur laquelle il était valorisé de les poser, on pouvait la transformer en table d’examen, de discussion, de dissection de la masculinité »…



Voyage subjectif dans les pages d’un livre particulièrement réjouissant.



En introduction les éducations viriles sont interrogées. « Etre un homme, c’est d’abord et avant tout ne pas être une femme » (Olivia Gazalé). Avec beaucoup d’humour sont abordés, en en soulignant l’historicité et les contradictions, le dressage des corps masculins pour accéder aux privilèges, le rôle de l’obéissance, les rituels initiatiques, la peur de l’indifférenciation… Il me semble important de souligner contre l’individualisation néolibérale le possible développement des singularités par l’émancipation de toustes et de chacun·e…



(En complémentent possible, je rappelle la préface de Jules Falquet au livre de Pinar Selek : Devenir homme en rampant).



Les textes sont regroupés en grandes rubriques : Construction ; Privilège ; Exploitation ; Violence ; Esquives.



« la masculinité, tout comme la féminité, est avant tout une construction – sociale, culturelle, historique », Victorine Tuaillon aborde, entre autres, les modes de socialisation, les normes et leur intériorisation, les comportements différenciés des parents, les hiérarchisations y compris dans la langue (masculinisée volontairement), l’apprentissage des sentiments, l’hétéro-normalité, la justification d’un ordre social pas l’invention d’un ordre naturel, la réduction des êtres humains à leurs gamètes, les hypothèses biaisées de la vie sociale « préhistorique », la complexité et la plasticité cérébrale (sur ces points, Rebecca M. Jordan-Young : Hormones, sexe et cerveau et Catherine Vidal : Nos cerveaux, tous pareils tous différents !), la soi-disant crise de la masculinité (lire par exemple, Francis Dupuis-Déri : La crise de la masculinité. Autopsie d’un mythe tenace), les mouvements masculinistes, l’adoption de comportements dangereux, les dynamiques du pouvoir, les gars du coin et leurs discours dans l’entre-soi…



« la masculinité s’accompagne de nombreux privilèges, que l’on peut qualifier de systémiques », L’autrice discute de ce monde construit au « masculin-neutre », des critères prétendus universels, des femmes comme « simple variation au standard », des biais anthropocentriques de la recherche, du privilège de grandir dans un monde construit pour les hommes, des villes au masculin (Yves Raibaud : La ville faite par et pour les hommes), du genre de la ville et des ses aménagements, de l’occupation genrée des espaces, des maisons des hommes, « Ils se construisent à la fois sur l’éviction des femmes, et leur mythification comme objets sexuels », des privilèges des hommes au travail, du genre des organisations, « ce sont ses modes d’organisation, ses normes, ses attentes impensées qui ont pour effet de favoriser encore et toujours les hommes », du sexe de la disponibilité, de la « culture viriliste qui imprègne jusqu’aux interactions les plus anodines », des boy’s club (voir le récent ouvrage de Martine Delvaux : Le boys Club), de l’humour et des défouloirs « sexiste, raciste et homophobe », des mescplications (Rebecca Solnit : Ces hommes qui m’expliquent la vie), du harcèlement sexuel « favorisé par certaines organisations du travail », de l’ampleur et de la banalité des violences sexuelles et de monsieur Tout-le-monde, de l’apparence physique, du privilège d’être la norme…



« Année après année, les statistiques le montrent : si l’on additionne les heures de « travail » rémunéré et non rémunéré, les femmes travaillent plus que les hommes. On peut le dire sans colère, juste en regardant les faits : dans l’ensemble, les hommes profitent du travail domestique fourni gratuitement par les femmes. Littéralement, cela se nomme « exploitation » ». Victorine Tuaillon analyse les effets de la socialisation de genre sur « la façon dont en envisage, connait, exécute » le travail domestique et la naturalisation des taches, les différences dans la prise en charge « à chaque arrivée d’enfant », le couple comme « lieu d’exploitation économique », les standards en termes de propreté ou de soin, qui fait le ménage suite à la « mise en ménage » (en complément possible, les travaux de Christine Delphy et le livre de Camille Robert : Toutes les femmes sont d’abord ménagères. Histoire d’un combat féministe pour la reconnaissance du travail ménager. Québec 1968-1985) les effets sur les revenus des femmes des ruptures, le recours à des tiers très majoritairement encore des femmes, le refus des hommes d’interroger cette situation qui les avantage objectivement, le travail et sa charge mentale, le « travail émotionnel », les exigences sexuées « dans les relations interpersonnelles »,



