Oslo Bokfestival 2011: Krimforfattere i diskusjon
Il savait mieux que quiconque que rêver est essentiel à la vie. Il souffrait terriblement de ne plus rêver. Davantage même que de ne pas avoir de contact physique avec quelqu’un. (Grasset, p.135)
Sa bouche est grande ouverte, ses yeux révulsés. Mais j’arrête pas. Je veux le tuer. Ça fait du bien de tuer. Et ne pas être tué, c’est encore mieux.
(Grasset, p. 158)
Il voyait l'homme de dos. Assis penché en avant, l'homme avait remonté les genoux sous le menton. Lance l'avait reconnu. Il espérait seulement que la silhouette n'allait pas se retourner et le dévisager, comme elle l'avait fait près du phare à Grand Marais. Il redoutait de croiser à nouveau ce regard, tout en ayant la certitude que cela se produirait.
Sinon maintenant, une autre fois.
Sinon ici, ailleurs à un autre endroit du lac.
Ce n'est que le début, pensa-t-il.
Sous la neige et le clair de lune, avec le ciel étoilé dans toute sa splendeur au-dessus du lac Supérieur, tout blanc et sans fin, cette vue était encore plus magnifique que d’habitude, à la limite du cosmique, comme si cela se passait sur une planète qui n’avait qu’une vague ressemblance avec la nôtre.
(Grasset, p. 104)
Il lui paraissait impensable que l’été pût un jour revenir. C’était comme si l’hiver n’était plus une saison, mais un lieu hors du temps duquel aucune route ne permettait de s’échapper.(Grasset, p. 164)
— Toi et moi, on est comme des corbeaux qui traversent les épreuves de l’hiver. On résiste à tout. Rien ne peut nous abattre. […]
— Non, nous ne sommes pas les corbeaux, dit-elle. On est des cadavres en putréfaction sur lesquels ils s’acharnent avec leurs becs.
(Grasset, p. 245)
Il y eut un silence. Lance regarda l'attrape-rêves sur le mur au-dessus du canapé. Il pensa que c'était le contraire de ce dont lui-même avait besoin. Lui avait besoin de quelque chose qui libère les rêves. Car c'était comme si tous ses rêves, les bons comme les mauvais, étaient happés par un attrape-rêves invisible suspendu au-dessus de son lit.
Et puis cette langue où je comprends que dalle. A part quelques mots, yes, now, ticket, dollar, food, train, rom, water. La lune, ça se dit mon. Et pourtant c'est la même que par chez nous.
Il va donc revenir ici, pour nous juger tous, qu'on soit vivants ou morts. Mais où, sur terre, trouvera t il les morts ? Jésus va t il ouvrir les tombes ? Chaque tombe sur tous les cimetieres du monde entier ? Il trouvera plus que des squelettes ou des cadavres à moitié pourris. Si c'est comme ça, le jour de la résurrection, ça va pas sentir bon. Et ça sera pas beau à voir.
Au fond, c'est juste comme une parenthèse de cinquante ans, se dit il. On joue, on pêche et on s'amuse, puis un jour commence soudain la vie ennuyeuse d'adulte avec toutes ses obligations. Enfin, cinquante ans plus tard, la parenthèse se referme et l'on peut se remettre à pêcher.