Ceux qui n'aiment pas le cynisme, ceux qui pensent qu'"avant c'était mieux", ne devraient pas lire ce roman.
Pour ma part, j'ai découvert cet auteur avec un grand plaisir. J'ai été attentive au récit jusqu'à la dernière ligne. Je ne suis pas certaine d'avoir bien interprété la fin mais peu importe. Cette histoire aux voix multiples, aux intentions tortueuses, aux surprises quelquefois désolantes m'a enchantée.
Et je suis très heureuse de vivre à mon époque en mes lieux et place. Car à bien y regarder, ce récit frôle le cauchemar.
Médecins, militaires, aubergistes, demi mondaines, domestiques, paysans, rebouteux. Tous vilains !
D'une certaine façon, ce livre me rappelle la laideur des personnages du "Journal d'une femme de chambre" d'Octave Mirbeau. On peut toujours s'attacher aux uns ou aux autres mais attention aux désillusions !
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Ce livre a pour trame principale le journal intime d'un médecin de campagne normand, de janvier à juin 1859.
Un qui ne compte ni son temps ni son argent pour soigner les habitants de sa région, qu'ils soient paysans, hobereaux, tenanciers de maison close ou artisans.
Avec du coeur pour ses malades, une aversion certaine pour toutes les manigances politiques autour de Napoléon III, et une lutte sans cesse renouvelée contre les superstitions et les traditions des paysans de l'époque, malmenés dans leur vie quotidienne, et maltraitants eux-même. Tout y passe: viols, inceste, sorts jetés et exorcismes, femmes épuisées par leurs grossesses successives (quand elles ne meurent pas en couches), hygiène déplorable parce qu'on pense que la crasse isole des maladies, influence excessive du clergé, et maladies non traitées parce que sans remède à l'époque: la tuberculose, la vérole, et autres joyeusetés...
C'est l'époque où un fils de notable qui a tiré un mauvais numéro pour la conscription, peut payer un jeune paysan pour aller risquer de mourir à sa place pendant 5 ans.
C'est l'époque où un homme quand on l'avertit que sa femme enceinte pour la troisième fois en deux ans de mariage risque de ne pas supporter tous ces accouchements en si peu de temps, répond quelque chose du genre: Pas grave, j'en choisirai une autre.
Ce roman nous décrit tout cela de façon à la fois violente et compatissante. Il y a une grande humanité chez ce médecin, en dépit de ses faiblesses et de ses erreurs.
Et malgré quelques longueurs dans la deuxième partie, cela reste un roman très fort qui vaut d'être lu.
Challenge des 50 objets 2021-2022
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bon je me suis dit qu'il ne pouvait pas avoir reçu un prix sans montrer un bel intérêt.
Le sujet paraissait prometteur.
le coté historique aussi.
En fait la vie personnel de monsieur le docteur prend un belle moitié du bouquin et disont que je n'ai pas vraiment aimé sa vie.
Après réflexion la fin était pas si mal ....à tout point de vue
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Ce médecin de campagne qui sillonne la Normandie sur son cheval au temps de Maupassant m'a appris pleins de choses : sur son métier, sur son époque et les valeurs qu'elle défendait ou dénonçait, sur la vie de ces petites gens soumis aux aléas de leur conditions... Bref, je me suis volontiers laissée porter par cette histoire, un peu longuette parfois, mais à l’atmosphère plaisante.
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Ce roman est un véritable bijou!
Tant par la forme que par le fond, l'auteur met son incroyable talent au service d'une profonde et riche peinture de l'humain, dans la vie et face à la mort. On rit, on pleure, on frémit de plaisir à la lecture de ces pages! Parallèlement à la fatalité de la mort, inéluctable, ce roman célèbre la vie et ses bonheurs.
Une fois commencé, il vous emporte dans un vent d'émotions et de réflexion, et on voudrait que cela n'en finisse pas...