L’autrice poursuit avec l’irresponsabilité des hommes en termes de contraception et de grossesse, la non-implication des hommes dans le coût et le suivi des méthodes de contraception, l’oubli de la vasectomie, les politiques natalistes, le droit total « des femmes décider toutes seules si elles veulent ou non un avortement », les femmes des colonies avortées ou stérilisées de force…



« La violence ne sort pas de nulle part ; c’est tout ce qu’on a vu, la masculinité comme construction, comme privilège et comme exploitation qui la rend possible ». Victorine Tuaillon insiste sur le premier lieu des violences, le couple et la famille, les féminicides, les violences sexuelles et la culture du viol (en complément possible, Noémie Renard : En finir avec la culture du viol et Valérie Rey-Robert : Une culture du viol à la française. Du « troussage de domestique » à la « liberté d’importuner »), « Les femmes ne sont pas violées par des extraterrestres, par des fantômes ou des monstres : elles le sont par des hommes », les idées reçues sur le viol, les violeurs, « Ils ont le visage d’hommes que nous connaissons, que nous aimons, à qui nous faisons confiance », l’impunité socialement et judiciairement construite, la production de la pornographie, l’érotisation du viol, la manière dont les refus des femmes ne sont pas acceptés par les hommes, la « culture de l’insistance », les prédateurs et leurs pouvoirs…



Que faire. « Je me concentrerai sur trois pistes de travail principal – la sexualité, l’éducation, et la question de l’engagement proféministe des hommes –, et sur la dimension individuelle des actions à mener. Car, même s’il apparaît clairement que la domination masculine, et les dominations de classe et de race, ne pourront être abolies sans de profonds bouleversements politiques, nous n’allons pas attendre les bras croisés que la révolution arrive » J’ajoute que cela pose aussi la question des conditions de mobilisation, le rapport à l’autodétermination des femmes, les modifications concrètes des conditions matérielles de vie…



L’autrice propose « quelques pistes de diversions, de subversions, d’esquives », au delà de l’insuffisance de la notion de consentement, l’expression libre des désirs, la capacité à verbaliser, les scripts de séduction et d’érotisme, la rupture avec les scripts hétéro-sexistes, « Toutes les autres pratiques étant soit taboues (pénétrer les hommes), soit reléguées dans la catégorie de « préliminaires », comme s’il ne s’agissait que d’un simple apéritif précédant l’acte sexuel le plus important », le remplacement de la « pénétration » par la « « circlusion » de la femme sur l’homme », la sortie de l’auto-objectification permanente, l’éducation des garçons, le questionnement des automatismes et des réflexes, l’éducation à l’intimité, les « alliés »…



Un ensemble d’analyses alliant le plus souvent humour et volonté d’aller à la racine d’une construction sociale valorisée au nom d’un fantasque naturel…



J’ai laissé de coté les points discutables, à commencer par la distinction entre masculinité et virilité ou la notion de masculinité hégémonique, l’usage de termes polysémiques, les articulations entre sexe et genre… Chacun·e pourra approfondir les analyses par les riches bibliographies proposées par l’autrice après chaque chapitre. J’ai chroniqué des livres cités, voir les liens proposés sur certains.



Il ne s’agit pas seulement de déplacer les contraintes, de troubler ou de transgresser le genre, de reformuler des régimes de genre, mais bien d’en finir avec le genre comme construction sociale arbitraire, la hiérarchisation des individu·es, l’inégalité systémique.



Il faut aussi affirmer que les hommes ne sont pas dans l’ignorance du système de domination masculine ; lire par exemple : Léo Thiers-Vidal : De « L’Ennemi principal » aux principaux ennemis. Position vécue, subjectivité et conscience masculines de domination).

Enfin, j’invite mes amis et lecteurs à (re)lire le texte de Yeun Lagadeuc-Ygouf : Être « allié des féministes ».



