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Citations de Vidya Narine (29)


On ne sait pas pourquoi les pieds mères sont capables de générer d’autres orchidées, accrochées à leurs hampes comme des greffons après la floraison. Tantôt, c'est parce que l’orchidée a manqué d’eau, ou au contraire, qu'elle en a trop reçu: stress hydraulique, engrais inadapté, air trop sec. Les pieds mères valent de l'or, et certains connaisseurs les recherchent.
Il y a deux ans, j'en ai repéré un chez Hans, mon producteur hollandais de Bergschenhoek. Un vieux type solitaire qui possède une serre décatie de la taille de mon premier studio à Châtelet-Les Halles. À l’intérieur poussent les plus beaux Cymbidiums d'Europe, une orchidée qui fleurit à l’origine sur les pentes de l'Himalaya jusqu'en Australie. p. 82
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Si j'étais grand bourgeois, s'il l'était resté, je possèderais un autre portrait de lui (* son père).
Un portrait en buste, une peinture à l'huile dans un cadre doré. Avec un niveau à bulle, je l'accrocherais bien droit dans mon hall d'entrée, à côté de tous les portraits de mes ancêtres. Ces portraits, je les présenterais à chacun de mes visiteurs pour qui je remonterais le temps aussi simplement que l'on dit
" bonjour".Les bourgeois trouvent toujours normal d'évoquer leurs aïeux, que ce soit pour louer leur parcours, leur caractère ou au contraire les rejeter, c'est égal, car à tout moment ils peuvent ouvrir le hall de leur propriété et en montrer les racines qui y sont solidement plantées.
Sur son portrait, mon père porterait ses plus beaux vêtements, ceux qu'il ne mettait jamais et font du corps un calice, une tige gonflée de sève qui s'élève vers le ciel de son bon droit (...)

( p.81)
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Emmanuelle fatigue. Elle est là, elle est bien là, je le sens, mais elle ne voit plus très bien comment m’aider. Un matin, alors que je traîne des pieds en m’habillant, elle soupire. Et comme je ne l’ai jamais entendue soupirer avant, comme je ne lui ai jamais vu cet air grave, je tremble un peu. Elle soupire encore et me dit doucement : « Trouve quelque chose à faire qui te rende heureux. »
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Je pense à Yannick. Ce n’était pas son dernier hybride réalisé chez Vacherot dont il m’avait parlé , mais d’un murmure en lui qu’il avait choisi d’écouter. Presque rien, la naissance d’un désir.
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Peut-être que la mort, quand on la rencontre, creuse un trou sous les pieds des vivants hébétés, et les accompagne ensuite comme une ombre. Une ombre qui, même si elle diminue avec la fréquence de nos rires ou s'élargit selon la taille de la lune, reste là pour toujours. Je m'en étais bien tiré alors, mais on ne sait pas quelle place elle peut reprendre, jusqu'où elle compte s'étendre.
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Je ne suis chez moi nulle part, mais je rentre partout, je suis bourgeois pour le jardinier, et jardinier pour le bourgeois.
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Peut-être que la mort, quand on la rencontre, creuse un trou sous les pieds des vivants hébétés, et les accompagne ensuite comme une ombre. Une ombre qui, même si elle diminue avec la fréquence de nos rires ou s’élargit selon la taille de la lune, reste là pour toujours. Je m’en étais bien tiré alors, mais on ne sait pas quelle place elle peut reprendre, jusqu’où elle compte s’étendre.
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Avec leurs quatre petites serres en bois à la peinture blanche écaillée, des ferronneries bouclées sous les faîtes et des vitres branlantes, Vacherot & Lecoufle ne faisaient déjà plus le poids face aux nouvelles serres hollandaises, allemandes ou asiatiques dont on estime depuis les surfaces en Stades de France. Pour cultiver sa différence, Vacherot se concentrerait sur la création de nouvelles variétés.
Cela n'a pas empêché Yannick d’y apprendre tout ce qu'il sait de la fleur aux trente mille espèces. Il est passé maître dans l’art de l’hybridation en calquant ses gestes sur ceux du discret Philippe Lecoufle, cachemires gris et lunettes rondes, qui repiquait déjà des plants à l’âge de six ans sous l'œil sévère de Maurice Vacherot. Longtemps, Yannick a admiré l'étendue encyclopédique de ses connaissances, l'honnêteté avec laquelle il séduisait les organisateurs de salons, son style de management direct et doux. p. 32
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Instagram c’est une chaîne de télé et une régie publicitaire par personne. Derrière l’écran, c’est une chambre en désordre, mais sur l’écran c’est bien lisse, joliment peint, et la vie défile toujours dans le même sens.
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Pendant mes années de formation auprès de Yannick, j'avais accumulé quatre cents orchidées dans mon trente mètres carré. Chaque semaine, je découvrais une nouvelle variété et je rentrais avec. C'était comme une soif ou une faim, impossible de résister. J'apprenais, j'achetais, je lui demandais conseil, j'expérimentais. Souvent, j'échouais, mais les plantes spectaculaires étaient à moi.
Je pouvais parler de mes possessions, les montrer. Ma valeur était celle de toutes ces fleurs accumulées, chacun pouvait me reconnaître à travers elles, les convoquer en esprit comme une image de moi.
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Peut-être que la mort, quand on la rencontre, creuse un trou sous les pieds des vivants hébétés, et les accompagne ensuite comme une ombre. Une ombre qui même si elle diminue avec la fréquence de nos rires ou s'élargit selon la taille de la lune, reste là pour toujours.
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Je pense aux abeilles qui transportent le pollen d'une fleur a une autre, pour peu que celles ci éclosent a temps ou ne meurent pas sous un gel imprévu. Il faut que je dépose ma richesse quelque part moi aussi, et que la vie renaisse.