Mais on n'en finit pas, de cette rage de vivre et d'aimer!
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Un petit trésor de littérature qui nous parle de la vie ; celle des gens du peuple, des gens de biens, des gens de droit dans la campagne normande au milieu du XIXème siècle.
Les mots chantent la vie, hurlent la haine, pleurent la douleur, peignent l'amour dans ce roman plein de tendresse et de profondeur. L'auteur utilise un vocabulaire riche pour nous transmettre une petite part de notre histoire à tous et ce, à travers le journal d'un médecin de campagne. Histoire de nos ancêtres qui des villes ou des champs vivaient entre sciences nouvelles et anciennes croyances, entre vie de châteaux et vie de masures et où la bonté un peu naïve des uns côtoyait la cupidité et l’âpreté des autres.
Un premier roman vrai, riche, captivant et tellement « humain ».
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Beau roman vraisemblable situé au Second Empire, la vie et les tribulations d’un médecin à la campagne. Récit plein d’humanisme fait d’un style simple, avec de belles réflexions sur la société brutale, les faux semblants et pas mal d’anticléricalisme.
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Début singulier pour ce roman, qui commence par la lecture de lettres : la fille d'un médecin se retrouve dans la maison de celui-ci après son décès. Rien d'original jusque là si ce n'est que la correspondance qu'on lit ne concerne pas vraiment le docteur... Suit alors le journal intime du médecin, très instructif sur les méthodes médicales de l'époque et sur les pensées les plus secrètes de ce patricien !
Quand je ne lisais pas ce livre, je me disais que la relation de la vie de ce médecin était finalement sans intérêt ; mais dès qu'on reprend la lecture, on replonge dans sa petite vie, ses patients (dont on mélange un peu les noms), ses déboires, ses remords et mortifications, ses joies, sa bonté... et j'en passe. Tout le talent de l'auteur nous tient accrochés à cette singulière histoire, tout à fait surprenante à la fin, et diablement bien construite !
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"Les trois saisons de la rage"superbe livre qui raconte par le détail la vie de tous les jours des médecins de campagne au XIX éme siècle en Normandie.Une écriture à la Zola avec des descriptions savoureuses sur la médecine et les croyances de cette époque.Ce roman est écrit tout en finesse avec quelques épisodes assez croustillants sur les moeurs d'alors...un vrai bonheur de lecture que je recommande.A lire...
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Les Trois Saisons de la Rage retraçe la vie d'un médecin dans la campagne normande dans les années 1870.
Le livre est construit comme un journal de bord en deux parties : une première où on suit les échanges de courriers entre lui et un autre médecin envoyé au front, et aussi les courriers qu'il écrit pour d'autres ; et une seconde partie où il décrit son quotidien.
Ce roman est lourd, parfois trop répétitif et très (trop) descriptif. Les dialogues sont rares. Mais c'est aussi le principe d'un journal de bord...
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excellent livre racontant le travail des médecins au début du XIX e s, l’un en guerre l’autre à la campagne et l’humanité nécessaire à ce travail.
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Une jeune femme revient dans la maison où s’est déroulée son enfance et sa jeunesse jusqu’à son mariage. Elle vient d’hériter des biens de sa famille suite à la mort de son père. Son mari qui les gérait est également décédé.
Elle se sent libre, «orpheline, veuve et libre.» Elle reçoit les condoléances des trois métayers qui cultivent les terres de son père. Le notaire est présent qui leur dit qu’elle ne vendra pas. Ils ne verront donc pas leur vie bouleversée. Elle, dans quelques jours, après avoir tout mis en ordre et clos les volets de la maison, va s’embarquer pour l’Amérique.
Sur le bureau de son père se trouve un cahier à la couverture toilée marqué 1859 et une chemise de maroquin vert contenant des lettres. «Elle prend le tout, qu’elle lira pendant la traversée.»