Deux auteurs cités à plusieurs reprises par Victoire Tuaillon.
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Les Couilles sur la table

Une lecture excellente.

Je suis un homme et je me suis senti encore plus homme. Ce livre parle de sujet que l'on ose pas assez évoquer.

J'ai fait, il y a 3 ans, une vasectomie. Pas pour éviter que ma femme assume la contraception du couple. Je l'ai fait car j'assume MA contraception.

Je me suis retrouvé dans ce livre. Et ce n'est qu'un exemple.

Je me languis que me femme le lise pour qu'il soit un vecteur et qu'il permette de mieux vivre ensemble et de mieux nous connaître.

En attendant, c'est ma première fille de 18 ans qui le lit.

Encore merci.
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Les Couilles sur la table

Dans le foisonnement des parutions féministes, voici un ouvrage remarquable écrit par Victoire Tuaillon, journaliste connue pour son podcast au titre provocateur, dont elle a tiré un livre au titre éponyme.



Il ne s’agit pas d’une retranscription des quarante-six épisodes du podcast, de ces entretiens qu’elle a menés auprès de ses invités, universitaires, chercheurs, artistes, tous spécialistes d’une question liée à la masculinité, mais d’une réflexion ordonnée, émaillée de citations des personnalités reçues, et enrichie d’une multitude de références, essais, romans, podcasts, films, BD, etc., si on souhaite s’informer de façon plus poussée sur les thèmes abordés.



Elle explore ainsi la construction de la masculinité et les injonctions de genre, les privilèges qui sont liés à ce sexe, la répartition des différentes tâches dans le couple hétérosexuel, la violence, fait masculin, et la sexualité hétéronormée. Elle poursuit cette étude avec des pistes d’action et de travail à la portée de toutes les personnes motivées : la sexualité, entièrement à repenser ; l’éducation de ses enfants, qui demande une prise de conscience de ses propres biais sexistes ; et l’engagement féministe des hommes.



Cet essai est incroyablement riche, complet et profondément humaniste ; il s’intéresse à toutes les facettes de la masculinité avec beaucoup de sensibilité et d’empathie.



Quelques citations de l’auteure qui m’ont particulièrement touchée :

«Le féminisme n’est pas une guerre contre les hommes, mais une lutte contre ces structures qui permettent à la domination masculine de perdurer.»

«Quand on assemble cette obligation à l’hétérosexualité et l’infériorisation du féminin, on comprend ce paradoxe tragique : on apprend aux garçons qu’ils doivent désirer ce qu’on leur a d’abord appris à mépriser.»

«La plupart des gens pensent sincèrement qu’il est inné que les petits garçons soient passionnés par le foot et que les petites filles adorent les déguisement de princesse».



Et quelques citations d’hommes féministes, parmi ses invités ou les auteurs qu’elle cite :

«Sommes-nous prêts à abandonner notre pouvoir masculin, nos privilèges et notre capacité de nous approprier les femmes et leur force de travail émotionnel et physique ? Bref, sommes-nous prêts à ce qu’il n’y ait plus de différence entre les sexes en termes de pouvoir, richesse, ressources, travail, etc. ? Sommes-nous prêts à ne plus être des hommes, mais seulement des êtres humains comme les autres qui ne seraient pas supérieurs en raison de leur sexe ? Sommes-nous prêts à considérer la combativité, l’autonomie, la solidarité et l’entraide comme des valeurs ou des attitudes humaines, et non pas masculines ou féminines ? Sommes-nous prêts à considérer que les tâches de travail ne sont pas assignées à des sexes, mais à des capacités humaines que les hommes comme les femmes peuvent avoir ou pas ?» Anthony McMahon

«L’égalité est libératrice, parce qu’elle révèle les artifices du théâtre social qui nous imposait, à l’un comme à l’autre, un rôle écrit d’avance.» Raphaël Liogier

«Je ne veux plus être identifié en tant qu’homme par l’usage légitime de la violence, je veux une autre définition de la masculinité, je me désidentifie, par mes pratiques, par ma mentalité, par mes façons d’être, de cette masculinité souveraine et violente.» Paul B. Preciado