P97
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Couleurs, parfum, forme des pétales, longévité de la floraison, chaque orchidée est un mystère, né d'un champignon.

P29
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Je n'ai pas ressenti que de la colère et de la tristesse quand mon père est mort, ce serait un mensonge de dire cela. Du soulagement, aussi. La peur qu'il meure m'empêchait de respirer, de parler, comme un bouchon visser dans la gorge. Quand la mort est arrivée, la peur s est décollée doucement, cellule après cellule, elle s'est soulevée au-dessus de moi, à flotté un instant comme si elle hésitait, avant de disparaître.
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Les pères, eux, comment pensent ils à leurs fils quand ils se débattent avec le terrorisme international, la foi ou leur gouffre ?
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Tout ce qu'il y a dans ma boutique, ce sont les couleurs que j'ai mises dans mes yeux de jeune homme, afin de pouvoir les ouvrir adulte et me tenir bien droit.
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Quand mon père est mort, j'ai hurlé à l'intérieur et j'ai mis un temps fou à étouffer ce cri. Un jour il s'est éteint et je n'y ai plus pensé. Je l'avais rempli de sphaigne, de fibres de coco et d'écorces de pin.
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Quand un acheteur entre, je me contente de ressembler à celui dont il a besoin, et qui a besoin de lui. Je suis une orchidée.
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Quand il a fallu faire peindre mon nom sur la devanture et recouvrir celui de l’ancien propriétaire, j’ai supprimé ma particule. Sylvain Dubois a remplacé Sylvain du Bois des Aulnays. Il ne faut jamais avoir l’air aussi riche que les riches quand on veut leur vendre quelque chose.
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L'orchidée tropicale restera pour toujours un signe extérieur de richesse. Comme l’hôtel particulier, le petit personnel, les bijoux, les vêtements de luxe ou la jeunesse éternelle. Mais sa beauté qui semblait invincible flétrit brutalement, alors les marchands repartent labourer les océans à l'assaut de fleurs fraîches.
Les firmes créent des emplois, leurs succursales débordent de dizaines de milliers de plantes, parfois toutes d’une même espèce, tel le plumage entier d’un oiseau qu'on aurait arraché à son nid, traîné au bout d’un sentier entre des arbres abattus. Les écorces craquent, les xylophages s’agitent, l'herbe est une flaque de sève, d'hémolymphe et de nectar. Avant de lever l'ancre, les chasseurs brûlent les plants qu'ils n’ont pas la place de rapporter, ça flambe aussi fort que du kérosène. Derrière eux, en Amérique du Sud, en Asie, gisent des sols auxquels on a fait la guerre. Cap sur l'Europe. p.39
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