Ainsi débute «Les trois saisons de la rage», hiver, printemps et été 1859. Nous allons, en quelque sorte, lire par-dessus l’épaule de cette jeune femme qui redécouvre la vie quotidienne de son père, médecin et propriétaire terrien, sillonnant la campagne normande au XIXe siècle, dans un triangle Flers, Condé-sur-Noireau, Falaise avec quelques incursions à Caen et Dives-sur-mer.
L’échange de lettres permet de découvrir le destin de Brutus délicieux fils d’un fermier de Bazoches-au-Houlme dans l’Orne, analphabète, qui va partir pour la campagne d’Italie à la place du «gars Dunant», fils lui du propriétaire des terres qui emploie la famille de Brutus, dont il a pris le numéro de conscription.
«Notre ami Brutus en prenant le numéro du gars Durant a vraiment sauvé sa famille de la ruine» p 20
Deux médecins Charles Rochambaud médecin-major, chirurgien aux armées et le docteur Le Coeur sis à Rapilly village du Calvados, se chargent d’écrire et échanger les missives et de les transmettre et les lire aux intéressés.
Le journal qui constitue la seconde partie, la plus volumineuse, du roman relate la vie quotidienne du docteur Le Coeur qui va de visites en visites, médicales et libertines.
p 201 «J’ai passé mon après-midi de vendredi à inspecter des vulves et des vagins, mais je n’en ai pas moins aperçu, dans l’ouverture des peignoirs, la rondeur d’un sein, le galbe d’une hanche, la proéminence d’un ventre ou d’un nombril. Plus encore, j’ai trouvé de l’enfance dans l’éclat d’une pupille, de la douceur dans le mordillement anxieux d’une lèvre. Toute une géographie émouvante s’est dévoilée à moi au coeur de ces bouges, et ce n’était pas celle du mal, non, mais cette magnifique ascension du désir que les imbéciles appellent luxure»
Le Coeur est en contact direct avec tout ce qui fait la vie de la naissance à la mort en passant par les accidents.
«J’ai vu trépasser nombre d’humains, mais jamais je ne suis parvenu à m’habituer à ce vide qui entre dans le regard.» p 158
Un médecin qui veut avant tout soulager, qui veut comprendre, améliorer mais en évitant même si elles le révoltent parfois, de heurter les superstitions et la religion. Un homme aussi, veuf, qui avait mis ses désirs entre parenthèse après la mort de sa femme, et va renouer avec le plaisir dans les bras, entre autres, de Colette à Condé-sur Noireau et Honorine sa bonne.
«Il n’est pas plus de courtisanes que de saints en ce monde. Ce ne sont tous que de pauvres êtres en quête de ce qui nous manque le plus, la certitude d’être et de pouvoir aimer.» p 199
Il fait un peu partie de la famille de ses patients dont il connait l’intimité puisqu’il les accompagne de leur naissance à leur mort et partage leurs confidences. Il doit composer avec l’abbé Bucard qui maintient dans le corset de l’obscurantisme et pense que la souffrance est rédemptrice, avec le père Duchaume de la Forêt-Auvray, guérisseur.
Ce livre est une radiographie d’une époque et d’un lieu car tous les noms de hameaux sont bien réels. Nous savons précisément le nombre de lieues que parcourt Le Coeur de l’un à l’autre. Les faits historiques, les découvertes concernant les avancées de la médecine, l’hygiène font prévoir l’évolution de la société archaïque où le rebouteux et le curé gardent encore leur pouvoir que sait contourner ou utiliser Le Coeur selon les circonstances.
Je ne me suis pas ennuyée en lisant ce livre. J’y ai parfois trouver des longueurs et des répétitions mais après tout un journal en comporte forcément et ce qui peut sembler au prime abord un défaut peut aussi être considéré comme naturel. Le récit s’interrompt avec l’arrivée de la fille du docteur Le Coeur en vue de Long Island et quelques pans du récit qui avait pu paraître obscurs sont alors éclaircis.
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