Et j’éprouve une admiration profonde pour ces hommes féministes. Il faut beaucoup d’honnêteté, de courage, de générosité et de confiance en soi pour prendre conscience de ses privilèges, accepter d’en perdre une partie, et essayer de convaincre ses pairs en affichant ses convictions publiquement, pour rendre ses principes et ses pratiques cohérents.
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Le coeur sur la table

Depuis que j’ai décidé de consacrer une partie de mes lectures aux questions liées au genre, avec un angle clairement féministe, j’ai surtout porté mon attention sur les violences faites aux femmes, via la culture du viol ou les féminicides. Ces sujets sont primordiaux, je ne le nie pas, mais j’avais envie de me questionner plus avant sur les rapports amoureux, sur mon propre rapport aux hommes, à l’amour et à l'hétérosexualité...



Lors de ma lecture des Couilles sur la table, je regrettais de ne pas avoir commencé par là, songeant que l’essai de madame Tuaillon aurait été un point de départ parfait à mon exploration du féminisme, des masculinités et du patriarcat. Puisque je désirais m’intéresser plus particulièrement à l’amour et aux relations de couple, je souhaitais commencer avec un bouquin qui m’offrirait un résumé ainsi que des pistes pour approfondir mon questionnement. Or Victoire Tuaillon a créé un podcast sur la question avant d’adapter ce dernier en livre… Je sautais donc sur Le Cœur sur la table avec enthousiasme.



Je crois que je n’avais jamais autant interrogé mon couple, mon propre rapport à l’amour et au désir qu’en découvrant l’essai de Victoire Tuaillon. Il y est question de la mythologie de l’amour, de la domination présente dans les fictions qui la construisent, des liens entre la norme de l’hétérosexualité et la domination,… Bien entendu le sujet est gigantesque et Le Cœur sur la Table ne se propose pas de répondre à toutes les questions ou de détailler toutes les théories qui existent sur le sujet. Pour chaque chapitre, Victoire s'interroge comme moi aussi j’ai pu le faire, à la différence notable qu’elle a beaucoup lu sur le sujet et recueillit nombre de témoignages d’hommes et de femmes de tous horizons. Enfin, elle met à disposition une multitudes de sources – livres, articles, films, œuvres d’art, podcast,…



Sincèrement je ne saurais vraiment partager mon opinion sur la révolution romantique proposée dans l’essai. En effet, cette lecture m’a mis une claque un brin violente et il me faudra un peu de temps pour digérer tout cela, prendre du recul, et synthétiser ma pensée. Ce que je peux dire, par contre, c’est que Le Cœur sur la table a parfaitement rempli le rôle que je souhaitais : introduire pour moi la question des relations amoureuses sous un angle féministe et me donner une liste de bouquins à lire au plus vite.
Lien : http://altervorace.canalblog..
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Les Couilles sur la table

Cet essai est tiré de l'excellent podcast du même nom. Différents enjeux actuels liés à la masculinité y sont décortiqués et analysés sous l'angle du féminisme : le privilège masculin, les mouvements masculinistes, la violence conjugale et sexuelle, les stéréotypes de genre, l'homophobie...



La démarche de l'autrice est très rigoureuse, basée sur des entretiens qu'elle a eu avec des experts (anthropologues, philosophes, etc.) et, bien entendu, avec des hommes. Les sujets qu'elle aborde sont très fouillés, mais toujours bien vulgarisés, accessibles et intéressants. C'est étonnamment facile à lire, tout en étant assez dense.



Cet ouvrage explique de façon détaillée ce que ça signifie d'être un homme dans un monde d'hommes – et, par la bande, ce que ça signifie d'être une femme dans un tel monde. C'est une lecture pertinente pour tout le monde!
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Les Couilles sur la table

Je ne connaissais ni Le Cœur sur la table, ni le podcast Les Couilles sur la table lorsque j’ai découvert cette somme de réflexions de Victoire Tuaillon sur la construction des masculinités.

Derrière un titre provocateur, se cache une analyse fine et fouillée des mécanismes à l’œuvre dans tous les domaines de la masculinité telle qu’elle existe aujourd’hui dans le monde (en particulier occidental), appuyée sur de nombreux échanges et interviews.

