Victor Hugo

Le Général Leydet lui adressa de ces paroles qui ne tombent pas dans l'oreille mais sur la joue.

La lâcheté a des trous inconnus

Ce livre est plus qu'actuel; il est urgent.
Je le publie.
V.H

Paris 1ee octobre 1877.

Voulez-vous vous rendre compte de ce que c'est que la révolution, appelez-là Progrès ; et voulez-vous vous rendre compte de ce que c'est que le progrès, appelez-le Demain. Demain fait irrésistiblement son oeuvre, et il la fait dès aujourd'hui.

Ici, il arriva un événement à mademoiselle Gillenormand aînée ; elle eut une idée.

On est vieille, on est prude, on est dévote, on est la tante, mais c'est toujours agréable de voir entrer dans sa chambre un lancier.

- Mon père, reprit Marius les yeux baissés et l’air sévère, c’était un homme humble et héroïque qui a glorieusement servi la République et la France, qui a été grand dans la plus grande histoire que les hommes aient jamais faite, qui a vécu un quart de siècle au bivouac, le jour sous la mitraille et sous les balles, la nuit dans la neige, dans la boue, sous la pluie, qui a pris deux drapeaux, qui a reçu vingt blessures, qui est mort dans l’oubli et dans l’abandon, et qui n’a jamais eu qu’un tort, c’est de trop aimer deux ingrats, son pays et moi !

Un forçat, cela marche encore, cela va et vient, cela voit le soleil.

Le poète, c'est l'ange.

L'histoire est un bagne aujourd'hui.

O tyrans! Le peuple chante
Comme le lion rugit!

Bon peuple, chante à l'aurore!
Quand vient le soir, chante encore!
L e travail fait la gaîté.
Ris du vieux siècle qui passe!
Chante l'amour à voix basse
Et tout haut la liberté!

Q'est-ce que la pensée? une chienne échappée.
Mettons Jean-Jacques au bagne et Voltaire au chenil.

Notre gouvernement fait de force et de ruse
Bâillonnera me père, abrutira l'enfant.

Rien qu'en songeant à vous, mon vers indigné sort
Et mon coeur orageux dans ma poitrine gronde
Comme le chêne au vent dans la forêt profonde!

Et si ceux qui vivent s'endorment,
Ceux qui sont morts s'éveilleront.

France! à l'heure où tu te prosternes,
Le pied d'un tyran sur ton front,
La voix sortira des cavernes;
Les enchaînés tressailleront.

Ils sont venus, portant le deuil et le massacre,
Le meurtre, les linceuls, le fer, le sang, le feu;
Ils ont semé cela sur l'avenir, grand Dieu!

Tout reposait dans Ur et dans Jérimadeth ;
Les astres émaillaient le ciel profond et sombre ;
Le croissant fin et clair parmi ces fleurs de l'ombre
Brillait à l'occident, et Ruth se demandait,

Immobile, ouvrant l'oeil à moitié sous ses voiles,
Quel dieu, quel moissonneur de l'éternel été,
Avait, en s'en allant, négligemment jeté
Cette faucille d'or dans le champ des étoiles.

J'accepte l'âpre exil, n'eût-il ni fin ni terme,
Sans chercher à savoir et sans considérer
Si quelqu'un a plié qu'on aurait cru plus ferme,
Et si plusieurs s'en vont qui devraient demeurer.