Voici un aperçu non exhaustif des thèmes abordés :

- la construction de la masculinité, la pseudo crise de la masculinité

- les privilèges masculins en ville, au travail

- l’exploitation des femmes : travail domestique, émotionnel, charge mentale, contraception

- violences et culture du viol

- repenser la sexualité, l’éducation des garçons



La clarté des démonstrations, la richesse de l’argumentation en fait un livre à mettre entre toutes les mains, féminines et masculines. Mon seul bémol est de l’ordre de la présentation : les textes annexes sont imprimés en couleur sur la même couleur plus claire, ce qui génère un véritable inconfort de lecture (dommage, je voulais le faire lire à mon beau-père de 85 ans, mais clairement, il n’y arrivera pas !)
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Le coeur sur la table

Après les couilles, j'ai été irréstiblement attirée par le coeur.



Au sens littéral, j'ai fini cette lecture le coeur sur la table. Me voilà abasourdie, et encore tremblante, cet organe un peu en dehors de moi, battant de sa fougue incertaine, jamais aussi présent qu'aujourd'hui. Que s'est-il passé ?



Je crois que le mot juste est "séisme". C'est fort oui... mais à l'image des mouvements internes déclenchés par ce livre. Les sujets sont vastes et hétérogènes, tout en suivant une ligne directrice : "la révolution romantique" défendue, notamment, par l'auteure.



Féministe engagée, aux sources presque infinies, Victoire Tuaillon détricote ces réalités qui nous entourent, nos façons de vivre, d'apprendre et surtout d'aimer.. l'autre, par l'autre et avec lui ou elle. Elle pose, réfléchit et propose, à partir de témoignages distillés dans le texte, des solutions ou des ébauches très intéressantes.



Si certains propos ou raisonnements me semblent discutables, et ouverts à réflexion, j'ai adhéré à cette extraordinaire lecture. Je conseille vivement ce livre, qui j'en suis sûre pourra ouvrir des espaces de pensées et d'interrogations en chacune et chacun de nous.
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Les Couilles sur la table

Si le titre de ce livre ou de son autrice vous parlent, c’est probablement parce que vous connaissez déjà le podcast Les Couilles sur la table du même nom. J’avais participé au financement participatif à l’époque pour la création de cet ouvrage mais je n’avais pas pris le temps de le lire jusqu’ici. Et puis, les premiers épisodes du nouveau podcast de Victoire Tuaillon, Le Cœur sur la table, m’ont immédiatement séduite, et ça m’a donné envie d’enfin m’installer pour lire ce livre.



Le livre n’est pas une simple transcription des épisodes de podcast. Si quelques pages présentent des retranscriptions de passages des entretiens que la journaliste a effectués, c’est pour mieux illustrer le propos qu’elle présente. Il y a également un index à la fin du livre avec la liste des épisodes, les personnes qui y participent et un résumé. Ce livre synthétise le propos du podcast, en allant parfois plus loin sur certains sujets peu abordés (au moment de l’écriture du livre en tous cas), notamment sur les violences conjugales.



L’introduction est courte et particulièrement bien faite, je pense que si vous hésitez à lire Les Couilles sur la table, la lecture de l’introduction pourra vous donner une meilleure idée de ce qui se cache sous la couverture. Victoire Tuaillon, comme elle en a l’habitude, situe d’où elle parle et reconnaît ses privilèges, notamment blancs et cisgenres, ce qui est toujours bienvenu (voire nécessaire) dans les travaux journalistiques ou de recherche.



Après l’introduction, l’ouvrage est divisé en cinq parties qui suivent un ordre logique : la construction des masculinité, le concept de privilège, qui mène évidemment à l’exploitation, mais aussi aux violences et enfin la dernière partie montre des possibilité d’esquive de cette masculinité hégémonique toxique pour le bien être de toustes, hommes, femmes et personnes non-binaires. Si l’autrice n’invisibilise pas les personnes trans et intersexes, puisqu’elle les mentionne quand elle déconstruit les arguments physiologiques comme cause des différences de comportements entre les hommes et les femmes, elle se concentre principalement sur la construction de la masculinité hégémonique : cisgenre et hétérosexuelle. J’ai d’ailleurs beaucoup apprécié la partie sur la construction des masculinités puisqu’elle détaille les masculinités hégémoniques et complices, mais aussi celles qui sont subordonnées ou marginalisées telles que les masculinités jugées trop efféminées ou en lien avec la classe et la race.



Il m’a semblé que l’écriture était très accessible, tous les mots qui pourraient être « jargonneux » sont définis et expliqués, de sorte qu’on puisse aisément comprendre le propos de l’autrice même si on n’est pas encore sensibilisé⋅e aux questions de féminismes et masculinités. Outre cela, j’ai particulièrement apprécié la plume de Victoire Tuaillon, qui parvient à expliquer factuellement certaines choses sans mettre une distance démesurée entre elle et son lectorat. De plus, elle ne cherche pas à ménager outre mesure les hommes dont elle parle et elle évoque sans détour les comportements problématiques.



Une petite remarque sur l’objet livre en lui-même : il est sacrément beau. Il y a tout un travail graphique sur les couleurs selon les parties avec des présentations particulières pour les transcription de podcast et des illustrations de Sébastien Brothier avec l’aide de Léonie Brothier, Clarisse Pillard et Gregory Trowbridge qui sont vraiment classes (on en aperçoit notamment en couverture).



Pour conclure, si ce livre fait un compagnon idéal du podcast du même nom, il me semble également être un point d’entrée parfait pour toutes les personnes qui commencent à s’intéresser aux masculinités et à leurs effets dans toutes les sphères de la société. C’est aussi une bonne lecture pour découvrir le féminisme.



Pour les personnes qui ont déjà quelques lectures féministes à leur actif, je pense que ça peut également être une lecture intéressante centrée sur les masculinités – en tous cas j’ai beaucoup apprécié. Et puis, si vous êtes comme moi et que vous n’avez aucune mémoire des chiffres, des différentes études et étapes historiques, ça peut être un bon rappel.
Lien : https://deslivresetlesmots.w..
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Le coeur sur la table

Victoire Tuaillon signe un essai magnifiquement brillant, éclairant, révélateur et bienveillant sur les relations amoureuses et sexuelles entre hommes et femmes, ce qu’elles impliquent, et en quoi elles ont changé.



A la lumière d’une multitude d’études, de lectures, d’écoute de podcasts et de recueil de témoignages, l’autrice analyse notre société, nos comportements, nos failles, nos forces aussi, nos volontés (communes ou discordantes), à l’origines de nos incompréhension mutuelles mais aussi de nous-même.



C’est non seulement une belle découverte pour moi, celle de l’autrice de « Les couilles sur la table », mais aussi d’un travail incroyable d’un titre qui est à mon sens une référence nécessaire à avoir dans sa bibliothèque.

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Le coeur sur la table

Sous-titré "Pour une révolution romantique", ce livre est généreux et incontestablement intéressant. Il propose à ses lecteurices (pour reprendre le type d'écriture inclusive majoritairement choisi par l'autrice) des conseils intéressants pour parvenir à une vie plus riche, c'est à dire caractérisée par des relations (notamment amoureuses) épanouissantes, une vie où "on aime et on est aimé.e". Pour cela il faudrait, en gros, sortir du patriarcat, s'affranchir des préjugés et des "micromachismes" qui pèsent encore sur les femmes, même dans les milieux les plus apparemment féministes, et développer à la fois l'écoute de soi et l'écoute des autres. Le dernier chapitre notamment, "la révolution romantique n'est pas un dîner de gala", opérant une synthèse des enseignements des chapitres précédents et proposant d'envisager l'évolution des rapports romantiques avec une certaine radicalité, est très réussi et pose une synthèse intéressante.

Un des points forts du livre réside dans la sincérité et la curiosité indiscutables de l'autrice. Elle a en effet essayé d'étayer un questionnement personnel avec un travail de recherche approfondi - bien que cette recherche repose surtout sur la lecture d'autres essais et les références à des œuvres de culture contemporaine - puis d'enrichir encore ce questionnement en ouvrant ses pages aux témoignages (parfois critiques, c'est à saluer) d'anonymes ayant témoigné au premier stade de l'essai, puisque celui-ci prenait la forme d'un podcast avant de devenir un livre. La démarche est donc particulièrement intéressante et débouche à mon sens sur quelque chose d'assez foisonnant mais aussi de plus incarné que d'autres essais féministes contemporains (par exemple ceux de Mona Chollet, qui présentent évidemment d'autres points d'intérêt).

Le revers de cette rafraîchissante subjectivité, c'est que la perspective de cet essai demeure très située. On lit le témoignage, la réflexion, le carnet de recherche d'une trentenaire française, blanche, diplômée du supérieur, intellectuelle plus ou moins précaire, sans enfants (d'aucuns diraient "bobo" mais ça ne veut rien dire) qui s'adresse à un lectorat assez comparable. Les témoignages d'autres époques, d'autres cultures sont superbement ignorées comme le rappelle plaisamment une auditrice du podcast qui juge que la révolution est peut-être dans le monde arabe rural, où les enfants sont élevés par tout le village.

Surtout, sans tourner davantage autour du pot, le problème de cet essai -comme de nombreux autres auxquels il fait référence - est de mobiliser le problème (incontestable) d'un patriarcat systémique pour alléguer que ladite révolution romantique doit se faire sans, voire contre les hommes (cis hétéros), dont même les plus féministes se satisferaient sans vergogne de privilèges incontestables. Je sais que je tends ici le bâton pour me faire battre. Mais prenons un seul exemple : celui de la montée en puissance dans les discours féministes et queer d'un plaidoyer pour le polyamour comme alternative à une monogamie servant trop souvent les intérêts du patriarcat. On sent dès le début du livre que Victoire Tuaillon est intéressée par ce nouveau modèle, à tout le moins que la perspective d'une existence monogame et fidèle lui pèse puisqu'elle se dit plusieurs fois "addicte au crush". A la fin de son livre, elle revient néanmoins sur cette idée, au motif qu'elle sert excessivement les intérêts des hommes, qui pourraient ainsi s'affranchir d'une fidélité demandée par leurs compagnes. Mais qu'est-ce qui pourrait alors expliquer que le polyamour est émancipateur quand il est demandé par une femme, et destructeur quand il est revendiqué par un homme ? Cette question n'est pas évoquée. Et il est regrettable de constater que l'ensemble du livre souffre de ce manque de symétrie. Il ne s'agit certes pas de considérer qu'hommes et femmes sont aujourd'hui sur un pied d'égalité - quoi que cette idée soit bien plus juste dans les milieux que fréquente Victoire Tuaillon que dans beaucoup d'autres. Mais considérer que les femmes peuvent tout oser, et que les demandes des hommes sont automatiquement machistes, conduit nécessairement, hélas, à une révolution sans révolutionnaire.

D'où la note de trois étoiles pour ce livre assez conséquent, qui mérite assurément le détour, mais qui rencontre le même angle mort que ceux de diverses essayistes à succès dans les dernières années : une invalidation totale de l'homme cis hétéro aboutissant à rendre illusoires les perspectives révolutionnaires qu'il porte.

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Les Couilles sur la table

L'adaptation en livre du podcast coche pour moi toutes les cases du livre à offrir pour tous ceux qui, comme moi, souffraient d'une fainéantise intellectuelle sur les sujets féministes. Immensément pédagogique, il est servi par une plume claire qui trace un chemin pourtant pas si évident entre la puissance des convictions et la nécessité de laisser chaque lecteur cheminer. Victoire Tuaillon fait parti de ces gens engagés capables de partager leurs idées avant tout en s'interrogeant sur celles des autres, et c'est particulièrement précieux.



Après avoir vu King Kong Théory mettre un grand coup de pied dans ma fourmillière personnelle, je suis très heureux de voir ces podcasts et ce livre me donner l'opportunité de travailler à construire quelque chose de nouveau sur ces ruines encore fumantes. Et, dans notre société, me permettre de réaliser qu'il y a encore énormément à faire dans cinéma, dans la sexualité, contre la culture du viol, dans la vision de ce qu'est un homme, une femme, dans nos comptes en banque, dans les tâches ménagères, l'alimentation, etc.



Un grand merci à vous, Victoire !

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